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Citations de Antoine Jaquier (65)


L'unique chose qui me différenciait des autres animaux etait mon temps de lecture. En dehors de cela, je n'étais qu'une créature de plus qui bricolait pour ne crever ni de soif, ni de faim, ni de froid.
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Elle est devenue ma complice et mon amie. Ma mémoire. Le témoin de mon existence
Le totem de ma vie.
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Selon Jane, les motifs que les humains choisissent de s'encrer dans la peau sont l'expression d'une prière. On pense tatouer ce que l'on est, alors qu'inconsciemment on se pare de nos manques.
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Réfléchir n'est pas penser. Réfléchir, c'est calculer et recalculer. S'enfermer dans des sphères mentales, se croire intelligent et se convaincre soi-même d'avoir tout juste.
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Tes romans ne finissent pas mal, ce sont juste tes héros qui meurent. Mourir n'est pas bien ou mal.
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Le Grand Tri a été effectué par des algorithmes. L’humanité a été classée en trois catégories : les élites, 5 %, les désignés, 25 %, et les inutiles, 70 %.
À un poil près, j’échouais dans le groupe de queue. Ce qui m’avait sauvé était un héritage. Un pur hasard survenu au bon moment, quelques mois avant la Grande Lumière. On avait voulu me faire croire que mon statut d’écrivain avait suffi à m’inclure à la caste des désignés mais c’était un mensonge. La répartition a été effectuée sur la base de nos moyens financiers ainsi que sur notre prédisposition à la soumission. Riches indignés et nantis révolutionnaires n’ont, du jour au lendemain, plus eu accès à leur patrimoine.
Mes auteurs préférés ont été déblayés. Comme au temps du bloc de l’Est, l’éviction d’un artiste confirmait sa valeur. Vexé dans un premier temps de ne pas être persona non grata, la démangeaison dans mon amour-propre a rapidement laissé la place à un triste soulagement.
Une boîte de production liée à Foogle m’a spontanément proposé un contrat pour l’écriture de scénarios de séries à rallonge. D’improbables saisons onze, douze, treize, sans substance, qui pourtant marchaient bien. Ce job plan-plan sans réelles gratifications me convenait parfaitement. M’autorisait à continuer de me plaindre sans pour autant ruer dans les brancards.
À défaut de ce pactole j’aurais sans doute dû quitter l’appartement du centre-ville et perdu l’ensemble de mes droits aux divertissements, à l’instar de mon ex-femme et de mon fils, dont j’ai perdu la trace. Les inutiles ont été relégués au statut d’errants, chassés des localités, sans devoirs, mais sans droits non plus. Ils ont été déconnectés de la toile car le 4.0 ne fonctionne qu’entre gens du même monde.
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T’es trop bête, dit Victoria, toi cassé le gueule de Mélodie, Blerim va te tuer. Fallait pas toucher la fille, cette fois plus personne peut t’aider. Toi finir fond du lac avec pied de parasol autour du cou. Ou bien t’enfuir Amérique, ou bien toi mort.
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Alix expliqua à quel point il était important de coller à la fiction si l'on voulait incarner quelque chose. Le réel ne serait qu'une pâle copie de l'imaginaire et les personnages plus importants que les personnes. p. 104
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[...] celle qui vivait désormais avec moi, somme toute, a la manière d'un chat. Il lui arrivait de disparaître une semaine, puis je la retrouvais un matin, poussiéreuse, lovée en boule dans un coin de mon lit.
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C’est vrai qu’il me suffirait d’engrosser la première venue pour m’entourer de bambins. Je n’ai plus le droit d’approcher des enfants mais je pourrais les fabriquer. C’est même si bien organisé que l’État me filerait des allocs pour que je rentre dans ce système – celui des faibles. Selon moi les gens font des mômes pour se donner l’illusion d’un sens à leur vie, ils verrouillent la question. Au lieu de rendre glorieuse leur existence, ils misent tout sur une autre. C’est aussi une manière de s’autoproclamer roi d’un royaume, un royaume minable, mais un royaume quand même. Une manière de se créer une cour. C’est exactement ce qu’a fait mon père. Se sentir intelligent et cultivé face à un gamin, quel exploit! Le sentiment de toute-puissance sans la moindre légitimité, c’est à mon avis ce qu’offre la progéniture. Ce qui me dépasse le plus c’est que lorsqu’un couple va se reproduire, on le félicite.
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Sur ellui, le rouge fut tout à fait remarquable et ses lèvres ardentes s'associaient parfaitement à sa belle chevelure dans un trouble transgenre très réussi. Depuis qu'iel nous avait rejoints, Alix utilisait mes rasoirs et jamais je n'avais revu l'ombre d'un poil à son menton. Garçon ou fille, bien malin celui qui aurait pu le dire. Iel était un superbe spécimen de l'espèce humaine, sorte de Julien Doré non-binaire comme on aimait le dire avant la fin des temps.
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Qu’ils évaporent si rapidement était invraisemblable. J’étais aussi seul qu’un écrivain perdant d’un clic son texte dans les méandres de l’informatique. Seul témoin peu fiable d’une histoire impossible à réécrire et doutant instantanément de l’avoir vraiment vécue.
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Depuis qu’iel nous avait rejoints, Alix utilisait mes rasoirs et jamais je n’avais vu l’ombre d’un poil à son menton. Garçon ou fille, bien malin celui qui aurait pu le dire. Iel était un superbe spécimen de l’espèce humaine, sorte de Julien Doré non-binaire comme on aimait le dire avant la fin des temps. Son élégance tranchait avec le champ de ruines.
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La plupart d’entre eux n’étaient pas encore scolarisés lors du « Qu’ils viennent me chercher » de Macron en 2018. Ces enfants de Gilets jaunes ne s’étaient pourtant pas gênés, presque dix ans plus tard, au terme de son second mandat, pour lui pour donner une grosse fessée cul-nu filmée sur les escaliers du Palais qui sidéra la France entière.
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Mira avait pédalé pour charger la batterie et regardait l’unique série stockée dans mon laptop, onze saisons tout de même. Si c’était à refaire, ce sont des dizaines de téraoctets de films et autres vidéos que je conserverais au chaud dans un disque dur externe. Sans compter la musique. J’amoncellerais également jeux de cartes et autres jeux de société. On mesure mal le défi que représente la gestion de l’ennui dans un univers tournant au ralenti. Lorsque chaque watt d’énergie est investi dans la logistique, les divertissements se rabougrissent et si je n’avais pas pensé à amasser de la lecture, je crois que je me serais suicidé le deuxième hiver.
Une bibliothèque bien fournie est de plus l’élément clé de la survie. Le réflexe Google nous l’avait fait oublier. Même si on peut tout planifier, rien ne se déroule comme on l’imagine et la science contenue dans la littérature spécialisée permet de gagner cinq ans d’expérimentations foireuses, cinq ans que d’ailleurs nous n’avons pas, lorsque l’on vit au jour le jour.
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Malheureusement pour le monde, les événements m’ont donné raison. Trop orgueilleux pour plier, le système a rompu. La maxime affirmant que neuf repas séparent la civilisation du chaos était à peine exagérée. Le jour où les pompes à essence d’Europe ont cessé d’être ravitaillées, un mois a suffi pour vider hôpitaux et supermarchés de leurs biens de première nécessité. Pas d’essence – pas de camion. Pas de camion – pas de chocolat. Très vite l’argent ne permettait plus d’acheter. Il n’en fallut pas moins pour découvrir que nous ne fonctionnions pas à flux tendu que pour les masques et le paracétamol, parfaitement dépendants d’un pétrole et d’un gaz que nous ne possédions pas. Apprenant hébétés, de la bouche de notre président, qu’une centrale ne peut pas tourner sans hydrocarbure et que les réserves du pays, tant vantées lors des premiers vacillements, s’avéraient au final insuffisantes face à la réalité des besoins.
A lire la terreur dans les yeux de notre chef des armées ce jour-là, nous comprîmes vite que nous ne le reverrions pas.
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Trouvé des torches électriques rechargeables à la dynamo. Des médicaments à la date de péremption la plus éloignée possible. Des litres de désinfectant. Une agrafeuse à points de suture. Des bandages au mètre et même un tourniquet remplaçant de ce bon vieux garrot pour arrêter le saignement en cas de blessure grave.
Ma grande victoire a été, à défaut de morphine, le carton d’antibiotiques à large spectre acheté au black à la cantine des stagiaires en médecine de la Salpêtrière.
- Z’ont qu’à nous payer correc’, m’avait dit le jeune homme alors que je m’inquiétais que le stock manque à son service.
Je ne ratais pas une occasion de venir dans les Vosges mais ma femme refusait de m’y accompagner. Elle se fichait de moi et de ma BAD, base autonome durable, et me reprochait à la moindre occasion le crédit pris pour l’achat de ce qu’elle considérait comme une ruine. Je lui faisais honte avec mes prophéties délirantes qui débordaient de partout dès que j’ouvrais la bouche. Ne comprenant pas que c’était la Création tout entière qui nous poussait vers la sortie, elle s’obstinait à donner sa confiance à ce gouvernement pour lequel elle avait voté et dont elle ne voyait pas les ficelles. L’appartement du VIIIe arrondissement était selon elle notre seul vrai repaire. Jamais l’ennemi n’oserait utiliser de bombe nucléaire et nos centrales sont bien gardées, disait-elle.
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Incipit :
Dix bornes me séparaient de la première habitation. Hurler au ciel m’avait bien éclaté, surtout le nuit, puis je m’étais habitué.
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Le temps d'une cigarette aux chiottes de la boîte de com' pour laquelle je bossais, le monde avait changé. L'unique paramètre invariable était cette Raison marchande et son dieu Argent qui, tel un train des enfers, traversaient les décennies écrasant tout sur leur passage et contre lesquels il avait toujours été vain de lutter.
S'impliquer dans la promotion des énergies vertes comme je l'avais fait s'était avéré plus sournois que constructif pour la planète. Le problème collectif étant insoluble, au final, viser l'autonomie et devenir indépendant était la seule option constructive et cela m'obsédait même. Pas besoin de brainstorming pour trouver le nom parfait à mon projet: Au revoir - merci.
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LES PREMIÈRES LIGNES
« Dix bornes me séparaient de la première habitation. Hurler au ciel m'avait bien éclaté, surtout la nuit, puis je m'étais habitué.
Autrefois la ferme était un alpage où les anciens faisaient paître leurs troupeaux durant l'été. Achetée en sale état, je l'avais retapée pour permettre à un couple de vivre en autarcie un an ou deux, le temps de me retourner, en cas d'effondrement du système ou si le conflit à l'Est faisait d'un coup tache d'huile.
Dans l'annonce, sa source d'eau était un détail bucolique mais c'est elle qui m'avait convaincu d'acquérir ce terrain. Qu'à moyen terme l'eau devienne notre bien le plus précieux ne faisait pas l'ombre d'un doute.
Mes ancêtres avaient vécu des millénaires sans électricité ni eau courante, on n'allait pas me faire croire que j'en étais incapable. De plus, nous disposons aujourd'hui de connaissances scientifiques et tech- niques qui, du temps de Kaamelott, nous auraient fait des passer pour mages. Il suffisait de me remettre à jour mais il fallait le faire tant qu'internet fonctionnait et que mon voisin ne me logeait pas une balle dans le buffet si je m'approchais à moins de dix mètres pour parler jardinage.
Depuis les coups de semonce et les attentats des mercenaires de Poutine sur le sol européen, nous étions tous épuisés par cette menace couplée à ces vagues successives de pandémies auxquelles personne ne comprenait rien. Cyberattaques et coupures de courant paralysaient tout révélant l'abysse de notre faiblesse. Les gens devenaient fous, les ventes d'armes s'étaient envolées et plus aucune marque de vêtements ne déclinait une collection sans son volet paramilitaire. On oscillait entre aspiration au camouflage et espoir que tout pète enfin, tel un orage d'été clôturant la canicule assassine, rendant, malgré sa violence, l'air respirable pour un temps.
Dans ce contexte, accepter l'imminence d'une crise climatique majeure et définitive qui allait nous faire regretter les horreurs d'une bonne guerre à l'ancienne, c'était trop.
Plus question de l'insoumission ou de la rébellion de mes vingt ans - j'avais lâché l'affaire. »
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