Citations de Anders Roslund (102)
Les souvenirs, c'est tout ce qui reste quand on a vécu.
L’expérience montre qu’il existe parfois quelque chose qui est pire que la mort. Ne pas savoir.
Tu ne sais pas ce que c'est que l'amitié. Mais tu saisiras quand tu seras en prison ou à l'hôpital. Là, tu sauras où l'amour n'existe pas.
Celui qui n'a plus de dieu pour lequel se battre se bat pour de l'argent.
L'homme est le seul mammifère capable de se détruire. De haïr, de tuer, de mettre en danger l'existence de sa propre espèce. C'est pourquoi il est impossible de le comprendre.
La peur est quelque chose de trop intime. De même que l'amour. Si on la partage avec d'autres, on devient vulnérable.
Il y avait six autres clients , deux jeunes ouvriers d'un chantier de construction en gilet fluorescent, et quatre hommes beaucoup plus âgés qui portaient tous des costumes et les cheveux gominés. Les cafés ouverts pour le petit-déjeuner ressemblaient souvent à cela, c'était le lieu de rendez-vous des hommes qui n'avaient personne et qui fuyaient une table solitaire, ce que faisaient rarement les femmes. Peut-être supportaient-elles mieux la solitude, à moins qu'elles n'en aient honte et ne veuillent pas le montrer en public ?
Ewert Grens savait parfaitement qu'une maison refuse parfois qu'on y apporte des modifications et qu'une personne disparue s'attarde en quelque sorte au milieu de ses couleurs et de ses meubles.
Quelqu'un à qui il est arrivé de perdre son seul enfant, il ne lui reste rien qu'on puisse encore lui prendre. On ne pouvait briser un homme deux fois.
Il l'avait désiré si longtemps que maintenant qu'il était là, son rêve accompli, il ne savait plus quoi en faire. Que faire quand on n'a plus rien à désirer ? S'échapper ?
Les morts continuaient d'exister de tant de manières différentes.
Certains s'en allaient en silence. Leur disparition passait inaperçue, ils ne manquaient à personne. Comme s'ils n'avaient jamais vécu.
D'autres semblaient vivre encore plus intensément qu'avant. Il y avait l'émoi, la traque, les petites phrases des amis et des inconnus. Des mots qu'on formulait enfin et qui se transformaient en vérités incontestables à force d'être répétés.
On ne doit ni on ne peut être tenus pour responsables des faits et gestes des autres.
Toujours ce froid.
Vernon Eriksen eut un regard furieux pour le radiateur défectueux. Il grelottait. Il leur laisserait jusqu’à la fin de la semaine pour rétablir le chauffage. Les prisonniers n’étaient pas des bêtes, même si à l’extérieur on avait parfois l’air de le penser.
Le nouvel an lui paraissait déjà loin. A peine vingt-quatre heures avaient passé depuis la Saint-Sylvestre, mais Vernon Eriksen était soulagé ; enfin, c'était terminé, toute cette excitation, toute cette attente, tous ces gens qui se mettaient sur leur trente et un pour finalement se retrouver aussi déçus que d'habitude en s'apercevant que la fête tant espérée, ce n'était pas ça.
Rien ne glace autant que le mépris de soi.
Ils ont peur, c’est tout. Peur de délinquants sexuels, au point de céder à la haine. Alors, quand le père d’une des victimes en tue un, il est logique qu’ils en fassent un héros. Il a fait ce qu’ils auraient souhaité faire, eux qui n’ont pas osé passer à l’action.
La première décharge, deux mille volts, a fait sauter l’électrode fixée sur une de ses jambes. Le gardien chargé de lui raser les jambes avait mal fait son boulot. Alors on m’a dit de le refaire. Et je l’ai rasé avec soin. Puis je lui ai maintenu la jambe pendant qu’on lui fixait une nouvelle électrode.
La décharge suivant a duré trois minutes. Je ne l’oublierai jamais. Les tendons de sa nuque, on aurait dit qu’ils allaient craquer. Ses mains sont devenues rouges, puis blanches. Les doigts, les orteils, le visage, tout était tordu, et il y avait ce bruit. Un grésillement, comme lorsqu’on fait cuire de la viande. Tu comprends ? Et ses yeux. Il portait une cagoule, mais j’ai quand même vu ses yeux gicler de sa tête et couler sur ses joues. Il faisait sur lui. Il bavait. Il vomissait du sang.
A la troisième décharge, il a pris feu. On a dû éteindre les flammes qui jaillissent de son corps. Mais le pire, je ne sais pas comment te l’expliquer, c’était l’odeur. Une odeur sucrée. De viande grillée. Comme une soirée barbecue en été. La même qu’on respire dans les jardins de Marcusville.
- T'as peur ?
La mort. La seule chose à laquelle il ne fallait pas penser. La seule chose à laquelle ils pensaient.
- J'sais pas, John. J'sais plus rien.
Les images résistaient, il cria, se concentra, se tapa sur les cuisses pendant que chacune des images prenait sa place dans son esprit. De nouveau l’oncle Per. Dans leur maison de campagne du Blekinge. Ces grandes mains qui répétaient les gestes de la première fois, et lui qui saignait du cul. Il avait ensuite caché son slip dans l’armoire du hangar, pour que maman ne le voie pas. Elle n’allait jamais y regarder.
(Début de la postface des auteurs) :
Dans ce roman, tout ce qui est invraisemblable est vrai.
Et tout ce qui est vraisemblable est fictif.