Roscani était un flic, et les flics se faisaient tuer constamment. A l'école de police, on vous martelait cette vérité jour après jour et vous étiez censé l'accepter. Dramatique, triste, mais vrai. Et quand la mort venait, on devait l'affronter professionnellement : se recueillir devant la dépouille et poursuivre son travail, sans éprouver ni haine ni ressentiment particulier envers l'assassin. Cela faisait partie du métier.
- Nous archivons les têtes, McVey, comme nous archivons les corps ou les parties de corps. Etiquetées, scellées dans du plastique si possible, et congelées. " Il était beaucoup trop tard pour que Noble se sente d'humeur à plaisanter.
Puis quelque chose d'autre s'était produit: les vies des victimes avaient commencé à envahir la sienne, des vies brisées le plus souvent de façon irréparable et violente. Sa promotion à la brigade criminelle avait encore aggravée la situation. Combien de fois avait-il retrouvé des assassins pour tomber ensuite sur un tribunal qui, pour une raison ou pour une autre, s'empressait de les relâcher? Cela l'avait conduit à nouveau à pester contre l'injustice, légale ou non. Il vivait une guerre perdue d'avance, pourtant il n'avait pas l'intention de renoncer.
Même s’il en comprenait la cause, il n’arrivait pas à maîtriser son émotion. Au moment où le véritable amour, la véritable amitié, était proche, la simple terreur qu’on pût l’en priver brutalement une nouvelle fois surgissait et le submergeait comme un raz de marée. Avec dans son sillage la méfiance et la jalousie contre lesquelles il ne pouvait rien. Et, par pur instinct de conservation, quels que fussent la joie, l’amour et la confiance, il les réduisait en un éclair à néant.
Cette énorme responsabilité exposait ceux qui l'exerçaient à cette déviation que connaissent tous les hommes de pouvoir : la corruption.
Elle fit le signe de la croix, sans même y penser. Le Seigneur la mettait à nouveau à l'épreuve. Il ne s'agissait pas cette fois de personnes de sexe masculin et de luxure, mais de son propre courage. De sa capacité à endurer les situations les plus extrêmes en continuant à s'occuper avec compétence de son patient.
La discrétion, pour nous, est presque une profession de foi. Nous traitons chaque affaire séparément, d’enquêteur à client. Ce qui est certainement appréciable, à une époque où les informations les plus secrètes sont à la disposition de quiconque veut bien y mettre le prix.
Même s’il en comprenait la cause, il n’arrivait pas à maîtriser son émotion. Au moment où le véritable amour, la véritable amitié, était proche, la simple terreur qu’on pût l’en priver brutalement une nouvelle fois surgissait et le submergeait comme un raz de marée. Avec dans son sillage la méfiance et la jalousie contre lesquelles il ne pouvait rien. Et, par pur instinct de conservation, quels que fussent la joie, l’amour et la confiance, il les réduisait en un éclair à néant.
Les liens du sang sont très profonds, même chez les assassins...
Un tueur de métier, mercenaire combattant l’ennemi politique ou militaire dans un pays du tiers monde, était-il très différent d’un tueur à gages dans une grande ville cosmopolite ? La différence résidait peut-être dans le prestige, mais pour le reste il en doutait. L’acte était le même. La rétribution aussi. On tuait et on touchait sa paie. N’était-ce pas pareil, au fond ?