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Critiques de Anna Funder (62)
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Stasiland



Anna Funder nous amène au cœur de l’ex-RDA, découvrir les plus intimes rouages de la STASI, ce système pernicieux mais hautement sophistiqué d’espionnage «démocratique».

Les témoignages viennent étayer l’idée que l’on se fait de cette institution, rivalisant avec la CIA (des guignols à côté !) qui persistent quant à eux, un espionnage sans vergogne ! Entre victimes désemparés face aux atrocités commises au nom du communisme et allemands vindicatifs, ce livre trace une route à travers cette Allemagne de l’Est, au sein de laquelle le mot «liberté» n’avait plus beaucoup de sens.. Matériels perfectionnés, attitudes, suspicions, pressions familiales, tout est passé au crible.

Un ouvrage passionnant, qui se dévore en quelques jours, qui nous en apprend beaucoup sur cette STASI omniprésente dans la petite République socialiste, et à mettre en parallèle de l’excellent film «La vie des Autres», de Florian Henckel von Donnersmarck.
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Stasiland

Très bon livre, bien documenté, avec des cas choisis pour nous interpeller un maximum. Incroyable comme ce régime de terreur a pu perdurer 44 années.

Anna Funder, avocate ayant travaillé sur les droits de l'Homme, a fait une recherche importante et nous livre beaucoup de renseignements sur l' ex RDA, la Stasi et les allemands de l'Est.

Il faut rappeler les deux excellents films sur le même sujet: d'abord "Bye-bye Lenine" de 2003 et "La vie des autres" de 2006. J'ai lu aussi il y a très peu de temps le bon livre écrit par un allemand de l'est, Eugen Ruge paru en 2012 "Quand la lumière décline" qui narre l'épopée d'une famille de l'est à travers quatre générations, un vrai régal car cela sonne tellement vrai...
Lien : http://pasiondelalectura.wor..
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Stasiland

Même si ça lit comme un roman ce texte est en fait la compilation des rencontres d’Anna Funder avec des citoyens ordinaires de la RDA mais aussi des hommes qui ont été officiers ou ont travaillés pour la Stasi. Et c’est tout simplement passionnant. Car quand on pense espionnage et contrôle dans les pays de l’Est on pense KGB mais c’est oublié la machine de renseignements absolument implacable mise sur pieds en Allemagne de l’Est.



La grande, la très grande, force de cet ouvrage c’est d’être humain. L’auteur dépeint des hommes et des femmes irrémédiablement pris dans l’engrenage d’un système, ce qui ne veut pas dire qu’elle en excuse les bourreaux. Le contrôle était poussé à un point tel qu’il est impossible de ne pas prendre certaines situations pour de l’absurdité sans nom. En fait, on bascule sans cesse entre l’absurdité et l’horreur comme quand on parle des échantillons d'odeurs que les membres de la Stasi collectaient sur les suspects avec pour but de s’en servir comme d’une empreinte digitale, ou encore les irradiations de prisonniers à leur insu.



Cela étant, je pense que le point le plus important abordé par Anna Funder est la notion de « mur dans la tête », cette peur, ce syndrome toujours bien présent dans les gestes quotidiens de ceux qui ont été des allemands de l’Est.
Lien : http://axlmag.over-blog.com/..
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Stasiland

Avec ce documentaire aussi intéressant qu’émouvant qui se lit comme un roman, on ressent la peur qu’inspirait la Stasi au quotidien. Si la Stasi a aujourd’hui disparu, elle existe encore dans les esprits de ceux qui l’on connu que ce soit du côté des victimes que celui des bourreaux.
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Stasiland

Sept ans après la chute du Mur de Berlin, Anna Funder, journaliste australienne passionnée par l’Allemagne et son histoire, est partie en ex-RDA sur les traces des victimes du régime communiste et des dirigeants de la Stasi, l’ancienne police secrète du régime de l’Allemagne de l’Est. Les témoignages qu’elle a pus recueillir nous révèlent des vies ordinaires brisées et des histoires individuelles glaçantes. Dans un monde ultra surveillé où la paranoïa, la manipulation et la délation déformaient la vérité, les victimes avaient peu de chances de pouvoir se défendre. Tel est le cas de Myriam arrêtée à seize ans pour avoir distribué des tracts et qui recherche toujours les circonstances de la mort de son mari soi-disant suicidé pendant son incarcération. C’est également Julia, emprisonnée pour être tombée amoureuse d’un Italien et pour ne pas avoir voulu coopérer avec la Stasi contre sa famille. Des victimes de ce régime policier et totalitaire, il y en a encore beaucoup… Anna Funder s’est également intéressée aux bourreaux et a pu en rencontrer quelques-uns. Elle nous parle ainsi de cet agent zélé qui se faisait passer pour un aveugle afin de mieux espionner les gens à leur insu. Très souvent, c’est la nostalgie qui se ressent dans leur propos, mais certainement pas les regrets pour les brimades et les tortures de gens arrêtés arbitrairement.



« Stasiland » nous décrit une époque hallucinante, une société où la vie quotidienne était totalement oppressante. La machine infernale de la Stasi y est parfaitement décrite entre les méthodes de surveillance, les arrestations arbitraires et les interrogatoires où menaces et manipulation psychologique était le mot d’ordre. Si cette enquête se lit comme un roman, c’est avant tout parce qu’Anna Funder n’a pas caché son émotion face aux propos qu’elle recueillait. Les entretiens sont mêlés à ses propres observations, ce qui dénote parfois en effet un manque d’objectivité. Pour autant, son livre est le remarquable témoignage d’une période complexe et revient sur l’histoire d’une partie d’un pays qui, de manière stupéfiante, est passé d’un régime totalitaire à un autre. Surtout, la journaliste australienne permet aux victimes d’exprimer leur douleur et leur incompréhension et révèle des personnes partagées entre la volonté de se souvenir et d’oublier.



Un récit passionnant donc, teinté de l’empathie de l’auteur pour les victimes de la Stasi, mais qui a le mérite de nous faire découvrir une période de l’histoire de l’Allemagne de manière très vivante. J'ai pour ma part été totalement immergée dans cette enquête. Une très bonne lecture.

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Stasiland

Est-ce vraiment un roman? Il est vrai que cet étrange et "romanesque" pays que fut Stasiland exista bel et bien... bel et mal?
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Stasiland

Anna Funder a interviewé des gens ordinaires qui ont résisté à leur niveau au régime totalitaire est-allemand, mais également des gens qui ont travaillé pour la Stasi, la police politique de RDA, "l’État le plus étroitement surveillé de tous les temps" (dixit les médias allemands après la chute du Mur), où l'on estime qu'une personne sur 63 était un agent ou indicateur de la Stasi.

Et si l'on compte les indicateurs occasionnels, la proportion atteint le niveau hallucinant d'une personne sur 6,5, ce qui revient à dire que vous étiez pratiquement sûr qu'une personne de votre entourage rapportait vos faits et gestes à la Stasi, en gros, que tout le monde, TOUT LE MONDE était espionné par la Stasi.



J'ai trouvé cet ouvrage passionnant, éclairant, instructif, j'ai appris plein de choses sur les dirigeants de la Stasi et de la RDA et sur ce qu'il s'est passé à l'Est pendant 40 ans ; et les histoires avec un petit "h" qui ont fait l'Histoire avec un grand "H" sont touchantes, révoltantes, tristes, malheureuses mais jamais inintéressantes.
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Stasiland

La justesse de son propos et son second degré (omniprésent et indispensable face à l'absurdité quotidienne) ressortent des témoignages et de ses observations et rendent le livre d'une acuité rare.
Lien : https://www.francetvinfo.fr/..
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Stasiland

Avec Stasiland, on explore un territoire hautement symbolique des dictatures communistes, la RDA. Et bien que ce soit de l'histoire récente, c'est un peu un sujet tabou : il y a moins de trente ans, l'Allemagne était divisée en deux et sa capitale traversée par un mur. Et à l'est de ce rideau de fer sévissait un régime doté d'un ministère de la Sécurité d'Etat, la Stasi, chargée d'espionner la population et de neutraliser toute forme d'opposition au régime. Du recrutement des collaborateurs parfois très jeunes aux emprisonnements arbitraires, Stasiland est un documentaire remarquable sur la pression psychologique imposée à une société qui en porte encore aujourd'hui les stigmates.



Pour autant, je regrette qu'Anna Funder se limite à l'exposé de trajectoires personnelles : il manque à ce livre une force romanesque et les tentatives de l'auteur de ce point de vue-là manque de réussite : les paragraphes descriptifs n'apportent rien au récit. Un autre point faible tient à la traduction : il aurait souvent été judicieux de garder certaines expressions en allemand, quitte à les traduire en bas de page. Ca m'a particulièrement marquée page 201: "Allons-y", me dit-il et je remarque qu'il zézaye. je cherche encore la phrase qui permet de noter ce défaut de prononciation!
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Stasiland

"Stasi" de Anna Funder.. En 1989 le mur de Berlin tombe. Peu après c 'est la réunification des 2 Allemagnes.. A travers plusieurs témoignages, nous sommes entraînés au coeur d'un régime carcéral, figé par la peur.. 20 ans après, c'est à plusieurs "vies des autres" que l'auteur Anna Funder nous convie.
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Stasiland

L'auteur, d'origine australienne, a effectué des voyages en RDA et a séjourné dans cette ex-RDA après la chute du mur de Berlin. Elle raconte les existences des victimes du régime est-allemend et celles des anciens collaborateurs de la Stasi. On découvre un système pernicieux et cruel, des vies bouleversées. On apprend comment les victimes survivent à certains troumatismes et comment ceux qui ont été les rouages du système se reconvertissent.

Un livre qui fait parfois froid dans le dos, qui émeut et qui ouvre les yeux sur une époque.
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Stasiland

Effarant... C'est le mot qui vient à l'esprit quand on lit ces témoignages d'anciennes victimes ou d'anciens bourreaux de la RDA...

J'ai acheté ce livre pour le titre, parce que l'histoire de l'Allemagne me passionne, avant de lire le résumé m'apprenant...qu'il ne s'agissait pas d'un roman !

Si certains passages sont trop axés sur les sentiments de l'auteur (ses soirées alcoolisées pour se remettre d'une dure journée par exemple), les histoires personnelles des allemands à l'époque du mur sont passionnantes, édifiantes, effarantes..

Vraiment, on apprend beaucoup de choses en lisant "Stasiland"..
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Stasiland

Pas tout à fait un roman, plus qu'un essai historique, Stasiland est avant tout le récit du régime froid, omnipotent et sans pitié de la RDA, incarné par la Stasi, au travers de témoignages époustouflants d'allemands qui ont subi, qui ont trahi, informé ou tout simplement travaillé pour le compte de cette police politique... La surveillance de toute una nation élevé au rang d'art suppurant de vices, de délations, le summum de l'organisation administrative froide, implacable où règne la plus attroce des paranoïas, bref c'est ébouriffant, ça glace l'échine... d'autant plus que finalement, cette horreur était encore en action il y a 20 ans...

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Stasiland

S.T.A.S.I, Le ministère de la Sécurité d’État, ces initiales font encore frémir à notre époque.

Ce livre nous fait découvrir ce que voulait dire « vivre » sous le régime totalitaire de l'ex R.D.A, que l'on pourrait décrire comme une immense prison.

Avec quelques témoignages représentatifs, l'auteur arrive à décrire l'absurdité d'un état paranoïaque, dont le symbole est cette balafre à ciel ouvert, ce mur, qui revient de manière lancinante dans le récit.

On peut regretter la manière qu'a l'auteur de se « raconter », même si elle démontre les obstacles qu'elle a dû surmonter.

Un livre très instructif, une immersion dans le quotidien des « ossies », mais également sur l'après « chute du mur » et les réactions paradoxales de certains allemands de l'est.

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Stasiland

« L’immeuble semble avoir été conçu sur le même principe architectural de polyvalence que tous les autres bâtiments : le « Runden Ecke » (musée de la Stasi) à Leipzig et le QG de la Stasi à Normannenstrasse , les prisons, les hôpitaux, les établissements scolaires ou administratifs de tout le pays et sans doute aussi l’intérieur du palais de la République marron. D’ici à Vladivostok, voici la contribution du communisme à l’art de la construction : linoléum, ciment gris, amiante, béton préfabriqué et toujours et encore des couloirs interminables et des pièces polyvalentes. Et derrière chaque porte, tout était possible : interrogatoires, emprisonnements, examens, enseignements, administration, abri nucléaire, ou, dans ce cas précis, propagande. »



Anna Funder est australienne. Elle s’est toujours intéressée à l’Allemagne jusqu’à étudier l’allemand à l’école à la grande déception de sa famille qui considérait cette langue comme celle de l’ennemi.



En 1996, elle loue à Berlin-Est un petit appartement afin de s’immerger dans le Berlin d’avant la chute du mur et de partir à la découverte des lieux emblématiques de la STASI : La redoutable police secrète de cet état policier. Journaliste, elle se trouve un job à mi-temps à la télévision de l’ex Berlin-Ouest et part en quête de témoignages.



C’est abasourdie que je referme ce livre. J’ai beau avoir lu plusieurs ouvrages sur toutes les formes de dictatures, je suis toujours médusée par la capacité d’innovation dont peut faire preuve l’être humain afin d’asservir ses semblables : Les asphyxier dans un régime pervers pour mieux asseoir son pouvoir. Si seulement il pouvait mettre la même créativité au service de la philanthropie. Et cela fonctionne, cela conditionne, cela alimente la délation, cela fait appel aux plus bas instincts de l’individu, c’est difficile de résister !



Anna Funder nous convie à une enquête qui tente de s’approcher au plus près de la réalité de cet état policier en revenant en Allemagne quelques années après la chute du mur de Berlin. Elle se transforme en guide touristique et nous propose des visites extrêmement détaillées de « ces palais au lino marron » dont tout superflu est banni « adieu l’esthétique ». Elle va à la rencontre des allemands de l’ex Berlin-Est pour les écouter, recueillir leur témoignage et découvrir avec nous la réalité du « Rideau de fer », ce terrible « régime camisole » qui s’est abattue sur cette partie de l’Allemagne. Si ce récit « fait froid dans le dos », il est aussi passionnant, animé, c’est une véritable plongée oppressante dans une société anesthésiée par la peur, une œuvre choc et réussie.



Mi-1989, les premières manifestations (les manifestations du lundi) éclatent après les prières pour la Paix à l’église Saint-Nicolas-de-Leipzig. « La démocratie c’est maintenant ou jamais » - « La Stasi dehors ! ». Elles font tache d’huile et atteignent Erfurt, Halle, Dresde et Rostock. La première faille dans le système est ouverte, rien ne pourra plus arrêter l’Histoire. Sous la plume vibrante d’Anna Funder, je suis partie avec entrain à la suite du peuple de l’Allemagne de l’Est. Plus rien ne pouvait arrêter la mécanique. « Le goût de la Liberté est un goût à nul autre pareil. »



Emouvants et instructifs tous ces entretiens avec des personnes ayant eu affaire à la Stasi comme le récit incroyable de Miriam, de Julia, terrible et ahurissant celui de Frau Paul dont l’enfant gravement malade se retrouve dans un hôpital de Berlin– Ouest alors que les parents résident à Berlin-Est, troublantes les déclarations de ces nostalgiques du communisme, sidérantes les confessions des anciens de la Stasi.



Mais comment vivre après une dictature ? Après tant de souffrances, de privations, de peur, de délations, les vieux réflexes viennent encore empoisonner le quotidien de toutes ces personnes. Les stigmates de cette période sont encore à vif et c’est parfaitement bien décrit dans cet ouvrage. Tous ces témoignages révèlent l’anéantissement psychologique des opposants et le conditionnement dogmatique des autres. Le mur s'est immiscé dans leur tête!



Et le comble « L’association des anciens de la Stasi » va tout mettre en action pour empêcher la parution du livre d’Anna Funder et ce : au nom des droits de l’Homme !



Ce pays réunifié s’est promis de faire la transparence sur cette période d’Inquisition modèle soviétique. Dans ce livre, il y a des découvertes inconcevables tels que les « bocaux d’odeurs, la chaîne noir ». Mais aussi les femmes-puzzles !



Après ce livre, j’ai très envie de partir à la découverte de cette Allemagne que fut la RDA !



Petit bémol : il y a une erreur dans ce livre et une confusion certainement liée à la traduction. Il est question de la ville de Lindau en RDA à trente kilomètres de Dessau. Impossible, Lindau est au bord du Lac de Constance, en Allemagne de l’Ouest, en zone française, à six cents kilomètres de Dessau. Originaire de la ville de Chelles, nous sommes jumelés avec Lindau et mes enfants ayant fait allemand première langue, sont partis en stage à Lindau. C’est en connaissance de cause que je souligne cette erreur. Maintenant, je ne peux dire de quelle ville il s’agit, je n’ai trouvé aucune ville dont il pourrait s’agir.



Si vous avez aimé le film « La vie des autres », vous aimerez le livre d’Anna Funder.



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Stasiland

J'ai acheté ce livre dans la boutique souvenir de la prison de la Stasi, Hohenschönhausen. Cette indication accessoire colle parfaitement à la dimension paradoxale du rapport des Allemands à la RDA, qui donne à ce livre son titre de Stasiland (évidemment une référence à Disneyland, au marché en toc du souvenir et de la nostalgie autour de la chute du Mur ).



Le livre commence un peu à dater, et le phénomène de l'Ostalgie est, sinon populaire, néanmoins connu. On a toutefois peu d'occasions de se plonger réellement dans la vie de la RDA par des intimités racontées d'une part par des citoyens (compilées par une Australienne, en-dehors du spectre de la nostalgie) et par des anciens agents de ma Stasi de l'autre. Si Berlin et les sujets liés à la RDA vous intéressent, vous pouvez vous ruer dessus : le récit mêle habilement l'histoire à l'Histoire, avec des témoignages parfois poignants, écœurants ou importants (on trouve des témoignages de Karl Eduard Von Schnitzler, figure de la télévision de RDA qui décryptait les programmes de l'Ouest pour en dénoncer la propagande, encore totalement illuminé et enthousiaste, ou le témoignage ambivalent mais intéressant de Hagen Koch, cartographe du mur).



Le livre est d'autant plus intéressant qu'Anna Funder nous fait part de ses réflexions personnelles, sur un sujet qui n'intéressait pas ou peu les allemands de l'Ouest : qui s'intéresserait à la vie d'anciens habitants d'un pays fantomatique et éteint, que l'on a cherché à effacer de la carte ? Les musées sur le sujet sont soit dans leur jus, soit lissés, commerciaux, détachés d'un sujet pourtant viscéral.



Un livre réellement fascinant, admirablement mené, qui laisse mesurer l'ampleur immense de l'absurdité d'une société de contrôle absolue, désormais derrière nous, fort heureusement !
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Stasiland

Anna Funder est Australienne. En 1996 elle a vécu à Berlin où elle travaillait pour une radio. C'est alors qu'elle a commencé à s'intéresser à ce qu'avait été la vie dans l'ex-RDA, sous le regard de la stasi. Elle rencontre et interroge des victimes de cet Etat policier mais aussi des acteurs de la surveillance et de l'intimidation, à plusieurs niveaux de responsabilité.



J'ai beaucoup apprécié cette lecture que j'ai trouvé très intéressante. Certaines des histoires racontées m'ont fait froid dans le dos, notamment celle de Julia, la logeuse d'Anna Funder. Lycéenne brillante, particulièrement en langues, Julia voit les portes se fermer devant elle : elle n'est pas acceptée à la faculté de traduction et d'interprétariat et ne trouve aucun travail. Tout cela parce qu'elle a un petit ami italien et petit ami étranger = envie de quitter le pays. Convoquée pour un entretien elle découvre que presque toute sa vie est connue, toutes ses lettres ont été lues. Ce qui est bien montré c'est la torture qu'entraîne ce genre de procédé : si je ne suis pas admise, est-ce politique ou parce que je ne suis pas assez douée ?



Anna Funder s'investit personnellement dans son travail. Elle raconte ce qu'elle ressent et aussi des épisodes de sa vie personnelle qui interfèrent avec ses recherches. Au début j'ai trouvé que c'était de trop et qu'on n'en avait rien à faire mais finalement ça contribue à rendre l'ouvrage vivant et sympathique.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Stasiland

En façade, la Stasi était le Ministère est-allemand de la sécurité d’Etat de la RDA pendant la Guerre froide. Mais en réalité, c’était une armée interne qui permettait au gouvernement communiste d’identifier et de neutraliser ses opposants afin de garder le pouvoir. Après 40 années d’existence, la Stasi fut dissoute à la chute du Mur de Berlin en novembre 1989.



Décidant d’en savoir plus sur le fonctionnement de cet organisme tentaculaire pour qui travaillait ou collaborait 1 personne sur 63 en RDA, Anna Funder vient s’installer en Allemagne réunifiée et se lance dans une grande enquête auprès des gens qui en ont été les victimes mais aussi les acteurs.



Au fil de ses rencontres, elle croise plusieurs personnes qui acceptent de raconter leur traumatisme d’avoir été surveillées, dénoncées, emprisonnées pendant des années. Elle passe également une annonce dans un journal pour tenter d’obtenir les témoignages d’anciens membres de la Stasi.



Avec cet essai romancé, l’autrice mêle les deux types de point de vue et c’est ce qui lui donne toute sa richesse. Elle nous permet de mieux comprendre comment s’est mise en place la manipulation à grande échelle et comment l’a vécue une population encore sous le choc des révélations engendrées par l’ouverture au public des dossiers individuels.



Tout y est décortiqué, la propagande, la désinformation, la dénonciation, l’emprisonnement, la torture. C’en est terrifiant. Sous des airs de balade à travers les grandes villes de la RDA, l’autrice nous fait découvrir un système d’espionnage machiavélique, face à des personnages ordinaires qui ont fait preuve d’un courage admirable.



J’ai été atterrée par cette enquête édifiante, menée de façon originale au fil de rencontres et de visites des hauts lieux de la Stasi. Tout en révélant l’existence d’une fragile résistance, elle soulève la question de savoir comment un gouvernement a pu avilir ainsi tout un peuple et cette interrogation me trottera longtemps dans la tête.

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Stasiland

Anna Funder est une autrice australienne qui a étudié (entre autres) la littérature anglaise et pour laquelle les séjours à Berlin, la connaissance de la langue allemande et l’intérêt pour les droits humains étaient sans doute des blocs de construction nécessaires à la rédaction de son ouvrage passionnant, Stasiland.



Afin d’écrire son livre, qu’on pourrait également qualifier de reportage ou témoignage, Anna Funder a donné la parole à des personnes de camps opposés pour ensuite reconstituer un tableau représentant la (ex-)RDA : les victimes du régime totalitaire d’un côté et les membres de la Stasi de l’autre. Venant d’un autre continent et grâce à de nombreuses recherches, Anna Funder a su poser un regard nouveau sur la vie et le fonctionnement de cette machine incroyable que fut la RDA, le « rêve socialiste » basé sur l’espionnage et mensonge.



Les destins de Miriam, Frau Paul ou Julia sont poignants et servent de douche froide à ceux dont les connaissances de l’Allemagne de l’Est se résument à des photos d’une trabi, au film Good Bye, Lenin ! ou aux bisous passionnés devant le Mur de Berlin entre Brejnev et Honecker. Ces histoires de vies brisées alternent avec des rencontres entre Anna Funder et les anciens officiers de la Stasi ou leurs collaborateurs. Ceux-ci ne font pas part de remords, loin de là, mais témoignent du travail « bien fait », de devoir envers le système et frappent par leur capacité à s’adapter aux temps nouveaux grâce à de nombreux entraînements ou formations (notamment l’art de manipuler), tout en contraste avec leur victimes, incapables de se reconstruire.



Certaines informations font tristement écho à des articles de presse contemporains – l’emprisonnement des opposants avant des événements importants (pour que ces derniers ne nuisent pas à la bonne image du régime), la désinformation dans les médias (exercées par le régime totalitaire à l’Ouest par l’intermédiaire des agents), la valeur nulle de la vie humaine, la retranscription des manuels scolaires, des pseudo avocats ou juges…



Outre des faits connus, j’ai appris l’existence des femmes-puzzles de Nuremberg qui essaient de recoller des milliers de bouts de papiers que les membres de la Stasi ont déchirés à la fin de 1989 avant que leur bateau ne coule définitivement. Le nombre de sacs s’élève à 16.000 (!), chiffre qui illustre parfaitement l’étendu de l’espionnage des citoyens. Il faudrait encore 400 ans pour recoller tous les documents, mais les nouvelles technologies offrent de l’espoir aux victimes qui souhaitent enfin comprendre certains éléments de leurs vies.



Anna Funder touche à toutes les facettes du système d’autrefois : les fuites vers l’Ouest, le chantage, les tortures, les « suicides » (le régime ne se préoccupaient même pas de fabriquer un camouflage à peu près crédible), ainsi que les différentes perceptions des citoyens (des dissidents, ceux qui s’adaptent, ceux qui vivent dans l’ostalgie des bons vieux temps alias « on n’a pas besoin de bananes« ) mais elle laisse le lecteur respirer à quelques moments en décrivant par exemple l’architecture de Berlin ou en donnant l’envie de visionner la danse nommée Lipsi.



Au final, Anna Funder a su brosser un tableau passionnant et riche d’informations d’une période pas si lointaine qui met en garde contre les régimes totalitaires et qui devrait faire partie des lectures imposées à l’école. A lire et à offrir !
Lien : https://etsionbouquinait.com..
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Tout ce que je suis

Une 1ère de couverture peu pertinente mais un roman intéressant, riche d'informations sur les mouvements opposés au nazisme avant même l'arrivée au pouvoir d'Hitler en Allemagne; des trajectoires d'hommes et de femmes qui vivent en exil du fait de leur opposition et dont la situation est fragile. Un découpage entre hier et aujourd'hui au travers des mémoires d'un homme et d'une femme, qui se racontent et qui racontent la vie d'une troisième personne, l'opposante absolue.....Lecture facile malgré les nombreuses informations, bien distillées!
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