AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Anne Plantagenet (188)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Marilyn Monroe

Ceci n'est pas vraiment une biographie mais plutôt un roman "vrai" . Dans ce cas, on peut le considérer de "qualité " mais il y a beaucoup d'infos assez douteuses dans ce récit. L'auteure donne cependant ses sources mais je peux vous assurer -connaissant et ayant lus presque tous les livres qu' ils ne sont pas pour la plupart un choix judicieux.

Ce livre fut un succès de librairie pourtant.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
Commenter  J’apprécie          00
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Il existe des rencontres qui, sans qu’on le ressente tout de suite, sans qu’on en mesure le sens, ont un impact dans nos vies. On dit qu’il y a des personnes que l’on croise, que l’on connaît à peine, qui vous disent un mot, une phrase, vous accordent une minute, et changent le cours de votre vie. La rencontre entre Anne Plantagenet et Letizia Storti est de celle-ci.

Elles se rencontrent sur le tournage du film « En guerre » de Stéphane Brizé. L’auteure remarque tout de suite cette femme qui bouscule pour être au premier rang, qui porte le combat en elle, qui se distingue par quelques traits de coquetterie, lunettes cerclées de bleues, mèches colorées encadrant son visage, variation de couleurs au gré des rencontres.

D’un mail à une après-midi passée ensemble à parler engagements, vie, travail, à se remémorer des souvenirs de tournage, à se confier comme deux amies le feraient.

Et des échanges qui perdurent par des messages, des photos envoyés, des vœux partagés. Des messages espacés par des semaines ou des mois. Des messages qui maintiennent le lien sans trop dévoiler du quotidien.

De l’ombre à la lumière, les mots d’amitié de l’auteure nous dessinent le visage de cette femme, à la vie loin des tapis rouges et redonnent vie à une anonyme.

Le portrait d’une femme et des femmes anonymisées de la société qui se battent pour les droits, pour protéger leurs collègues, pour garantir les droits sociaux. Le témoignage d’une femme engagée, pétillante que la déshumanisation du monde du travail a effacé peu à peu.

Une femme combative qui s’éteint peu à peu face à la jalousie des autres, à la dégradation des conditions de travail, à la violence de sa hiérarchie. Humiliation, harcèlement, brutalité. Le pétillant s’estompe, les mèches colorées disparaissent et la souffrance prend place.

Un film qui résonne avec le quotidien réel de Letizia. La routine des gestes. Le rendement de plus en plus poussé. Le combat de plus en plus acharné. La suppression des postes. La délocalisation pour augmenter les profits. La vraie vie côtoie le septième art.

Un récit poignant, plein d’humanité et d’empathie. Un hommage touchant.

De la figuration, en passant par Cannes. De la femme ouvrière à deux scènes sur grand écran. De la femme engagée au récit d’une vie. De la femme visible à la femme invisible, il ne manque qu’un film. Le sien.


Lien : https://www.quandleslivresno..
Commenter  J’apprécie          40
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Letizia travaille à la chaîne chez UPSA depuis des décennies. Elle est engagée et représentante syndicale. La cinquantaine passée, elle fait de la figuration dans un film de Stéphane Brizé. Une expérience exaltante au cours de laquelle elle rencontre Anne Plantagenet. Elles restent en contact de loin en loin jusqu'à la tentative de suicide de Letizia, sur son lieu de travail, broyée par la pression, les maltraitances et humiliations imposées par la nouvelle direction d'UPSA.

Deux ans plus tard, elle disparaît de l'hôpital psychiatrique où elle était soignée.

Un récit très émouvant sur la maltraitance au travail et la violence sourde et souterraine du harcèlement.
Commenter  J’apprécie          20
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Je n’étais pas seule quand j’ai lu ce livre, cet hommage bouleversant d’une autrice à une ouvrière agenaise rencontrée sur un plateau de tournage.



Je n’étais pas seule, la douce voix d’Anne Plantagenet qui raconte Letizia avec pudeur et beaucoup d’affection était encore dans mon esprit, quelques jours après l’avoir écouté lors d’une rencontre littéraire dans laquelle elle présentait son livre.

Letizia aussi était près de moi. Cette femme qui pendant des années a trouvé sa place dans le combat collectif, dans le syndicalisme auquel elle croyait. Elle qui a tourné dans un film quelques semaines, qui a passé 30 ans derrière une chaîne de montage de l’entreprise UPSA à Agen.

Letizia, victime du monde du travail, du fonctionnement capitaliste qui ne voit qu’à travers profit et rentabilité. Quand une salariée expérimentée se blesse, on réclame son inaptitude pour pouvoir la licencier. Quand une salariée souffre, on jette du sel pour la faire craquer, partir.



Letizia a travaillé 30 ans à 500m de mon lieu de travail. Nous travaillions sur la même avenue, nous nous sommes peut-être croisée ? Il y a un Lidl en face, des boulangeries, la poste, le macdo.

J’ai regardé une vidéo dans laquelle elle apparaît, elle me paraît familière. Mais comme l’autrice le dit si bien, Letizia peut être vu ou totalement effacée, elle peut accrocher le regard et s’effacer comme une ombre.

Elle ressemble à une femme de 50 ans, une femme que je peux croiser demain mais qui ne sera pas Letizia. Cette dernière n’est plus là, le travail l’a tué.



Par ce livre, Anne Plantagenet a voulu fixer l’existence de Letizia, lui rendre hommage afin qu’on se souvienne d’elle, de ses combats, de sa personnalité, de l’Italie de sa mère qu’elle a toujours porté en elle.



C’est avec beaucoup d’émotion que je vous transmets donc cette information : Letizia Storti a vécu, elle a aimé, elle s’est battue, elle a élevé un fils seule, elle a été ouvrière toute sa vie et personnel essentiel durant le Covid. Elle a tourné un film et assiste au festival de Canne. Elle a été victime d’un système violent et inhumain. Et on se souviendra d’Elle.
Commenter  J’apprécie          60
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Donner de la visibilité aux invisibles ne passera pas par ce livre qui célèbre plus et mieux Stéphane Brize et Vincent Lindon que Letizia Storzi.

Le récit documentaire de ses conditions de travail est désincarné, il manque cruellement des autres, de ses collègues, de sa famille...tout est schématique, très répétitif....On peut s'éviter de l'acheter et de le lire car son résumé dans la presse est suffisant.

Quand je suis allée l'acheter à la librairie chez Colette, le livre repartait chez l'éditeur !
Commenter  J’apprécie          21
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Je remercie #NetGalleyFrance et les Éditions du Seuil pour cette émouvante lecture de #Disparitioninquiétantedunefemmede56ans d'Anne Plantagenet.



Letizia Storti est ouvrière sur chaîne chez UPSA lorsqu'elle intègre la foule des figurant.e.s de "En guerre" (film de Stéphane Brizé avec Vincent Lindon - 2018). C'est à cette occasion qu'Anne Plantagenet la rencontre et l'interroge à propos de cette expérience. Les deux femmes que tout oppose se trouvent pourtant des points communs, comme leurs origines italiennes, et gardent contact après l'épopée de Cannes.

Quelques années plus tard, Letizia tente de se suicider dans les bureaux de l'usine UPSA, avant de disparaître mystérieusement durant sa convalescence.



Anne Plantagenet nous propose ici une enquête détaillée et sensible autour de ce qui n'est pas, pour elle, un "simple fait divers" (aucun fait divers n'est simple...). L'autrice a voulu rendre hommage à une femme qu'elle a brièvement connue et qui l'a profondément touchée. En mêlant les entretiens menés à ses souvenirs et à ses recherches, Anne Plantagenet relate à la fois la vie d'une femme "ordinaire" et son enquête autour de la chute vertigineuse qui a mené Letizia a sa disparition.



J'ai été très émue par le parcours et la personnalité de Letizia, parfaitement mise en valeur par la plume sincère et poignante d'Anne Plantagenet. Je l'ai dévoré en quelques heures tant mon intérêt était grand et attisé par une narration implacable.

L'écriture d'Anne Plantagenet est sensible, fluide, intelligente. On sent que l'autrice met beaucoup d'elle-même dans ce livre, tout en s'effaçant derrière Letizia Storti, vedette malgré elle de ce drame social. Entre récit, témoignage et enquête, elle nous entraîne vers l'univers impitoyable de l'usine, des syndicats, des pressions constantes et des accidents de la vie qui bouleversent jusqu'à l'épuisement ou l'écrasement...



#Disparitioninquiétantedunefemmede56ans #NetGalleyFrance
Commenter  J’apprécie          320
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Une lecture à partager.

C'est la chronique d'une ouvrière invisible.

Elle le restera, malgré un film et Cannes.

Elle ne prendra corps que lorsque le sien disparaîtra.

C'est une enquête avec quelques redites,

mais un réel soucis d'écrire vrai.

L'auteure et l'ouvrière se sont rencontrées,

ont sympathisé, ont gardé un lien,

qui s'est effiloché au fil du temps ...

Cette histoire ressemble à un film de Stéphane Brizé

Ces films qui nous extirpent larmes et rages...

Brizé, qui l'a sélectionnée dans deux casting

pour interpréter son rôle à l'écran;

une déléguée syndicale...

Elle est restée attelée 36 ans

sur une chaîne d'UPSA à Agen.

A fabriquer, contrôler, emballer, expédier

ces comprimés effervescents

pour soigner nos bobos

Mordillat aurait pu écrire cette histoire..

C'est la Loi du Profit, celui des actionnaires...

C'est un récit détaillé,

soucieux de rendre hommage

à la belle personnalité de Letizia Storti.

Tout est politique dans son histoire.





Commenter  J’apprécie          264
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Poignant, nécessaire, sans distance, « Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans » est un cri dans la nuit noire.

Un témoignage au plus profond de la vérité. Journalistique, pétri de sentiments, de tendresse pour Letizia Storti qu’on aime d’emblée de toutes nos forces.

Anne Plantagenet rassemble l’épars. Elle, qui connaissait Letizia.

Plus qu’un hommage, ici, c’est un hymne à elles et ceux qui travaillent dans l’ombre. Ployés sous les diktats oppressants d’une hiérarchie étouffante et indifférente aux sorts des ouvriers (ères).

Letizia Storti était employée d’UPSA à Agen. Une entreprise pharmaceutique et ce depuis trente-six ans et élue Force Ouvrière.

Anne Plantagenet rencontre Letizia en 2017 sur un tournage « En Guerre » de Stéphane Brizé.

Elle veut apprendre de Letizia. Comprendre cette force qui se dégage de cette femme battante. Elle, qui joue quasiment son propre rôle dans le film. On ressent une émotion vive. Une mise en abîme des diktats des entreprises qui ne sont que des fourmilières d’êtres en péril. On est en plongée dans les séquences filmiques, comme si le maillage sociologique nous happait.

Anne et Letizia sont fusionnelles, complices et amies devenues. Anne est à l’œuvre de la mémoire. Elle veut retranscrire l’idiosyncrasie du monde du travail, Letizia plus qu’un point d’appui est, dans ce livre, l’écrin mémoriel.

Elle conte le parcours de vie de Letizia qui a un grand fils. Depuis ses dix-huit ans, trente-quatre ans dans un même poste, 5/13 heures une semaine, 13/21 heures la suivante, les mêmes gestes. Letizia est de mimétisme. Elle est la masse salariale. Elle est mécanique usée, mais garde la tête haute.

« Pour moi ça vient de là, le syndicalisme. Je dirais que c’est une réparation. Ça été une évidence, même si je me suis quand même protégée et j’ai attendu d’être titulaire. »

Letizia revit dans cet astre où la lumière sera écran, film et revendication.

Elle exprime les colères, les solidarités, l’union entre les ouvriers, le film devient vital et c’est une réussite.

Mais Letizia sombre. L’immense dépression. La chute d’Icare. L’oiseau blessé, elle est fragile et démunie. Dans l’usine, elle est un pion, et change de poste, accepte tout. Elle a besoin d’eau et de pain, de souffle et de vie. Mais elle se meurt.

Elle est noyée sous les affres des incompréhensions et des indifférences de la direction.

« Nous presser, nous presser, toujours nous presser, jusqu’à ce que l’entreprise se casse la gueule. Et quand elle se sera cassée la gueule, on fera quoi ? »

L’effet domino, les dépressions s’enchaînent, et les tentatives de suicide s’accélèrent.

Letizia est harcelée, encerclée par le mutisme des responsables.

N’oublions pas : « (Rappelons que, dans le cadre de la réforme du Code du travail, le CHSCT, Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail, qui recueillait les dénonciations de harcèlement au travail, et dont était membre Letizia Storti à UPSA, l’un des rares contre-pouvoirs au sein des entreprises a veiller sur la santé des ouvriers, a été supprimé par les ordonnances Macron en septembre 2017). »

Letizia est en danger. Elle se jette, malgré ses nombreux signaux avant coureur, du troisième étage, sur le site d’UPSA, tôt le matin.

Sauvée, mais gravement blessée, la rééducation est un combat.

Jusqu’au jour où Letizia disparaît.

Où est-elle ?

Letizia est un emblème. Celui des faillites gouvernementales et sociétales. Une femme de 56 ans, piégée dans les griffes des entreprises dévoreuses d’humanité.

Une anonyme devenue, dans les méandres des souffrances abyssales.

D’utilité publique. Publié par les majeures Éditions du Seuil.

Commenter  J’apprécie          60
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Lente descente en enfer, presque à l’improviste. Presque car tout était écrit, en amont. Le monde patronal est loin d’être bienveillant et généreux. Il est calculateur, destructeur, profiteur, inhumain. La loi du marché est plus importante que l’humain. Cette loi prévaut sur toute autre loi… S’il y a un fautif, cela sera toujours le travailleur. Il est plus simple de broyer un être seul qu’une direction patronale.
Commenter  J’apprécie          20
Comment j'ai tué mon père

Comment j’ai tué mon père 👨🏼

.

A onze ans seulement, la jeune Sara va perdre son père, assassiné par un tueur à gages. La jeune fille sait que rien ne sera plus comme avant, en passant brutalement de l’enfance insouciante et aimante au passage adulte. 👩🏼

.

L’autrice retrace avec poésie, nostalgie et beaucoup d’humanité les souvenirs et les passages à vide de cette famille qui a dû rester soudée et se battre pour ne pas sombrer. 🫂

.

On parle des souvenirs d’enfance qui ont bercé la vie de nos personnages : la cabane que construisait le papa, l’odeur des mangues fraîches, le crépitement des galettes de maïs : tout un panel de bribes du passé qui viennent s’ajouter au présent. 💛

.

« Dans le monde réel, on n’a pas trois vies, comme dans les jeux vidéos. On n’en a qu’une, et quand on la perd, c’est pour toujours » ✍🏼

.

Un roman court : choc et émouvant. A découvrir rapidement 😍📖
Commenter  J’apprécie          00
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Anne Plantagenet raconte comment le travail à la chaine et la logique de rentabilité détruisent progressivement la vie d'une femme. Une femme qui disparait à Marseille dans une clinique en juin 2022. Une femme engagée dans son entreprise et qui est écartée de façon pernicieuse par les responsables. L'autrice s'attarde sur ce destin à la suite d'une rencontre avec cette femme, Letizia Storti, qui travaille depuis plus de 36 ans dans son entreprise lors de la rencontre. Un parcours de vie qui se complique progressivement et qui finit par mener à l'hospitalisation. On pense à la justesse de Joseph Ponthus pour restituer l'impact du travail à la chaine sur les corps, sur la vie des ouvriers et des ouvrières. Un livre poignant qui s'arrête sur des vies oubliées, des marges invisibilisées.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          30
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

L'intention belle vouloir dire les gens comme tous mais la forme manque de vitalité je me suis accrochée pour le fond mais je me suis ennuyée. Dommage car j'aime l'idee  j'aime l'hommage j'aime que le monde compte en fourmi ou géant mais la forme plus forte pour moi. 



Sophie G Lucas est une poétesse des gens du bas des gens courts des gens grands et je vous la conseille si l'idée belle pour vous aussi l'ouvrage sous.
Commenter  J’apprécie          00
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Quand j'ai lu la présentation de ce récit mystérieusement intitulé "Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans" qui m'a été proposé pour sa sortie dans le cadre d'une opération Masse Critique exceptionnelle, j'ai tout de suite été motivée par l'intention d'Anne Plantagenet, celle de donner un visage à une femme dont la couverture montre qu'elle n'en a pas.



Letizia Storti est une ouvrière méritante et courageuse au destin tragique.

Anne Plantagenet lui rend hommage et commence son récit par la rencontre en 2017 de cette syndicaliste active sur le tournage du film de Stéphane Brizé "En guerre" où elle fait de la figuration après avoir passé un casting. Pas facile quand on n'est pas professionnelle et quand on travaille à la chaine à l'usine UPSA d'Agen. Mais elle en veut et joue des coudes pour trouver une place aux côtés de Vincent Lindon.

Cette expérience montre sa détermination d'être vue et ses convictions pour défendre les droits des ouvriers et ouvrières. Elle sera d'autant plus déçue que, présente avec l'équipe à Cannes, le film n'a pas eu de prix.

Letizia Storti et Anne Plantagenet resteront en contact, liée par leurs origines italiennes mais très vite leurs relations s'étiolent jusqu'au jour où l'autrice apprend en 2021 sa tentative de suicide puis, en 2022 ce que la presse intitule "Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans".

Le récit bascule dans l'enquête qu’Anne Plantagenet entreprend pour comprendre ce qu'elle n'a pas vu, la dépression de Letizia, ce qu'elle a raté pour éviter à cette femme forte d’être broyée au point de disparaître.



C'est un livre poignant sur un système capitaliste qui invisibilise les plus précaires et n'hésite pas à les brutaliser pour défendre les intérêts financiers d'un petit nombre. C'est d'ailleurs le sujet des films de Stéphane Brisé, il n'est donc pas surprenant que Letizia Storti ait voulu être sur ses images, pour exister.

J'avoue que j'ai versé une larme à la fin du livre tellement l'injustice me bouleverse.

Alors si le rôle de l'écrivain est de rendre visible le visage et la dignité à une anonyme, Anne Plantagenet a réussi ce récit sur Letizia Storti.



Je remercie vivement les éditions du Seuil et Babelio pour ce livre qui m’a été offert dans le cadre d'une opération Masse Critique exceptionnelle.





Challenge Riquiqui 2024

Commenter  J’apprécie          161
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

J'aurais préféré que ce livre soit un roman.



Mais non. C'est un récit, un témoignage de l'autrice qui raconte qui était Letizia Storti, la disparue du titre.



C'est en 2017 qu'Anne Plantagenet rencontre Letizia. Alors âgée de 51 ans, cette fille d'immigrés italiens est ouvrière dans l'entreprise pharmaceutique UPSA à Agen. Plus de trente ans de bons et loyaux services et surtout d'engagement syndical acharné pour faire valoir les droits des salariés dans l'entreprise. Une vie dans l'ordinaire et l'anonymat de la classe laborieuse.



Jusqu'au jour où elle apprend que le réalisateur Stéphane Brizé cherche des figurants pour son prochain film, « En guerre », avec Vincent Lindon. Un film en immersion dans le monde du travail ouvrier, en tension permanente et souvent violente avec la direction et l'actionnariat. Letizia est engagée pour quelques répliques dans un rôle qu'elle connaît à fond, le sien: déléguée syndicale.



C'est à l'occasion de ce tournage que l'auteure a rencontré Letizia, dans le cadre d'un reportage sur la manière dont les figurants avaient vécu cette expérience de cinéma. Les deux femmes ont sympathisé, ont maintenu le contact jusqu'au festival de Cannes où le film est présenté, puis le lien s'est peu à peu distendu.





Grâce à ce film, Letizia connaîtra son quart d'heure de gloire. Une fois les feux de la rampe cannoise éteints, elle retourne à son quotidien grisâtre, avant qu'une chute domestique amorce sa descente aux enfers : sa fracture au poignet la laisse partiellement handicapée, et le retour au travail se passe mal, puisqu'on la balade d'un poste à un autre, sous prétexte de trouver celui qui lui conviendrait le mieux. Sauf qu'on ne lui laisse jamais le temps de s'adapter et qu'on lui reproche en conséquence son inefficacité. En clair : humiliations, perte de dignité, harcèlement moral, et toute la souffrance psychique qui en découle.



Quand Anne apprend la disparition de Letizia en juin 2022, elle ignore tout de ce que celle-ci a traversé à UPSA après le festival, son accident, sa tentative de suicide, son séjour en hôpital psychiatrique. Ce qu'elle découvre alors la bouleverse et la pousse à écrire ce texte, pour lutter contre l'effacement dans lequel Letizia a glissé peu à peu jusqu'à l'anéantissement. Elle a voulu rendre chair et consistance à cette femme joyeuse et battante, dont l'engagement syndical ressemblait furieusement à une revanche à prendre sur les humiliations et le racisme subis par sa propre mère – une autre femme effacée: "Je veux savoir. Comprendre ce que j'ai raté, à côté de quoi je suis passée. [...] Je ressens un malaise grandissant à la lecture de tous ces communiqués, ces articles, ces déclarations dans la presse. J'ai l'impression qu'ils ne parlent pas de Letizia, de Letizia Storti, de sa trajectoire spécifique, de son histoire unique, de ce qui fait sa singularité et la distingue de toute autre personne. Ai-je lu quelque part que Letizia a souffert dans son enfance de voir sa mère qu'elle adorait moquée parce qu'elle ne parlait pas français et était handicapée, et qu'à cause de cela elle revendique haut et fort ses origines italiennes? Ai-je lu ou entendu qu'elle a été révoltée de voir ses parents exploités toute leur vie et que pour cette raison sans doute elle s'est engagée dans le syndicalisme dès qu'elle a obtenu un CDI? Qu'elle s'y est investie corps et âme? Qu'elle a eu un courage de dingue pour se présenter à un casting et s'est battue pour être choisie? Qu'elle aime les vide-greniers, et l'histoire, et faire du vélo, et voyager? Ai-je lu quelque part que Letizia aime la vie? Qu'elle est un peu plus qu'"une salariée", puis "la salariée" qui a tenté de se suicider sur son lieu de travail? Ces communiqués, ces articles, ces déclarations effacent son identité pour la réduire à un statut social, un geste, ce saut dans le vide, acte ultime et désespéré, objet depuis d'une tentative de récupération et d'un enjeu sordide, comme si toute sa vie devait inévitablement conduire et se résumer à cela. Comme si Letizia Storti ne devait laisser aucune autre trace de son passage sur terre qu'une silhouette qui chute indéfiniment".



J'ai lu d'une traite ce récit poignant, déchirant, plein d'humanité et d'empathie, porté par une très belle plume. Il témoigne avec beaucoup de sensibilité du destin tragique d'une femme détruite, et de la déshumanisation à l'oeuvre dans le monde du travail.



En partenariat avec les Editions du Seuil via Netgalley.

#Disparitioninquiétantedunefemmede56ans #NetGalleyFrance
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          502
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Cette femme c'était Letizia Storti. L'auteure avait fait sa connaissance sur le tournage du film "En guerre" de Stéphane Brizé et était restée un peu en contact avec elle après cela. Quand elle a appris sa disparition, elle a décidé de raconter son histoire afin qu'elle ne soit pas juste "une femme de 56ans".



C'est donc l'histoire d'une ouvrière qui a commencé à travaillé très jeune dans une grande entreprise et qui y est resté toute sa vie, d'une militante très engagée -ce qui lui a fallu de participer au tournage du film de Stéphane Brizé-, d'une mère, d'une femme.

A travers Letizia, c'est l'histoire de milliers de français qui est racontée. Des français qui se battent pour conserver leur travail quand les investissements de grands groupes doivent être rentabilisés, de leur stress, de la pression qu'ils subissent, de leur combat et parfois aussi, de leur chute...



J'ai trouvé révoltante la manière dont a été traitée Letizia et cela m'a secouée je dois bien le dire.

J'ai aimé le style de l'auteure que j'ai trouvé très fluide mais j'ai trouvé un déséquilibre entre la première partie que j'ai trouvée longue et la seconde. Même si j'ai bien conscience que les faits énoncés au début sont importants pour comprendre ce qui liait les 2 femmes, j'étais impatiente de savoir ce qui était arrivé à Mme Storti et ce qui l'avait menée à cet acte désespéré.



J'en ressors donc assez mitigée et je m'en sens presque coupable car je trouve très noble de la part d'Anne Plantagenet d'avoir voulu redonner un visage et un nom à cette femme qui a passé sa vie sans être réellement vue mais il me reste cependant un goût de trop peu dont je n'arrive pas à me défaire...
Commenter  J’apprécie          90
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Itinéraire pas si ordinaire d'une ouvrière anonyme

La vie de Letizia Storti présente tous les éléments pour en faire un roman. Hélas, c'est dans un récit témoignage qui fait froid dans le dos, que lui rend hommage Anne Plantagenet.

Qui ne rêve pas d'un petit rôle dans un film ? C'est ce qui arrive à cette ouvrière UPSA après qu'elle ait passé un casting, en 2018, pour un film de Stéphane Brizet.

Letizia, femme syndiquée, volontaire, un brin, provocatrice avec ses lunettes excentriques et ses mèches de couleur est choisie, élue, remarquée… Elle décroche le rôle d'une leader syndicaliste.

Qui ne rêve pas de tourner avec Vincent Lindon ? Qui ne rêve pas d'aller à Cannes ?

Cependant, après ces moments exaltants, le retour à l'usine n'est pas si facile. Lorsqu'un accident anodin l'oblige à arrêter le travail, c'est l'élément déclencheur qui va entraîner incompréhension, malveillance et méchanceté et la mènera vers l'enfer.

Un récit original, sincère et documenté d'une femme émue par les prestations cinématographiques et la personnalité de Letizia , qui permet à cette dernière de sortir des sordides faits divers par la porte ouverte et accueillante de la Littérature.

Commenter  J’apprécie          140
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Letizia Storti aurait pu rester une anonyme. Mais sa route a croisé un jour celle de Stéphane Brizé, réalisateur du film « En guerre », dans lequel elle a pu obtenir un rôle de figurante correspondant en tout point à celle qu’elle était dans la « vraie vie », une ouvrière engagée, syndiquée FO chez UPSA où elle a travaillé pendant 37 ans. C’est sur le tournage du film qu’Anne Plantagenet a rencontré pour la première fois Letizia Storti et elle l’a revue chez elle quelques mois plus tard pour l’interviewer. À cette occasion, la romancière a pu découvrir la femme derrière la travailleuse, sa simplicité, son humilité. Les deux femmes sont ensuite restées en contact, s’envoyant régulièrement puis plus ponctuellement des messages pour prendre des nouvelles, liées entre autres par leur origine italienne, et ce, jusqu’au 4 juin 2022 où Anne apprend par Stéphane Brizé la disparition de Letizia. Elle cherche alors à comprendre ce qu’il a pu se passer au cours des derniers mois et elle découvre le terrible engrenage dans lequel cette dernière s’est retrouvée : une chute malheureuse, la pression psychologique grandissante, une tentative de suicide sur son lieu de travail… Pour ne pas laisser Letizia tomber dans l’oubli, Anne décide d’écrire son histoire.

Le titre, Disparition inquiétante d’une femme de 56 ans, qui reprend les mots utilisés par la presse régionale lors de la disparition de Letizia, est l’élément qui a le plus suscité ma curiosité. Je me rends compte à quel point il est intelligent car il dit le fait divers et l’anonymat, ce que veut justement éviter Anne Plantagenet en dressant le portrait de cette femme forte et militante que fut Letizia Storti. Le récit est court et se dévore. On est très vite happé par l’histoire de Letizia, son parcours, ses combats, sa solitude aussi. Il y a quelque chose de très journalistique dans la manière de raconter mais aussi de très empathique, comme s’il y avait une urgence à ne rien omettre de la vie de Letizia, à être factuel, à dater, tout en racontant avec sensibilité et émotion les moments de joie puis la descente aux enfers. La force de ce récit est qu’il dit, sans concession et par l’exemple, la réalité du monde du travail dans ce qu’il a de plus odieux et de plus inhumain : dégradation des conditions de travail, communication difficile voire impossible avec les supérieurs et les responsables des ressources humaines, poste inadapté malgré une reconnaissance de « travailleur handicapé »… Ce livre est un très bel hommage.



Je remercie chaleureusement Babelio et les Éditions du Seuil pour cette découverte.


Lien : http://aperto-libro.over-blo..
Commenter  J’apprécie          270
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Le titre ne m'aurait jamais attiré. L'autrice, que je ne connais pas, non plus. Heureusement, il existe Babelio pour me faire découvrir des nouveautés car oui j'ai beaucoup aimé ce livre qui raconte l'histoire vraie d'une syndicaliste FO qui a été figurante dans le film de Stéphane Brizé (En guerre avec Vincent Lindon) que j'avais beaucoup apprécié; celle de Letizia Storti, fille d'immigrés italiens, qui aimait la vie, les gens, son travail; celle d'une ouvrière digne qui abhorrait l'injustice et luttait contre le cynisme d'un système économique qui ne finit plus de penser l'humain comme une variable d'ajustement. Anne Plantagenet raconte Letizia pour la sortir de l'anonymat que la presse de caniveau réserve toujours aux petites gens. "Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans" ont-ils titré; ôtant ainsi à Letizia son nom, son identité et son histoire. Alors l'autrice raconte. Et c'est triste. Émouvant. Rageant. J'ai éprouvé une peine immense pour Letizia et j'ai vomi ma bile contre toutes celles et ceux qui, dans l'entreprise UPSA, à Agen, lui ont fait la misère. Les cadres, les putains de cadres, qui ruinent, au nom de leurs putains de job, la vie de salariés, d'ouvriers qui ont sué, trimé pendant des années pour la pérennité d'une entreprise qu'il pensait la leur. J'ai ragé contre ce monde économique et social qui chante la dignité du travail pour attacher les individus à "leur" entreprise au point qu'ils n'arrivent plus à se définir autrement que par leur fonction productive, au point qu'ils se confondent avec leur outils de travail, au point qu'ils se donnent la mort quand on le leur ôte. J'ai insulté ce monde économique qui a la dignité du travail à la bouche mais qui n'a pas de mal à piétiner, cracher, humilier, réprimer ceux-là même qui croient profondément en son mythe. J'ai vomi ce système qui fait du travail une raison d'être, la seule raison d'être, et qui, pourtant, la détruit sans frémir pour toujours plus de fric. Letizia, elle, n'a pas supporté. Elle est tombée. Au point d'envisager un aller sans retour. Et elle a réussi. Elle est partie. Définitivement. Et c'est un crève-coeur. Une immense tristesse. C'est à lire. Absolument.
Commenter  J’apprécie          60
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Anne Plantagenet brosse le portrait de Letizia Storti qu'elle a rencontrée lors d'un tournage du film de Stéphane Brizé, « En guerre », en 2017. A ce moment-là Letizia avait 51 ans et était ouvrière dans l'entreprise pharmaceutique UPSA depuis plus de 30 ans. Elle était représentante syndicale au sein de Force Ouvrière. C'est avec cette expérience qu'elle s'est présentée au casting d'acteurs non professionnels et qu'elle s'est retrouvée aux côtés de Vincent Lindon. Elle ira même à Canne pour la sortie du film. Anne et Letizia gardent contact et s'envoient des messages. Elles ont en commun des racines italiennes.

Et puis en 2022, Anne apprend la disparition de Letizia ou plutôt « la disparition inquiétante d'une femme de 56 ans ». Elle décide d'essayer de comprendre ce qui est arrivé à Letizia. Elle constate sa chute, la façon dont elle a été maltraitée psychologiquement dans son travail par ses cadres et le service des ressources humaines, jusqu'à sa tentative de suicide sur son lieu de travail.

Avec une très belle plume, elle rend hommage à cette femme qui voulait continuer à travailler et qui était bien plus que le portrait fait par les médias. Ce livre tente de dire qui elle était et de ne pas l'oublier.

Un court récit touchant qui questionne sur le monde du travail et la pression exercée sur les employés. Cette histoire rappelle d'autres suicides dans d'autres grandes entreprises. le système managérial a-t-il évolué depuis ?



Je remercie Babelio et les éditions du seuil pour cette lecture
Lien : https://joellebooks.fr/2024/..
Commenter  J’apprécie          00
Disparition inquiétante d'une femme de 56 ans

Si vous avez apprécié "En guerre" et "Un autre monde" de Stéphane Brizé , le récit d'Anne Plantagenet en est plus qu'un prolongement, mais une autre facette tout aussi politique, le versant émouvant de la vie d'une ouvrière castée pour apparaître dans ces deux films traitant du monde du travail.

Imaginez deux secondes que vous travaillez à la chaîne dans une de ces nombreuses usines gérée par des fonds d'investissements étrangers dédiés à la rentabilité et aux dividendes de ses actionnaires. Cadences de plus en plus infernales au fil des ventes et des reventes de l'usine, engagement syndical pour essayer de ne pas sombrer et vie personnelle proche de la bête de somme avec ses galères financières, amoureuses et/ou conjugales. Quand, dans cet horizon morne, un réalisateur lance un casting pour faire du cinéma, une part de rêve s'immisce dans le quotidien. Quand vous êtes finalement prise pour quelques scènes du film, que vous partagez la vie d'une équipe de cinéma durant quelques journées, que ce film est sélectionné au festival de Cannes, que vous foulez avec quelques copains le tapis rouge ... c'est soudain le rêve dans la réalité. Letizia Storti a vécu cela et a lié une petite amitié avec l'autrice, présente durant le tournage.

Mais en dehors des projecteurs, la vie continue et le rêve est rangé au rayon des souvenirs... C'est tout cela qu'Anne Plantagenet raconte et bien plus... Bien plus , car, il est question ici d'une vie simple que quelques lumières éphémères de projecteur ont traversé, d'une vie d'ouvrière comme il en existe des millions en France, et qui, comme dans les films de Stéphane Brizé, va s'écraser face au mur du libéralisme et de l'indifférence du monde.

Entre culpabilité et désir de comprendre, le récit essaie de combler les trous d'une vie suivie en pointillés entre mails ou sms. C'est aussi simple que profond, aussi humain qu'émouvant. C'est une lecture qui touchera tout un chacun et un magnifique hommage à une anonyme qui ne le sera plus désormais grâce ce texte que l'on peut qualifier de magnifique.
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Anne Plantagenet (540)Voir plus

Quiz Voir plus

Trouvez le chanteur, la chanteuse, le groupe !

C'est une erreur mais les joueurs d'accordéon Au grand jamais on ne les met au Panthéon Mon vieux tu as dû te contenter du champ de navets, Sans grandes pompes et sans pompons et sans ave Mais les copains suivaient le sapin le cœur serré En rigolant pour faire semblant de ne pas pleurer Et dans nos cœurs pauvre joueur d'accordéon Il fait ma foi beaucoup moins froid qu'au Panthéon Indice : Fallet

Jacques Brel
Lio
Georges Brassens
Serge Lama

12 questions
144 lecteurs ont répondu
Thèmes : hédonismeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}