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3.48/5 (sur 83 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Paris , 1971
Biographie :

Anne Godard, née en décembre 1971 à Paris, est une écrivaine française.

Son premier roman, l'Inconsolable, paru aux Éditions de Minuit, a obtenu le Grand Prix RTL-Lire 2006.

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Anne Godard - Une chance folle


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Anne Godard
“Il n’y a pas de souvenirs directs
dans la prime enfance, seulement
la confrontation à un regard qui
vient de l’extérieur.”
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Dans la salle de bains, debout devant le miroir, je me contorsionne pour voir l'étendue des cicatrices qui m'entourent comme un filet. Qui m'aimerait malgré elles ne m'aimerait pas vraiment, ce ne serait pas moi, pas complètement. Ce serait m'aimer à moitié, comme d'aimer seulement mes cheveux bruns ou mes yeux verts, ce serait m'aimer en petits morceaux. Et s'il y avait quelqu'un pour m'aimer à cause d'elle, pour s'y intéresser, ce serait un malade qui serait excité par sa propre pitié.
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Maintenant, je ne sais plus par où commencer, par où recommencer, puisque c’est toujours déjà dit mille fois, à en vomir tellement je me la suis passée en travers de la gorge, mâchée et remâchée, cette histoire, les joues pleines, à saliver pour l’amollir, à sentir qu’elle m’asséchait la bouche, les lèvres, tandis que mes yeux, sans effort, se mouillaient, la gorge soudain si dure, si serrée, que je ne pouvais plus articuler ni avaler. (…) Plus tard, je m’étais promis de l’écrire, comme si j’allais pouvoir l’agrafer sur le papier, papillon mort, enfin tenue, enfin durcie et sèche. Je l’aurais décrite, je l’aurais racontée, je l’aurais épuisée, j’aurais tout dit, si complètement, qu’il n’y aurait plus rien à ajouter, elle serait là, palpable, solide et morte. Hors de moi.
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Du moment qu'on est une fille, on doit s'y habituer, être appelée, être sifflée, être insultée, être suivie, être frôlée. [...] Ils ne savent dire que quelques mots, salut, t'es belle, tu viens, tu suces, tu veux baiser, j'ai envie de te tringler. C'était ça que j'attendais si impatiemment, c'était cette langue sordide qui me gicle dessus et que je n'arrive pas à laver, même au savon, même à l'eau chaude. À l'âge où je pensais être libérée de la peur des quolibets, j'apprends à marcher tête baissée. Ne pas s'arrêter, ne pas ralentir, aller tout droit, le corps en morceaux, dépecé par leurs regards, écorché par ces mots qui se vrillent en moi, avancer vite, sans répondre, sans sourire, sans regarder, faire la sourde et continuer comme si de rien n'était, comme si c'était normal cette ordure sous mes pieds.
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Tu te laisses dériver, au fil des dates, d’un absent à un autre, tous ennemis ce soir, plus qu’aucun autre jour, ennemis par leur indifférence que tu ne peux supporter d’imaginer, ennemis par leurs scrupules que tu espères et auxquels tu ne crois pas assez. (p. 22)
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Ah, ça, elle avait souffert, ma mère, tout le monde me le disait, chaque fois qu'on m'interrogeait, dès les premiers mots, dès qu'on m'avait fait dire l'âge que j'avais quand c'était arrivé, sans faillir, on me disait, comme votre mère a dû souffrir. Ah oui, comme elle a dû souffrir, quand les plaies s'infectèrent, quand il fallut découper une à une les croûtes qui commençaient à suppurer, quand la fièvre a monté et que pendant quelques jours elle n'a plus pu me faire avaler m'a cuillère de compote, quand je tournais la tête, sans vouloir rien manger, et que je la fixais seulement sans bouger. Et comme elle avait souffert ensuite, chaque fois qu'on m'avait opérée, à chaque greffe, à chaque pièce découpée, déplacée, à chaque reprise sur mon corps en lambeaux, c'était elle qui se tourmentait, tandis que moi, bien sûr, J'avais eu de la chance, puisque du tout début je ne me souvenais pas, c'était encore une autre chance d'avoir été brûlée si tôt, à un âge dont on ne peut pas soi-même parler.
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Des autres, tu ne pourras bientôt plus rien dire, ils seront fondus dans le brouillard, figurants dont la présence ne sert qu’à faire masse autour de toi, tandis que tu as un pouvoir nouveau, le pouvoir exorbitant, enivrant, de dire personne ne peut comprendre. Tu feras sentir à tous quel écart te sépare désormais de l’humanité.
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Dans la journée, nous ne parlions pas de ce qui se passait aux thermes où des massages. Mais après quelques séances, j'ai demandé à ma mère de ne plus entrer avec moi dans la salle de douche. Quand l'eau sous pression m'atteignait, elle faisait éclater les cloques qu'elle avait formées la veille en entrant sous ma peau, et je saignais, la chair à vif. J'arrivais à ne pas crier, mais les larmes coulaient malgré moi et je ne voulais pas que ma mère me voie pleurer. D'ailleurs, devant elle, il n'aurait pas suffi de retenir mes larmes, il aurait encore fallu parvenir à sourire de cette chance que j'avais de pouvoir être ainsi traitée.
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J'avais un masque sur la bouche, je ne pouvais même pas crier. On me traitait comme un animal, comme si ce n'était pas la peine de m'expliquer, de me calmer, on allait m'étourdir au plus vite, et je ne pourrais plus lutter. [...] Mais personne ne comprend que cela me fait peur de ne pas voir ce qu'on me fait. C'est si simple, si facile, quand on ne sent plus rien, on n'a qu'à se laisser aller. Pas moi. Je veux être là, réveillée, je veux assister à ce qui m'arrive, je ne veux pas fermer les yeux, je résiste. p35
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Peu à peu, ça s'éclaire, je sais où elle est, la douleur fulgurante au moment de bouger, un nerf coupé, sous la peau, qui grésille comme un fil électrique. Je sens aussi les coups de bec d'oiseaux, là où la peau greffée s'éveille. Je reprends conscience complètement, c'est à dire que je commence à souffrir exactement, à chacun des points qui me recousent, à chaque mouvement qui les étire ou les comprime. Il est temps de dire que ça va et que j'ai pas mal. p37
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