Citations de Antonio Pennacchi (23)
La classe ouvrière est désormais une espèce en voie d'extinction [...]. Nous nous sommes éteints. Culturellement. Politiquement. Numériquement parlant. Comme les mammouths.
Que dites-vous ? Qu'un prêtre ne devrait pas tirer ? Hé, ce sont des théories d'aujourd'hui, et de toute façon je ne vois pas de grande différence entre tirer soi-même et bénir ceux qui tirent à votre place. Ce sont des hypocrisies de la modernité. Plus nous progressons et plus nous faisons des manières.
Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. C'est quand on meurt qu'on est dans la merde.
Quoi qu’il en soit, pour être honnête […], je vais vous raconter la vérité jusqu’au bout, tout au moins telle que je la connais et telle que mes oncles me l’ont relatée : nous avons, nous aussi, magouillé un peu.
Il y a encore quelques années, vous vous en souvenez sans doute, tout le monde était démocrate-chrétien ou communiste, et tout le monde a proclamé du jour au lendemain son appartenance à la Ligue lombarde ou au parti de Berlusconi. Si vous les regardez bien, les gens qui préparent les biftecks, les saucisses et les haricots secs aux fêtes de la Ligue les ont auparavant préparés aux fêtes de l'Unità, chez les communistes. Ainsi va le monde, qu'est-ce que vous croyez ?
C'est justement là le drame de la condition humaine: on est presque toujours condamné à vivre dans le tort en estimant avoir raison.
Croyez-moi, la prochaine fois que l'aigle impérial - serrant l'Imperium entre ses serres - s'envolera au-dessus des fatales collines de Rome, comme le disait le Duce, il vaudra mieux convoquer la fédération de chasse et le faire abattre comme un vulgaire pigeon.
L'oncle cordonnier
Il n'avait même pas été journalier, il ne s'était pas penché une seule fois sur la terre. Dans sa vieillesse il n'a cessé de se plaindre de mal de dos et de maudire le jour où il était venu ici : "L'est trop basse, la terre", ne pouvait-on la placer un peu plus haut ?
Là où pullulaient autrefois chambres de travail, ligues et sections socialistes, les gens déchiraient en masse leur carte pour s'inscrire au Fascio, dont la force, la détermination, l'idée unique sautaient aux yeux : "Ces types-là vont réussir. Ou plutôt ils ont déjà réussi." Exactement ce qui s'est produit ensuite le 25 juillet 1943 : la veille tout le monde était fasciste, et le lendemain tout le monde était anti. Ou en 1989-1994 : avant les gens étaient tous communistes et démocrates- chrétiens, après ils ne juraient plus que par Berlusconi et la Ligue lombarde. Le vent tourne, mon ami, et quand il tourne, la tempête arrive.
C'était la fatalité. Nous sommes comme des brindilles dans le vent du destin
Nous allons là où le vent nous porte.
Stupéfait, mon grand-père protestait :
- C'est un mioche, Sainte Vierge !
- Un mioche ? hurlait-elle. Tu sais c'qu'y m'a dit ?
- Qu'esse il a bien pu t'dire ?
- Qu'Rossón m'a baisée !
- Passe-le moi ! C'est moi qui vais l'tuer !
De toute façon, c'est la vie : vous commencez par avoir du dégoût pour quelqu'un et vous finissez par l'épouser. Et nous, nous avons épousé l'Allemagne nazie.
Je vais vous raconter la vérité jusqu’au bout, tout au moins telle que je la connais et telle que mes oncles me l’ont relatée : nous avons, nous aussi, magouillé un peu.
Ne croyez pas que les choses aient changé depuis, "qui gouverne magouille" répétait ma pauvre grand-mère.
Ce qui détruit l'homme n'est pas le malheur en soi, mais l'incertitude et surtout l'attente du malheur. On parvient à affronter le malheur et on finit par se relever. Or,si le malheur ne s'accomplit pas_et reste toujours suspendu_,c'est impossible.
je veux ma terre. J'veux mes bêtes.
J'peux pus t'les donner. Mais j'te donnerai dans les marais Pontins tous les domaines que tu voudras. Et cette terre sera la tienne, Peruzzi, cette fois nous donnons la terre aux paysans. Après quelques années de métayage, elle t'appartiendra, tu deviendras propriétaire terrien[....] Et le visage de Rossoni étincelait tandis qu'il parlait. Exactement comme s'il offrait à mes oncles la Terre promise.
Il y a une belle différence entre recevoir des nouvelles du front, fussent-elles mauvaises, par courrier ou bulletins radiophoniques, et se retrouver sous une pluie de bombes d'un quintal. "Putain !" se disent alors les gens.
Inutile d'insister, c'est justement là le drame de la condition humaine : on est presque toujours condamné à vivre dans le tort en estimant avoir raison.
Ils venaient vous voir exactement comme les immigrés viennent chez nous aujourd'hui. Vous croyez qu'ils ignorent que, neuf fois sur dix, le bateau coule et qu'ils meurent noyés ? Essayez donc de leur dire : "Attention, on meurt neuf fois sur dix." Vous verrez, ils vous répondront : "Je le sais, mais dix sur dix si je reste chez moi." C'est la vie, chacun fait des choses absurdes pour essayer de survivre et de progresser. Chacun fait des choses absurdes aux autres, on n'a pas le choix.
"C’est le Canal Mussolini qui donne naissance à l’agro-pontin"