AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anne Godard (33)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Une chance folle

J’ai commencé ce livre à 6 heures ce matin, pour le terminer deux heures plus tard, au bord des larmes. Non pas que le style d’Anne Godard soit larmoyant, loin de là même, j’y ai même senti une certaine distance par rapport au drame évoqué.



Tout commence par une brulure celle de l’eau bouillante tombée sur le corps d’une petite fille un peu trop curieuse.

Magda est hospitalisée, opérée, pansée, et réopérée avec chaque fois de nouvelles souffrances, mais elle est en vie. Elle a « Une chance folle » aime dire ses proches.



En grandissant la brulure est toujours là, comme faisant partie d’elle-même sous le regard des autres,

certains font semblant de ne pas voir la cicatrice, d’autres chuchotent à son passage, les plus cruels ricanent ou prennent l’air dégoutté.

Ses parents sont là bien sûr, avec la culpabilité de la mère qui n’a pas su éviter le drame ce que la fillette ressent comme une autre plaie, encore plus profonde.

Un fossé se creuse peu à peu entre l’adolescente et une famille maladroite dans sa façon d’aimer.



Ce livre est bouleversant car il pose le douloureux problème du regard des autres.

Comment se construire lorsque l’on est différent ?

Comment s’accepter ?

Comment dévoiler son corps lors du premier amour ?



Anne Godard traite ce douloureux sujet avec une grande pudeur qui parfois frise la froideur.

Les phrases sont longues, les mots font mal.

Il m’est difficile de conseiller une lecture aussi éprouvante, mais lire n’est-ce pas aussi parfois accepter de souffrir ?



Commenter  J’apprécie          440
Une chance folle

Quand elle avait quelques mois, Madga s'est renversé sur le bras et le haut du corps une bouilloire d'eau bouillante, elle a eu "une chance folle" car ç'aurait pu être bien pire comme le disent si souvent ses parents.

Elle a de nombreuses brûlures et cicatrices sur le torse qu'il faut soigner, elle subit de nombreuses greffes, des cures thermales. Sa mère est toujours près d'elle pour la soigner et l'assister. Le temps passe et Magda grandit et se demande si elle trouvera un homme qui l'aimera avec ses brûlures et ses marques.



Autant le début est original, le personnage touchant, autant la suite, le passage de l'enfance à l'adolescence, la distance prise par rapport à une mère trop fusionnelle, ne m'a pas emballée. On a déjà vu et lu ça des milliers de fois.



Le style n'est pas non plus extraordinaire, les phrases sont trop longues.



Un avis très mitigé, mais à vous de vous faire le vôtre !
Commenter  J’apprécie          110
Une chance folle

Magda est une jeune femme qui, toute enfant encore, a été brûlée sur une partie du corps suite à un accident domestique. Cette cicatrice qu'elle porte sur elle, la façon dont les autres la voient, est une part importante de ce roman. Elle va influencer fortement Magda dans son rapport aux autres et à sa famille. Sa famille, c'est l'autre thème central du roman, une sorte de clan auquel elle ne peut échapper.

J'ai bien aimé le style de l'auteur, les phrases sont agréables à lire, souvent poétique. Sa description des sentiments de Magda sonne juste, avec ce qu'il faut de colère à cette jeune fille. Ce qui m'a le moins séduit, c'est peut-être l'histoire qui s'éparpille parfois, les deux grands thèmes du roman qui ont parfois dû mal à s'équilibrer et à se lier....Peut être que le destin trop sombre de Magda n'a pas provoqué chez moi un sentiment d'empathie, mais m'a empêché à un moment d'y croire...Je ne sais pas, je reste sur ma faim.

J'essaierai toutefois de lire le premier livre de cet auteur, pour retrouver son écriture que j'ai vraiment apprécié.

Merci aux Editions de Minuit et à Babelio pour ce roman.
Commenter  J’apprécie          81
Une chance folle

Magda a 9 mois. Sa mère rend visite à Tante Charlotte. Il y a Marc aussi, son frère aîné, enfin, de peu. Il est né la même année, les deux enfants n'ont que 11 mois d'écart. Le père, fatigué, est resté à la maison pour faire une sieste. Marc s'amuse, il fait tomber de la table du salon une boîte du panier à couture de Tante Charlotte, les épingles se répandent sur le sol, la mère s'affaire à les ramasser avant que Marc ne se blesse. La petite Magda, elle, s'approche de la bouilloire qui, pour une raison indéterminée, va tomber du meuble où elle est posée, laissant l'eau bouillante se déverser sur le corps de la petite fille. De l'accident, Magda ne se souvient pas. Mais des conséquences, assurément !



Ce roman, il résonne en moi comme un cri, un terrible cri que l'écriture permet de pousser et dont l'écho prend différentes dimensions.



Il y a ce corps meurtri bien sûr, les brûlures que vous imaginez. Anne GODARD les exprime avec beaucoup de délicatesse mais aussi gravité. Elle rivalise d'ingéniosité pour trouver les images qui nous feront partager, le temps d'un livre, les souffrances physiques endurées.



Mais ce roman, c'est avant tout un profond cri du coeur. En prêtant sa plume à Magda, Anne GODARD va donner de la voix à celles et ceux qui sont réduit(e)s au silence. Magda l'a été, au sens propre, dans une maison dans laquelle même le cri du nourrisson s'est tu, l'écrivaine empreinte, elle, les chemins inexplorés du sens figuré. Avec une narration à la première personne du singulier, la force du propos est amplifiée.



L'auteure use du prétexte d'un accident domestique, l'occasion d'évoquer le fait que près de 200 000 enfants en meurent en France chaque année. Magda fait partie de ces enfants victimes d'un accident qui aurait pu être évité. Nous ne sommes pas loin du cri d'alerte aux parents, grands-parents, bref à tous ceux qui entourent les enfants dont ils doivent assurer la protection.



Anne GODARD va creuser le sillon de cette obligation. La petite fille en veut terriblement à sa mère de ne pas s'être occupée d'elle à l'instant précis où l'accident aurait pu être évité mais à l'instant précis aussi, où sa vie a basculé. C'est un cri de reproche adressé à sa mère que formule Magda tout au long de ce livre, un cri qui met la mère devant ses responsabilités et la renvoie à sa culpabilité. De cet accident les relations mère/fille seront inéluctablement entachées.



Ce roman, c'est aussi un profond cri à l'injustice. Alors même que la petite Magda souffre, qu'elle est hospitalisée sur de longues durées, la famille, les amis, les autres en général s'apitoient sur le sort de la mère. La narratrice éprouve un ressentiment incommensurable. Anne GODARD sème les premières graines d'une prise de conscience. Si le réflexe des adultes peut paraître assez naturel devant un enfant de 9 mois qui ne parle pas encore et ne peut mettre des mots sur ce qu'il ressent, il l'est beaucoup moins ensuite mais les habitudes sont prises. Magda crie haut et fort combien l'attention des autres a été dévoyée, la privant, elle, de ce qu'elle aurait pu lui apporter pour se construire.



Anne GODARD aborde, en toile de fond, le sujet de la différence et plus précisément celui du regard des autres sur la différence. En quoi une différence détermine-t-elle l'identité d'un individu ? C'est la question à laquelle l'auteure va apporter une certaine réponse.



Magda fait partie de ces enfants qui ont survécu à un accident mais qui en en porteront l'empreinte jusqu'à la fin de leurs jours. Il n'est pas écrit sur leur front que leur corps est meurtri et pourtant !



A moi, maintenant, de lancer un cri, et ce sera celui de la victoire ! Je ne connaissais pas encore la plume de Anne GODARD dont "Une chance folle" est le 2ème roman, son premier "L'inconsolable" date de 2006. Ne passez pas à côté de la plume de Anne GODARD, singulière, caustique à l'envi, elle nous livre un roman à découvrir absolument. L'histoire pourrait être plombante, elle en fait un véritable sujet de philosophie.
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
Commenter  J’apprécie          60
Une chance folle

Au préalable, je remercie Les Editions de Minuit de m’avoir envoyé ce livre et j’exprime également ma gratitude à Babelio pour la tenue de cette masse critique toujours aussi sympathique et variée en termes de choix.

C’est en lisant le synopsis qui me paraissait intéressant que j’ai appris, il y a quelques mois, la parution pour septembre 2017, du second roman d’Anne Godard « Une chance folle ». Je m’étais alors promise de l’acheter ultérieurement.

Qu’elle n’a pas été ma joie en constatant qu’il faisait partie de la sélection des œuvres mises en jeu pour ce concours. Je l’ai donc coché parmi d’autres en laissant faire le hasard.

Une dizaine de jours plus tard, il m’attendait dans la boite aux lettres…

Je dois dire, qu’à la sortie, je regrette ce choix qui s’avère être une déception.

Ce texte était tellement auréolé d’une bonne réputation par la blogosphère littéraire, que je m’attendais à mieux.

Mon avis étant subjectif et en aucun cas le seul à prendre en compte, je m’adresse à l’auteure en lui disant que je suis vraiment désolée d’avoir un tel jugement sur son travail mais je me dois d’être honnête envers celles ou ceux qui me suivent.

Magda n’a que neuf mois lorsqu’une bouilloire remplie d’eau à 90° se renverse accidentellement sur elle et transforme à jamais son cou et le haut de son corps en quelque chose d’infâme, de fripé, parcourue d’une douloureuse et laide cicatrice.

A cause de son jeune âge, elle ne se souvient de rien et doit supporter, outre la souffrance physique, le dépit, l’accablement de sa mère, témoin privilégiée de ces durs moments. Cette dernière n’hésitant pas à les porter comme des étendards.

Durant toute sa petite enfance puis son enfance, notre victime va vivre quasiment en vase clos avec sa génitrice qui « panse et pense à sa place » en lui répétant inlassablement qu’elle a « une chance folle » d’avoir survécu.

L’histoire prend naissance quand Magda, qui a coupé plus ou moins les liens fusionnels existants, décide de se narrer, de parler en son nom, de s’expliquer. Bref de conter sa propre version et surtout de songer, de réfléchir par elle-même.

Comment va-t-elle s’y prendre ? Arrivera-t-elle à se libérer psychologiquement de cette emprise étouffante ? Dans l’affirmatif ou dans l’infirmatif, qu’est-ce qu’il va en découler ? Ses souvenirs apparaitront-ils ? Révélations inattendues ou pas ? Plongez et vous saurez…

A travers le court récit de cent quarante-deux pages, l’écrivaine met en exergue la figure maternelle. Elle traite des blessures aussi bien physiques que morales de l’enfance. Du tourment psychologique que peut exercer une personne d’autorité, qui de plus est un parent, sur une gosse innocente, brûlée dans sa chair, de surcroît, en recherche de repères, de stabilité, de référent.

On prend également véritablement conscience de l’isolement dans lequel se trouve un bambin aux premiers mois de sa vie, quand il n’a pas encore accès aux souvenirs, au langage. Plus tard, pour évoquer cette période, il devra forcement s’en remettre à ses parents et à leur interprétation.

Pour synthétiser, je dirai que Madame Godard nous parle de renaissance, de « seconde chance », du droit à exister et à se faire entendre.

Je la félicite pour avoir choisi un sujet dur, grave qui laissait présager de l’émotion, de la fulgurance.

Et bien que nenni ! si la trame principale est effectivement sérieuse, lourde, sachez que je n’ai pas adhéré du tout à l’intrigue.

Cet ouvrage est plombant, il manque de profondeur. Il est superficiel et je ne suis pas rentrée dedans.

Même si Magda, la narratrice, a connu l’horreur tant physiquement que moralement, je n’ai pas eu d’empathie pour elle. Je ne suis pas arrivée à m’attacher. Elle ne m’a pas émue et m’est apparue glaçante quelquefois.

J’ai trouvé la mère attentionnée bien entendu mais aussi trop focalisée sur l’image qu’elle renvoie. J’ai eu en horreur qu’elle ressasse inlassablement cette tragédie pour que son entourage la plaigne, elle, finalement.

Le père est un personnage terne, effacé, sans caractère et sens de l’initiative. Je pense que sa présence n’était pas indispensable.

J’ai été sensible à Marc uniquement. Son désarroi, son mal être est palpable au point de…

Sa douleur morale saute aux yeux.

Le style rédactionnel est exaspérant. Les phrases sont interminables car ponctuées sans cesse de virgules. On ne peut pas respirer ce qui en fait une lecture pénible et désagréable.

A entreprendre ? : Avis circonspect et mitigé. Je ne peux me prononcer. Je vous laisse seul juge.


Lien : https://www.instagram.com/li..
Commenter  J’apprécie          42
L'inconsolable

Monologue à la deuxième personne – comme la mauvaise conscience accusatrice –, ce récit amène progressivement la mort comme un prétexte pour ne pas vivre, un amour égoïste dont la mort permet de fixer dans le temps et de rendre muet et parfait, adaptable aux souvenirs, malléable à souhait.



On trouvera tout de même que le récit se fait un peu long et le style répétitif malgré la vivacité du récit parsemé d’effets de discours directs libres. Le style finit par être sec à se cantonner à être celui de cette femme inconsolable tournée vers elle-même, mais sans vraiment d’émotions amenées par la vie. Pourtant l’écriture est brillante et toujours coule, manquant justement peut-être d’envolées. On l’aurait bien confrontée, cette dame, à des proches, des reproches pour voir son entêtement, mais c’est peut-être cet étouffement et cette stricte solitude, accompagnée d’un mort – son fils : une relation incestueuse et nauséabonde – qu’a voulu faire sentir Anne Godard. C’est dans ce cas totalement réussi, mais enferme le récit dans une posture narrative morbide difficile à digérer à l’échelle d’un roman, d’où la taille hybride entre la nouvelle et le roman. Car le récit n’est pas non plus nouvelle à proprement parler ; ce qu’on apprend du mort est finalement peu important, et le suspens ménagé ne sert pas à proposer une quelconque intensité finale. Ainsi l’œuvre est toute entière dans l'illustration par l'écriture (harmonie imitative, pourrions nous dire) de l'état de deuil, ici poussé à son optimum qui prend la forme d'un courant de conscience qui n'est plus caractérisé par le "je" mais par un "tu" qui est comme extériorisation de soi.
Lien : https://leluronum.art.blog/2..
Commenter  J’apprécie          30
Une chance folle

Le dernier livre d'Anne Godard Une chance folle est un roman de 140 pages ,tendu,serré, violent.

Ce roman nous fait entrer dans la vie de Magda. Celle ci va nous raconter son enfance, son adolescence et sa vie de jeune adulte.

Magda à une grande particularité. A 9 mois elle a gravement été brulée par la chute d'une bouilloire

A travers son regard elle va nous faire revivre ses années d'enfance marquées par cet accident.

Elle ne nous cache rien de la violence des relations , des regards ou non regards de la famille sur ce corps brûlé

Elle ne nous épargne rien sur sa relation avec sa mère. Où commence la culpabilité ? Qui est coupable la mère ou la fille ?

Est ce que vivre dans ces conditions est une chance folle ou seulement une survie

Comme lors de ces massages, de ces greffes dans les hôpitaux, elle nous offre son corps d'adolescence.

Mais ces massages sur ces peaux brûlées c'est aussi,à son corps défendant, des yeux qui sont rivés sur son évolution de jeune fille. Elle n'a plus d'intimité

En 140 pages d'une écriture courte,rageuse Magda va nous emmener loin dans ses névroses dans sa recherche,dans sa quête de normalité

Ce sujet en lui même, il me semble suffisait à ce roman

Pourquoi Anne Godard a t elle rajouté un certain nombre d'éléments familiaux plus durs les uns les autres.

Cette accumulation m'a dérangé et pour moi à rendu le propos moins percutant .







.
Commenter  J’apprécie          30
L'inconsolable

Un roman sur le deuil, la nostalgie d'une enfance disparue, qui m'a plus agacé qu'ému. Haine et mépris envahissent tout l'espace, prenant pour cible tout ceux qui n'étaient pas "lui", l'enfant défunt. Car lui était beau, doué, pour les études, la musique, et si proche de sa mère ; en revanche, ses sœurs étaient quelconques, privées de toute facilité pour l'étude, superficielles dans leur goûts vestimentaires et musicaux ; et ne parlons pas de l'insignifiant quatrième de la fratrie.

Et le mari ? Transparent jusqu'à l'inexistence, médiocre et inutile, il semble n'avoir jamais suscité autre chose que le regret d'avoir été épousé.

Ensuite vient la plèbe des amis, traîtres ou profiteurs, méprisables de toute façon.

Et ce n'est pas la mort du petit cheval de course qui a fait basculer sa mère dans le rejet de tous les autres (basculement qui aurait été compréhensible et aurait pu donner un bon roman) : cette dichotomie préexistait. Le mari a toujours été de trop, les sœurs du fils merveilleux ont toujours été nulles en tout, les amis, tous nés traîtres ou profiteurs.

Tant de méchanceté étouffe toute émotion. Tant d'exagération, tant de manichéisme achèvent de l'enterrer irrémédiablement.

Ajoutez à cela un style sans grâce, un beau bouquet d'invraisemblances, des justifications tirées par les cheveux qui tombent sur la soupe, et il ne reste alors que l'étonnement : pourquoi ce florilège d'avis journalistiques élogieux sur la quatrième de couverture ? Pourquoi un prix ? Pourquoi même une publication ?

Copinage parisianiste ? Népotisme germanopratin ? Je n'en sais rien.

Tout ce que je sais, c'est que je ne regrette pas de privilégier depuis quelques années la lecture d'auteurs étrangers.
Commenter  J’apprécie          20
Une chance folle

Chronique complète à lire sur le site.



En brodant autour de la dépossession du corps, de l’histoire personnelle et parfois de la pensée, Anne Godard questionne les premières années de la vie, le mutisme des jeunes enfants et les fondations qu’on leur crée. Elle met en exergue le paradoxe des survivants, ceux qui ont survécu, chanceux dans leurs blessures, dans leurs injustices. Bercé de morts, Une chance folle est aussi l’ode d’une enfant, d’une femme qui veut vivre.
Lien : http://www.undernierlivre.ne..
Commenter  J’apprécie          20
Une chance folle

Écriture haletante pour la courte biographie d’une petite fille née dans une famille frappée par le sort. Une brûlure accidentelle, comme une marque du sort, subie par cette fille durant son jeune âge, sera le poison qui condamnera la famille à une succession de drames.

Tout comme les médecins échoueront à réparer le corps de l’héroïne, la famille n’arrivera pas à se soigner, à dépasser ces drames.

La “chance folle” est une fatalité indépassable pour Marc, Aurore, et leurs parents.

Commenter  J’apprécie          20
Une chance folle

"Le langage est une peau", disait Barthes dans Fragments d'un discours amoureux. Pour l'héroïne d'Anne Godard, c'est l'inverse : sa peau est un langage, qui parle malgré elle, à sa place, à sa famille, aux inconnus, à tant de gens qui lui ont si souvent demandé, une étincelle d'excitation dans les yeux et un frisson de dégoût le long de l'échine, "Qu'est-ce qui vous est arrivé ?".



C'est à cette question que Magda répond, factuellement, sans émotion. Et pour cause, puisqu'elle ne s'en souvient pas. Seule sa peau, mémoire vivante, porte les stigmates du dramatique événement qui a, il y a déjà si longtemps, bouleversé sa vie. En choisissant de faire dépendre Magda du récit de son accident consigné par sa mère, l'auteur fait un pari risqué : d'un côté, elle souligne, dès l'origine, à quel point la jeune fille est dépendante de sa mère, de sa subjectivité et de son emprise, y compris dans sa propre construction en tant qu'individu ; de l'autre, elle la contraint à raconter l'accident et ses conséquences d'un ton neutre, froid, détaché, peu propre à susciter l'empathie du lecteur, phénomène accentué par la brièveté de l'ouvrage (140 pages), trop court pour nous permettre de nous attacher réellement à l'héroïne.



C'est finalement ce côté un peu superficiel que l'on pourrait reprocher à ce roman : tout y est survolé, en particulier la deuxième moitié du livre, qui perd nettement en profondeur et en intensité par rapport à la première. Et si le personnage de la mère est particulièrement fouillé, avec une insistance très nette sur son côté malsain et toxique, semblant presque se délecter de la souffrance sans cesse renouvelée de sa fille, les autres personnages sont bien pâles : le père est fade, inexistant, réduit à un être évanescent peu concerné par les problèmes de sa fille, le frère est laissé de côté pendant une bonne partie de l'intrigue, pour réapparaître en fin d'ouvrage submergé par un mal-être inexpliqué, et Markus, le petit ami, malgré des débuts prometteurs, n'a aucune consistance et disparaît sans bruit de l'histoire.



Pourtant, ce livre ne manque pas de points forts, à commencer par la façon dont il traite un thème finalement assez commun en littérature : la relation mère/fille. En psychanalyse, on dit que la peau, frontière évidente avec l'extérieur, est aussi et surtout une frontière avec la mère, première source de contact pour le bébé. Ce n'est certes pas un hasard si Magda, brûlée et meurtrie dans sa chair, tente à la fois de se réapproprier ce corps si disgracieux et de se libérer de l'influence malsaine et étouffante de sa mère qui rejette sur sa fille la responsabilité de l'accident, tout en éprouvant un plaisir pervers à contrôler au maximum le corps de son enfant. Autre force de ce roman, son écriture prenante, avec ses longues phrases entrecoupées de nombreuses virgules, saturée d'accumulations, particulièrement à même de traduire la sensation d'asphyxie ressentie par l'héroïne, mais que certains pourront trouver peu originale, puisqu'on la retrouve dans bien des romans contemporains.



En somme, un ouvrage plutôt réussi, mais pas exempt de défauts, qui aurait gagné à être approfondi et plus équilibré, car il perd progressivement de sa force, pour se terminer sur une note finalement assez décevante, avec un dénouement plat et convenu.



Ouvrage reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique. Merci à Babelio et aux Éditions de Minuit.
Commenter  J’apprécie          20
Une chance folle

#rentreelitteraire2017 ||

Lecture terminée #unechancefolle de Anne Godard, m'a été conseillé par une libraire pour qui ce roman de 141 pages fut un coup de coeur. Mon avis n'est pas aussi enthousiaste .

✏Lors d'une visite chez une de ses tantes, Magda la narratrice, n'avait que 9 mois quand elle a été gravement brûlée suite à la chute d'une bouilloire pleine d'eau chaude. Une grande surface de sa peau ayant été touchée, sauf le visage, elle enchaînera les séjours en hôpital et en cure pour soigner cette peau abîmée, toujours accompagnée de sa mère qui prend soin de sa fille avec une grande abnégation et qui note minutieusement tous les détails du quotidien. Magda souffre dans sa chair et au fur et à mesure qu'elle grandit et qu'elle sent naître en elle du désir, elle est tétanisée à l'idée qu'un homme puisse la voir nue .

✏ Dans la famille de Magda, il y a un père, effacé, il y a Aurore la petite soeur qui ne vivra pas assez longtemps et dont la disparition n'aura pas été évoquée plus longuement et il y a Marc le frère à peine plus grand que la narratrice qui connaîtra un destin tragique...et c'est tout si je puis dire ! La narration ne provoque aucune fulgurance et même si l'on ne s'attend pas à un tel élan, la prose ne m'a pas permis d'entrer dans la tourmente du personnage principal. Je suis toujours un peu embarrassée d'avoir ce genre de jugement sur un livre, mais je n'arrive pas à comprendre comment ce roman a pu être un coup de coeur...pour moi il manque de profondeur, je suis restée en surface.

N'hésitez pas à me dire si vous l'avez lu et quelles ont été vos impressions...il est possible que je sois passée à côté !
Lien : https://www.Instagram.com/au..
Commenter  J’apprécie          20
Une chance folle

Des mots très justes pour exprimer ce que ressent et vit une enfant brûlée et greffée, avec des expressions et des situations tellement vraies! Un véritable tourbillon d'émotions!

Sans oublier toute l'ironie du titre Une chance folle, c'est ce que dit la mère à sa fille, son visage a été épargné, elle a de la chance, non ? Elle a une mère qui prend soin d'elle, elle a de la chance, non ?

Avec cette violence insidieuse qui est celle du discours : Magda « s’est brûlée » – le pronom réfléchi désigne sa propre culpabilité –, mais elle a eu « une chance folle ».
Commenter  J’apprécie          20
Une chance folle

Une bouilloire électrique, le fil trop long qui pend jusqu’au sol, une minute d’inattention, un bébé qui vadrouille à quatre pattes, et qui va droit dessus et tirer le fil.



La gêne, la curiosité, la fascination, le dégoût parfois, et le pire la pitié, la bouche qui pose enfin toujours la même question : « qu’est-ce qui vous est arrivé ? « Les seuls souvenirs de l’accident ce sont ceux de sa mère et ce sont ses mots à elle que Magda utilise pour expliquer cette chose sur elle qui est la trace d’une autre chose qu’elle a vécue. Chaque regard posé sur sa peau qui ressemble à du papier mâché la brûle depuis l’enfance.



La douleur fulgurante quand la peau greffée s’éveille, les bêtes qui la mordent, la piquent, la rongent partout sur sa cicatrice. A l’école les camarades qui se détournent, qui l’excluent de leurs jeux. La complicité avec son frère, né la même année, à onze mois d’écart, ces deux-là font la paire comme on dit. Mais bientôt elle détestera tout ce qu’il aimera, et lui un jour il va se barrer, car il a besoin d’air. Les vacances en Sologne où la tribu des cousins est reconstituée. Aurore, la petite sœur, morte un matin de ne pas s’être réveillée.



14 ans l’adolescence, on s’habitue à être sifflée, suivie, frôlée, insultée parfois. Le corps qui s’éveille, les premiers désirs, mais qui pourrait désirer un corps brûlé ? Le lycée, les premières manifestations, et le sourire de Markus.



Souvenirs d’enfance et de souffrance portés par une écriture très accomplie. Un roman qui étonne par son intensité, surtout dans la première partie et la justesse des mots pour décrire cette relation difficile que la narratrice a avec une mère omniprésente dont elle se sent la débitrice, une mère qui la panse et pense pour elle. Une fillette étouffée et isolée dont les brûlures physiques et psychiques se mélangent. Anne Godard réussit à aller au fond de l’âme de son héroïne, dont elle démonte les tourments psychologiques. Un livre qui laisse une impression très forte une fois refermé et qui devrait faire partie, sans aucun doute, des sélections des prix littéraires de cet automne.

Merci aux éditions de Minuit et à Babelio de m'avoir permis cette belle lecture.
Lien : http://notreavis.canalblog.c..
Commenter  J’apprécie          20
L'inconsolable

Livre encensé par la critique (grand prix RTL-Lire) et premier roman , m'a laissé très perplexe.

Le choix du "tu" narratif ne fait qu'amplifier la déshumaisation du personnage dont le fils aîné et chéri s'est suicidé. En demeurant inconsolable , la narratrice s'est isolée: son mari l'a quittée, puis ses trois autres enfants pour lesquels elle n'éprouve que de la haine et dont elle refuse de connaître la vie , elle n'a plus d'amis , sa parenté ne la fréquente plus. Les rares moments d'émotion sont ceux ou égoïstement elle se remémore son père et ses grands parents (sur lesquels plane un secret lors des années de résistance pendant la guerre)

L'auto-destruction s'accompagne de misanthropie , et du rêve de mourir de maladie neuro-dégénérative ...Ce livre contrairement à l'avis des critiques me semble dépourvu d'humanité et parfois violent malgré la souffrance morale et on ne comprend pas que la mélancolie de la narratrice n'ait pas fait l'objet d'une prise en charge psychothérapique, sans doute préfère-t-elle demeurer "l'inconsolable" incurable...
Commenter  J’apprécie          20
Une chance folle

Roman peau ; on ressent la détresse de la fille brûlée soi -disant protégée par sa mère; qui protège qui? poignant! avec des réitérations qui transmettent la détresse du personnage. Court mais intense!
Commenter  J’apprécie          10
Une chance folle

Magda, brûlée enfant, s'en est sortie. Elle a une chance folle.. Une chance, vraiment ?



À la lecture de la 4ème de couverture, je pensais lire un roman sur le syndrome de Munchausen par procuration. En fait, c'est un roman sur un personnage en quête de normalité.

C'est un livre sur le rapport au corps, à l'entourage, aux liens mère-enfant, les liens fraternels, sur la différence, l'acceptation de soi, la solitude, l'isolement.

Il n'y a pas de dialogues et cela alourdit le récit.

Récit d'autant plus lourd que la trame enchaîne les mauvaises nouvelles, de nombreux accidents et cela devient lassant.

Autant j'ai aimé les passages sur le rapport au corps, autant j'ai été indifférente au sort de Magda.



Bref, je suis mitigée !

Commenter  J’apprécie          10
Une chance folle

Cette histoire c’est tout le questionnement et un cri à l’injustice d’une jeune fille blessée au sens propre et figuré. Magda a été brûlée lorsqu’elle était bébé et dans ce roman elle nous raconte la « chance folle » qu’elle a eue, comme le disent souvent ses parents ou ses proches qui s’apitoient aussi beaucoup sur le sort de la mère. On sent que la petite Magda éprouve un grand ressentiment. J’ai beaucoup aimé la première moitié de ce roman original, touchant. En revanche la deuxième partie, l’adolescence, la distance prise par rapport à sa mère et un dénouement assez plat ne m’a pas emballée. YR
Commenter  J’apprécie          10
Une chance folle

Excellent début, un rythme très particulier, un style parfaitement adapté à ces descriptions intenses en émotion. Malheureusement, l'auteur se calme un peu, la narration devient plus classique, plus linéaire et le livre devient plus classique. J'aurais préféré que l'intensité du début puisse durer durant tout le livre.
Commenter  J’apprécie          10
Une chance folle

Un livre écrit avec sensibilité.
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anne Godard (133)Voir plus

Quiz Voir plus

Percy Jackson tome 1

Comment s'appelle la prof de maths de Percy qui n'est d'autres qu'une Harpie

Mme Shneider
Mme Dooms
Mme Cane
Mme Jackson

9 questions
51 lecteurs ont répondu
Thème : Percy Jackson et les Olympiens, tome 1 : Le Voleur de foudre de Rick RiordanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}