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3.48/5 (sur 196 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) : 1979
Biographie :

Née en 1979, est auteur et technicienne de spectacle.
Elle se forme à l'Ecole des Arts appliqués de Vevey. En 2000, elle commence à travailler comme technicienne de spectacle (Opéra de Lausanne), et poursuivra dans ce domaine en tant que collaboratrice, entre autres, du Théâtre de l’Heure Bleue et du Théâtre Populaire Romand, La Chaux-de-Fonds, et du CCN, Neuchâtel. Durant cette période, elle réalisera aussi plusieurs scénographies pour diverses compagnies indépendantes en Suisses romande. Entre 2006 et 2009, elle est élève à l'Institut Littéraire Suisse, nouvelle filière bilingue proposée par la Haute Ecole des Arts de Berne. En parallèle à ses études, elle aura l’occasion d’exercer comme pigiste culturelle (critiques de spectacles) pour le quotidien Le Courrier. Comme Jérôme Richer, elle est lauréate en 2010 de la résidence d’écriture Textes-en-Scènes, sous la direction dramaturgique de Gérard Watkins. Et comme Julie Gilbert, au cours de la saison 2010-2011, elle est résidente au théâtre du Grütli à Genève où elle écrit Carna qui est créé en février 2011.
Son premier recueil de nouvelles Petite collection d’instants-fossiles paraît en 2010 aux éditions de l’Hèbe.
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Source : http://noussommesvivants.blogspot.fr/
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Antoinette Rychner est une écrivaine née en Suisse. Elle est l'auteure de plusieurs pièces de théâtre, d'un recueil de nouvelles et de deux romans. Son dernier, "Après le monde" est paru aux éditions Buchet-Chastel au début de l'année 2020. Elle y présente la catastrophe écologique en cours sous la forme d'un désastre, d'un ravage dont la violence ne peut que saisir le lecteur pour mieux l'alarmer sur la situation en cours. Dans ce roman inspiré des théories de la "collapsologie" (un courant de pensée récent qui étudie les risques d'un effondrement de la civilisation industrielle et ce qui pourrait succéder à la société actuelle), elle dévoile les conséquences sociales et économiques sans précédent qu'un cyclone d'ampleur inédite peut entraîner. Retrouvez l'intégralité de l'interview ci-dessous : https://www.france.tv/france-5/la-grande-librairie/la-grande-librairie-saison-12/1503121-et-apres.html
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Nous allions comprendre que la finance globale n’était pas qu’une sphère stéréotypée, ce décor où circulaient des hommes en complet-cravate et des femmes en tailleur dans les séries que nous regardions, mais ce dont nous dépendions pour tout ; de nos comptes-épargne aux services qui nous protégeaient, de nos retraites aux soins auxquels nous avions droit en cas d’accident, de nos cartes d’embarquement low cost aux importations des produits auxquels nous étions addicts.
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Nous mourrons dans l'espérance de laisser aux futures générations un patrimoine fertile, une Terre habitable, et, à notre Terre, des enfants soignés de notre narcissisme, de notre orgueil et de notre ignorance.
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" Une vague compassionnelle a relié nos coeurs et nos écrans.Dans notre immense majorité nous pensions en rester là."
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C'était en 2023. Sur les huit milliards d'habitants que comptaient la terre, environ un milliard et demi de personnes vivaient dans des pays appelés «pays développés à économie de marché». Nous en faisions partie. Nous consommions, en moyenne, plus de 250 litres d'eau par jour et par personne - par année, plus de 3 000 litres de pétrole. Nos ménages s'élevaient à 2,5 personnes. Ils participaient à la production de centaines de millions de tonnes de déchets par an, garantissaient la consommation destructrice de masse et contribuaient à dévaster le monde ; nous le reconnaissions.
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Quelle chance, se dit Marie-Géralde sans écouter Mathieu expliquer le fonctionnement de sa turbine, qu'un homme comme lui fasse partie de Cucheroux ! Bien-sûr, il était stupide d'opposer intellectuels et techniciens, comme il était stupide de comparer rendements musculaires masculin et féminin. N'empêche, Marie-Géralde ne pouvait s'interdire de penser que les groupes où le hasard avait placé des bricoleurs, des gars forts et démerdes étaient partis avec une longueur d'avance sur ceux où s'entassaient d'ex-employés de bureau.
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Un petit texte utopique, ironique et critique d'Antoinette Rychner:

Parce qu’il nous reste les mots

– On n’a pas besoin d’EasyJet. On n’a pas besoin de Coca-cola. On n’a pas besoin de parcs d’attractions, ni de centres thermaux ni de centres de fitness, on n’a pas besoin de manger de la viande tous les jours. On n’a pas besoin des actionnaires. On n’a pas besoin des Jeux olympiques. On n’a pas besoin de coiffeurs pour chiens. On n’a pas besoin d’ongleries. On n’a pas besoin de stars du football. On n’a pas besoin de promoteurs immobiliers. Ni de spéculateurs sur le blé. On n’a pas besoin de fabriquer des citrouilles en plastique pour Halloween. On n’a pas besoin de girafes en peluche. On n’a pas besoin de voitures électriques. On n’a pas besoin de construire plus de routes. On n’a pas besoin de publier sur les réseaux sociaux des photos de soi enfant. On n’a pas besoin de vidéos de chats. On n’a pas besoin de data center au pôle Nord. On n’a pas besoin de pipeline sur les territoires sioux. On n’a pas besoin de contrats de quatre cents pages, ni de labels ni de permis ni de certificats à foison. On n’a pas besoin de publicité dans les espaces publics. On n’a pas besoin d’obsolescence programmée. On n’a pas besoin de vendre des armes. On n’a pas besoin de 524 titres à la rentrée littéraire, et on n’a pas besoin de plus de revues et de magazines qu’on ne pourra jamais en lire. On n’a pas besoin de produire et produire et produire des contenus pour la folie d’en produire. On n’a pas besoin d’autant de festivals. On n’a pas besoin de ketchup. On n’a pas besoin de pêcher dans les mers jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien. On n’a pas besoin de pesticides. On n’a pas besoin de s’envoyer autant de mails, on n’a pas besoin de visualiser des vidéos partout et en tout temps, on n’a pas besoin de 5G et on n’a pas besoin d’autant de suggestions pour ne pas s’ennuyer en temps de confinement.

C’est pourquoi, articula la porte-parole de la Coalition mondiale pour tout changer en vrai, nous demandons aux gouvernements la promesse de ne sauver aucune entreprise.

– Mais… balbutia un parlementaire. Les emplois perdus… les faillites…

– Nous assurerons la distribution d’un revenu généralisé. Les services publics seront renforcés. L’accès à l’eau, aux consommations d’énergie de base et aux biens de première nécessité sera gratuit. La récession ne sera pas meurtrière.

– Sur quelle base comptez-vous prioriser les besoins ?

– Nous allons revenir à la pyramide de Maslow, et en ériger les deux premiers niveaux comme objectif universel. Nous pensons qu’une politique qui ne permet pas de couvrir, au minimum, les besoins physiologiques et la sécurité de l’ensemble des habitants de la planète est une politique indigne.

(…)

– Excusez-moi, la coupa un autre ; qu’est-ce qui pourrait être pire que les catastrophes annoncées par les scientifiques si nous n’agissons pas ?

– Heu… personnellement, je crois que je préfère risquer les pénuries d’eau douce, la montée des mers, les vagues de chaleur létales, les ouragans et nouvelles maladies transmissibles à l’horizon 2030 ou 2040 plutôt que de tout vouloir changer maintenant. L’important, c’est d’abord de garantir à nos concitoyens le retour le plus rapide possible à la vie pré-Covid-19, même si ce n’est que pour durer dix ou quinze ans.

– C’est vrai, enchaîna quelqu’un. Contentons-nous de mesures raisonnables, on a eu suffisamment de bouleversements pour le moment.

La porte-parole de la Coalition mondiale pour tout changer en vrai fut donc priée de remballer son programme.

« Dommage », songea-t-elle en quittant la tribune. « Il s’en est fallu d’un cheveu. Mais on était en démocratie – et n’aurait-il pas été de bien mauvais goût de ne point s’en féliciter ? »

Antoinette Rychner
Le Temps - Publié samedi 23 mai 2020
https://www.letemps.ch/culture/ecrivains-face-virus-un-programme-simplement-super-dantoinette-rychner
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Toute religion resterait pour elle sans fondements ni réconfort, presque risible face au néant.
C'était la première fois que cette évidence lui faisait l'effet d'un gouffre. D'autant que ses piliers habituels, la clé de valeurs humanistes qui l'avait toujours guidée, et jusqu'à ce sentiment que "rien n'arrive par hasard" ayant jeté jusque-là une lumière rassérénante et belle sur chaque événement, même difficile, se révélaient eux aussi dérisoires. C'était comme si l'on avait coupé en Rayhana la musique jouée par la beauté du monde.
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Réfutant l’idée que certaines se trouvent élues, promises au Salut contre d’autres qu’un Tout-Puissant voudrait éliminer, nous cherchons à remettre l’origine politique du dérèglement climatique au centre du débat ; nous croyons qu’au désastre il convient d’apporter des réponses humaines, et non divines, des solutions citoyennes, et non religieuses.
On nous écoute, on se fiche de nos discours. On nous écarte, nous marginalise, nous boycotte ; on nous égorge pour hérésie.
Nous en appelons à la raison, aux acquis des civilisations passées et présentes. Mais la civilisation, née de l’agriculture, dépend du climat.

Page 243
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Delphine n’était plus entrée dans une habitation individuelle depuis un bout de temps et cette cuisine équipée, intacte, conçue pour une famille nucléaire l’avait remuée. Le robinet l’avait renvoyée aux jeux de sa fille cadette, lorsque cette dernière était petite et qu’il fallait lui laver les dents : plutôt que d’obtempérer, Clara s’amusait à ouvrir le débit à fond, à tout éclabousser malgré les récriminations de sa mère, l’éducation antigaspillage. Delphine s’était rappelé le jour où la énième coupure d’eau avait été la définitive. L’angoisse qui l’avait prise en comprenant l’évidence : la distribution ne serait jamais rétablie ; le retour à la normale, ils pouvaient cesser de l’attendre ; aucun sauvetage, aucun miracle ne se produirait plus, la routine incommensurablement luxueuse, sûre et insouciante qu’ils avaient connue, de son vivant ne reviendrait plus.
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QUEENIE

Elle avait beau, lorsque montait la nostalgie, se répéter qu'elle pouvait déjà s'estimer heureuse d'avoir échappé à la mort d'inanition, de maladie infectieuse ou violente, elle restait incapable, plus de sept ans après la grande rupture, d'accepter que le monde dans lequel elle avait grandi ne reviendrait pas.

Son deuil le plus difficile concernait sa vie professionnelle. Il fallait dire qu'au moment de la débâcle, on venait de lui octroyer une promotion : de Project and Process Risk Management Leader, elle était passée Design Quality Manager.

Mais le printemps 2023 était arrivé. Comme des millions d'habitants de pays où des emplois bureaucratiques et numérisés avaient remplacé le secteur primaire comme l'industrie, Queenie avait vu son activité perdre toute utilité du jour au lendemain. D'un même coup elle avait découvert, ébahie, des couches de métiers dont elle avait ignoré jusqu'à l'existence, allant du nettoyage à l'entretien d'infrastructures, en passant par les transports, les égouts et la voirie – secteurs auxquels les citoyens de sa classe n'avaient commencé de prêter attention qu'à partir du moment où ils s'étaient mis à dysfonctionner.

Design Quality Manager, se répéta-t-elle, histoire de se donner une importance rétrospective. Nul doute qu'elle s'était trouvée cette année-là en pleine ascension, et la frustration la minait. Comment pardonner au destin de l'avoir privée de ce à quoi son mérite, son potentiel et sa persévérance lui auraient donné droit ?

Pour reconstituer la réalité du monde qu'elle avait connu, il lui arrivait de recourir à la liste des professions qu'avaient exercées ses contacts Linkedln : « Responsable Customer Care Center, secrétaire de rédaction web-print, Social Media Expert, Head of Corporate Communications chez Chloé Droncourt GmbH, Office Coordinator chez Asop SA, stagiaire chez Content Management, Brand Content Manager chez Totemo, Fondateur & CEO chez Hello Productions, Freelance Housing Architect, responsable éditorial chez Trivial Mass SA, consultant en communication pour le développement, responsable promotion R-diffusion, Sales and Office Assistant, Copywriter EMEA, Marketing Coordinator, Senior Editor, conseiller SAW, Sales Advisor, créateur d'espace digital, directeur général Pole-Position, superviseur commercial, Software Analyst, chargé d'innovation, Supply Chain Manager » et ainsi de suite, égrena, pendant dix minutes, Queenie assise sur la cuvette.

Si de tels titres ne servaient plus à rien, ils recélaient une vertu puissamment réconfortante, comme autant de talismans posthumes.

Mais Queenie ne s'était pas seulement définie par son cursus professionnel. Son identité s'était aussi forgée à travers ses loisirs, puisqu'elle avait été une fervente adepte du cake design, ou art de modeler la pâte à sucre, consacrant des sommes considérables à l'achat de gammes aromatisées ou de colorants lui permettant de donner à ses cupcakes et pièces montées un aspect spectaculaire. Sur les forums spécialisés, les photos qu'elle publiait obtenaient des commentaires encenseurs. Qu'étaient devenus les internautes qui l'avaient acclamée aux quatre coins du monde ? Se pouvait-il qu'ils se débrouillent aujourd'hui de la même façon qu'elle, avec substitut de savon et sciure en guise de papier hygiénique ?

Une telle pensée lui faisait mal. Dans ses conceptions, être quelqu'un de bien, voire faire le bien signifiait avoir ; disposer de tout. Aussi ne pouvait-elle imaginer que ses cohabitants de Bastogne fussent de bonne foi lorsqu'ils clamaient que le partage des ressources et la sobriété représentaient des buts autrement plus enthousiasmants que l'accumulation primaire et sans limites de richesses matérielles.

Comme elle comprenait certains ressortissants de pays dits émergents d'avoir tout fait, à l'époque, pour gagner les continents du gaspillage, où il avait été possible d'acheter, utiliser et jeter autant de Tampax qu'on le voulait en une journée – oh oui ! comme elle comprenait que ce besoin ait représenté une pulsion absolue, plus forte que tout ! se dit encore Queenie, avant que quelqu'un ne toque à la porte des W.-C., exigeant qu'on lui cède la place en demandant ironiquement si elle était « tombée dans le trou ».
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