Le 7 mars 2013, François Busnel reçoit :
Benoîte Groult, Ainsi soit Olympe de GougesAlix de Saint-André, Garde tes larmes pour plus tard, à propos de Françoise Giroud, Histoire d'une femme libre : un manuscrit retrouvé par Alix de Saint-André à l'IMEC et publié par cet écrivaine à titre posthume.
Andreï Makine, Une femme aiméeClaude Pujade-Renaud, Dans l'ombre de la lumière
La Grande Librairie
France 5
#LGLf5
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François Busnel propose en direct chaque jeudi à 20h35 sur France 5, un magazine qui suit de près l'actualité littéraire avec pour seul mot d'ordre, le plaisir.
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Tu aimais la courbe de ma nuque, le parfum de mes cheveux. Ma passion des fleurs, des couleurs, la robe violette achetée à Rome, mes courgettes grillées sur la braise. Et ma patience, disais-tu. Tu aimais le terrier odorant de mes aisselles, mon rire, ma purée d'olives et d'anchois, le calme lisse de mon sommeil, ma discrétion tout au long du jour et mon impudeur dans la jouissance. Tu aimais m'entendre chantonner en me coiffant, rire et babiller avec notre fils. Tu aimais lorsque j'offrais mon visage à la pluie de septembre. Tu m'aimais.
p 225
Aimer et être aimée confère à la fois densité et légèreté.

En Provence, la bouillabaisse borgne est la bouillabaisse du pauvre. L'oeuf remplace la rascasse et la vive, le roucaou, la galinette, rouge et barbue, les merveilleux petits poissons de roche qui passent par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Ou le saint-pierre dont la tête est plus grosse que le corps, ou le loup, si tendre.
Pour cette bouillabaisse, il suffit d'un oignon et d'un poireau qu'on fait transpirer jusqu'à la transparence, une tomate, quelques gousses d'ail, safran et bouquet garni, un brin de fenouil (rien de plus parfumé que le fenouil sauvage), et surtout ne pas oublier l'écorce d'orange roussie qui confère un très discret arrière-goût d'amertume, légèrement caramélisé. On ajoute l'eau, on laisse cuire avec quelques pommes de terre -- de celles qui savent se tenir à table.
Tout à la fin, on poche dans ce bouillon un oeuf par personne. Dans mon assiette j'aime crever l'oeuf : la fusion du liquide safrané et du jaune onctueux est un régal. Je m'amuse à penser que cet oeil doré cerné de blanc est à l'origine de ce qualificatif de borgne. p 62
Le volume de la Pleïade, lui, aussi austère soit son contenu, vous offre la promesse de nombreuses rencontres. Cuir sombre et bas de soie... Sous le classicisme de la peau souple aux couleurs de maroquin, le papier bible a des finesses de lingerie, des transparences d'intimité. On respire un Pleïade, on le palpe, le feuillète d'un doigt tendre. On n'écrit pas sur un Pléïade à moins d'avoir de lointaines pulsions, d'inavouables désirs de tatouages. Et l'on s'attend toujours à trouver entre les pages des pétales décolorés, des images pieuses... Les missels de nos grands-mères ont ainsi caché bien des secrets et suscité plus de plaisirs que la morale bourgeoise d'antan ne saurait le dire. -Un Flirt en papier de Michèle Gazier (p.108)
-Antibiotique-
Elle traîne. Qui saurait l'aider à se réfugier dans une vraie maladie ? Personne en ce monde ne semble préposé à cette fonction, si nécessaire pourtant.
Peut-être était-ce celle de sa mère lorsque la fille était enfant ? En ce temps-là, on avait le droit de fabriquer de grosses fièvres à la place de la souffrance. Le droit, la ressource. A désappris. Acquis tant de mots, de gestes. Perdu l'essentiel. (Livre de Poche, juillet 2000,p.36)
Disparu le village
sur la carte
Hier encore
paisible
bien à sa place
niché dans ce pli
Une route y conduisait
du moins l’a-t-on cru
elle divague à présent
s’efface lentement
A force de le chercher
ce lieu délivré
de l’ombre et du gris
on a oublié son nom
Peut-être a-t-il essaimé
sur une autre carte
par métastases
éparpillées
On n’ose aller regarder
tant soi-même
on se sent proche
de la dispersion
Les meilleures pensées surgissent en marchant.
Partis dans la nuit par une route sinueuse, nous avons vu, en fin de matinée, le soleil patiner le calcaire doré de la cité, sans l'écraser. Une ville couleur de dattes et de miel, entourée par l'eau dansante des oliviers.
Je préfère m'estimer responsable, plutôt que victime, des hasards.
Le chat derrière la vitre
écarte le rideau
pour regarder la nuit
qui habite ses yeux
L'ombre
l'éclaire
Retombée des paupières
Du rideau
Nuit dérobée