Citations de Antoine Bello (346)
- Peut-on savoir ce qui vous amène à Hong Kong ? demandai-je en m'asseyant dans un fauteuil en bambou tendu de cuir rouge.
- Oh, trois fois rien, une rencontre avec des laboratoires pharmaceutiques. Nous lançons une épidémie de grippe.
- Pardon ? demanda Lena que j'avais oublié de prévenir.
- Mes clients commercialisent des vaccins, expliqua Vargas. Une épidémie mondiale ferait exploser leurs ventes.
- Et tuerait des milliers d'innocents !
- Mais non, nous ne contamineront personne. Nous allons juste rapprocher quelques cas ici ou là, en donnant l'illusion que le virus se propage.
Les premières rencontres disputées selon les nouvelles règles montraient que la fierté d'avoir participé à une partie serrée jusqu'au bout éclipsait largement la satisfaction que procurait la victoire.
Je lui expliquais ce que m'avaient appris mes cours d'anthropologie, à savoir que les sociétés ne se transforment pas de manière radicale mais évoluent par petites touches, sur des générations.
Nous sommes façonnés par notre environnement ; nos valeurs, que nous croyons ancrées dans nos tripes, sont en réalité le produit de l'éducation de nos parents, des mythes fondateurs de notre communauté et, naturellement, de nos propres expériences.
Chaque cité cultivait sa propre identité à l'intérieur d'une civilisation commune.
À Toronto comme ailleurs, fauteuils et banquettes de moleskine disparaissaient peu à peu des restaurants, remplacés par des sièges inconfortables qui accéléraient la rotation des clients.
Chris Marker fait dire à l'un de ses personnages : "Après quelques tours du monde, seule la banalité m'intéresse encore."
Le 12 ou 13, la gouverneur de l'Alaska participa au "Today Show", la grand-messe matinale de NBC. Je suivis l'émission dans ma cuisine en petit-déjeunant. J'étais en train de repêcher au péril de ma vie une tartine tombée au fond du grille-pain quand une question de la présentatrice me fit tendre l'oreille.
- Je croyais que tu étais au courant. Tu ne parles jamais à Mathilde ?
- Pas souvent, non. Mais je la suis sur Facebook.
Un scientifique qui arrête de douter ferait mieux de changer de métier.
Ma solitude n'était qu'un des nombreux symptômes d'un mal plus profond, auquel j'avais fait allusion devant Nina : je n'avais toujours pas trouvé ma place dans l'univers.
On m'installa à une table heureusement assez loin du bar où un groupe d'employés de bureau fêtaient le licenciement de leur chef.
- Alors, dit Gunnar en s'asseyant en face de moi, quoi de neuf à Toronto ?
- Pas grand-chose, j'en ai peur.
- C'est la paperasse, n'est-ce pas ? La paperasse et la politique ? Dès qu'une administration atteint une certaine taille, c'est la même chose.
Je n'avais jamais eu autant besoin de réfléchir et je n'avais jamais eu aussi peu de temps pour le faire.
Mais huit ans aux Opérations spéciales m'avait appris que les problèmes ne surgissent jamais où on les attend.
Caractéristique croustillante, les Bochimans n'avaient pas de mots pour désigner les différentes couleurs ou les nombres supérieurs à trois. Six se disait "deux et deux et deux".
J'avais parfois l'impression qu'il me fallait le rembarrer pour qu'il me prenne au sérieux.
Tous ont connu de grandes heures mais tous attendent encore leur chef-d'œuvre.
À entendre Gunnar, écrire un scénario spectaculaire était à la portée du premier journalistique venu, lui donner vie sans mettre en péril le CFR exigeait de bien plus rares qualités.
J'adhérai au CFR comme, étudiant, j'avais suivi des cours d'espagnol facultatifs : pour voir, et parce que cela ne coûtait pas grand-chose.
J'eus le temps quelques années plus tard de méditer sur les conséquences de mon insouciance.