Pépin, le chat, a disparu.
La mère et la fille lui écrivent des lettres pour le faire revenir...
Un très court roman épistolaire avec une succession de lettres et de surprises amusantes comme signatures des lettres.
J'ai beaucoup apprécié ce titre de la jeune auteure suisse romande.
Commenter  J’apprécie         70
Après le monde (le titre fait très certainement référence à After London de Richard Jefferies) met en scène l'effondrement de notre société, dans une très réaliste combinaison de causalités environnementales et financières. Antoinette Rychner a mis des mots sur des angoisses très profondes qui me traversent, ça fait du bien et ça fait mal. Au cours de ma lecture je n'arrêtais pas de penser que oui, il y a toutes les raisons pour que ça se passe exactement comme ça à plus ou moins longue échéance dans le futur. C'est donc un livre profondément déprimant par son réalisme (finalement rare dans les oeuvres d'anticipation): on n'est pas dans du cataclysmique, on est dans les conséquences directes et très probables du monde tel qu'il est aujourd'hui, dans un glissement d'un jeu de dominos déjà en place. L'auteur alterne un récit collectif à porté universelle écrit au féminin pluriel (on pourrait croire à un effet de style et de mode un peu facile, mais il faut reconnaitre que ça marche très bien et que ça donne vraiment une autre couleur au texte), et des bouts de vies de femmes illustrant concrètement et localement cet effondrement sur une vingtaine d'année. Si elle ne réussit pas à avoir peut-être une grande porté littéraire, Antoinette Rychner n'oublie aucun détail: la médecine sans moyens, les mouvements d'extrême droite, l'agriculture dans un climat qui change, les centrales nucléaires sans l'Etat pour les entretenir, la contraception, la mortalité des enfants sans vaccins... Ça donne envie de se bouger (mais quels pouvoirs politiques avons-nous réellement?), mais aussi de profiter de ce qui compte vraiment avant que ça parte sérieusement en couille.
Commenter  J’apprécie         60
Une plume fluide, élégante, au phrasé musical et raffiné... Que demander de plus ? Alors voilà: un peu de chair que diable! Pour qui ne connaît pas la Suisse et n'associe rien au nom de “La Tchaux” par exemple, le désespoir est cuisant. Quand donc cet ouvrage va -t-il cesser de faire l’inventaire des moments d’une société utopiste modélisée par les activités exemplaires d’une série de personnages abstraits et falots pour commencer l'histoire ? le récit ? l'aventure ? Les enjeux ? Les rebondissements ? la beauté (ou la laideur) ? La description d’organisations sociétales alternatives idéalement (et helvétiquement) artisanales en lieu et en place d’une intrigue, disons, un tantinet plus dramatique sont... ennuyeux. On finit par se dire que l'auteur aurait mieux fait d'écrire les éditoriaux d'un quotidien engagé que de masquer sa nature - et ses activités - tout à fait respectables par ailleurs - de philosophe politique sous le terme de “roman”.
Commenter  J’apprécie         64
2022, les éléments naturels se déchaînent aux États Unis et constituent le déclencheur d’une crise financière sans précédent qui se propage rapidement et inéluctablement au monde entier. Ses conséquences sont délétères pour l’humanité et son activité économique, tous les réseaux d’eau, d’électricité, de communications, d’approvisionnement en nourriture sont défaillants et les survivants doivent composer avec ce qui reste. Des tranches de vie sont décrites dans les années qui suivent, vers 2030, elles sont très disparates et décrivent plus une débrouille individuelle qu’une organisation collective qui a du mal à émerger. La seule originalité de l’ouvrage, est l’emploi systématique du féminin en lieu et place du masculin généralement utilisé. Le monde devient féminin, même si l’homme y a encore sa place ! Il est difficile d'y appréhender un monde nouveau, mais peut-être es t’il encore seulement en gestation douloureuse ?
Un grand nombre de lieux communs jalonnent cette histoire et en minimisent l’impact. On est bien loin de la puissance évocatrice de « la route » de Cormac McCarthy ou de « Ravage » de René Barjavel.
Commenter  J’apprécie         50
J'ai reçu ce livre et j'ai été enchantée de lire le résumé : wahou quel sujet!
J'ai directement commencé, les premières pages étaient très prometteuses et puis... déception !
Que c'est plat!
Peu de dialogue, peu d'interaction, quel dommage.
J'ai abandonné, je suis vraiment déçue car le sujet est intéressant !
Commenter  J’apprécie         40
L'autrice nous conte l'histoire d'un futur pas si lointain, où l'économie, et donc la société se sera effondrée. Faut-il lire ce roman en période de confinement ? ... Ce n'est pas certain, ça peut être parfois anxiogène, tant les situations sont plausibles !
Toutefois, outre d'éventuels liens avec une situation connue, on découvre ici une situation plutôt réaliste, et un récit qui oscille entre passé, présent, puis futur. Décrit comme "eco-féministe" (quoi que veuille dire ce terme étrange), le récit au présent est entrecoupé de "Chants" qui content le passé au féminin pluriel. Ce choix esthétique m'a fait penser à "Certaines n'avaient jamais vu la mer" de Julie Otsuka, qui avaient également fait le choix d'un récit en "Nous". Ca donne une puissance assez folle à ce roman, qui nous remue tripes et boyaux.
L'ouvrage parvient à équilibrer brillamment espoir et désespoir, et à nous emporter à travers l'histoire de toutes ses femmes, terriblement humaines, qui vivent ou survivent de leur mieux, parfois heureuse de ce nouveau monde, parfois hanté par l'ancien.
C'est brillant, c'est beau, et c'est particulièrement bouleversant.
Commenter  J’apprécie         40
Merci à Babelio et aux éditions Buchet Castel pour l’envoi de ce livre. Ce n’était pas mon premier roman “collapsologiste”: je venais juste de finir [i]Les Mandible[/i] et le hasard m’a envoyé Après le monde.
Dans celui-ci, c’est un cyclone qui est à l’origine de la débâcle.
Si le roman a pour ambition de nous remettre en question, nous et nos actes, c’est réussi: je n’ai pas manqué de m’interroger, dès les premières lignes, en lisant les “nous qui”... utilisions des cup, “nous qui” faisions tout un tas de ce qu’on appelle les “bons gestes”. C’est en effet mon cas, ainsi que plein de mes amies, mais d’emblée, ce roman nous montre combien ces gestes sont futiles et ne servent pas à grand chose pour le monde, à part se donner bonne conscience. Première tentative de déstabilisation : réussie.
Cela dit, j’ai eu bien du mal à y rentrer (et assez de contentement d’en sortir). Le mode de narration m’a étonné pendant plusieurs dizaines de pages : j’ai eu du mal à comprendre pourquoi d’un coup il n’y avait que des femmes dans ces communautés avant de me dire que c’était vraiment tout au “féminin qui l’emporte”. Soit.
J’ai relativement apprécié le mode de narration : chaque chapitre porte le nom d’un personnage, et on va découvrir comment il rentre en interaction avec ceux qu’on a déjà rencontrés.
Mais la fin est encore plus bizarre que le reste. Les communautés sont en escalavage, on ne comprend plus vraiment qui est qui, qui subit quoi, pourquoi, où, et surtout comment ils en sont arrivés là.
Donc pour conclure, ce roman est efficace pour ses remises en questions, rien n’est jamais acquis. On se rend compte de la chance qu’on a au quotidien d’avoir tel ou tel objet, et que cet équilibre pourrait fort se rompre dans un avenir plus ou moins proche. Mais globalement, je ne dirais pas qu’il est agréable à lire : trop froid. Trop détaché. Trop austère. Je comprends bien que le style sert le propos, mais on est content de s’approcher de la fin. Etait-ce peut-être le but recherché ?
Commenter  J’apprécie         40
A l'occasion de la Grève des femmes du 14 juin 2019, il a été demandé à une trentaine d'autrices vivant en Suisse romande d'écrire un texte littéraire. Ainsi est né le recueil Tu es la sœur que je choisis.
Les textes sont courts, de deux à trois pages en moyenne. Certains sont des poèmes. Chacun a son style, tous sont différents. Féministes, ils parlent de femmes jeunes ou vieilles, combatives ou sidérées, en mouvement, qui réfléchissent, se questionnent, existent.
Un texte m'a touché plus que tous les autres : La romancière est-elle une mère qui désobéit ? de Claire Genoux. Il aborde la difficile conjugaison entre les obligations maternelles d'une femme et sa volonté de s'accomplir en tant qu'écrivaine. "Quand elle est mère, cette femme qui écrit, est souvent très souvent avec son enfant heureuse et aussi, très très souvent fatiguée. Épuisée par les recommencements (...) Dans sa chambre d'écriture elle a besoin d'inventer, de dévorer un monde. De s'exprimer autrement que dans la fusion du corps à corps avec l'enfant. Mais le silence dont elle a besoin n'habite jamais la maison où il y a l'enfant."
A picorer, dans l'ordre ou non, ces textes m'ont permis de découvrir des autrices suisses, dans un bel écho de sororité.
Commenter  J’apprécie         30
Plutôt déçue par ce livre où les chapitres alternent entre description du monde qui sombre et adaptation des personnages dans ce nouveau monde : ceux sur le premier thème sont plutôt intéressants et permettent de réfléchir (bon, il n'y a pas de scoop non plus ...) en revanche, concernant les personnages, à part Christelle et Barbara qui sont récurrentes, certains sont intéressants et leur façon de s'adapter originales mais d'autres n'ont aucun lien avec le reste ... cela manque de logique et de structure pour moi. Dommage ...
Commenter  J’apprécie         30
Il est vrai que les thèmes de la fin de nos civilisations modernes et la force de résilience des femmes sont à la mode en ce moment mais ce beau roman apporte, au delà de l'effet de mode, des points de vue intéressants sur cette question.
J'aime particulièrement l'idée que dans un monde revenu presque à l'âge de pierre, la transmission continue à se faire, par le chant et la tradition orale.
De nombreuses histoires et de nombreux savoirs ont traversé les âges, transmis conjointement par la main et par la voix, avant même que certains peuples ne décident de consigner certains faits par écrit.
L'écrit possède un pouvoir de persuasion et de domination que n'a pas la transmission orale : les exemples fleurissent dans l'histoire ancienne et contemporaine, sur le pouvoir de certains livres, qui ont fait basculer leurs peuples dans le sang et les larmes.
Alors peut être qu'un monde nouveau ne pourra renaître que dans un nouveau chant, un chant inédit, un chant inventé sur les cendres de l'ancien monde?
Commenter  J’apprécie         33
Voilà les thèmes des collapsologues illustrés en roman.
L’histoire se situe en 2023, à l’heure où un ouragan, ayant frappé les USA, met à terre tout le système et la société moderne, qui a connu jusqu’alors abondance et insouciance.
Les terriens reviennent à une vie de subsistance, sommaire, et se regroupent en communauté pour survivre.
Une lecture intéressante au sortir de la crise du Covid que nous venons de vivre et à mettre en regard avec les diverses analyses et décryptages qui nous ont été proposés à cette occasion.
Autre aspect remarquable : en ces temps troublés et difficiles, les femmes prennent une importance accrue et jouent un rôle crucial dans ce roman. Un peu à la manière du roman de José Saramago "L’aveuglement", qui traite d’une épidémie rendant les êtres humains aveugles et dont le salut vient d’une femme.
Roman inquiétant mais également humain et sensible.
Le déroulement du récit et notamment le fin de l’histoire sont cependant un peu confus. C’est certainement le petit bémol de ce livre.
Commenter  J’apprécie         30
Ce sculpteur n’a qu’un rêve : obtenir le Prix, celui qui validera son talent, le fera éclater à la face du monde, lui procurera enfin cette consécration dont il rêve, la reconnaissance de ses pairs et la confirmation que tous ses efforts à suer dans son atelier n’ont pas été vains. En attendant, d’autres que lui obtiennent la récompense tant convoitée et tout n’est pour lui qu’obstacles sur le chemin qui mène au Prix : sa femme qu’il aime mais qui s’obstine à tout ramener au réel, son fils Mouflet à qui il ne trouve aucun intérêt, l’inspiration qui ne vient pas, et les autres artistes, coupables à ses yeux d’avoir trop de talent ou pas assez. Il s’entête et continue à produire ses « Ropf », des sculptures mi-vivantes, mi-artisanales qui poussent sur son nombril.
L’auteure nous propose de passer ce roman en compagnie d’un protagoniste pas franchement sympathique de premier abord : mesquin, égoïste, négligent, il est une pelote de paradoxes, convoite la reconnaissance d’autrui mais fuit tout contact social, crache à la figure de ceux dont il dépend, demande à être compris mais a si peu de compréhension à offrir en retour. Peu à peu pourtant, sa carapace se fendille et on se surprend à l’apprécier, malgré ses défauts, parce que le talent d’Antoinette Rychner nous le fait voir pour ce qu’il est : un humain, tout cassé en-dedans, mais capable de tendresse et d’éclairs de génie.
On dit que si les gens savaient comment on fabrique les saucisses, ils n’en mangeraient plus. « Le Prix » fait le pari inverse. C’est un roman sur l’art qui nous en montre les aspects les moins séduisants : le travail, les échecs, les petites jalousies, les égos fragiles et tout l’édifice de hasard et de temps perdu qui fait que, parfois, quelque chose se produit qui nous bouleverse. A travers son personnage-sculpteur, l’auteure nous parle d’écriture, d’une manière parfois un peu démonstrative, mais avec tant de justesse qu’on se retrouve happé.
Grâce au don d’observation d’Antoinette Rychner, tous ces sentiments si familiers, tous ces thèmes que nous incarnons au quotidien – la frustration, le couple, l’ambition – sont dépeints si justement que ça a l’air simple (mais ça ne l’est pas). Pour nous faire partager l’univers mental du sculpteur, l’auteure fait le choix du réalisme magique et crée un univers situé à mi-chemin entre le fantastique et la métaphore, drôle et onirique, où la femme du sculpteur n’est décrite que par un vocabulaire maritime (extraordinaire scène d’accouchement !) et où les Ropf chantent pour ceux qui savent les percer à jour.
Ceci est un chef-d’œuvre.
Commenter  J’apprécie         31
Belle couverture genre peinture abstraite qu montre de la peinture qui s'écaille sur un mur de bois, résumé qui promet une réflexion sur l'après de notre société. Au départ je me suis attendue à un texte d'abord dramatique s'ouvrant sur de l'espoir, un autre mode de vie. La couverture illustrée ici sur Babelio montre deux visages souriants, épanouis et nous en promet tout autant. Mais après le monde raconte l'effondrement de la civilisation, au niveau mondial. Alors les paris sont ouverts: climat ou économie? Et pourquoi l'un exclurait-il l'autre?
A travers le "chant" scandé d'une "bardesse", on découvre les faits, bruts, énoncés. Il manque la musique mais c'est bien cette chanson qui nait des cendres que l'on suit et qui se transmet pour parvenir à des temps meilleurs car sur toutes les hypothèses imaginables de la fin de notre civilisation, celle-ci est des plus pessimistes. C'est bien réfléchi, beaucoup de détails sont pris en compte et ça se tient. On ne s'attend tout simplement pas à s'enfoncer autant en s'engageant auprès de ses femmes qui rejoignent des communautés qui se reconstruisent.
Le choix des personnages et leurs textes finalement peu littéraires m'ont assez peu convaincue, je dois dire mais j'ai apprécié le détail, la réflexion sur la fragilité de notre monde et l'énormité de la catastrophe qui nous attend vu notre dépendance à des choses aussi fragiles que l'approvisionnement de nos chères technologies, devenues vitales.
Au final, je n'ai pas pu m'attacher à des personnages tout en filigrane, ni à l'écriture d'un récit trop sec - comme un rapport, témoignage qui se veut chant mais dont on ne trouve pas la mélodie - chant qui est le fil du récit et qu'on ne voit paraitre. C'est intéressant pour y réfléchir, même si rien de nouveau, mais ça se lit peu comme un roman.
Commenter  J’apprécie         20
J'ai peiné dans ma la lecture et j'i failli abandonner ma lecture à plusieurs reprises , malgré le petit format du livre et des thématiques que j'apprécie. Il y a peu ou pas d'actions dans le livre . Nous suivons beaucoup de personnages ,et donc de points de vue sur la situation .Je m'attendais à suivre seulement quelques personnages et voir leurs évolutions. Ici je ne suis pas parvenu à m'attacher aux personnages ou à me sentir impliquée dans leurs histoires et leurs" nouvelles vies" .Certes , il y a pleins de pistes de réflexions sur l'organisation et ce que deviendra notre société post effondrement , mais j'aurais préféré que les points soient moins nombreux et plus développés.
Commenter  J’apprécie         20
Roman qui met en application son petit traité de collapsologie, Après le monde décrit le sort de quelques personnages, anciens bobos des temps heureux, qui survivent comme ils peuvent dans un univers terrible, où de rares initiatives collectives et humanistes se heurtent aux duretés du temps. Deux femmes écrivent et interprètent des « chants de témoignage » racontant collectivement le passé et le présent, qui constituent une espèce de fil rouge et dont le plus grand mérite est d’être écrit au féminin, qui l’emporte sur le masculin, ce qui est, je dois dire , assez plaisant à lire.
Voilà, ça se lit très bien, quelques astuces narratives épiçant en outre le récit, seulement une fois refermé, l’impression est qu’on n’a rien rencontré de très original, que l’émotion est soigneusement gommée et que les personnages sont de simples silhouette sans tripes.
Commenter  J’apprécie         20