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Citations de Antoine Sénanque (248)


Tu voulais savoir la différence entre Platon et Aristote ? Demande au lion. Pour le sculpter, Platon l'aurait cherché dans sa tête, Aristote dans la pierre. L'un croyait que la mémoire contenait le modèle de toutes choses, l'autre que rien ne pouvait exister sans la matière.
Platon aurait demandé à l'artiste de copier le lion qui posait dans son esprit, Aristote lui aurait dit de l'extraire du marbre où il attendait sa main habile pour le libérer.
L'un va chercher la beauté hors du monde, l'autre le trouve ici-bas. Tu as compris ?
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Comme le disait un sage :
"Être superstitieux est un comportement d'ignorants, mais ne pas l'être porte malheur."
P76
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Pourtant son esprit était délié mais il laissait son aspect pitoyable parler à sa place pour limiter les corvées qu'on hésitait à exiger de lui. Il prétendait qu'une fatigue naturelle héritée du ciel lui tenait lieu d'ange gardien. Je pense plutôt qu'une grande paresse gardienne, héritée de lui-même, l'assistait dans tous les actes de la vie.
(page 134)
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En 1219, un concile interdit définitivement au clergé de l'exercer (la médecine), ordonnant aux moines qui étudiaient la santé des hommes de retourner à l'étude de la santé de Dieu. La profession médicale revient alors aux laïcs des universités qui se prétendaient clercs. Quelques monastères continuèrent à prodiguer des soins malgré l'interdit, mais leurs moines ne pratiquaient jamais de saignée, ni d'acte chirurgical. Un vieux principe leur interdisait : Ecclesia abhorret a sanguine, "L’Église a horreur du sang". La chirurgie avait été abandonnée aux barbiers qui possédaient dans leurs échoppes des lames assez coupantes pour l'exercer. On jugeait que leur habileté à manier le ciseau sur les barbes leur donnait une compétence pour les gestes chirurgicaux que le diable devait pratiquer avec eux puisqu'ils s'achevaient presque toujours par l'infection et la mort de leur patient.
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Le plomb, c'est l'homme misérable que nous sommes lorsque nous vivons selon les désirs terrestres. L'or, c'est l'homme spirituel, enrichi de Dieu. Et la pierre philosophale qui transforme l'un en l'autre s'appelle le détachement. Lorsque tu auras abandonné la volonté d'obtenir quelque chose , tu auras gravi la première marche du détachement.
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Il avait reçu la parole dun homme qui ne trahissait pas son prochain. Guillaume avait sa confiance, mais son passé d'inquisiteur le lui avait appris : un homme de confiance restait toujours un homme qu'on n'avait pas encore soumis à la question.
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Toulouse était une ville de brique, ce qui en faisait une ville de chrétiens. La brique était la signature de la pauvreté, moins chère que la pierre, elle convenait aux ordres mendiants et elle avait la couleur du sang des Cathares qui avaient fait de la cité la capitale des Dominicains.
- J'aime bien cette ville, dit Robert.
- Pourquoi ?
- Je ne sais pas...on y sent la foi.
Ils avaient croisé des dizaines de pèlerins sur la route, plusieurs avec les pieds ensanglantés qui tachaient les chiffons enveloppant leurs chausses. Des campements de fortune se dressaient partout, le long de la vie principale, la voie Tolosana. Compostelle était au bout. Deux cents lieues de marche, si l'on arrivait à franchir les montagnes. Pour les vieux pèlerins, le bout s'appelait Toulouse. On les enterrait au cimetière Saint-Michel avec leur coquille sur le cœur. La rumeur disait que dans l'hôtel-Dieu qui les recueillait, les aidants leur parlaient en espagnol pour leur faire croire qu'ils avait atteint Saint-Jacques.
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Selon Bruce Lipton : "Tous les aspects de la biologie, la synthèse de l'ADN et des protéines par exemple, sont régis par les champs énergétiques. L'énergie façonne la matière. Les cellules réagissent à toutes les formes de champ électromagnétique de champ énergétique et de propriétés mécaniques quantiques. ''
P85
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Sa bouche édentée paraissait faite pour le venin. Il avait d'ailleurs un œil de serpent, à moitié crevé par une brûlure ancienne qui avait opacifié sa pupille, la striant de taies jaunes qui l'étiraient verticalement comme celle d'une vipère. Quand il parlait, il penchait la tête vers son épaule pour explorer le champ éteint de son œil aveugle. Sa tonsure était irrégulière, il était sale et puant. Il exhibait sa pauvreté d'apparence comme preuve de sa foi, un bon franciscain devant paraitre plus mendiant que les éclopés pourrissant aux portes de l'église et donner ainsi leçon d'humilité aux frères dominicains pervertis par le luxe.
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-Quel est le but d'une existence terrestre, Guillaume ? me demanda-t-il.
-Le bonheur.
-Bien sûr, mais quel bonheur? La santé, la bonne humeur, la paix intérieure, le confort pour toi et pour les tiens?
-Je ne vois rien de plus désirable.
-Non? Alors pourquoi ceux qui les obtiennent désirent-ils encore? Si l'assouvissement du désir n'exigeait rien au-delà de ses limites, à quoi servirait cette force en nous qui ne s'apaise jamais? Non, Guillaume, notre désir est fait pour Dieu, puisqu'il est infini.

( celui qui interroge est Maître Eckhart )
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"Tu as une mémoire de vieillard", disait Robert à son compagnon qui le corrigeait : " Les vieillards oublient tout." Mais, pour Robert, la vieillesse commençait à trente ans. La jeunesse n'avait pas besoin de souvenirs. Elle vivait du jour, des sensations de l'instant, insouciante du lendemain. La mémoire faisait des provisions, elle annonçait les fins à venir et signait l'âge.
(page 175)
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Je pense que les maladies prennent conseil, dans le monde invisible, débattent entre elles, échangent leur expérience et jugent leurs hôtes. À la qualité de l’accueil.
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Le peuple de la Sorbonne était essentiellement composé de gens d'Église. Ce qui ne les empêchait pas de se battre comme des soudards. Entre les moinesréguliers dont je faisais partie et les prêtres séculiers qui nous méprisaient, tout ce petit monde se bénissait d'ecchymoses et de bosses.
Les convictions philosophiques étaient aussi matière à contusions.
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Freud a donné des noms propres aux trois blessures narcissiques subies par l'humanité depuis la Renaissance : Copernic, Darwin et le sien.
La Terre n'est plus au centre de l'univers, l'homme est un animal comme un autre, la conscience n'est pas maîtresse d'elle-même.
p213
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Les médecins grecs abandonnaient les malades qu'ils jugeaient intraitables. Sans le cacher. La médecine était définie honnêtement comme un champ limité. Elle ne pouvait pas tout guérir. Elle laissait les miracles en dehors de son territoire, sans nier leur existence et en reconnaissant l'importance des prêtres, sans esprit de concurrence. Les médecins grecs s'opposaient aux devins, pas aux sanctuaires; à la magie, pas à la religion. [...]
"Envoyez les incurables au temple"
P46
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Le voyage jusqu’à Marseille lui montra le fracas de la peste et le bien qu’elle laissait au monde : des routes désertes, des villages silencieux, des rues et des places délabrées. Les hommes s’évitaient et masquaient leurs visages. Les regards ne portaient que terreur et découragement. Chacun se recroquevillait derrière ses murs. L’horizon s’arrêtait aux barrières des maisons. La société des hommes avaient volé en éclats. Marchés, fêtes, cérémonies ne mélangeaient plus les humains. Les cœurs s’étaient fermés. Ne restaient plus que des clans qui défendaient leur famille et leur territoire. Les hommes ressemblaient aux loups que la pestilence avait rendus plus nombreux et plus redoutables. La famine et le froid avaient ramassé la faux que la maladie avait abandonnée et tuaient maintenant autant qu’elle. Les canailles vous égorgeaient pour un morceau de viande, personne n’osait plus voyager et Guillaume ne dut sa vie sauve qu’à son habit de dominicain, car les gens respectaient Dieu depuis qu’ils avaient vu le diable.
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L’Inquisition se meurt, Guillaume, et ne se relève pas des temps de peste, continua-t-il après avoir bu une longue gorgée du breuvage sans paraître en ressentir la brûlure. Tu sais comment les gens du peuple appellent la grande épidémie ? Le fléau de Dieu. C’est le nom qu’ils donnaient à mon tribunal. Mais le bras qui les a châtiés s’est abattu bien plus fort que le mien. C’est la peste qui a redressé la chrétienté. Aucun de nos châtiments, aucune de nos tortures n’aurait pu terrifier les pécheurs à ce point. Depuis, le peuple fait pénitence. En Allemagne et tout au long du Rhin, entre Bâle et Strasbourg, des groupes de laïcs se regroupent dans la simplicité et le service des autres. Leur seule aspiration est d’imiter le Christ. On les appelle les « amis de Dieu ». On devrait dire les « amis de la peste ». Ils ne sont pas guettés par les hérésies car ils ne réfléchissent pas. Ils ne pensent pas leur foi, ils la vivent. Simplement. La peste a tué la pensée. Les idées sont mortes sur les charrettes qui portaient les corps de ses victimes. Les catastrophes ont cet effet sur l’humanité, elles tuent les ambitions. Elles rendent l’humilité au monde et les inquisitions inutiles. Les amis de la peste n’essaieront jamais d’atteindre le ciel. Ils prennent Jésus comme maître de vie. Jésus, l’homme, pas le fils de Dieu. La hauteur d’homme, Guillaume, c’est l’altitude de l’avenir. Personne ne voudra monter plus haut.
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Tu verras, Antonin, murmura le prieur soudain pensif, les souvenirs ont des bras. Pour nous enlacer comme ceux d’une mère bienveillante et réchauffer nos cœurs ou bien serrer nos gorges pour étouffer notre soif de vivre.
(p.162)
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« Qui a des morts ?... Qui a des morts ? »
Moi, j'ai des morts. Moi, mon propre sonneur, j'ai de quoi remplir ma charrette avec le gâchis de ma vie d'homme, avec le jeune Guillaume qui repose dans ma mémoire, le moine ardent que j'étais, celui qui tenait ses mains propres à l'eau de sa foi en Christ, avant de les souiller de sang… Qui a des morts ? Moi j'ai des morts : tous ces hommes de bien qui avaient mon visage et qui n'ont pas survécu. Ces hommes justes, ces hommes doux, ces hommes d'espérance que la peste m'a arrachés. Ces hommes heureux que je n'ai pas su retenir, que je n'ai pas su maintenir en vie et dont je garde les dépouilles dans une fosse intérieure où reposent, sans paix, tous les hommes que j'ai été. Oui, j'ai des morts…
(p.78)
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La vie est sèche, Antonin, c'est pour ça qu'il faut pleurer dessus. Pour qu'on puisse y faire pousser quelque chose.
(p.425)
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