![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
"Président, la nuit vient de tomber. - J'espère qu'elle ne s'est pas fait mal", lui répond, avec malice, Jacques Chirac
|
Note moyenne 5 (sur 9 notes)
/![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
"Président, la nuit vient de tomber. - J'espère qu'elle ne s'est pas fait mal", lui répond, avec malice, Jacques Chirac
|
![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
Il ne tranche pas parce qu'il ne veut renoncer à rien, ni à ses ambitions, ni au confort des palais de la République dans lesquels il vivra toute sa vie, ni à sa fuite permanente qui lui procure le sentiment d'être un homme libre, d'avoir la jouissance de n'appartenir à personne sauf à lui-même. Alors il biaise, triche, esquive, ment, vous hypnotise, joue la comédie, la comédie du pouvoir, la comédie des apparences, incapable de choisir entre son désir profond de vivre "sa vrai vie" et celle qui lui est imposée et de laquelle il ne sortira jamais.
|
![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
Il aime d'abord les hommes parce qu'il cherche à percer leur mystère et, à travers eux, éclairer ses doutes, apaiser ses angoisses. Alors toute sa vie, dans le secret le plus absolu, il plonge à corp perdu dans les origines de l'humanité en essayant de tout comprendre, les religions, les civilisations, surtout celles que l'Occident méprise depuis des siècles. Il dévore les livres, les étudie intensément dans le plus grand secret. Jacques Chirac a le corps d'un guerrier et l'âme d'un poète. C'est ç la fois un rustique et un homme très fin, et entre les deux il n'y a pas grand chose. Il pense en millénaires mais agit dans l'instant... et la seule chose qu'il a bien consenti à montrer de lui, c'est son agitation et sa silhouette si agréable à regarder. En Afrique, il aurait été sorcier ; en Amérique du Sud, chaman; maître bouddhiste en Chine; en France, il est devenu président de la République en prenant soin de ne dévoiler qu'une infime partie de lui-même. Comme s'il y avait eu une erreur d'aiguillage. Une vie entière à se faufiler par une porte dérobée pour rejoindre sa caverne secrète. Au-dessus, une armure d'homme politique balafrée, abîmée à certains endroits, et en dessous un être pétri d'humanité, toujours prêt à aider son prochain, à tendre la main à celui qui souffre, à donner un coup de main, car Jacques Chirac a passé sa vie à rendre des services. + Lire la suite |
![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
Dans sa chambre vide, Jacques Chirac est sur le seuil d'une autre vie, et toutes les civilisations englouties, décimées, tous ces artistes chinois, africains, japonais, viennent lui rendre une dernière visite. Une foule immense et invisible danse autour de son lit, des esprits qui viennent embrasser son âme, pour lui donner la force de traverser le miroir.
|
![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
Sur les ruines de la chiraquie, Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon s’affrontent à la vie à la mort. Il connaît de chacun ses qualités, ses défauts, ses forces, ses fragilités, mais tout cela n’a plus beaucoup d’importance maintenant. Jacques Chirac n’a plus la force de faire ni de défaire. Il n’a plus la force pour grand-chose. Il n’est plus qu’un nom, une image. Cet homme nu, vulnérable, assis dans ce bureau, a incontestablement marqué de son empreinte la vie politique. Aujourd’hui, il s’accroche à la vie avec dignité, et tous ses amis, de Jean-Louis Debré à Pierre Mazeaud, ses « bébés », ceux qu’il couva d’une chaleur protectrice et qui sont devenus à leur tour des hommes et des femmes politiques, ses copains de jeunesse, ceux qui sont encore de ce monde, se demandent ce que les Français vont garder de cet homme en apparence si simple et si complexe à l’intérieur.
|
![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
Lorsque l’abjection terroriste menace la liberté, lorsque des dictateurs ensauvagent des pays autrefois berceaux de civilisations, comme en Syrie, lorsque la guerre civile jette à la mer des milliers de réfugiés, nos valeurs sont le fil à plomb de la conscience et de l’espoir. C’est aussi ce que ce musée traduit ». Un musée qui depuis ce jour porte son nom « Quai Branly-Jacques Chirac ». Un événement sans que le patriarche puisse y assister. Son état de santé ne lui a pas permis de se montrer en public. À la tribune, son petit-fils Martin, du haut de ses vingt et un ans, raconte, la gorge nouée, la passion de son grand-père pour les arts premiers. Ce musée est d’abord un rêve devenu réalité à travers la rencontre de deux Jacques. Une rencontre comme une étincelle dans la nuit. |
![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
A première vue, ils n’ont pas exactement les mêmes passions. (…) Pour Jacques Chirac ce sont les arts primitifs, pour François Mitterrand, la passion de la littérature, (…). Mais au fond, ces deux êtres sont habités par le mystère de la mort et de l’au-delà.
|
![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
Cette ville lumière, Daniel la connaît lui aussi sur le bout des doigts. À vingt-cinq ans, encore jeune étudiant en droit, il se retrouve dans le bureau de Pasqua. Le destin. Le « patron » lui demande d’arpenter la ville, de la labourer, arrondissement par arrondissement, de visiter chaque permanence afin de préparer la campagne électorale éclair en vue des élections municipales de 1977. Jacques Chirac a créé le RPR en 1976. Il s’agit alors d’un tout jeune parti politique et il faut convaincre que le seul homme capable de gagner Paris, c’est Chirac. Daniel est un gamin de vingt-cinq ans qui cherche un débouché à sa vie… Chirac, il le connaît à peine, mais il prend sa mission très à cœur.
|
![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
Des gestes qui sauvent, qui ressoudent une famille, des mots qui apaisent lorsqu'on touche le fond, qu'il offre à ceux qui souffrent en toute discrétion, sans jamais éprouver le besoin d'en faire état, de le glisser, l'air de rien, au détour d'un entretien pour patiner son image. Jacques Chirac est tout à la fois : un monstre politique qui a su griffer, plaire, convaincre, dans lequel se cache un pierre précieuse qu'il a, toute sa vie, dissimulée des regards, une énergie puissant qu'il a probablement voulu protéger de la bêtise, de la jalousie si violente en politique, des mauvaises langues, du qu'en dira-t-on.
|
![]() |
Président, la nuit vient de tomber de Arnaud Ardoin
Quarante ans aux côtés de Jacques Chirac, sans un nuage, sans une ride. Daniel l’a vu se transformer sous ses yeux, ils ont grandi ensemble, aujourd’hui ils vieillissent ensemble, l’un beaucoup plus vite que l’autre.
|
La jument verte :