À l'occasion de la 19ème édition du "Quai du Polar" à Lyon, Sophie Hénaff vous présente son ouvrage "Drame de pique" aux éditions Albin Michel.
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Note de musique : © mollat
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- Et toi, Eva , de la famille ?
- Oui . Un chien et un fils . Mais des deux , c'est encore le chien qui téléphone le plus souvent [..]
Deux heures plus tard, à la minute près, Torrez dévalait la rue d'un pas chaloupé de rhinocéros.
- T'es marié ? questionna Rosière en désignant les anneaux d'argent sur la main gauche de Lebreton.
- Veuf.
- Oh, désolée. Depuis longtemps.
- Huit mois et neuf jours.
Rosière eut un raclement de gorge gêné, mais son tempérament l'incita à pousser un peu.
- Elle s'appelait comment ?
- Vincent.
- Ah.
Ca ne ratait jamais. Ce "Ah" à la fois étonné et soulagé. Là, on ne parlait pas de famille brisée, aucun drame véritable. Lebreton avait vécu douze ans avec Vincent, mais le monde semblait penser qu'il ne souffrait pas vraiment, en tout cas, pas pareil. Louis-Baptiste avait l'habitude, mais chaque "Ah" plantait une banderille de plus. Il finirait l'année avec un dos de porc-épic. Dans cette brigade comme ailleurs.
Merlot entama son cheese avec une mine d'aventurier explorateur. Il découvrait les terres vierges de la malbouffe et mordit gaillardement le pain mou. Un flot de ketchup s'échappa à l'arrière du hamburger. Tel un surfeur vacillant, le cornichon en rondelles glissa sur la sauce et vint s'échouer sur la cravate déjà maculée du capitaine. Sans s'émouvoir, celui-ci attrapa une serviette en papier et, d'un frottement rapide, décrocha le condiment qui atterrit sur les tomettes de la terrasse. Le chien alla renifler l'impact mais, peu convaincu, il préféra attendre la chute du steack.
Impatiente et, pour tout dire, gonflée d'espoir, Capestan déboucha au pas de course sur la place où glougloutait la fontaine des Innocents. Le vendeur d'une boutique de sportswear remontait son rideau couvert de graffitis. L'odeur de friture des fastfoods s'insinuait dans l'air encore frais. Capestan se tourna vers le 3 de la rue des Innocents. Ce n'était ni un commissariat ni un hôtel de police. Juste un immeuble. Et elle n'avait pas le code. Elle soupira et entra dans le café à l'angle pour le réclamer au patron. B8498. La commissaire le convertit en Bateau-Vaucluse-Champion du monde pour le mémoriser.
- Mais il est où Jacques à la fin ? Il doit encore trainer à la maison .
Atterrées , ses amies ne savaient trop comment rappeler à cette femme au cerveau grignoté par l'implacable Alzheimer que son mari était là , à l'heure , dans le cercueil qui sortait du long break noir .

Capestan n'avait pas élevé la voix, mais la salle se tut. La réunion virait à la séance de démotivation, il fallait intervenir. La commissaire survola l'assemblée du regard sans viser quiconque, mais, fait rarissime, elle s'adressa à eux sans sourire :
- dans les films de guerre, celui qui dit "on va tous crever", il n'aide personne. Donc on arrête ça tout de suite et on ne refait pas l'histoire avec des "avant, avant". Avant d'atterrir là, on était déjà au rancart. Tous,. Pas la peine de joueur les anciens barons des Orfèvres, la punition ne date pas d'aujourd'hui.
Les front se baissèrent, les regards se détournèrent, penauds. Capestan ne voulait pas pour autant que l'équipe reste sur cette sensation. Elle se leva du coin du bureau sur lequel elle était assise.
- Sauf qu'aujourd'hui, justement, la paperasse qui prend 70 % du boulot : fini. Les rondes de nuit, les corvées de cimetière, les camés qui tapissent les toilettes du commissariat : fini. On est libres de faire le métier tel qu'on le rêvait quand on s'est engagés. On enquête sans pression, sans procédure à remplir, sans comptes à rendre. Alors, on profite au lieu de geindre comme des ados privés de boum. On appartient toujours à la Police judiciaire, on forme juste une branche à part. Une chance pareille, il n'en passera pas deux.
L'histoire du mec qui part seul en guerre avec sa bite et son couteau, ça pue toujours le drame , commenta Rozière ...
- Je sais, je n'aurais jamais dû fuir comme ça, je suis désolé, vraiment je me suis trompé. C'est à cause de...Je menais des recherches personnelles. Ma mère est morte dans le naufrage d'un ferry en 1993, dans le golfe du Mexique.
Maelle semblait vivre chichement . Elle avait une mine à redouter l'ouverture de sa boîte aux lettres .