André Besson

Cette légende de la force colossale et de la sauvagerie des Jurassiens était si répandue dans l'esprit des Parisiens qu'en 1790, lorsqu'on annonça l'arrivée de la délégation comtoise à la fête de la Fédération, on renforça la police et on ferma les boutiques sur leur passage tellement on craignit qu'ils ne se comportassent comme une horde de barbares. Tout s'étant bien passé, les badauds de la capitale furent au contraire enthousiasmés par le calme et la prestance des Francs-Comtois qu'ils applaudirent longuement au cours du défilé.

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En Franche-Comté, peu de gens mettaient en doute l'existence des loups-garous; D'après les représentants du clergé, il s'agissait de damnés qui, ayant commis des péchés impardonnables au cours de leur vie terrestre, s'étaient vu refuser l'entrée du purgatoire dans l'autre monde. Satan les transformaient alors en loups, et ils revenaient sous cette forme hanter les lieux de leurs anciens méfaits.

"On apprend plus dans les bois que dans les livres."
SAINT BERNARD
"...on ne peut bien concevoir la grandeur de l'avenir que si la gandeur du passé nous inspire." Jean GUÉHENNO

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Ma cousine. Il était donc écrit que nous ne serions jamais plus l'un pour l'autre plus que des étrangers [..] oublions les rêves que nous avions pu faire...

Cette longue randonnée nous vaut aujourd'hui un livre passionné et lucide qui nous fait découvrir un Victor Hugo peut habituel, différet des manuels scolaires et des exégèses hugoliennes. L'homme ne disparait pas sous un fatras de documents. Il est vivant dans sa vérité, avec son génie, sa grandeur, mais aussi ses faiblesses, ses doutes, ses souffrances qui, pas plus que son oeuvre, ne furent de mesure ordinaire.

Le demi-frère de Philibert affecta, au début, de traiter avec un certain mépris les avis de sa belle-soeur. Mais il comprit vite que celle-ci était beaucoup plus redoutable qu'il ne l'avait imaginé tout d'abord. Manœuvrier habile, il essaya alors de se concilier ses bonnes grâces en feignant d'entrer dans son jeu. Il crut que Marguerite se lasserait vite des affaires d'Etat et qu'après quelques mois elle reviendrait à des occupations plus féminines.
C'était mal connaître la petite-fille de Charles le Téméraire. Elle n'était pas de celles qui abandonnent facilement un projet avant de l'avoir mené à bien. Le sien se résumait en peu de mots: elle voulait obtenir le bannissement du Grand Bâtard afin de gouverner à sa place.

Quand la mémoire faiblit, quand elle commence, comme une fragile falaise rongée par la mer et le temps à s'effondrer par pans entiers dans les profondeurs de l'oubli, c'est le moment de rassembler ce qui reste, ensuite, il sera trop tard.
VERCORS

(...) c'est l'homme qui honore sa position, et non la position qui honore l'homme.

Il ne faut rien négliger. Souvent, la remarque de l'homme le plus inculte, mais qui fait bien son travail, est infiniment plus précieuse que celle d'un chercheur prétentieux.

Francis Capron demeurait de marbre en entendant sa petite -fille parler d'une manière dithyrambique du village d'en haut. On eût dit qu'elle l'entretenait d'un sujet qui ne le concernant pas.
Un soir où elle insistait de nouveau pour connaître son opinion sur cette affaire, il se décida enfin à sortir de son mutisme.
- Je crois, dit-il, que tu perds ton temps en essayant de me convaincre que nous serons mieux là-bas qu'ici.
Je te l'ai souvent répété, je ne partirai pas.
Je préfère crever sous mon toit !

Savez-vous ce que réclament la plupart des libres penseurs ? C'est, pour les uns, la liberté de ne pas penser du tout et d'être asservis par l'ignorance ; pour d'autres, la liberté de penser mal ; pour d'autres encore, la liberté d'être dominés par les suggestions de l'instinct et de mépriser toute autorité, toute tradition. La liberté de penser dans le sens cartésien, la liberté dans l'effort, la liberté dans la recherche, le droit de conclure sur le vrai accessible à l'évidence, oh ! ayons un culte pour cette liberté-là, c'est elle qui a fait la société moderne dans ce qu'elle a de plus élevé, de plus fécond. Mais la libre pensée qui réclame le droit de conclure sur ce qui échappe à une connaissance précise, la liberté qui signifie matérialisme ou athéisme, celle-là, répudions la avec énergie.

Si je ne m'en mêle pas, jamais on ne retrouvera les victimes et le coupable ne restera toute sa vie impuni.
- T'es passé détective maintenant?
- Je ne plaisante pas. Désormais il y a quelque chose qui m'empêche de vivre: c'est de savoir qu'il existe ici, dans ce village, un salopard qui a tué un gosse et une femme et qui, après m'avoir ridiculisé, se croit à présent bien tranquille...

Si l'opposition du berger n'entraîna pas ses concitoyens dans le même refus, elle n'en laissa pas moins subsister un certain malaise dans leur esprit. tout le monde au village avait du respect pour Capron. On savait qu'il ne parlait jamais à tort et à travers. Bien souvent, avant de prendre une décision importante concernant les affaires de la commune, le maire lui en touchait deux mots, histoire de connaître son opinion. Le vieux était toujours de bons conseil.

Lorsque le barrage naquit, tout changea brusquement. Non seulement le visage millénaire de la vallée, mais aussi la destinée de ses habitants. Ce qui semblait immuable se transforma. ce qui paraissait simple devint compliqué. La notion du bien et du mal se trouva modifiée. On cessa même de raisonner en fonction des saisons ou des années.
Pour tous s'imposa une nouvelle mesure du temps.
Ce fut Avant ou Après le barrage.