Citations de Anne Goscinny (104)
Aux morts on offre des fleurs. Des fleurs qui se fanent dès que s'éloignent les sanglots.
J'aime bien quand on est tous les cinq dans la voiture. J'ai l'impression qu'on pourrait rouler vers l'infini, on arriverait toujours quelque part.
Au début, ce sera difficile, très difficile. Tu auras l'impression que tu ne sais plus marcher, plus parler non plus. Les premiers temps, tu seras paralysée. Un pied et puis l'autre. Tu marcheras jusqu'au Pont-Neuf. Et petit à petit tu rallongeras tes promenades, la rue de Buci, Saint-Sulpice, la rue du Regard. Et retour. Ce seront tes victoires. Tu devras apprendre à être Jeanne sans mère. Apprendre aussi à ne plus prononcer ce mot, maman. Deux syllabes si bêtes quand elles sont là, tout près. Deux syllabes interdites, comme ça, en moins de temps qu'il n'en faut pour mourir. Il faudra que tu découvres un nouvel alphabet. Tu t'apercevras qu'en te servant de l'ancien, personne ne te comprendra plus. Pour les gens que tu aimais et qui t'aimaient, tu ne seras plus que Jeanne qui a perdu sa mère. Ce deuil sera ta particule. Impossible à cacher. Moi je sais que tu apprendras.
Simon :
"Mon grand-père est mort mais c'est pas grave, il est rigolo quand même !"
De ton univers, tu es le seul mort. Moi j'aurais aimé être l'un de tes personnages : une enfance qui ne finit pas. Une bulle dans une case. C'est tout
Contrairement à l'aller, le trajet du retour a été silencieux, et tant mieux.... J'avais besoin d'écouter mes souvenirs.
Et puis, tu vois, Scarlett, j’ai ajouté, je suis très raisonnable parce que je ne veux pas de télévision dans ma chambre. Mon ordinateur, ma tablette et mon téléphone me suffisent.
Tu es morte hier. Demain, on aura sur ton visage cloué le cercueil. Je t'ai aimée de cet amour fou qui ressemble peut être à celui qu'un jour j'éprouverai pour les enfants que je n'ai pas encore: un amour qui supporte tout,un amour qui ronge. Maman,tu ne prononceras plus jamais mon prénom:Solène.
Il y a toujours quelque chose ou quelqu'un à tuer pour parvenir soi-même à vivre.
Les adultes, quand ça croit vous aider, ça vous complique les choses au contraire.
Aujourd'hui seulement, et grâce à cette lettre dont je veux penser qu'elle te parviendra, je rassemble des fragments. Tu es un puzzle qui ne sera jamais complet. J'examine les pièces et j'attends qu'elles me parlent de toi.
p.86
Chère sainte Rita,
Merci pour tout. Merci pour ton silence, merci pour ton indifférence, merci pour ceux qui jusqu'au dernier moment ont espéré. Merci pour les cheveux, merci pour le sein. Merci pour sa vie foutue.
Jeanne.
PS : Si tu croises mon père, dis-lui de se raser, sa femme arrive.
Je n'ai plus peur. J'ai passé des nuits à trembler, terrifiée par l'idée du cercueil. Et puis là, je me dis que je suis mon propre cercueil avec cette maladie qui me grignote, me bouffe et m'aspire. Alors ce sera plus confortable ! Tu vois, j'ai tout aimé dans cette vie. Même le malheur qui me prouvait jour après jour que j'étais encore vivante.
Un sourire n'est jamais encombrant. Il est nécessaire, vital.
Elle voudrait juste me dire qu'elle m'aime et que jamais , non jamais elle n'a cru que j'avais fait ce que tu faisais.
Je ne vous ai rien dit de tout ça. Ni en mots ni en pensées. J'ai regardé votre main morte, j'ai enlevé de votre doigt l'alliance qui symbolisait cet amour fou dont vous ne vous êtes jamais remise. Votre annulaire était déjà raide.
J'ai dû forcer. Un peu seulement. La bague était trop grande pour votre doigt amaigri. J'ai mis l'alliance dans ma poche, à l'instant même où probablement vous retrouviez celui qui vous l'avait offerte.
Vous imaginez qu'il m'aurait dit ce qu'il a fait? Jamais de la vie!Les hommes de cette famille sont soit des salauds,soit des assassins,soit des cocus(vous croyez que mon fils,vous savez le prêtre,est le seul fiancé de la Vierge Marie?)
Mon mari est un saint homme car il vit avec moi alors que moi je ne vis pas avec lui.
J'ai englouti le pain au chocolat comme on fait des provisions d'amour.
Soulage les mémoires de ceux que Jeanne a aimés et qui ne se résolvaient pas à s’éloigner tant qu’elle flottait entre ici et nulle part. Elle manquera à nos petits-enfants qui naîtront un jour. C’est déjà ça.