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Citations de Anaïs Nin (535)


Elle avait des traits très marqués, épais, la bouche large, charnue, tout étirée, toute en tristesse, avec une expression de chien battu qui ne disparaissait que lorsqu’elle relevait les yeux ; on découvrait alors dans son regard une lueur de ruse qui surprenait.
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Djuna se taisait. Elle savait bien qu’il n’y avait aucune raison d’être jaloux du passé, que les caresses et les étreintes les plus profondes étaient enfouies dans le grenier du cœur et n’avaient aucune possibilité de revivre, de redescendre dans les chambres ensoleillées du présent. Elles restaient emballées dans la poussière et la pénombre, et si par quelque vieille association d’idées il arrivait qu’une ancienne émotion ressuscite, ce n’était que le temps d’un éclair, comme un écho, intermittent et passager, de mondes évanouis. Nos impressions les plus indélébiles étaient balayées par la vie, noyées, dans le Styx de l’oubli. Le corps lui-même avait ses zones profondes et ses périphéries, et sa façon mystérieuse de maintenir les intrus sur ses lisières. Des millions de cellules dressaient un barrage protecteur autour du cœur, contre les revenants et les fantômes des amours mortes.
[…] Aussi, chaque fois que Rango se mettait à fouiller comme un inquisiteur dans les souvenirs de Djuna avec l’espoir d’y débusquer l’intrus, d’en chasser Paul, Djuna riait : « Ta jalousie est vraiment nécrophile ! Tu déterres les morts !
— Mais toi tu les adores ! Je suis sûre que tu leur apportes des fleurs tous les jours.
— Je t’assure que je ne suis pas allée au cimetière aujourd’hui, Rango !
— Tant que tu es ici, je sais que tu m’appartiens. Mais dès que tu grimpes ton petit escalier et que tu sors de la péniche, de ton petit pas vif, tu pénètres dans un autre univers et tu m’échappes.
— Mais toi aussi, Rango, quand tu montes l’escalier tu pénètres dans un autre univers et tu m’échappes. Tu appartiens à Zora, à tes amis, à tes bistrots, à la politique. »
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Ali Baba, sois le patron des amoureux ! Donne-leur la chance des brigands et leur absence de remords. Car l’amour rend si grand qu’on ne tient plus dans le cadre des lois. Il n’y a plus ni temps ni place pour les regrets, les hésitations, les reculs. L’amour galope insouciant et libre. Et toutes les petites ruses faites pour épargner aux autres ses brûlures – à tous ceux que pourrait blesser cette surabondance – laissent leurs auteurs charmants et gais, charmants et gais comme Robin des Bois, comme des enfants qui jouent.
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La Seine fut le témoin de leur premier baiser, la Seine avec ses gondoles de lumière qui dansaient dans ses plis miroitants, avec les fleurs nimbées des réverbères qui flottaient sur le feuillage noir et luisant des pavés, la Seine avec ses arbres en filigrane d’argent déployés comme des éventails et par-dessus lesquels les yeux du fleuve les regardaient, les obligeant à se cacher avec pudeur, la Seine où s’étiraient d’humides écharpes de brouillard et l’âcre encens des châtaignes grillées.
Tout basculait dans le courant, tout était emporté, sauf le balcon où ils se tenaient tous les deux.
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« Rango, viendrez-vous jouer à ma soirée ? » demanda-t-elle avec douceur, avec ferveur, et Rango qui sortait s’inclina devant elle avec un geste magnifique d’acceptation, un geste qu’il avait fallu des siècles de stylisation et de noblesse pour parfaire, un geste qui disait toute l’ample liberté du corps d’un homme sans contraintes.
« Quand vous voudrez. »
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Rango faisait chanter les cordes de sa guitare avec le cuivre d’or de sa peau, le charbon noir de ses prunelles et le buisson vivant de ses sourcils.
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Il jetait à pleines mains dans la caisse aux blondeurs de miel tous les parfums des grands chemins où le menait sa vie de bohémien : le thym, le romarin, la marjolaine, l’origan et la sauge. Il jetait dans les bois sonore le bercement voluptueux de son hamac tendu dans sa roulotte et les rêves qu’il faisait sur son matelas de crin.
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C’était l’idole des boîtes de nuit où hommes et femmes se barricadaient le soir et buvaient de l’alcool à la flamme des bougies ; et buvaient à travers sa voix, à travers sa guitare, les aromates et les essences des grands chemins, les sonnailles de la liberté, l’opium de l’indolence et de l’oisiveté.
À l’aube, non rassasiées de cette vie que les cordes leur avaient infusée, enivrées de sa voix qui circulait encore comme une sève dans leurs veines, à l’aube, Rango, sa guitare jetée sur l’épaule, s’en allait.
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Seras-tu encore là demain Rango ?
Demain, en route pour le Midi peut-être, il jouera en chantant pour la queue de son cheval noir qui battra la mesure avec philosophie.
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Et Djuna se penchait vers ce guitariste nomade pour ne rien laisser échapper de sa musique, car son oreille y décelait la présence de cette île joyeuse qu’elle cherchait depuis si longtemps. Elle l’avait entrevue un jour, lorsqu’elle était jeune fille, en regardant par sa fenêtre, dans la maison d’en face, une fête où elle n’était pas invitée. Et comme un voyageur perdu dans le désert, elle se penchait avec avidité vers ce mirage musical d’un plaisir ignoré, le plaisir de la liberté.
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« La seule force qui vous permet de tenir debout, c'est votre amour pour Henry — c'est pour cela que vous l'aimez. Il vous fait du mal, mais il permet à votre corps et à votre âme d'être unis. Il fait de vous une entité. À coups de fouet, il vous donne une unité passagère. Moi, j'ai Hugo. »
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