Citations de Alper Canigüz (44)
Il lui manquait juste un peu d'expérience pour atteindre une certaine maturité. Ou pour être corrompu à souhait. En fait, la dernière option paraissait plus vraisemblable.
Ce samedi était un jour de pluie ordinaire. Après un petit déjeuner tardif, mon père s'est plongé dans ses mots croisés et ma mère dans sa lessive. Comme tous les travailleurs de la classe moyenne, ils passaient leur semaine à attendre le week-end, et le week-end à s'ennuyer de leur travail. Ils ne verraient même pas arriver leur dernère heure-ou la victoire ultime du système.
- De toute façon, je ne suis pas venu ici pour te ramener à la maison ! Je me suis dit qu'on pourrait partager un verre ensemble, entre père et fils.
J'ai bien vu qu'il essayait de dissimuler sa joie. "Ce n'est pas un endroit pour les enfants.
-La maternelle non plus, pourtant vous m'y avez bien envoyé."
Il était né laveur de voitures. Mais la vie l'avait condamné à devenir épicier, tout comme elle avait condamné de formidables maraîchers à être députés. Le système tue les talents.
« Comme un chat je me suis faufilé doucement jusqu’au salon. Mon père ne s’est même pas aperçu que j’étais auprès de lui. Assis là, son verre de raki à la main, il avait le regard figé sur des lieux très anciens. A la lueur de la lune, ses yeux bleus brillaient plus que jamais. L’eau reflète la lumière, en effet. Jusqu’à ce jour, jamais je n’avais vu un tel chagrin sur le visage d’une personne. »
Je comprends la vie, seulement, je ne parviens pas à m’y résigner.
Je me suis toujours étonné qu'on puisse considérer les enfants comme des êtres beaux, innocents et naïfs. Quand je regarde ces gamins, je ne vois que les aspects les plus vils et violents de l'humanité. D'ailleurs, je ne me sens pas vraiment différent. Seulement, j'ai de la chance de savoir exprimer ma laideur intérieure de manière plus raffinée.
À l’approche de mon anniversaire, j’ai passé le plus clair de mon temps posté à la fenêtre, à observer les gens au-dehors. Ils traversaient la vie tantôt accélérant, tantôt ralentissant, et émettaient toutes sortes de bruits, le regard sans cesse en mouvement. J’étais malade à l’idée qu’un jour je deviendrais l’un d’eux. Malheureusement, il n’y avait aucune autre issue possible ; le temps s’écoulait, inexorable, et je vieillissais vite.
Ils pouvaient traficoter à leur guise, ça ne me concernait pas. Moi, j'étais amoureux, que demander de plus ? (p. 54)
Le présentateur faisait tout pour anéantir mes textes. Avant chaque enregistrement, je m’évertuais pendant des heures et des heures à lui expliquer le sens de mes phrases et la façon dont il devait les lire.
La mort d'un proche peut vous aider à regarder en face les mensonges que vous vous faites à vous-même. Mais une bonne raclée de votre mère peut tout aussi bien faire l'affaire.
Fuir ou faire face ? Telle était la question. Faites le mauvais choix, et l'univers ne fera qu'une bouchée de vous.
Serrant encore très fort mon pistolet dans la main, je me suis affaissé et j'ai commencé à rire. Je vivais les jours les plus intenses de ma vie. J'étais entouré d'ennemis qu'il fallait combattre et de femmes qui voulaient être aimées. Certes, mon pistolet était en plastique. Mes femmes aussi. Mais c'était toujours mieux que rien. (p.116)
Regardez-moi : un gosse qui passe plusieurs heures par jour sous un canapé, qui considère le fou du quartier comme son alter ego, qui reste impassible devant le cadavre d'un homme égorgé, qui fantasme sur des filles de vingt ans et aime l'alcool et les pistolets. Le portrait juvénile du diable ! La réincarnation de Raspoutine.
La haine lui allait tellement bien. Bien mieux que les fleurs. La haine est la plus belle parure des femmes.
Les riverains se plaignaient de la musique, mais si vous voulez mon avis, ils ne supportaient surtout pas le fait que ces jeunes profitent de la vie.
Si j'étais le héros d'un film d'action suisse, peut-être aurais-je pu passer par la bande d'arrêt d'urgence, mais dans notre beau pays, tous nos concitoyens sans exception sont tellement pressés de réaliser la fusion froide, de trouver une thérapie contre le cancer, de parfaire le projet architectural de la version définitive de la Sagrada Familia et autres affaires d'une telle extrême urgence, que personne n'a ni le temps ni la patience de laisser ainsi de futiles espaces vides sur la chaussée.
Sanem Hanım. Sanem. Épouse-moi, Sanem. Deviens ma femme. Lave-moi de toutes mes souffrances, mes contritions, de tous mes maux, mes torts. Je te tresserai des couronnes de fleurs, t’écrirai des poèmes, te bercerai chaque soir au rythme d’une fable. Parfois aussi, ensemble, nous regarderons un DVD. Ensemble, nous partagerons nos tristesses, nos bonheurs. Nous visiterons des galeries d’art. Tu t’y connaîtras bien mieux que moi en art moderne.
Voir que nos institutions publiques sont dirigées par des fascistes aussi subtils que vous me redonne confiance en ce pays, monsieur.
Je me suis toujours étonné qu’on puisse considérer les enfants comme des êtres beaux, innocents et naïfs. Quand je regarde ces gamins, je ne vois que les aspects les plus vils et violents de l’humanité. D’ailleurs je ne me sens pas vraiment différent. Seulement j’ai la chance de savoir exprimer ma laideur intérieure de manière plus raffinée.