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Critiques de Anne Plantagenet (192)
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

C’est l’histoire d’une invisible : Letizia Storti travaille depuis ces 18 ans sur une chaîne de production à l’usine UPSA d’Agen.

Elle a un fils qui est architecte à Marseille. Elle aime les choses simples : son jardin, sa maison et surtout aider les autres c’est certainement pour cela qu’elle était syndiquée FO.



C’est pour toutes ces raisons qu’elle joue dans le folm de Stéphane Brizet « En guerre » aux côtés de Vincent Lindon.

Elle a adoré ces jours de tournage, faire la montée des marches pour montrer au monde entier les conditions des ouvriers.

Elle était belle et fière mais les rachats répétés d’UPSA, les sacrifices que l’on demandent aux salariés, les reconnaissances qui ne viennent jamais, la fatigue, la santé qui fout le camp… quand tu as la sensation que la société ne veut plus de toi, tu fais quoi ?



Anne Plantagenet rend hommage dans ce livre à cette femme pour plus qu’elle ne soit invisible et pour se souvenir.
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

C’est une vie minuscule, une autre vie que la nôtre, celle de Letizia Storti, une ouvrière de l’industrie pharmaceutique et une syndicaliste qui attrape un petit rôle dans le film de Stéphane Brizé, En Guerre.

Une femme qui se bat, avant tout pour les autres, puis pour garder son travail malgré une inaptitude.

Un portrait de femme qui paraît forte, grande gueule, et qui se fait rattraper par un système, celui de la gestion des ressources humaines dans un grand groupe, qui n’a cure des cas individuels, d’un mal-être qui débouche un jour sur une tentative de suicide.

Une femme qui sombre, loin du tapis rouge de Cannes dans lequel elle craignait de se prendre les pieds. Loin des regards, loin des collègues.



Un magnifique récit d’Anne Plantagenet qui s’inscrit dans la lignée des Florence Aubenas et Emmanuel Carrere pour dire la dureté d’un monde et la valeur d’une vie.
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Une histoire poignante. Vous lirez le résumé de l'histoire dans les autres critiques en-dessous. Inutile d'être redondant. Vous ne lâcherez pas facilement ce livre racontant d'une part la vie d'un femme peut-être un peu trop désireuse d'occuper l'espace et plaçant ses ultimes espérances dans un projet mirifique mais aléatoire, et d'autre part, du monde du travail impersonnel, aveugle et sourd au sort de ses petites mains... Idéalement, regarder le film de Stéphane Brizé, En Guerre, dans la foulée. Il est encore plus poignant
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Aujourd’hui je vais évoquer Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans récit d’Anne Plantagenet. L’auteur est journaliste et propose un texte de la catégorie littérature du réel. Le titre évoque et reprend une manchette d’un journal local méridional.

La femme dont il est question, la protagoniste, héroïne déçue et déchue malgré elle, s’appelle Letizia Storti, ouvrière quinquagénaire. La rencontre avec Anne Plantagenet a lieu par hasard en 2017, elle écrit : « j’assistais au tournage d’En guerre de Stéphane Brizé et parmi la foule d’acteurs non professionnels, pour la plupart ouvriers, qui jouaient aux côtés de Vincent Lindon j’ai remarqué une femme Letizia Storti. » Elles vont se parler, faire connaissance et garder contact. Letizia, mère de famille divorcée, un fils, est présentée ainsi : « elle avait 51 ans et travaillait à UPSA, l’entreprise pharmaceutique située à Agen, où elle était élue Force Ouvrière. » Ce récit est la reconstitution fidèle de leur relation et l’évocation des mois précédents le film et les années d’après avant la disparition. Au moment du casting Letizia est en forme, alerte, motivée et fait forte impression. Sur le tournage elle ne reste pas en retrait, elle est heureuse de sortir de son cadre habituel même si elle incarne un personnage proche de son vécu personnel. Le film est sélectionné au festival de Cannes, Letizia est de la fête, ce monde du cinéma qui n’est pas le sien lui ouvre des perspectives insoupçonnées. A l’issue elle retourne à l’usine et à ses combats et luttes quotidiens. UPSA change d’actionnaire, les employés sont sous pression. Letizia apprécie Anne, leur origine italienne commune crée un lien important pour elle (elle utilise souvent l’italien par bribes dans ses textos). Sans que ce soit de l’amitié la journaliste échange régulièrement avec cette femme usée mais touchante et ne l’oublie pas ; elle ne reste pas un simple personnage de reportage. Elle joue dans le film suivant de Brizé mais ensuite c’est pour elle le début du calvaire qu’elle cache à Anne Plantagenet (qui reconstitue les éléments a posteriori lorsqu’elle décide de mener l’enquête et de rendre hommage à travers son récit à la syndicaliste). Harcèlement au travail, accident du travail puis tentative de suicide sur son lieu de travail ; et elle n’est pas la première sur le site d’UPSA où règne un véritable malaise avec une équipe dirigeante dont le seul objectif est la rentabilité, les bénéfices et les délocalisations. A ce moment : « de l’avis de toutes les personnes qui la côtoient au cours de ces semaines, ce n’est plus la même femme, ce n’est plus celle qu’elles ont connue pendant des années. C’est une Letizia de plus en plus mutique, épuisée, qui répond aux questions par des haussements d’épaules et des phrases laconiques. » Les échanges deviennent plus sporadiques et distants avec la journaliste. Jusqu’à ce que le réalisateur la prévienne : « Letizia Storti a été vue pour la dernière fois le 31 mai 2022, à 14 heures. A ce moment-là, elle a quitté la maison de santé Sainte-Marthe – Saint Joseph, dans le 14e arrondissement de Marseille, où elle était hospitalisée depuis deux semaines. (...). Le corps de Letizia Storti est découvert le 22 juin 2022, trois semaines après sa disparition, derrière un buisson, contre un muret, sur le parking d’un supermarché Netto, enseigne alimentaire hard-discount, situé à cinquante mètres de la maison de santé Sainte-Marthe – Saint Joseph. » Telle une invisible elle a disparu sans bruit, a vaguement fait la une de l’actualité quelques heures puis s’évapore comme si elle n’avait pas existé, victime du capitalisme et de sa déshumanisation.

Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans est un récit poignant, la description d’un parcours ouvrier typique, éclairé par l’expérience du cinéma qui apporte un peu de rêve sans lendemain. Le visage de Letizia Storti reste celui d’une actrice non professionnelle qui clame sa colère aux côtés de Vincent Lindon. Ce moment n’empêche pas le drame d’advenir.

Voilà, je vous ai donc parlé de Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans d’Anne Plantagenet paru aux éditions du Seuil.
Lien : http://culture-tout-azimut.o..
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Marilyn Monroe

Ceci n'est pas vraiment une biographie mais plutôt un roman "vrai" . Dans ce cas, on peut le considérer de "qualité " mais il y a beaucoup d'infos assez douteuses dans ce récit. L'auteure donne cependant ses sources mais je peux vous assurer -connaissant et ayant lus presque tous les livres qu' ils ne sont pas pour la plupart un choix judicieux.

Ce livre fut un succès de librairie pourtant.
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Il existe des rencontres qui, sans qu’on le ressente tout de suite, sans qu’on en mesure le sens, ont un impact dans nos vies. On dit qu’il y a des personnes que l’on croise, que l’on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, et changent le cours de votre vie. La rencontre entre Anne Plantagenet et Letizia Storti est de celle-ci.

Elles se rencontrent sur le tournage du film « En guerre » de Stéphane Brizé. L’auteure remarque tout de suite cette femme qui bouscule pour être au premier rang, qui porte le combat en elle, qui se distingue par quelques traits de coquetterie, lunettes cerclées de bleues, mèches colorées encadrant son visage, variation de couleurs au gré des rencontres.

D’un mail à une après-midi passée ensemble à parler engagements, vie, travail, à se remémorer des souvenirs de tournage, à se confier comme deux amies le feraient.

Et des échanges qui perdurent par des messages, des photos envoyés, des vœux partagés. Des messages espacés par des semaines ou des mois. Des messages qui maintiennent le lien sans trop dévoiler du quotidien.

De l’ombre à la lumière, les mots d’amitié de l’auteure nous dessinent le visage de cette femme, à la vie loin des tapis rouges et redonnent vie à une anonyme.

Le portrait d’une femme et des femmes anonymisées de la société qui se battent pour les droits, pour protéger leurs collègues, pour garantir les droits sociaux. Le témoignage d’une femme engagée, pétillante que la déshumanisation du monde du travail a effacé peu à peu.

Une femme combative qui s’éteint peu à peu face à la jalousie des autres, à la dégradation des conditions de travail, à la violence de sa hiérarchie. Humiliation, harcèlement, brutalité. Le pétillant s’estompe, les mèches colorées disparaissent et la souffrance prend place.

Un film qui résonne avec le quotidien réel de Letizia. La routine des gestes. Le rendement de plus en plus poussé. Le combat de plus en plus acharné. La suppression des postes. La délocalisation pour augmenter les profits. La vraie vie côtoie le septième art.

Un récit poignant, plein d’humanité et d’empathie. Un hommage touchant.

De la figuration, en passant par Cannes. De la femme ouvrière à deux scènes sur grand écran. De la femme engagée au récit d’une vie. De la femme visible à la femme invisible, il ne manque qu’un film. Le sien.


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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Letizia travaille à la chaîne chez UPSA depuis des décennies. Elle est engagée et représentante syndicale. La cinquantaine passée, elle fait de la figuration dans un film de Stéphane Brizé. Une expérience exaltante au cours de laquelle elle rencontre Anne Plantagenet. Elles restent en contact de loin en loin jusqu'à la tentative de suicide de Letizia, sur son lieu de travail, broyée par la pression, les maltraitances et humiliations imposées par la nouvelle direction d'UPSA.

Deux ans plus tard, elle disparaît de l'hôpital psychiatrique où elle était soignée.

Un récit très émouvant sur la maltraitance au travail et la violence sourde et souterraine du harcèlement.
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Je n’étais pas seule quand j’ai lu ce livre, cet hommage bouleversant d’une autrice à une ouvrière agenaise rencontrée sur un plateau de tournage.



Je n’étais pas seule, la douce voix d’Anne Plantagenet qui raconte Letizia avec pudeur et beaucoup d’affection était encore dans mon esprit, quelques jours après l’avoir écouté lors d’une rencontre littéraire dans laquelle elle présentait son livre.

Letizia aussi était près de moi. Cette femme qui pendant des années a trouvé sa place dans le combat collectif, dans le syndicalisme auquel elle croyait. Elle qui a tourné dans un film quelques semaines, qui a passé 30 ans derrière une chaîne de montage de l’entreprise UPSA à Agen.

Letizia, victime du monde du travail, du fonctionnement capitaliste qui ne voit qu’à travers profit et rentabilité. Quand une salariée expérimentée se blesse, on réclame son inaptitude pour pouvoir la licencier. Quand une salariée souffre, on jette du sel pour la faire craquer, partir.



Letizia a travaillé 30 ans à 500m de mon lieu de travail. Nous travaillions sur la même avenue, nous nous sommes peut-être croisée ? Il y a un Lidl en face, des boulangeries, la poste, le macdo.

J’ai regardé une vidéo dans laquelle elle apparaît, elle me paraît familière. Mais comme l’autrice le dit si bien, Letizia peut être vu ou totalement effacée, elle peut accrocher le regard et s’effacer comme une ombre.

Elle ressemble à une femme de 50 ans, une femme que je peux croiser demain mais qui ne sera pas Letizia. Cette dernière n’est plus là, le travail l’a tué.



Par ce livre, Anne Plantagenet a voulu fixer l’existence de Letizia, lui rendre hommage afin qu’on se souvienne d’elle, de ses combats, de sa personnalité, de l’Italie de sa mère qu’elle a toujours porté en elle.



C’est avec beaucoup d’émotion que je vous transmets donc cette information : Letizia Storti a vécu, elle a aimé, elle s’est battue, elle a élevé un fils seule, elle a été ouvrière toute sa vie et personnel essentiel durant le Covid. Elle a tourné un film et assiste au festival de Canne. Elle a été victime d’un système violent et inhumain. Et on se souviendra d’Elle.
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Donner de la visibilité aux invisibles ne passera pas par ce livre qui célèbre plus et mieux Stéphane Brize et Vincent Lindon que Letizia Storzi.

Le récit documentaire de ses conditions de travail est désincarné, il manque cruellement des autres, de ses collègues, de sa famille...tout est schématique, très répétitif....On peut s'éviter de l'acheter et de le lire car son résumé dans la presse est suffisant.

Quand je suis allée l'acheter à la librairie chez Colette, le livre repartait chez l'éditeur !
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions du Seuil pour cette émouvante lecture de #Disparitioninquiétantedunefemmede56ans d'Anne Plantagenet.



Letizia Storti est ouvrière sur chaîne chez UPSA lorsqu'elle intègre la foule des figurant.e.s de "En guerre" (film de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon - 2018). C'est à cette occasion qu'Anne Plantagenet la rencontre et l'interroge à propos de cette expérience. Les deux femmes que tout oppose se trouvent pourtant des points communs, comme leurs origines italiennes, et gardent contact après l'épopée de Cannes.

Quelques années plus tard, Letizia tente de se suicider dans les bureaux de l'usine UPSA, avant de disparaître mystérieusement durant sa convalescence.



Anne Plantagenet nous propose ici une enquête détaillée et sensible autour de ce qui n'est pas, pour elle, un "simple fait divers" (aucun fait divers n'est simple...). L'autrice a voulu rendre hommage à une femme qu'elle a brièvement connue et qui l'a profondément touchée. En mêlant les entretiens menés à ses souvenirs et à ses recherches, Anne Plantagenet relate à la fois la vie d'une femme "ordinaire" et son enquête autour de la chute vertigineuse qui a mené Letizia a sa disparition.



J'ai été très émue par le parcours et la personnalité de Letizia, parfaitement mise en valeur par la plume sincère et poignante d'Anne Plantagenet. Je l'ai dévoré en quelques heures tant mon intérêt était grand et attisé par une narration implacable.

L'écriture d'Anne Plantagenet est sensible, fluide, intelligente. On sent que l'autrice met beaucoup d'elle-même dans ce livre, tout en s'effaçant derrière Letizia Storti, vedette malgré elle de ce drame social. Entre récit, témoignage et enquête, elle nous entraîne vers l'univers impitoyable de l'usine, des syndicats, des pressions constantes et des accidents de la vie qui bouleversent jusqu'à l'épuisement ou l'écrasement...



#Disparitioninquiétantedunefemmede56ans #NetGalleyFrance
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Une lecture à partager.

C'est la chronique d'une ouvrière invisible.

Elle le restera, malgré un film et Cannes.

Elle ne prendra corps que lorsque le sien disparaîtra.

C'est une enquête avec quelques redites,

mais un réel soucis d'écrire vrai.

L'auteure et l'ouvrière se sont rencontrées,

ont sympathisé, ont gardé un lien,

qui s'est effiloché au fil du temps ...

Cette histoire ressemble à un film de Stéphane Brizé

Ces films qui nous extirpent larmes et rages...

Brizé, qui l'a sélectionnée dans deux casting

pour interpréter son rôle à l'écran;

une déléguée syndicale...

Elle est restée attelée 36 ans

sur une chaîne d'UPSA à Agen.

A fabriquer, contrôler, emballer, expédier

ces comprimés effervescents

pour soigner nos bobos

Mordillat aurait pu écrire cette histoire..

C'est la Loi du Profit, celui des actionnaires...

C'est un récit détaillé,

soucieux de rendre hommage

à la belle personnalité de Letizia Storti.

Tout est politique dans son histoire.





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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Poignant, nécessaire, sans distance, « Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans » est un cri dans la nuit noire.

Un témoignage au plus profond de la vérité. Journalistique, pétri de sentiments, de tendresse pour Letizia Storti qu’on aime d’emblée de toutes nos forces.

Anne Plantagenet rassemble l’épars. Elle, qui connaissait Letizia.

Plus qu’un hommage, ici, c’est un hymne à elles et ceux qui travaillent dans l’ombre. Ployés sous les diktats oppressants d’une hiérarchie étouffante et indifférente aux sorts des ouvriers (ères).

Letizia Storti était employée d’UPSA à Agen. Une entreprise pharmaceutique et ce depuis trente-six ans et élue Force Ouvrière.

Anne Plantagenet rencontre Letizia en 2017 sur un tournage « En Guerre » de Stéphane Brizé.

Elle veut apprendre de Letizia. Comprendre cette force qui se dégage de cette femme battante. Elle, qui joue quasiment son propre rôle dans le film. On ressent une émotion vive. Une mise en abîme des diktats des entreprises qui ne sont que des fourmilières d’êtres en péril. On est en plongée dans les séquences filmiques, comme si le maillage sociologique nous happait.

Anne et Letizia sont fusionnelles, complices et amies devenues. Anne est à l’œuvre de la mémoire. Elle veut retranscrire l’idiosyncrasie du monde du travail, Letizia plus qu’un point d’appui est, dans ce livre, l’écrin mémoriel.

Elle conte le parcours de vie de Letizia qui a un grand fils. Depuis ses dix-huit ans, trente-quatre ans dans un même poste, 5/13 heures une semaine, 13/21 heures la suivante, les mêmes gestes. Letizia est de mimétisme. Elle est la masse salariale. Elle est mécanique usée, mais garde la tête haute.

« Pour moi ça vient de là, le syndicalisme. Je dirais que c’est une réparation. Ça été une évidence, même si je me suis quand même protégée et j’ai attendu d’être titulaire. »

Letizia revit dans cet astre où la lumière sera écran, film et revendication.

Elle exprime les colères, les solidarités, l’union entre les ouvriers, le film devient vital et c’est une réussite.

Mais Letizia sombre. L’immense dépression. La chute d’Icare. L’oiseau blessé, elle est fragile et démunie. Dans l’usine, elle est un pion, et change de poste, accepte tout. Elle a besoin d’eau et de pain, de souffle et de vie. Mais elle se meurt.

Elle est noyée sous les affres des incompréhensions et des indifférences de la direction.

« Nous presser, nous presser, toujours nous presser, jusqu’à ce que l’entreprise se casse la gueule. Et quand elle se sera cassée la gueule, on fera quoi ? »

L’effet domino, les dépressions s’enchaînent, et les tentatives de suicide s’accélèrent.

Letizia est harcelée, encerclée par le mutisme des responsables.

N’oublions pas : « (Rappelons que, dans le cadre de la réforme du Code du travail, le CHSCT, Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, qui recueillait les dénonciations de harcèlement au travail, et dont était membre Letizia Storti à UPSA, l’un des rares contre-pouvoirs au sein des entreprises a veiller sur la santé des ouvriers, a été supprimé par les ordonnances Macron en septembre 2017). »

Letizia est en danger. Elle se jette, malgré ses nombreux signaux avant coureur, du troisième étage, sur le site d’UPSA, tôt le matin.

Sauvée, mais gravement blessée, la rééducation est un combat.

Jusqu’au jour où Letizia disparaît.

Où est-elle ?

Letizia est un emblème. Celui des faillites gouvernementales et sociétales. Une femme de 56 ans, piégée dans les griffes des entreprises dévoreuses d’humanité.

Une anonyme devenue, dans les méandres des souffrances abyssales.

D’utilité publique. Publié par les majeures Éditions du Seuil.

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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Lente descente en enfer, presque à l’improviste. Presque car tout était écrit, en amont. Le monde patronal est loin d’être bienveillant et généreux. Il est calculateur, destructeur, profiteur, inhumain. La loi du marché est plus importante que l’humain. Cette loi prévaut sur toute autre loi… S’il y a un fautif, cela sera toujours le travailleur. Il est plus simple de broyer un être seul qu’une direction patronale.
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Comment j'ai tué mon père

Comment j’ai tué mon père 👨🏼

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A onze ans seulement, la jeune Sara va perdre son père, assassiné par un tueur à gages. La jeune fille sait que rien ne sera plus comme avant, en passant brutalement de l’enfance insouciante et aimante au passage adulte. 👩🏼

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L’autrice retrace avec poésie, nostalgie et beaucoup d’humanité les souvenirs et les passages à vide de cette famille qui a dû rester soudée et se battre pour ne pas sombrer. 🫂

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On parle des souvenirs d’enfance qui ont bercé la vie de nos personnages : la cabane que construisait le papa, l’odeur des mangues fraîches, le crépitement des galettes de maïs : tout un panel de bribes du passé qui viennent s’ajouter au présent. 💛

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« Dans le monde réel, on n’a pas trois vies, comme dans les jeux vidéos. On n’en a qu’une, et quand on la perd, c’est pour toujours » ✍🏼

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Un roman court : choc et émouvant. A découvrir rapidement 😍📖
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Anne Plantagenet raconte comment le travail à la chaine et la logique de rentabilité détruisent progressivement la vie d'une femme. Une femme qui disparait à Marseille dans une clinique en juin 2022. Une femme engagée dans son entreprise et qui est écartée de façon pernicieuse par les responsables. L'autrice s'attarde sur ce destin à la suite d'une rencontre avec cette femme, Letizia Storti, qui travaille depuis plus de 36 ans dans son entreprise lors de la rencontre. Un parcours de vie qui se complique progressivement et qui finit par mener à l'hospitalisation. On pense à la justesse de Joseph Ponthus pour restituer l'impact du travail à la chaine sur les corps, sur la vie des ouvriers et des ouvrières. Un livre poignant qui s'arrête sur des vies oubliées, des marges invisibilisées.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

L'intention belle vouloir dire les gens comme tous mais la forme manque de vitalité je me suis accrochée pour le fond mais je me suis ennuyée. Dommage car j'aime l'idee  j'aime l'hommage j'aime que le monde compte en fourmi ou géant mais la forme plus forte pour moi. 



Sophie G Lucas est une poétesse des gens du bas des gens courts des gens grands et je vous la conseille si l'idée belle pour vous aussi l'ouvrage sous.
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Quand j'ai lu la présentation de ce récit mystérieusement intitulé "Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans" qui m'a été proposé pour sa sortie dans le cadre d'une opération Masse Critique exceptionnelle, j'ai tout de suite été motivée par l'intention d'Anne Plantagenet, celle de donner un visage à une femme dont la couverture montre qu'elle n'en a pas.



Letizia Storti est une ouvrière méritante et courageuse au destin tragique.

Anne Plantagenet lui rend hommage et commence son récit par la rencontre en 2017 de cette syndicaliste active sur le tournage du film de Stéphane Brizé "En guerre" où elle fait de la figuration après avoir passé un casting. Pas facile quand on n'est pas professionnelle et quand on travaille à la chaine à l'usine UPSA d'Agen. Mais elle en veut et joue des coudes pour trouver une place aux côtés de Vincent Lindon.

Cette expérience montre sa détermination d'être vue et ses convictions pour défendre les droits des ouvriers et ouvrières. Elle sera d'autant plus déçue que, présente avec l'équipe à Cannes, le film n'a pas eu de prix.

Letizia Storti et Anne Plantagenet resteront en contact, liée par leurs origines italiennes mais très vite leurs relations s'étiolent jusqu'au jour où l'autrice apprend en 2021 sa tentative de suicide puis, en 2022 ce que la presse intitule "Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans".

Le récit bascule dans l'enquête qu’Anne Plantagenet entreprend pour comprendre ce qu'elle n'a pas vu, la dépression de Letizia, ce qu'elle a raté pour éviter à cette femme forte d’être broyée au point de disparaître.



C'est un livre poignant sur un système capitaliste qui invisibilise les plus précaires et n'hésite pas à les brutaliser pour défendre les intérêts financiers d'un petit nombre. C'est d'ailleurs le sujet des films de Stéphane Brisé, il n'est donc pas surprenant que Letizia Storti ait voulu être sur ses images, pour exister.

J'avoue que j'ai versé une larme à la fin du livre tellement l'injustice me bouleverse.

Alors si le rôle de l'écrivain est de rendre visible le visage et la dignité à une anonyme, Anne Plantagenet a réussi ce récit sur Letizia Storti.



Je remercie vivement les éditions du Seuil et Babelio pour ce livre qui m’a été offert dans le cadre d'une opération Masse Critique exceptionnelle.





Challenge Riquiqui 2024

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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

J'aurais préféré que ce livre soit un roman.



Mais non. C'est un récit, un témoignage de l'autrice qui raconte qui était Letizia Storti, la disparue du titre.



C'est en 2017 qu'Anne Plantagenet rencontre Letizia. Alors âgée de 51 ans, cette fille d'immigrés italiens est ouvrière dans l'entreprise pharmaceutique UPSA à Agen. Plus de trente ans de bons et loyaux services et surtout d'engagement syndical acharné pour faire valoir les droits des salariés dans l'entreprise. Une vie dans l'ordinaire et l'anonymat de la classe laborieuse.



Jusqu'au jour où elle apprend que le réalisateur Stéphane Brizé cherche des figurants pour son prochain film, « En guerre », avec Vincent Lindon. Un film en immersion dans le monde du travail ouvrier, en tension permanente et souvent violente avec la direction et l'actionnariat. Letizia est engagée pour quelques répliques dans un rôle qu'elle connaît à fond, le sien: déléguée syndicale.



C'est à l'occasion de ce tournage que l'auteure a rencontré Letizia, dans le cadre d'un reportage sur la manière dont les figurants avaient vécu cette expérience de cinéma. Les deux femmes ont sympathisé, ont maintenu le contact jusqu'au festival de Cannes où le film est présenté, puis le lien s'est peu à peu distendu.





Grâce à ce film, Letizia connaîtra son quart d'heure de gloire. Une fois les feux de la rampe cannoise éteints, elle retourne à son quotidien grisâtre, avant qu'une chute domestique amorce sa descente aux enfers : sa fracture au poignet la laisse partiellement handicapée, et le retour au travail se passe mal, puisqu'on la balade d'un poste à un autre, sous prétexte de trouver celui qui lui conviendrait le mieux. Sauf qu'on ne lui laisse jamais le temps de s'adapter et qu'on lui reproche en conséquence son inefficacité. En clair : humiliations, perte de dignité, harcèlement moral, et toute la souffrance psychique qui en découle.



Quand Anne apprend la disparition de Letizia en juin 2022, elle ignore tout de ce que celle-ci a traversé à UPSA après le festival, son accident, sa tentative de suicide, son séjour en hôpital psychiatrique. Ce qu'elle découvre alors la bouleverse et la pousse à écrire ce texte, pour lutter contre l'effacement dans lequel Letizia a glissé peu à peu jusqu'à l'anéantissement. Elle a voulu rendre chair et consistance à cette femme joyeuse et battante, dont l'engagement syndical ressemblait furieusement à une revanche à prendre sur les humiliations et le racisme subis par sa propre mère – une autre femme effacée: "Je veux savoir. Comprendre ce que j'ai raté, à côté de quoi je suis passée. [...] Je ressens un malaise grandissant à la lecture de tous ces communiqués, ces articles, ces déclarations dans la presse. J'ai l'impression qu'ils ne parlent pas de Letizia, de Letizia Storti, de sa trajectoire spécifique, de son histoire unique, de ce qui fait sa singularité et la distingue de toute autre personne. Ai-je lu quelque part que Letizia a souffert dans son enfance de voir sa mère qu'elle adorait moquée parce qu'elle ne parlait pas français et était handicapée, et qu'à cause de cela elle revendique haut et fort ses origines italiennes? Ai-je lu ou entendu qu'elle a été révoltée de voir ses parents exploités toute leur vie et que pour cette raison sans doute elle s'est engagée dans le syndicalisme dès qu'elle a obtenu un CDI? Qu'elle s'y est investie corps et âme? Qu'elle a eu un courage de dingue pour se présenter à un casting et s'est battue pour être choisie? Qu'elle aime les vide-greniers, et l'histoire, et faire du vélo, et voyager? Ai-je lu quelque part que Letizia aime la vie? Qu'elle est un peu plus qu'"une salariée", puis "la salariée" qui a tenté de se suicider sur son lieu de travail? Ces communiqués, ces articles, ces déclarations effacent son identité pour la réduire à un statut social, un geste, ce saut dans le vide, acte ultime et désespéré, objet depuis d'une tentative de récupération et d'un enjeu sordide, comme si toute sa vie devait inévitablement conduire et se résumer à cela. Comme si Letizia Storti ne devait laisser aucune autre trace de son passage sur terre qu'une silhouette qui chute indéfiniment".



J'ai lu d'une traite ce récit poignant, déchirant, plein d'humanité et d'empathie, porté par une très belle plume. Il témoigne avec beaucoup de sensibilité du destin tragique d'une femme détruite, et de la déshumanisation à l'oeuvre dans le monde du travail.



En partenariat avec les Editions du Seuil via Netgalley.

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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Cette femme c'était Letizia Storti. L'auteure avait fait sa connaissance sur le tournage du film "En guerre" de Stéphane Brizé et était restée un peu en contact avec elle après cela. Quand elle a appris sa disparition, elle a décidé de raconter son histoire afin qu'elle ne soit pas juste "une femme de 56ans".



C'est donc l'histoire d'une ouvrière qui a commencé à travaillé très jeune dans une grande entreprise et qui y est resté toute sa vie, d'une militante très engagée -ce qui lui a fallu de participer au tournage du film de Stéphane Brizé-, d'une mère, d'une femme.

A travers Letizia, c'est l'histoire de milliers de français qui est racontée. Des français qui se battent pour conserver leur travail quand les investissements de grands groupes doivent être rentabilisés, de leur stress, de la pression qu'ils subissent, de leur combat et parfois aussi, de leur chute...



J'ai trouvé révoltante la manière dont a été traitée Letizia et cela m'a secouée je dois bien le dire.

J'ai aimé le style de l'auteure que j'ai trouvé très fluide mais j'ai trouvé un déséquilibre entre la première partie que j'ai trouvée longue et la seconde. Même si j'ai bien conscience que les faits énoncés au début sont importants pour comprendre ce qui liait les 2 femmes, j'étais impatiente de savoir ce qui était arrivé à Mme Storti et ce qui l'avait menée à cet acte désespéré.



J'en ressors donc assez mitigée et je m'en sens presque coupable car je trouve très noble de la part d'Anne Plantagenet d'avoir voulu redonner un visage et un nom à cette femme qui a passé sa vie sans être réellement vue mais il me reste cependant un goût de trop peu dont je n'arrive pas à me défaire...
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Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Itinéraire pas si ordinaire d'une ouvrière anonyme

La vie de Letizia Storti présente tous les éléments pour en faire un roman. Hélas, c'est dans un récit témoignage qui fait froid dans le dos, que lui rend hommage Anne Plantagenet.

Qui ne rêve pas d'un petit rôle dans un film ? C'est ce qui arrive à cette ouvrière UPSA après qu'elle ait passé un casting, en 2018, pour un film de Stéphane Brizet.

Letizia, femme syndiquée, volontaire, un brin, provocatrice avec ses lunettes excentriques et ses mèches de couleur est choisie, élue, remarquée… Elle décroche le rôle d'une leader syndicaliste.

Qui ne rêve pas de tourner avec Vincent Lindon ? Qui ne rêve pas d'aller à Cannes ?

Cependant, après ces moments exaltants, le retour à l'usine n'est pas si facile. Lorsqu'un accident anodin l'oblige à arrêter le travail, c'est l'élément déclencheur qui va entraîner incompréhension, malveillance et méchanceté et la mènera vers l'enfer.

Un récit original, sincère et documenté d'une femme émue par les prestations cinématographiques et la personnalité de Letizia , qui permet à cette dernière de sortir des sordides faits divers par la porte ouverte et accueillante de la Littérature.

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