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Citations de Andrea Dworkin (158)


La révolution n'est pas un événement qui prends 2 ou 3 jours au cours duquel sont tirés des coups de feu et des corps sont pendus. C'est un processus long et continu au cours duquel sont créées de nouvelles personnes, capable de rénover la société de façon que la révolution ne remplace pas une élite par une autre, mais de façon que la révolution créée une nouvelle structure anti-autoritaire avec des personnes anti-autoritaires qui, à leur tour, réorganisent la société de façon qu'elle devienne une société humaine non aliénée, délivrée de la guerre, de la faim, et de l'exploitation.
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Une autre discipline est essentielle à la pratique du féminisme et à son intégrité théorique : le constat ferme, sobre et soutenu du fait que les femmes forment une classe et partagent une condition commune. Il ne s'agit pas là d'un quelconque processus psychologique d'identification aux femmes parce qu'elles sont merveilleuses, ni de I'insupportable assertion qu'il n'existe pas de différences majeures et menaçantes entre les femmes. Ce n'est ni une injonction libérale à passer sous silence ce qui est cruel, méprisable ou stupide chez des femmes, ni l'impératif de fermer les yeux sur des idées ou allégeances politiques dangereuses chez elles. Cela ne signifie pas les femmes d'abord, les femmes meilleures, uniquemernt les femmes. Mais cela signifie que le sort de chaque femme - quelles que soient ses opinions politiques, sa personnalité, ses valeurs ou ses qualités - est lié au sort de l'ensemble des femmes, que cela lui plaise ou non. A un premier niveau, cela signifie que le sort de toute femme est lié au sort de femmes qu'elle n'apprécie pas personnellement. A un autre niveau que son sort est lié au sort de femmes qu'elle déteste au plan politique et moral.
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L'antiféminisme qui s'appuie sur la domination masculine naturelle soutient aussi que c'est naturellement que les hommes dominent le gouvernement, la politique, l'économie, la culture, l'État et la politique militaire, et que les hommes affirment naturellement leur domination en ayant entre les mains toutes les institutions sociales et politiques. Une femme-alibi ici ou là n'empêche en rien les clubs de pouvoir presque exclusivement masculins d'écraser efficacement tout espoir de véritable autorité ou influence pour les femmes. Une femme à la Cour suprême, une autre au Sénat, une première ministre, une cheffe d'État occasionnelle constituent moins des modèles qu'une rebuffade pour les femmes économiquement démoralisées, qui sont censées accepter ces alibis comme exenples de ce qu'elles pourraient être elles aussi si seulement elles étaient différentes - meilleures, plus intelligentes, plus riches, plus jolies, pas si empotées. Les femmes-alibis doivent multiplier les précautions pour ne pas offenser la conception masculine de la féminité, mais leur visibilité a inévitablement cet effet. Elles s'en tiennent donc au discours convenu sur la féminité, tout en supportant les critiques, puisque de toute évidence, elles ne sont pas au foyer en train de se faire baiser. La femme qui n'est pas une femme-alibi subit surtout de leur part une certaine condescendance, qu'elle ressent de façon aigüe et répétée puisqu'on désigne toujours ces femmes pour lui prouver que sa situation n'est pas le fait d'une société qui l'exclut.
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Dans le modèle sexuel de la supériorité féminine, le pouvoir est présenté comme intrinsèquement féminin parce qu'il est redéfini par delà toute raison ou cohérence: comme si le pouvoir appartenait au cadavre qui attire les vautours. Cette conception pornographique du pouvoir féminin est fondamentale pour l'antiféminisme des mouvements de libération sexuelle où l'utilisation sexuelle illimitée des femmes par les hommes est définie comme la liberté pour les deux: la femme en veut, l'homme réagit, et voilà la révolution... Ele est également fondamentale pour l'antiféminisme de l'apparel judiciaire face aux crimes sexuels comme le viol, la violence conjugale et l'agression sexuelle des enfants, notamment celle des filles. La femme ou la fillette est encore vue comme le facteur provoquant ce qui pourrait bien étre un acte sexuel légitime - tout dépend d'elle, d'à quel point elle était provocante. Sa volonté est tenue pour implicite dans l'utilisation que l'homme a faite d'elle. Elle est perçue comme ayant le pouvoir sur l'homme - et la responsabilité de ce qu'il lui a fait - tellement il la désirait: quel que soit le désir qui l'a poussé à commettre cet acte, c'est elle qui l'a provoqué.
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Quant à l'antiféminisme de la supériorité féminine, il figure dans deux domaines apparemment opposés: le spirituel et le sexuel. Dans le domaine spirituel, la femme est supérieure à l'homme par définition; il la vénère parce qu'elle incarne le bien; son sexe la rend morale ou la rend responsable d'une moralité spécifique à son sexe. Etant femme, elle est plus élevée, plus proche par nature d'une certaine conception abstraite du bien. On lui attribue une sensibilité morale que les hommes peuvent difficilement atteindre (mais personne ne s'attend à ce qu'ils essaient): elle est éthérée, elle flotte, sa nature morale la transporte, elle gravite vers ce qui est pur, chaste et de bon goût. Elle possède une connaissance instinctive, liée à son sexe, de ce qui est bon et juste. Sa sensibilité morale l'oriente infailliblerment vers la bienveillance et le bien. Les responsabilités de son sexe comprennent celle d'être vertueuse - étrange assignation de sexe puisque virtu, la racine latine de ce terme, signifie «force» ou «virilité», ce qui démontre peut-être à quel point ce projet est futile dans son cas. La bonté prêtée à son sexe est essentiellemernt fondée sur une chasteté présumée, une chasteté nécessaire, non seulement en ce qui concerne son comportement mais aussi ses appétits. Elle n'est pas censée, en tant que femme, connaître le désir sexuel. Les hommes convoitent. Elle, qui par nature ne connaît pas la convoitise, est à l'opposé de I'homme : il est charnel, elle est bonne. Il n'existe aucun concept de moralité féminine ou de bonté féminine dans le monde qui ne soit généralement fondé sur la chasteté comme valeur morale. Les grandes tragédies féminines sont des récits de chute sexuelle. La faille tragique d'une héroine - la Tess de Hardy ou l'Anna Karénine de Tolstoï - est le désir sexuel. Tout drame au sujet de la vie d'une femme, que l'œuvre soit grandiose ou banale, reproduit foncièrement la faute originelle de la bible.
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En fait, avoir des enfants peut signifier plus de violence et de dépendance ; cela peut aggraver la situation financière d'une femme d'une famille ; cela peut affecter la santé d'une femme ou la compromettre d'une foule d'autres façons; mais avoir des enfants demeure la seule contribution sociale créditée aux femmes - c'est l'assise même de leur valeur sociale. Malgré tous les sourires publics de mamans heureuses, les mamans vivent en privé de sombres prises de conscience. Une de celles-ci est particulièrement inquiétante: sans les enfants, je ne vaux pas grand-chose. Elle est en fait plus dramatique, beaucoup plus terrifiante: sans les enfants, je n'existe pas.
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Si l'on s'en tient au cadre de la domination masculine, les femmes ont de bonnes raisons d'adhérer au judaïsme conservateur ou de droite ou orthodoxe ou d'adhérer au christianisme conservateur ou de droite ou fondamentaliste ou orthodoxe; et, dans le cadre de la domination masculine, les femmes ont de bonnes raisons d'haïr l'homosexualité, tant masculine que féminine.
Les femmes sont interchangeables en tant qu'objets sexuels; elles sont un brin moins jetables en tant que mères. Les femmes n'ont de dignité et de valeur qu'au titre de mères: c'est une dignité relative et une valeur bien faible, mais c'est tout ce que l'on offre aux femmes en tant que femmes. Avoir des enfants est la meilleure chose que peut faire une femme pour obtenir du respect et être assurée d'une place.
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Les filles de la gauche contre-culturelle avaient tort: pas à propos des droits civiques ou de la guerre du Vietnam ou de l'impérialisme amérikain, mais à propos du sexe et des hommes. Le silence des mères dissimulait sans doute un savoir réel ,brutal, dépourvu de sentimentalisme sur les hommes et sur le coït, et la bruyante sexualité des filles dissimulait une ignorance romantique.
Les temps ont changé. Le silence a été rompu -ou du moins, certains pans du silence. Les femmes de droite qui défendent la famille traditionnelle occupent la place publique: elles parlent fort et elles sont nombreuses. Elles dénoncent tout spécialement l'avortenment légal, qu'elles abhorrent; et ce qu'elles en disent reflète ce qu'elles savent au sujet du sexe. Elles savent des choses terribles. Elles dénoncent systématiquement l'avortement parce qu'il est selon elles inextricablement lié à l'avilissement sexuel des femmes. Il serait naïf de penser qu'elles ont simplement raté le train des années soixante: elles ont tiré des leçons de ce qu'elles ont vu. Elles ont vu le cynisme des hommes utilisant l'avortement pour baiser plus facilement les femmes - d'abord l'utilisation politique de cet enjeu puis, après la légalisation, le recours concret à l'intervention médicale. Quand l'avortement a été légalisé, elles ont vu un mouvement social de masse visant à garantir aux hommes, à leurs conditions, l'accès sexuel à toutes les femmes - soit le déferlement de la pornographie; et oui, elles relient ces deux enjeux, et pas en raison de quelque hystérie. L'avortement, disent-elles, prospère dans une société pornographique ; la pornographie prospère dans ce qu'elles appellent une société de l'avortement. Ce qu'elles veulent dire, c'est que les deux réduisent les femmes à la baise.
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Les femmes de droite ont examiné le monde; elles trouvent que c'est un endroit dangereux. Elles voient que le travail les expose à davantage de danger de la part de plus d'hommes ; il accroît le risque d'exploitation sexuelle. Elles voient ridiculisées la créativité et l'originalité de leurs semblables ; elles voient des femmes expulsées du cercle de la civilisation masculine parce qu'elles ont des idées, des plans, des visions, des ambitions. Elles voient que le mariage traditionnel signifie se vendre à un homme, plutôt qu'à des centaines : c'est le marché le plus avantageux. Elles voient que les trottoirs sont glacials et que les femmes qui s'y retrouvent sont fatiguées, malades et meurtries. Elles voient que l'argent qu'elles-mêmes peuvent gagner au travail ne les rendra pas indépendantes des hommes, qu'elles devront encore jouer les jeux sexuels de leurs semblables: au foyer et aussi au travail. Elles ne voient pas comment elles pourraient faire pour que leur corps soit véritablement le leur et pour survivre dans le monde des hommes. Elles savent également que la gauche n'a rien de mieux à offrir: les hommes de gauche veulent eux aussi des épouses et des putains ; les hommes de gauche estiment trop les putains et pas assez les épouses. Les femmes de droite n'ont pas tort.
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L'intelligence sexuelle serait sans doute plus semblable à lintelligence morale qu'à quoi que ce soit d'autre: un argument que les femmes tentent de faire valoir depuis des siècles. Mais, comme aucune intelligence n'est respectée chez une femme, condamnée au moralisme du fait d'être définie comme incapable d'intelligence morale, simple objet sexuel à utiliser, le sens que donnent les femmes à cette comparaison des intelligences morale et sexuelle demeure incompris. L'intelligence sexuelle s'affirme au moyen de l'intégrité sexuelle, une dimension éthique et pratique interdite aux femmes. L'intelligence sexuelle devrait être ancrée d'abord et surtout dans la possession légitime par la femme de son propre corps; or, les femmes existent pour être possédées par d'autres, à savoir les hommes, alors que la possession de son propre corps devrait être absolue et entière pour que l'intelligene sépanouisse dans le monde de l'action. L'intelligence sexuelle devrait, à l'instar de lintelligence morale, affronter les grandes ques tions de la cruauté et de la tendresse; là où l'intelligence morale doit se mesurer aux questions du bien et du mal, l'intelligence sexuelle devrait se mesurer à celles de domination et de soumission.
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En tant qu'êtres sans phallus, les femmes sont définies comme soumises, passives, quasiment inertes. Depuis le début de l'histoire du patriarcat, nous avons été définies par le droit, la coutume et l'habitude comme inférieures à cause de notre corps sans phallus. Notre définition sexuelle est celle d'une « passivité masochiste »: « masochiste » parce que même les hommes reconnaissent la systématicité de leur sadisme contre nous; « passivité » non pas parce que nous sommes passives par nature, mais parce que nos chaînes sont si lourdes qu'il nous est impossible de bouger.
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En règle générale, on observe que la vie des violeurs a plus de valeur que la vie des femmes violées. Les violeurs sont protégés par la loi des hommes et les victimes de viol sont punies par la loi des hommes. Un système complexe de solidarité masculine soutient le droit des violeurs de violer, tout en réduisant au zéro absolu la valeur de la vie de la victime.
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La sorcellerie était un crime de femme, et le texte du Malleus explique amplement pourquoi. Premièrement, Jésus-Christ est né, a souffert et est mort pour sauver les hommes, pas les femmes; par conséquent, les femmes étaient plus vulnérables aux charmes de Satan. Deuxièmement, la femme est « plus charnelle que l'homme: on le voit de par ses multiples turpitudes! ». Cet excès de sensualité trouvait son origine dans la création même d'Ève: elle fut façonnée à partir d'une côte tordue. À cause de cette déficience, les femmes sont toujours trompeuses. Troisièmement, les femmes sont, par définition, malignes, méchantes, vaines, stupides et irrémédiablement mauvaises:
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Des femmes ont partagé leur chez-soi, leurs repas, leur coeur avec moi, et j'ai rencontré des femmes dans toutes les situations, des femmes bienveillantes et des femmes malveillantes, des femmes courageuses et des femmes terrifiées. Et les femmes que je rencontrais avaient subi tous les crimes, toutes les formes d'indignités: et j'ai écouté. « Le viol comme atrocité et le voisin de palier » (discours publié dans ce livre) a toujours provoqué les mêmes réactions:j’ai entendu parler d'un viol après l'autre; des vies de femmes me sont passées sous les yeux, viol après viol; des femmes qui ont été violées chez elles, en voiture, sur un banc, dans une ruelle, une salle de classe, par un homme, deux hommes, cing hommes, huit hommes, qui ont été frappées, droguées, poignardées, lacérées, des femmes qui dormaient, qui étaient avec leurs enfants, qui sortaient se promener ou faire des courses ou étaient sur le chemin de l'école ou au travail, au bureau, à l'usine ou dans la réserve d'une boutique, des femmes jeunes, des filles, des femmes vieilles, des femmes minces, des femmes grosses, des femmes au foyer, des secrétaires, des putains, des enseignantes, des étudiantes. Je n'arrivais plus à le supporter.
Alors j'ai arrêté de prononcer ce discours. J'ai cru qu'il allait m'achever. J'ai appris ce qu'il fallait que je sache, et plus qu'il ne m'était supportable de savoir.
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La vision idéalisée de la connivence masculine révèle le caractère fondamentalement homosexuel de la société des hommes.
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Nous devons détruire la structure même de la culture telle que nous la connaissons, ses arts, ses églises, ses lois ; il nous faut éradiquer de la conscience et de la mémoire toutes les images, les institutions et les mentalités structurelles qui transforment les hommes en violeurs par définition et les femmes en victimes par définition. Tant que nous ne l'auront pas fait, le viol restera notre modèle sexuel primordial et les hommes violeront les femmes.
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Nous sommes convaincues qu’être égales là où il n'y a pas de justice universelle, ou là où il n'y a pas de liberté universelle, signifie, tout simplement, être identiques à l'oppresseur.
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L’art masculiniste, l’art de siècles d’hommes, n'est pas universel, ni l'explication ultime de ce que signifie être au monde. Ce n'est finalement que la description d'un monde dans lequel les femmes sont assujetties, asservies, réduites en esclavage, dépossédées de leur plein accomplissement, différenciées par leur seule présence corporelle, rabaissées.
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Parce que je suis devenue une femme qui savait qu'elle était une femme, c'est-à-dire, parce que je suis devenu féministe, j'ai commencé à parler avec des femmes pour la première fois de mon existence, et une des femmes avec qui j'ai commencé à parler fut ma mère. 
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Je voulais comprendre ce qui m’était arrivé pendant mon mariage et dans les mille et une occasions de la vie quotidienne où il me semblait avoir été traitée en sous-humaine. Je sentais que j’étais profondément masochiste, mais que mon masochisme n’avait rien d’individuel – toutes les femmes que je connaissais vivaient dans un masochisme profond. 
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