Amélie C. Astier

Elle a du monde autour d’elle, même si Faith n’aime pas ça, nous préférons. Après tout, elle porte en elle l’avenir entier de toute une race, il faut la protéger des autres, de ses propres démons puisque Dead n’est plus là pour le faire.
Putain de super-héros. 

Mais maintenant, je me demande comment nous allons faire pour vivre sans lui. Parce que c’est ce qu’il m’a dit ; vivez sans moi, avancez sans moi, vous n’avez pas le choix.
C’est bien ça le problème, nous n’avons jamais eu le choix. Personne, sauf lui.
Nous sommes des esclaves sans chaînes, mais avec un destin qui nous enchaîne. Les esclaves de toute une vie, pour une prophétie.
Putain de prophétie.
Putain de destin… 

C’est ce qui me rassure quelques fois, je me dis que nous ne sommes pas si diaboliques que ça et qu’à défaut d’être né avec une âme, les années de vie sur la Terre nous ont permis de nous en forger une. Pouvons-nous nous forger une âme grâce aux épreuves des années qui passent ? Grande question ! 

Mettre au monde un enfant fait mal, c’est une réalité. J’en ai eu la preuve sous mes yeux, à quel point cela pouvait être très difficile. Je me demande dans quelles réserves, les femmes puisent leur force et leur courage après de longues heures d’agonie, parce que ce que j’ai vu, c’était de l’agonie, il n’y a pas d’autre mot pour définir ce que j’ai vécu en tant que témoin. Pour donner la vie, c’est un instinct et une force qu’aucun homme ne peut comprendre, nous sommes juste les simples spectateurs de ce geste beau et incroyable qu’est la vision d’une femme mettant au monde son enfant. Celui qu’elles ont porté durant des mois, celui qu’elles ont attendu avec impatience et crainte. Il y avait de la peur dans les yeux de ma belle-sœur, mais de la joie aussi.

À cet instant précis, ma vie entière vient de basculer. Je pensais être forte ces derniers mois, or je comprends que c’est maintenant que je le suis plus que tout au monde. C’est en regardant (...) que je me sens capable de faire n’importe quoi.
Et maintenant je sais : c’est à cet instant précis que je deviens une mère.

C’en est fini des grandes discussions, il vient de m’achever en un seul baiser.

— Ne me mens pas… je sais que ça n’ira pas… Bon sang, mais qu’est-ce que ce sera sans ta présence, Dead ? Qui est-ce qui me réveillera à la place du réveil, le matin ? Qui prendra tous les draps la nuit ? Qui est-ce qui me parlera sous la douche ? Qui viendra regarder des films idiots à la télévision ? Qui me racontera une vie que je n’ai pas connue et qui viendra me réchauffer tard le soir avant de me faire l’amour ? Qui me dira qu’il m’aime et que je suis quelqu’un et pas simplement une prophétie vivante ? Mais surtout Dead, qui me motivera pour me lever le matin et affronter cette vie qui m’a détruite ? Qui fera tout ça ? Je ne suis pas capable de vivre sans toi, et tu le sais. Je suis forte, mais pas autant que j’en ai l’air. J’aimerais avoir la force de surmonter tout ça. (...) Je ne peux pas, je n’y arrive pas. Je n’ai pas le courage d’affronter notre vie sans que tu sois là. J’ai peur du monde sans toi. J’ai peur de tout. Je ne suis pas si courageuse en réalité. Je suis faible, tellement faible.
— Bien au contraire…
— J’aurais aimé avoir ta force à cet instant, parce que si je dois affronter ça seule… (...)
— Je t’ai déjà donné la meilleure partie de moi, mon Ange. Tu n’as besoin de rien d’autre. (...)
— Je t’ai donné de quoi faire vivre notre amour pour toujours. J’y ai donné la vie. Ce sera ça ta force, et lorsque tu le verras, cet enfant, tu y verras le meilleur de moi. Tu auras ce courage immense, celui que tu ne penses pas avoir à cet instant. Tu l’auras, et tu te battras, pour lui, pour moi, pour nous. Pour ce que j’ai commencé, et pour ce que tu finiras. Tu seras forte, je le sais, j’en suis sûr, sinon, jamais je n’aurais pris cette décision si je ne t’en savais pas capable. Certes, elle est difficile, mais c’est la seule solution que nous avons pour que tu puisses être libre, la seule dans notre situation. Je ne regrette pas. 

Écoute… on vit une histoire complètement différente d’un couple normal. Rien qu’en nous regardant, nous sommes deux opposés qui s’attirent Dead. Tu es ce qui représente la mort et je suis ce qui représente la vie. Tu es toute l’histoire et je ne suis qu’une page de celle-ci, tu es un roc tandis que je ne suis que la petite fleur fragile qui pousse à tes côtés. Tu es un éternel patient, et je suis l’impatience à l’état pur. Je pourrais te donner des tas d’exemples, mais l’une des choses qui nous unit, c’est l’amour qui nous lie. Il est sincère, qu’importe que tu sois ma différence,  et qu’importe qu’en ce moment ce soit dur Dead. Ce qui me fait tenir, c’est que je me dis que si nous résistons au boulet de canon qui risque de nous tomber dessus, plus rien ne pourra m’effrayer ensuite, je n’aurais plus peur de notre relation complètement ahurissante, (dont des tas de personnes pensent que ça tient du miracle que nous nous aimions). Et tu sais, c’est quand on s’engueule que je me dis que, même si tu me fais chier parfois, malgré tout être avec toi, c’est plus important que tout, que tu sois Président, vampire, secrets ou pas. 

C'était toi et moi contre le reste du monde. Je n'avais pas envie que cela devienne moi contre toi.

Comme me disait H, résister à la tentation, c'est réussir à la côtoyer sans la toucher.

Manger, c'est comme faire l'amour.
Si t'en as envie, c'est le bon moment.

Mon vampire s'approche de moi, il passe à nouveau ses bras autour de ma taille et me serre contre lui. Han, il m'énerve en faisant ça, à tenter de me distraire avec des cajoleries, je ne suis pas un chaton!

La main remonte le long de ma jambre, râpeuse, elle me brûle la peau... Mon corps s'est transformé en glace, mes yeux sont rivés à ce regard rouge, et cette lueur hideuse qui mélange désir, folie, et effroi.

La peur me gagne instantanément, lorsque je découvre deux yeux rouges me fixer sans cligner des paupières.

Il y a un homme au pied de mon lit.

Je reste stoïque, je rêve non? Bien sûr que je rêve. Pourtant, ce n'est pas cette impression qui me gagne si j'écoute mon instinct.

- Si... Fragile.

Je me liquifie en entendant cette voix comme venue d'outre-tombe, elle me parait lointaine, irréelle et pourtant je l'entends.

-Wade?
- Hum?
Je suis complétement sous le charme de ses doigts, un missile pourrait entre dans l'appart', je ne bougerais pas.
- Tu l'as déjà fait sans rien?
Putain!
J'ouvre les yeux, et me fige. Mon sexe se durcit instantanément en pensant à ce qu'il est en train de me dire. Je vois très bien où il veut en venir, et bon sang, ça m'excite comme pas possible!

- Wade...
- Nikki...

Sans réfléchir, je me jette contre lui, ma bouche s'écrase sur la sienne, je goûte enfin à ses lèvres qui me rendaient fou. Elles sont douces et fermes. Elles sont comme lui, grandioses. Je m'attends à ce qu'il me repousse, mais il ne réagit pas. Les premières fractions de seconde, il est surpris et ne me rend même pas mon baiser, l'instant d'après, tout bascule.

Détends-toi Jones, je ne dirai rien à personne. Ta vie privée ne me regarde pas, mais si cette vie vient interférer pendant un match, là, ça me regarde.

– Si, mais fais attention, beaucoup de lieux de culte sont devenus des squats. Ah, c’est pour ça qu’il veut venir surtout.
– Je crie si j’ai un problème, d’accord ?
– S’ils t’en laissent le temps. Je me fige. Il plaisante, j’espère !
Decease éclate de rire en voyant ma tête, j’ai d û piquer un de ses fards.
– Han je plaisante, vas-y, va prier, je suis certain que le Bon Dieu t’entendra. Je te rejoins dans quelques minutes.
S’il m’entendait, il aurait dû agir depuis bien longtemps. Cet homme, ou cette croyance plutôt, se terre comme un rat dans sa tanière. Lâche !
– Je ne suis pas croyante.

Leur fameuse survie. Qu'est-ce que je peux m'en foutre, avant j'étais curieuse, j'aurais aimé côtoyer une personne comme Louis...
Non comme Dead plutôt... un vampire, en tout cas, un assez vieux pour avoir traversé les siècles, et connu l'histoire de ce monde.
Aujourd'hui, je me fiche de savoir comment, les vampires ont vu le jour, comment ils ont fait pour survivre, et combien de siècles ils ont connu.
La seule chose que je désire, c'est de tous les voir se faire massacrer.

– Non comme ça, bon écoute (il s’assoit en face de moi) je crois qu’on est partis du mauvais pied toi et moi, on pourrait peut-être trouver un terrain d’entente qui conviendrait à tout le monde.
J’acquiesce et appuie mes avant-bras sur mon bureau, très intéressé par ce qu’il va dire parce que je sens que son « qui pourrait convenir à tout le monde » veut dire « surtout à Démétrios ».
– Le mieux serait que tu retournes en Russie, après tout ici il n’y a rien qui te retient et puis j’étais un peu là avant toi. J’en étais sûr !
– Ça t’arrive de faire les choses pour une autre personne que toi ? Il me regarde l’air de demander si je suis stupide, effectivement ma question est conne, évidemment que non.
– Bon au risque de te décevoir Démétrios, il y a un astre qui s’appelle soleil et c’est autour de lui que la Terre tourne, pas autour de toi.
La chute va être dur pour lui je le sens.