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Citations de Antoine Sénanque (258)


Et elle était contagieuse, la tristesse du docteur Petit-Jean, depuis le temps qu'elle occupait l'espace. Elle avait peu à peu infecté les objets de la pièce, ses meubles, ses bibelots et l'air aussi. Elle lui avait donné une épaisseur qui pesait sur les poumons, qui essoufflait.
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Il se lavait peu, changeait ses vêtements avec réticence à la fin de la semaine et se nourrissait du menu réservé aux humains solitaires : surgelés, boîtes, sachets. Une nourriture toujours enveloppée et gravée d’une date, comme les croix des tombes.
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On devrait toujours remplacer le mot « personne » par « très peu de gens », répondit Nikolas. Personne ne pouvait craquer le génome humain, personne ne pouvait créer l'intelligence artificielle, personne ne pouvait créer les nanorobots. Au XXIème siècle, il y a toujours quelqu'un derrière personne.
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Il n'y avait pas de réponse claire à la question de savoir pourquoi certains préféraient au pollen quotidien le miel noir que Pierre Mourange et ses deux amis aimaient butiner ensemble. Parce que c'était peut-être là et nulle part ailleurs qu'on s'amusait, chatouillé par les doigts des ombres.
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Pierre se méfiait de ceux qui n'entretenaient pas d'amitié avec la mort. Ils n'étaient de vrais amis de la vie. Ils pouvaient paraître lui manifester bruyamment leur attachement en ne sortant jamais sans protection, sans revêtir un uniforme défensif pour chaque activité en plein air, sans serrer leur ceinture de sécurité au moindre pas, sans surveiller tous les paramètres de leur biologie, l'état de leurs poumons, de leur coeur, de leur cerveau...tout cela ne faisait pas des amoureux de la vie, mais des comptables qui augmentaient leur recette de jours. Ils surveillaient leurs dépenses, en jugeant sévèrement les cigales qui laissaient couler leur santé entre leurs mains, hommes sans conscience.
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« Faire le point », règle matinale et militaire du docteur Crapal, surnommé « Crapaud » par les hiboux [résidents de la maison de retraire] qui aimaient l'entendre au pluriel. Il était bizarrement jeune, sur la frontière de la quarantaine. Il ne faisait pas plus, pas moins non plus, mais il n'avait pas les marques de la reconnaissance de son âge. Le regard ne brillait pas, la démarche manquait d'impulsion, la jeunesse avait laissé un mot d'absence à sa place encore tiède mais vide.
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- T'as remarqué qu'il y avait de plus en plus de connards à Paris ?
- Oui, répond Camille, c'est normal, le con est devenu une espèce protégée. C'est le couvre-feu pour les autres. La ville n'autorise la circulation que des gardiens de l'ordre moral, les surveillants qui font respecter les vertus civiques et chassent les dissidents. On n'arrête pas de féliciter les cons, donc ils montent en puissance. C'est l'effet récompense. Quand tu es montré en exemple, tu prends de l'assurance. Ils forment l'axe du bien, ceux qui pensent air pur, trottoirs propres, vélos, trottinettes, tous les jours décorés du grand ordre des aseptisés, dans les journaux, sur les murs, à la télé. Ça finit par leur monter à la tête toutes ces félicitations. Maintenant, ils seraient capables de t'étrangler pour t'apprendre à respecter l'oxygène. En t'en privant radicalement. Leurs mains gantées de vert ne laissent pas de traces et ils ont un bon avocat, Maître du Comme il faut, un ténor du barreau qui obtient toujours la grâce des criminels qui agissent en état de légitime morale.
- C'est pas seulement Paris...
- Non, c'est sûr, c'est un grand sujet la connerie, ça dépasse nos murs, c'est de la sociologie et de la médecine aussi. C'est le quatrième agent infectieux reconnu après les bactéries, les virus t les prions : très contagieux, très virulent, très présent. Avec la démographie galopante, le problème ne peut que s'aggraver. [...] Il y a une étude anglaise. On a perdu 14 points de QI depuis l'époque victorienne. À chaque génération, on devient plus con. C'est scientifiquement prouvé et ça s'accélère. Des Norvégiens qui viennent d'étudier la question prévoient une perte de 7 points de QI pour chaque nouvelle génération. Ils ne proposent pas de solution sauf manger plus de poisson, mais c'est des Norvégiens.
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Le silence durait. Il manquait une horloge qui aurait mis l'ennui en musique.
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Il ne faut pas que je mange gras, il ne faut pas que je boive d'alcool, il ne faut pas que je fume, il faut que je porte un casque quand je vais à vélo dans Paris. Il faut surveiller ce que je respire, ce que je touche, ce que je pense. Il faut que je fasse très attention, globalement. Je me demande quel mal j'ai pu faire à la vie pour devoir consacrer autant d'efforts à m'en protéger.
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J'attendais ma famille.
Dans l'antichambre d'un cabinet de psychiatrie. Pour une séance de groupe. Le psychiatre s'appelle le docteur Petit-Jean, 43 rue du Cherche-Midi, Paris 7.
Je donne l'adresse parce que les psychiatres sont plus des lieux que des personnes. Des endroits où les rendez-vous avec vous-même coûte de l'argent.
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Les hommes lui parurent épais et mortels.
Retour au pays des viandes vivantes, se dit-il.
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Il n’éprouvait pas de mal-être majeur […] mais il observait un fait indiscutable : la quantité d’alcool qu’il ingérait quotidiennement suivait une courbe ascendante d’année en année. Ce qui n’était pas le symptôme le plus reconnu de la tranquillité intérieure. (p. 27-28)
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Le regard ne brillait pas, la démarche manquait d’impulsion, la jeunesse avait laissé un mot d’absence à sa place encore tiède, mais vide. (p. 64)
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C’est cela que certains enfants font, au cœur des adultes, lever les poussières, les espérances non recueillies, les émotions laissées, pour reconstruire des sentiments à la peau neuve qui ne leur appartiennent pas. (p. 127)
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Chacun connaissait trop bien la musique de leur amitié pour ne pas saisir les petites erreurs de cadences. La durée des échanges téléphoniques et des messages s’était raccourcie, les rendez-vous promis repoussés à plus tard. Aucune fausse note réelle, mais des accords un peu moins naturels, des variations. (p. 203)
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Ils avaient chacun la même allergie aux femmes nature, les fermières des villes, lavées au savon, le cheveu filasse, habillées en marron avec du tissu épais. Sans maquillage, le teint écologique sans volonté de nuire à la planète mais terriblement toxique pour le désir des hommes et avec quelque chose de piquant en elles. Au sens propre. Un pull râpeux, une jambe moins lisse. Un côté ronce.
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Le regard ne brillait pas,la démarche manquait d'impulsion, la jeunesse avait laissé un mot d'absence à sa place encore tiède mais vide.
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La sympathie ironique de ses collègues ne le satisfaisait pas.Il en avait conçu une amertume profonde et un ulcère superficel du duodénum, qu'il traitait comme dans les années 50 en buvant un grand verre de lait à chaque repas pour réduire les acidités de son corps. Guise, en vérité , n'était pas alcalin de nature. Et les parois virtuelles de son esprit souffraient, comme celles de son tube digestif, des grandes désillusions de son existence.
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Il essuya ses mains, en les tournant l’une sur l’autre, un geste de vieux, qu’il avait vu souvent faire à ses patients. Sa peau sentait la bière. On lui avait appris à être attentif aux signes. Les maladies avaient leur odeur. Les diabétiques sentaient l’acétone, les cirrhotiques l’ammoniac, les tuberculeux le chlore. On disait que les chiens pouvaient détecter les maladies mieux que les médecins mais que si les hommes marchaient à quatre pattes et reniflaient la terre, ils sentiraient presque aussi bien qu’eux. Les médecins devraient se baisser sur la piste des maladies. 
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 Ma nuit se compose de deux parties : l’une où je cherche le sommeil, l’autre où je ne le trouve pas. 
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