Ce qu'il avait vu, c'était une carte de voeux du magasin anglais Tesco : on voyait un père Noël avec un enfant roux dans les bras, et la légende disait : Le père Noël aime tous les petits, même les roux.
Son coeur battait comme si on l'avait agressé.
Il y a des gens, comme ça, qui aiment la bagarre. Et particulièrement la bagarre avec les roux. C'était fréquent dans sa vie. Peut-être que les blacks ou les rebeus ressentaient la même chose, et aussi les boutonneux, les gros, les lunetteux...pas mal de monde, en fait !
A cause de ses cheveux roux, il s'était fait exclure, maltraiter. Elle-même n'arrivait pas à le croire quand il le racontait. Mais c'était vrai. Et des années de méchanceté sans soutien avaient eu raison de sa combativité. " ça a toujours existé et ça existera toujours", avait dit Harold.
Axelle sentit les larmes lui monter aux yeux.
- Ah mais non ! cria-t-elle .
( p 81)
Jep était énervant. Il ne voulait jamais rien raconter ! En fait, son humour lui servait surtout à ne pas répondre.
- C'est n'importe quoi ! Comment peut-on peindre la fraîcheur du vent et le bruit des bêtes ?
- Les poètes sont des gens spéciaux. Ils peuvent faire des choses que les autres ne peuvent pas, simplement parce qu'ils y croient, affirma Jep en essuyant ses lunettes.
-Tiens un rouquin! fit une voix derrière lui.
Et voilà c'est reparti. Il y en avait toujours un pour dire ce genre de truc.
Il se retourna: celui qui avait parlé était un gars brun et mince, beau gosse... (page7)
Elle le comprenait, cette fois: c'était une question de vie ou de mort.
‹‹ Journée du coup de pied à un roux ››.
Comment peut-on être si cruel?
Elle ne laisserait pas faire! (page82)
Ainsi y a plus de Terre promise... Seigneur, Seigneur, où es-Tu ? Pourquoi m'abandonnes-Tu si près du but ?
C'est une mauvaise journée, Seigneur, je Te le dis comme je le pense. Kessiah et les gosses et moi aussi on est plus en sécurité chez l'Oncle Sam.
Il paraît que notre misère elle doit jamais finir. Jusqu'où vas-Tu nous éprouver ? Parfois j'ai l'impression que Tu joues avec nous comme un chat avec une souris.
- Pourquoi je ne peux pas la voir, la Mort, moi ? Ce n'est pas juste, dit-elle.
- On ne peut la voir que si elle vous a déjà regardé en face, dit Jep. On se connaît bien, elle et moi, c'est une vieille histoire !
- Comment ? Tu l'avais déjà vue avant ? s'étonna Ana.
- La première fois que je l'ai vue, j'avais ton âge, dit Jep
Le problème, c'est que si les souvenirs ne sortent jamais au grand jour, ils ne vieillissent pas... et donc, ils ne peuvent pas mourir ! Alors que font-ils quand décède la personne qui en est la gardienne ? Eh bien, ils migrent ! Ils vont ailleurs ! C'est ainsi que le souvenir de Jep a semé une graine dans ta tête...