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Citations de Anita Desai (45)


Mais l'instinct de détruire vient si naturellement, c'était cela qui était terrible.
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Dressant sa petite tête rasée sur son cou mince et fragile, Rêka considéra les abricotiers, la véranda, Carignano. Elle écouta le vent siffler dans les pins et les cigales striduler inlassablement au soleil (...)se dit que c'était la première fois qu'elle entendait le bruit du silence. (p. 66)
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Elle qui n'avait plus envie que de silence, il lui faudrait de nouveau parler, poser des questions, veiller au confort et à l'organisation de la vie d'un autre, rendre des comptes et en demander. (p. 36)
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Rien n'aurait manqué à son bonheur si sa femme lui avait fait des confitures d'abricots. Mais elle ne voulait pas : elle le haïssait bien trop pour lui faire des confitures. (p. 17)
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«Old Delhi ne change pas, mais il sombre dans la décadence. Mes étudiantes me disent que c'est un immense cimetière, que chaque maison est une tombe, qu'il n'y a plus que des tombeaux endormis. D'après elles, New Delhi est différent. C'est là que les choses se passent. À la façon dont elles en parlent, on a l'impression que c'est un nid de puces, un endroit où tout l émonde s'agite. Je n'y vais jamais. Baba non plus. Et ici, c'est le calme plat. S'il s'est jamais passé quelque chose, c'était il y a longtemps - du temps des Tughlaks, des Khiljis, du Sultanat, des Mogols - tous ces gens-là...»
Elle faisait claquer ses doigts au rythme de ses paroles.
«Et puis les Anglais ont construits New Delhi et y ont tout déménagé. On nous a laissé ici flotter sur des eaux stagnantes, nous sommes devenus de plus en plus ternes et incolores. Ceux qui ne sont ni ternes ni incolores s'en vont à New Delhi, en Angleterre, au Canada, au Moyen-Orient. Et ils ne reviennent pas.»
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Etre un arbre-ni plus ni moins : c'était bien la seule chose qu'elle acceptait encore d'entreprendre. (p.12)
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«Je pense que sur un plan ou un autre, c'est ce que nous faisons tous, dit-il enfin. Les individus, les pays. Si nous pensons à nos péchés, c'est un lourd fardeau que nous portons.» Il se gratta la tête. «C'est pour ça qu'ici les gens vont si volontiers à l'église - chaque jour, plusieurs fois par jour même, quand ils passent devant. Ils entrent, font le signe de croix, comme ça, disent une petit prière, allument un cierge et ressortent - pardonnés, prêts à se remettre en route.
- Et ceux d'entre nous qui ne sont pas croyants?»
André haussa les épaules. «Il faut peut-être que nous nous pardonnions à nous-mêmes.»
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Il croyait que les scientifiques étaient des gens fascinants : après tout, ils connaissaient mieux que personne l'être humain et le phénomène de la vie.
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Tout en marchant, Nanda Kaul se creusait la tête pour trouver un sujet de conversation susceptible d'intéresser l'enfant : au point qu'elle se surprit à serrer les poings derrière son dos. Il ne fallait pas que l'ennui ou la gêne fassent fuir la petite. Sans bien savoir pourquoi, elle ne pouvait supporter qu'elle s'en aille. On aurait dit que son indifférence agissait sur elle comme un stimulant, un défi. Réka était le poisson d'or, la proie merveilleuse et insaisissable. (p. 152-153)
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Plissant les yeux, Nanda Kaul prit connaissance des détails du voyage de son arrière-petite-fille. Puis elle replia les feuillets bleus et les glissa avec fermeté dans l’enveloppe, comme pour réprimer l’emballement de sa fille et sa fièvre de projets. Reposant la lettre sur ses genoux, elle leva les yeux et regarda les abricotiers, le chemin qui descendait vers l’entrée, les hortensias floconneux, les pins dans lesquels le vent sifflait en éparpillant les branches, et les toits rouges de Lawrence School sur les hauteurs verdoyantes de Sanawar. Animé d’un mouvement involontaire, un de ses doigts effilés explorait, tel un insecte, la lettre posée sur son giron tandis qu’elle luttait pour réprimer la colère, le dépit et le dégoût total que lui inspiraient les manigances et l’effronterie de sa fille, la faiblesse abjecte de sa petite-fille et l’arrivée imminente de son arrière-petite-fille à Carignano.
Elle s’efforça de chasser ces pensées en se concentrant sur le paysage familier au calme inaltérable. Elle tenta de retrouver le plaisir et le sentiment de plénitude qu’elle avait eus avant l’arrivée de la lettre. Mais elle était trop contrariée à présent.
Elle ne souhaitait qu’une chose : être seule chez elle, à une époque de sa vie où elle ne désirait plus que silence et repos.
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Ensuite elle s'était promenée dans le jardin. Contrairement à toutes celles qui l'avaient précédée, elle ne s'était pas dit : ici je planterai un saule, là je mettrai de l'herbe à pampa à la place du genêt d'Espagne. Non. Ce vide et cette aridité l'enchantaient. Le gravier qui roulait sous ses pieds lui plaisait autant qu'à d'autres un épais gazon. (p. 53)
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Cela aussi était familier pour Arun, il en avait fait l’expérience, même si ce n’était qu’un reflet dans un miroir : son père avait la même expression, triomphant toujours, refusant toute opposition, tout défi à son autorité, attendant, insensible, qu’ils faiblissent, cèdent peu à peu au désespoir, et soient anéantis. Une fois de plus, un frisson gris, fugitif, le traversa, l’étouffa.
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« Dehors était la liberté. Dehors était la vie à laquelle il choisissait d'appartenir – la vie des grillons sautant dans l'herbe, des oiseaux évoluant au loin dans la vallée ou s'élevant au-dessus des montagnes et des animaux invisibles dans les fourrés, ne trahissant parfois leur présence que par un bruissement ou une brusque succession de cris ou d'appels précipités ; des plantes obéissant à leurs propres nécessités végétales, presque imperceptiblement, apparemment inertes mais mystérieusement liées aux changements et aux mouvements de la terre. » L'art de l'effacement
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Un jour, en classe, l'enseignante avait nommé la nouvelliste dont le livre était posé ouvert devant elle - Suvarna Devi -, et avait parlé d'elle comme de l'héroïne méconnue de la littérature oriya. Elle lui avait dit à elle, Prema, l'étudiante la plus fervente qu'elle eût jamais eue, qu'il valait la peine d'apprendre la langue rien que pour lire les oeuvres de Suvarna Devi. «Elle ne vous révélera pas seulement la beauté de la langue, elle vous ouvrira aussi les yeux sur ce que vous ne saviez même pas exister ici...»

La traductrice
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Pourquoi fallait-il que cette enfant gâche sa tranquillité en l'obligeant à spéculer sur ses vagabondages ? (..) Mais Rêka ne s'occupait pas d'elle. Elle l'ignorait si tranquillement, si totalement, que Nanda kaul en avait le souffle coupé. Elle l'observait avec une certaine appréhension, intriguée par ce rejet total, si naturel et si instinctif, alors qu'elle était obligée, elle, de faire des efforts considérables pour la rejeter. (p. 77)
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« Il y avait là des illustrations, semblables à des joyaux de vie florale et aviaire, et on voyait de minuscules personnages lancés, sur des montures aux formes rebondies, à la poursuite de lions ou de gazelles, ou bien agenouillés devant des saints barbus dans des grottes de montagne. J'entrevis un couple de grues effectuant une parade nuptiale sur un tertre verdoyant, avant de passer à une jeune fille conversant avec son perroquet en cage et une autre écrivant une lettre à son bien-aimé lointain, puis à l'image d'un jeune homme épiant de derrière un arbre un groupe de jouvencelles se baignant dans une rivière, vêtues mais d'une manière transparente. Ici des éléphants, un howdah doré sur le dos, transportait des nobles vers un fort crénelé au sommet d'une colline, et là de menaçants nuages bleus apparaissaient, chassant les aigrettes blanches devant eux ; une jeune bayadère dansait dans une cour entourée de murs, un prince posait, une rose à la main, un autre montrait fièrement un faucon posé sur son poignet. Des chiens de chasse traquaient un cerf dans une forêt, suivis d'un chasseur armé d'un arc et de flèches. Un grand voilier appareillait. La foudre frappait. Des lignes d'exquise calligraphie couraient le long des bords, nommant, racontant. » Le musée des ultimes voyages.
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"Vous n'avez jamais vu notre Dia de los Muertos, notre jour des morts ? demanda Paola. Nous semons des pétales devant nos portes pour les aider à retrouver leur maison, nous affichons leur photo afin qu'ils puissent être sûrs d'être bien chez eux et nous mettons des bougies pour qu'ils y voient clair sinon ils doivent brûler leurs doigts... " Eric suivit la jeune femme jusqu'à l'endroit où elle prit un cierge. Lui-même en choisit deux, les alluma, puis les planta dans une couche de cire chaude en prononçant à haute voix le nom de ses grands-parents : " Davey Rowse ", " Betty lennings ".
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Eric posa le livre sur sa poitrine pour affronter, sans en être gêné, le même courant d’air que celui qui soufflait sur les mineurs et les forçait à adopter cette démarche titubante, en zigzag, qu’il lui semblait avoir imitée pendant son voyage. Était-ce là le monde qu’avait trouvé son grand-père quand, après avoir traversé l’océan, il était parti à la recherche d’un nouveau territoire où poser ses marques ? L’effort qu’il fit pour entrer dans ce passé, semblable à une mine où ne perçait aucune lumière et où ne circulait aucun souffle d’air, épuisa Eric, qui s’abandonna avec soulagement au sommeil.
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Ce paysage qui se déployait à perte de vue lui faisait penser à un ancien parchemin qu'on aurait déroulé à ses pieds pour qu'elle l'examine. (p.98)
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Puis tout s'embrouilla dans son esprit. En donnant naissance à cet enfant, pour le moment bien abrité, accomplirait-elle une action créative, ou bien en s'en libérant dans un écoulement sanglant violent et douloureux ne ferait-elle que détruire ce qui était encore protégé et parfait ?
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