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Citations de Anne-Marie Garat (313)


Peirone n'est pas portée sur l'alcool, moi non plus, on en sert assez au zinc. De la bière surtout, il s'en débite par packs entiers, le pauvre monde se console comme il peut. On ne la voit pas mais la mouise, la vraie, c'est le lot de beaucoup par ici, retraites de misère, manque d'emploi, chômage et, dans les vignes, travail de chien sous-payé, d'autant que la plupart sont sans papiers, le bon truc pour les patrons. débarqués d'un bus direct sur un parking pour une saison de vendanges, ils n'ont que leur barda, rien où dormir, se laver, ni syndicat ni rien pour les renseigner, ensuite ils se fondent dans le décor, se planquent où ils peuvent.
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Soit, la conjoncture n'est pas formidable. L'usine Ford est mal barrée à Blanquefort, davantage encore de chômage et, comme le subodorait Peirone, Trump a été élu président. Celui de Russie rempile, celui du Brésil ouvre la chasse aux Amérindiens, aux homosexuels, le joufflu Coréen du Nord est aussi gentil garçon que son collègue syrien, la bête immonde se réveille en Europe, un boys band d'ogres et de nabots s'amuse aux manettes de la PlayStation mondiale, quels périls sont-ils promis à nos petits lapins.
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Le temps guérit peu la perte de ceux que l'on a aimés.
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La vacance du temps est un piège redoutable. Rarement nous y confronte le courant des jours strictement quadrillés de leur emploi, souvent très fallacieuse contrainte mais efficace pour s'éviter de gamberger, de piquer une tête dans le vide sidéral de notre raison d'être, des motifs que nous avons de poursuivre nos dérisoires agitations, périls et peines encourus, et jeux perdus en toute vanité pascalienne. Quel malheur de ne savoir demeurer en repos dans une chambre, de n'y chercher que toutes les feintes possibles pour y échapper.
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En ce moment, Bambi, les nôtres (nos enfants) respirent le grand air du Médoc
- quelle horreur, le département le plus pollué de France ! Tu les as vus en tenue de cosmonautes pulvériser leur glyphosate dans les vignes jusqu'au ras des maisons, des écoles, les mouflets du secteur en ont plein les cheveux. Ils contaminent un max les sols et les eaux, jusqu'au traitement des piquets à l'arséniate de cuivre, un poison violent dispersé dans l'atmosphère. ces toxiques bousillent les neurones, surtout chez les enfants ; syndromes neurodégénératifs, perturbations endocriniennes, cancers, et sache que c'est totale omerta dans la région. Les grands propriétaires font le black-out sur les analyses, les expertises : des suppôts de Bayer-Monsanto, lobbying & Cie, et la presse locale fait le mort. Il faut des Cash Investigation à la télé pour alerter un peu ceux qui la regardent encore, mais crois pas demain la veille qu'ils se mettront au bio. Je te parle même pas de la centrale nucléaire du Blayais, une des plus vieilles de France : tu sais ce qu'elle crache de temps en temps dans l'eau ou dans l'air ?
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Trois semaines de promiscuité sous les tentes par une chaleur caniculaire, de fumeux jeux de piste, de parties de volley-ball ou de ping-pong, les baignades et les coups de soleil, la camaraderie forcée avec une bande d'ados de mon âge, les papotages, les chicaneries, les fous rires et les méchancetés de petites femelles, le partage d'une intimité qui nous mettait mal à l'aise sous les douches collectives, et toujours l'une, plus effrontée, dessalée disait-on, pour afficher sa nudité par bravade, moquant la pudibonderie des dindes, dont j'étais, qui répugnaient à l'imiter et dans quelle détresse découvrais-je mes premières règles.
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Car la vie des gens est imprévisible, il y survient tant de drames et de mystères. La vie des gens est pleine de bruit et de fureur. Y plonger comme au fond du puits peut déclencher des cris de joie, ou des larmes, réveiller des courroux, des haines. Déclencher des coups de feu et de couteau.
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On ne souffre qu'à proportion du mal qu'on se fait, à titre personnel, ou de celui qu'on laisse aux autres le droit de nous faire. L'espace de souffrance qu'on leur concède. Qui est aussi celui de l'amour.
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La vie est fatale, elle est périssable, c'est d'un grand ennui. Je m'en console par cette possession (d'objets d'art) toute provisoire. Car la beauté reste. Pour peu que nous la reconnaissions, elle est notre éternité. Le dépassement de notre condition mortelle est dans l'art.
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Toute maison garde mémoire de ceux qui y ont vécu, les vivants et les morts. Les morts plus encore, sans doute, eux qui ne sont plus là pour effacer ou corriger les traces de leur passage et dont la présence fantomatique persiste, en dépit de l'oubli.
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La vieille femme buvait enfin son café, debout, les deux mains autour du bol. Ce n'était pas tant la chaleur de la boisson, qu'elle aimait, ni son effet roboratif, qui la réconfortaient, que de tenir ferme cette forme ronde et robuste dans ses paumes, ce solide bol rustique dont la faïence s'écaillait en fin réseau capillaire, aux bords usés doux à ses lèvres, et dont le compagnonnage quotidien était devenu une partie d'elle-même, de ces objets prosaïques qui, sans qu'on puisse démêler quelle affinité les assigne à recueillir le passé, sont plus attachants qu'une demeure, plus émouvants qu'une caresse, et font de leur substance grossière une matière plus précieuse qu'une pierre rare.
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Les parents ne fonctionnent qu'à la projection fantasmatique sur leur progéniture.
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L'émerveillement du premier amour donnait tant de force, tant d'empire sur le monde et sur soi, galvanisait la puissance, dévastatrice, de la volonté.
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Qu'avait-on besoin de stocker, de congeler ou de cloner des échantillons sélectifs dans des banques de semences quand le milieu assurait sa régénération par sa propre résilience : une graine trimillénaire de lin ou d'ortie enfermée dans une amphore phénicienne se remet à germer dès qu'elle retrouve son biotope. Notre croûte terrestre et le gazon qui pousse à sa surface résisteront mieux que notre espèce simienne, bientôt en voie d'auto-extinction si elle n'y prend garde, pontifiait-il à la manière goguenarde de Léonard, avec une insouciance que je versai aux vertus planantes du cannabis.
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Les hommes cherchent toujours à donner une figure à l'horreur, mais celle-ci est toujours en deçà de la réalité.
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Comme les choses arrivent soudainement, quand vous n'attendez plus rien. Comme est clément le hasard de l'existence, parfois.
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La marche est un intéressant dispositif relationnel. Plus reposant que le face-à-face, sans cesse parasité de sondages oculaires, de mimiques de façade qui rivent au visage de l'autre afin d'y détecter les signaux informatifs subliminaux, chacun s'évertuant à ne délivrer les siens qu'au compte-gouttes.
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Gabrielle n'avait jamais assisté à quelque chose d'aussi bizarre que la visite de ce petit homme hors d'âge, qui laissait derrière lui une odeur tenace, celle des pourritures de la terre, des humus gras poudrés de moisissure qu'on respire sous les champignons, odeur de mollusque ou de grenouille, de narcisse ou d'iris fraîchement arraché au fossé, une odeur de griotte, de résine ou d'encens ? Je divague, se disait Gabrielle : une odeur de sainteté ? On dit que des saints émane cette odeur surnaturelle de fleurs, ou de miel sauvage, qui fait peur…
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Dire qu'à l'époque il enviait ses copains de partir en colonie de vacances, les veinards, quand lui restait consigné dans ce fond de campagne mais, tout compte fait, il y avait vécu mille rêves d'aventures entre pots de fuchsias, rosiers et platebandes potagères, à lire au grenier, à bricoler sous l'appentis des outils, particulièrement à patauger dans le fossé qui était un royaume, enfin, tel que les gosses savent s'en inventer ; l'ennui bâillant lui avait été bon compagnon, jugeait-il. Plus tard, il avait vadrouillé sur tous les chemins alentour avec le vieux vélo de sa tante, dont la chaîne sautait tout le temps.
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La vie accomplit les choses les plus extravagantes avec un parfait naturel. Mais elle prend son temps ; elle va, comme le soleil, à vitesse lente, de temps morts en lacunes. Pourtant, si fantasque, si hasardeux semble son parcours, il va fatalement à sa destination, qui nous ravit ou nous épouvante, ensuite, de sa nécessité.
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