AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Art Spiegelman (607)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


À l'ombre des tours mortes

En ce qui me concerne, je suis assez fan des illustrations d'Art Spiegelman.



Je l'avais découvert dans Maus, je me suis ensuite intéressée à son parcours.

Art Spiegelman me donne l'impression d'etre un artiste "torturé", ce qu'il écrit, ou ce qu'il dessine ne rayonne jamais de joie de vivre. Néanmoins, c'est un artiste de grand talent.



Je pense qu'à l'ombre des tours mortes a surtout été écrit, et dessiné, pour exorciser sa peur. Et comment ne pas avoir peur lorsqu'on habite à proximité des tours et que les enfants vont à l'école juste à coté.



Dans cet ouvrage, l'artiste décrit ce qu'il pense etre les tenants et les aboutissants de cet attentat et nous fait partager ses angoisses.



Ce n'est pas un livre très gai, c'est meme assez déprimant mais ça vaut la peine d'etre découvert.
Commenter  J’apprécie          90
À l'ombre des tours mortes



Art Spiegelman est l'auteur du mondialement célèbre Maus, mais je n'avais rien lu de lui en dehors de cet ouvrage, et je voulais réparer cela. Alors lorsque j'ai pu me procurer cet album, traitant d'un sujet très sensible qui plus est, je n'ai pas hésité un instant. Je vous le disais, A l'ombre des tours mortes est un exorcisme. Spiegelman a vécu ces évènements dans sa chair, craignant de perdre sa fille au lycée international de l'ONU, potentielle cible, mais surtout placée au pied des tours jumelles. Il a gardé en mémoire l'incandescence des poutrelles d'acier des gratte-ciels, au moment où ils ont cédé. Il ne pouvait garder cela pour lui, et a utilisé son art pour réaliser sa propre psychanalyse en somme. On vit avec lui ces évènements, on a peur pour lui et les siens. Mais l'artiste est engagé, il est new-yorkais, et donc il ne se prive pas de dénoncer avec virulence les mensonges et les trahisons du gouvernement américain qui ont suivi. Actes qui ont lui valu une grande frilosité à l'époque de la part des médias américains. Il ne faisait pas bon être en désaccord avec la croisade nationale décrétée par le président.

Mon seul reproche à cet album, c'est d'être trop court. 22 pages seulement, plus un supplément sur les relations entre bande dessinée et guerres américaines au début du XXe. Cela tient au fait que ces planches furent publiées dans la presse. Spiegelman n'a pu en livrer beaucoup. Merci à Casterman de nous proposer le livre en format tabloïd, ainsi que les planches ont été publiées à l'origine. Mais voilà, je reste sur ma faim. Spiegelman est excellent, j'aime toujours autant son trait, quoi qu'il mette en scène, et j'aurai aimé en avoir plus, en savoir plus sur ces ressentis des évènements. Mais puisque nous sommes sur une œuvre créée en réaction à une souffrance, je n'en demanderai pas trop.



Excellent, indispensable pour montrer combien les américains sont moins monolithiques que ce que nous le pensons, Art Spiegelman propose encore une oeuvre qui apporte réellement à l'humanité entière.
Lien : http://www.chroniquesdelinvi..
Commenter  J’apprécie          60
À l'ombre des tours mortes

L’auteur Art Spiegelmann semble atteint du syndrome James Cameron. Après l’immense succès rencontré par rapport à son œuvre culte Maus, plus rien ou presque… J’ai toujours considéré que c’était dommage qu’un génie se repose sur ses lauriers sans renouveler un nouvel exploit. Je continue de penser qu’un vrai artiste, c’est celui qui produit dans une certaine période donnée « quelques » œuvres cultes.



Ici, il aura fallu les attentats terroristes les plus meurtriers au monde, pour que l’auteur se réveille. Il explique qu’il a besoin de dessiner ce qu’il ressent pour exorciser son traumatisme car il se promenait avec son épouse au moment de l’effondrement des tours et qu’il a dû vite récupérer sa fille dans l’école située non loin des bâtiments. C’est louable que de mettre son talent en hommage à ce qui s’est passé. Mais c’est tellement maladroit dans l’approche et finalement également dans son concept.



Par ailleurs, cet ouvrage qui ressemble à un bel objet à collectionner ou à un premier bouquin pour bébé (au choix) se veut une critique féroce de la politique menée par Bush. Je n’ai pas senti d’attaques virulentes digne du film Fahrenheit 9/11 de Michael Moore que j’avais beaucoup apprécié soi dit en passant.



Mélanger les premières bd paru au début du XXème siècle comme Pim Pam Poum avec le tragique évènement du 11 Septembre ne m’a pas paru très judicieux. Au total, je me dis que pour l’instant, j’ai plutôt était déçu par les bd ayant pour sujet le 11 Septembre. Aucune jusqu’ici n’arrive véritablement à retranscrire avec un minimum d’impartialité tout ce qui s’est passé pour donner un caractère universaliste.
Commenter  J’apprécie          55
À l'ombre des tours mortes

Spiegelman repousse encore une fois les limites de la BD en abordant le 11 Septembre 2001.



C'est une introspection, une thérapie personnelle de l'auteur qui cherche à comprendre comment il a vécu l'événement (il habitait tout près des WTC).



Il y fait les parallèles avec Maus et remet son masque de souris à l'occasion. Cette BD a été mal reçue à sa sortie parce qu'elle est très critique envers la montée du nationalisme américain, les guerres et tout ce que l'administration Bush a pu faire suite au 9/11.



Critique qui, aujourd'hui, n'a pas pris une ride.



La BD fait environ 10 pages plutôt denses et se lit site le côté. Spiegelman profite au maximum de cette forme particulière.
Commenter  J’apprécie          50
À l'ombre des tours mortes

Spiegelman, new-yorkais du Sub-Manahattan a vécu "en live" les attentats du 11 septembre 2001.

Son album de grosses pages cartonnées, comme les livres pour enfants, nous fait partager le traumatisme qui fut le sien.

Spiegelman raconte au lecteur, sa difficulté extrême à reproduire la destruction des tours jumelles. Il nous fait partager son désespoir et une sorte de certitude dans une fin du monde proche. Il l'offre avec la sobriété de son dessin talentueux à l'aune de ses sentiments tumultueux.

Spiegelman fait appel, ensuite, aux grandes planches des dessinateurs américains du début du XXe siècle, dans certaines desquelles il entrevoit une sorte de prémonition.

La vision de Spiegelman est à la fois structurée et syncopée, chaotique comme la situation de ce 11 septembre 2001. Elle apparaît comme singulière, parfois hallucinée.

A l'ombre des tours mortes est donc un album à lire, à fouiller et à relire.



Commenter  J’apprécie          192
À l'ombre des tours mortes

Cet album, édité par Casterman, regroupe les planches dessinées par Art Spiegelman publiées dans la presse en 2003 -2004 ( le journal allemand Die Zeit, Courrier International et l'anglais The Independant ) ayant pour sujet les attaques sur les tours du World Trade Center à New-York en septembre 2001. Très engagés, parce que très critiques vis-à-vis de la politique guerrière du président G.W. Bush à la suite des attentats, ces dessins furent d'abord refusés par la presse américaine.



Impressionnante BD.



L'objet livre en premier lieu : grand format, entièrement cartonné, presque chacune des 38 pages en double page est à lire en hauteur en tournant l'album d'un quart de tour.



La lecture confirme, c'est du lourd.



Comme dans l'indispensable Maus, récompensé du Prix Pulitzer, Art Spiegelman se met en scène. On y retrouve la force du propos qui mêle histoire familiale - l'auteur est new-yorkais et sa fille était scolarisée dans un établissement situé aux pieds des tours - émotions et réflexions personnelles à une vision sociale acérée. Les bouleversements et les conséquences des attentats sur les comportements et mentalités de la population américaine sont rendus avec un humour tragique, tout en auto-dérision. Comme dans Maus, l'artiste utilise autant les mots que les images pour exprimer un traumatisme. Ou plutôt des traumatismes parce que la guerre qui s'ensuivit contre l'Irak le remplit d'horreur - " Terrorisé tant par Al Qaïda que par son propre gouvernement " -.



Un pamphlet. Les planches expriment avec virulence son désarroi, son angoisse et sa colère - "J'ai cru perdre la vie le 11 septembre...J'ai perdu la raison peu après, et finalement, j'ai perdu tout ce qui me restait en foi de l'Amérique quand cette cabale s'est déclenchée " -. Les termes, les sarcasmes, dont il use pour qualifier le président Bush, sa politique " coloniale " relayée par les médias - "rédemption, préemption " - et le patriotisme exacerbé de ses compatriotes sont d'une violence au-delà de la caricature.



" - Mais fallait-il vraiment que ce soit des drapeaux américains cocardiers qui émergent des braises du Ground Zero ? " [ on voit alors le personnages qui plonge à terre façon autruche, se cachant la tête sous le drapeau étoilé ] - Je devrais me sentir en sécurité la-dessous, mais - bon sang ! - j'y vois rien ! "



- " Je revois encore très nettement les horreurs de Ground Zero le 11 septembre...2002. J'ai vu, de mes yeux vu, le bombardement d'objets kitsch en vente ce jour-là..."



Art Spielgelman mêle aussi les genres et les formats de la BD, utilisant différentes techniques. Je ne suis pas suffisamment compétente pour en écrire l'exposé. Il y a des montages photographiques, de l'infographie, des effets de tons vintage, des strips, des affiches, des bandes verticales, l'ensemble est d'une extrême densité, percutant. Le style des anciens comics sont à l'honneur, pique culturelle en parodie autant qu'en hommage. La reprise de ces références que je ne maîtrise pas, notamment la (re)connaissance des héros, n'a absolument pas gêné ma lecture puisque c'est la forme et l'esprit de la BD qui délivrent le message. Puis, justement, l'album se clôt sur une double-page de texte, évidemment intitulée Le supplément illustré, dans laquelle Art Spiegelman revient sur la naissance de la BD de presse au début du siècle, racontant l'historique de ces suppléments et présentant les personnages récurrents que l'on découvre sur les sept planches qui suivent.



Impressionnée.



Art Spiegelman a été, de 1992 à 2002, dessinateur et journaliste pour le New Yorker qui publia, quelques jours après les attentats du 11 septembre 2001, cette couverture noire.




Lien : http://www.lire-et-merveille..
Commenter  J’apprécie          60
À l'ombre des tours mortes

J’ai beaucoup aimé cet album, aussi je reprends ici une brève fiche de lecture de novembre 2010, avec l’espoir de susciter des curiosités, car cet artiste le mérite bien. Il sait raviver le devoir de mémoire et dénoncer l’inhumain.



Il s’agit, avec « In the Shadow of No Towers » d’une BD publiée entre 2002 et 2003 dans Die Zeit, Courrier International et The Independent. L’album, grand format (34,8 x 24,1 cm) a été publié à compte d’auteur en 2004.



C’est une réflexion sur les attentats du 11/09/2001 et l’impact qu’ils ont eu sur le comportement des Américains, l’artiste compris. « Je voulais refaire de la BD, après tout, ma muse s’appelle Désastre ! ». Ainsi, lui, qui n’aurait jamais porté un T-shirt « I ♥ NY », il éprouva soudain de la tendresse pour ses rues familières et vulnérables.



J’ai enfin noté « dropping the other shoe », expression idiomatique américaine utilisée pour exprimer l’attente d’un événement prévisible et théoriquement inéluctable. Après le gant de Kant, la chaussure (seconde) du « vaudeville étymologique » de cet album mémorable.

Commenter  J’apprécie          470
À l'ombre des tours mortes

Le talentueux dessinateur de Maus était à Manhattan le 11 septembre. Ses enfants étaient à l'école au pied des tours.

Cet album commence donc par nous livrer "son" 11 septembre, la panique, l'incrédulité, le besoin incoercible d'aller chercher les enfants pour rassembler la famille.

Ensuite, Spiegelman, qui en connait un bout en matière de traumatisme, a réfléchi et observé, et nous donne son point de vue très, très critique sur la guerre en Irak et la politique américaine en général.

Et pour ce faire il convoque, dans la seconde partie de cet album, les héros de comics du début de siècle - le 20è je précise : Pim Pam Poum, Little Nemo, Happy Hooligan... une certaine idée des États-Unis.

Le tout dans un album qui est d'abord un curieux objet, aux pages cartonnées comme un livre pour enfants, à lire en hauteur dans une mise en page évoquant les unes de presse.

Il a livré ces chroniques à la presse, justement, et nous explique sa difficulté, sa lenteur à dessiner ; d'où le nombre de pages très réduit au final, de cet ouvrage.

Challenge Bande dessinée 2022
Commenter  J’apprécie          1915
À l'ombre des tours mortes

Dans cet album, Art Spiegelman crie, pleure, questionne, expie. Dans ces pages grands formats, il se décharge des émotions qui le submergent depuis ce terrible jour de septembre. S’étant éloigné de la bande dessinée, il en appelle aux origines de cet art pour renouer avec ce moyen d’expression.

Critiques vives à l’encontre de la politique menée par le gouvernement de G.W.Bush, analyse de son traumatisme, cheminement personnel : l’ouvrage est chaotique. Mais comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on sait que l’auteur était au pied des tours lorsqu’elles se sont effondrées ?
Commenter  J’apprécie          60
Bons baisers de New York

Bons baisers de New York appartient à un type de livres particulier : les beaux livres. Ceux qu’on regrette doublement de devoir rendre un jour à la bibliothèque car chaque page est un trésor. Il était dans une des sélections de la médiathèque, ici sur les affiches. Je me suis jetée dessus, comme une affamée sans avoir vu l’auteur, juste à cause de la couverture. Plus que tous les autres, ce livre m’affriolait et bien m’en a pris, je l’ai embarqué.



La préface m’a confirmé mon envie de lire Paul Auster, de découvrir cet incontournable de la littérature américaine. Le livre, chaque image, m’a rappelé la puissance que pouvait avoir une couverture, une illustration, une peinture, une ébauche. Spiegelman est grand. J’avais lu Maus il y a longtemps et en avais gardé un souvenir précieux, celui d’un grand moment de lecture. Je ne suis pas fan de bande dessinée américaine mais Spiegelman m’avait déjà transportée adolescente. Il a recommencé ce soir avec sa série de couvertures pour le New Yorker. Au delà de la puissance du dessin, de l’humour provocateur (et toujours juste) dont Spiegelman fait preuve, les textes accompagnant les couvertures sont un régal. On peut lire avec joie sa vie à la rédaction du New Yorker, les coulisses de son métier, ses moyens d’exprimer son mécontentement (les bonhommes de neige finissent par faire sourire systématiquement quand on sait ce qu’ils signifient pour l’auteur) mais aussi son regard sur l’actualité retranscrite par la couverture. C’est aussi un regard porté sur la relation de l’Amérique avec ses médias, en tout cas avec une revue un peu plan-plan et très sérieuse dont les couvertures jouent la provoc’ avec intelligence. Bigrement intéressant. S’ajoute à cela les ébauches juxtaposées à la couverture finale qui permettent un regard sur l’évolution d’une idée, sur des détails changés au gré des négociations avec la rédaction mais aussi sur les différentes façons d’exprimer un concept jailli de cet esprit génial.



Un petit bijou, à lire pour le fond et la forme et à relire mille et une fois pour s’emplir les mirettes de ces couvertures qui font mouche.
Lien : http://sybabulles.wordpress...
Commenter  J’apprécie          10
Bons baisers de New York

Difficile de parler d’un tel ovni, à la fois beau livre, album de souvenirs et de BD, et chronique élégante, acérée de New York en miroir de l’Amérique, sur les dix ans que dura la collaboration du dessinateur du fameux Maus avec le prestigieux magazine The New Yorker.
Lien : https://www.avoir-alire.com/..
Commenter  J’apprécie          00
Bons baisers de New York

Je ne sais pas par où commencer tellement j'aurai de choses à dire sur ce livre. Tout d abord ce n'est pas une bande dessinée mais une biographie, un livre d'art écrit par l'auteur de : Maus, Art Spiegelmann. Je profite cependant du, mercredi c'est bande dessinée chez Mango, car je pense qu'il peut intéresser les amoureux du neuvième art ...



Ce livre retrace la participation d'Art Spiegelman au magasine, le New Yorker, qui fait parti intégrante du paysage médiatique américain. Effectivement, après nous avoir montré ses talents d'illustrateurs et d'écrivain, nous le découvrons sous de nouvelles facettes.



L'artiste provocateur :



Lorsqu'Art Spiegelmann dessine sa première couverture pour le magasine, le 15 février 1993, autant dire pour la Saint Valentin, cela déclenche un véritable coup de tonnerre. Il faut savoir qu'à l'époque les quartiers déshérités de Brooklin, peuplés d'Afro-Américains et de juifs orthodoxes, étaient au bord de la guerre raciale. Un enfant noir avait été renversé par un juif et s'en était suivi des représailles et une véritable crise. Mais voilà que Spiegelmann intervient et dessine un homme juif embrassant une femme noire. Il leur envoie un message sous forme pictural simple et fort : "Nous devons nous aimer les uns les autres ou mourir". Cela déclencha une levée de boucliers, des centaines de personnes menacèrent de se désabonner du magasines et Spiegelmann du écourter ses vacances pour venir s'en expliquer. Le magasine, un peu insipide, venait de prendre une nouvelle tournure en collaborant avec Spiegelmann qui n'aura de cesse de produire des oeuvres qui sont très critiques envers la société et l'actualité mais qui recèlent une puissance émotionnelle prodigieuse.





L'artiste inquiet et écorché :



On découvre l'homme inquiet qui se cache derrière l'artiste. Celui qui ne supporte pas l'injustice et la stupidité humaine mais refuse la fatalité et réagit par le dessin. Celui qui ne comprend pas que parfois on ne prenne pas de risque ne serait ce qu'en publiant ses dessins dans lesquels il a mis tant de lui. Il nous fait ressentir ses blessures lorsqu'il se met à dessiner par dépit des bonhommes de neiges "parce que c'est facile" mais surtout parce qu'on l'empêche de s'exprimer.





La puissance de ses oeuvres :



Aucune des oeuvres qui apparaît dans ce livre ne m'a laissé indifférente mais j'avoue que celle qu'il a faite au lendemain du 11 septembre m'a laissé sans voix. Il est vrai qu'il l'a vécu. Sa fille était scolarisée au pied des tours. Certains de ses camarades avaient des parents qui y travaillaient. Ils ont vu les corps tombés par les fenêtres. Art Spiegelmann se trouvait dans les rues pas très loin avec sa femme et il est allé la chercher ne la trouvant pas de suite au milieu des élèves épouvantés. Il n'a pas eu le temps de s'appesantir sur le traumatisme (celui-ci le submergerait après) car dans l'immédiat le magasine va très vite lui demander une couverture pour ce qui est un des plus grand évènement que vivra l'Amérique. Il passera des heures à son bureau avant que sa femme ne l'aide à accoucher d'une de ses illustrations les plus puissantes...



C'est une énorme claque que je me suis prise à la lecture de ce livre bouleversant !!
Commenter  J’apprécie          20
Bons baisers de New York

Un vrai trésor ce livre ! Art Speiglemann, l'auteur de Maus, nous raconte son passage au magasine The New-Yorker, dont il a fait certaines couvertures. Il nous livre ses dessins, ses planches préparatrices et ses impressions sur le climat de l'époque et sur ce qui le poussait à créer. Un livre très intéressant pour avoir le point de vue d'un artiste sur son art, et en plus, c'est Art !
Commenter  J’apprécie          00
Breakdowns

Art Spiegelman est internationalement connu pour sa bande dessinée Maus, qui transpose la Shoah dans un univers peuplé de souris (les juifs), de chats (les nazis) et de cochons (les Polonais) tout en racontant ses relations difficiles avec son père, rescapé de l’extermination. Mais, une grande partie de la carrière artistique de Spiegelman s’est déroulée dans la presse underground new-yorkaise des années 70-80.

Breakdowns est un recueil de bandes dessinées de ces années-là, abondamment commentées par l'auteur, une sorte d’hommage aux comic strips américains à la Dick Tracy ou aux histoires surréalistes du Little Nemo de McCay, sans oublier les clins d’œil à Picasso et Cézanne. Des premières pages tournées vers l’autobiographie aux recherches formelles sur le dessin, en passant par la genèse de Maus, la sursaturation des pages en dessins, en couleurs, en encre noire, en annotations en tous genres a fini par peser sur mon regard et me submerger sous un tsunami graphique. C’est trash, noir, violent, parfois empreint d’une mélancolie surannée : un foutoir indescriptible. Désarçonnée par ce grand bric-à-brac, je n’ai pas réussi à l’apprécier.
Commenter  J’apprécie          100
Breakdowns

Des planches détonnantes !
Commenter  J’apprécie          30
Breakdowns

Breakdowns est le mal-aimé d’Art Spiegelman. Après avoir hésité à trimballer sur soi, de la bibliothèque ou de la librairie jusqu’à son domicile, cet album de grand format, on apprend ainsi qu’il s’agit du fruit le plus embarrassant des travaux graphiques de l’auteur. Art Spiegelman s’excuse : s’il a finalement réussi à faire publier ses recherches dessinées, ce n’est pas faute d’avoir essayé d’échouer en proposant par exemple ses planches à l’hebdomadaire « East Village Other », si pourri qu’Art Spiegelman était donc « certain d’avoir toutes [ses] chances ». Et le travail de dépréciation continue. En quelques planches autobiographiques centrées sur son enfance, Art réussit presque à nous apitoyer sur le sort d’un gamin gauche, maladroit et inadapté au monde social, qui ne trouve d’autre remède à sa marginalité que la lecture de comics et de romans fantastiques, l’écriture et le dessin. Il réussit presque à se forger une image pitoyable et s’il n’y parvient pas totalement c’est qu’à son habitude, il raconte avec la distanciation qui fera plus tard l’horreur sans pathétique de Maüs, ajoutant encore une belle dose d’autodérision personnelle et familiale. L’humour, chez Art Spiegelman, n’adoucit jamais son propos et ne transforme pas ses planches en bluettes banales. « L’humour est, pour l’essentiel, une forme raffinée d’agressivité et de haine ».





Pourtant, Art Spiegelman semble commettre une fois le crime d’abandonner cet humour en chemin. Après des planches autobiographiques et des réflexions théoriques sur la bande dessinée, on parvient à ce point de Breakdowns où la narration et le dessin s’envolent dans l’expérimental. On avait commencé à soupçonner l’amorce de ce tournant lorsque Art Spiegelman imitait les dessins caoutchouteux de ses comics préférés –reflets d’une réalité grotesque qui auraient été encore tordus, étirés, grossis, rendus flexibles et sirupeux à la manière des personnages les plus inquiétants d’un Robert Crumb, par exemple. Mais l’expérimentation ne se contente pas de l’imitation et Art Spiegelman va plus loin lorsqu’il rajoute des sérigraphies héritées du pop art, des essais de cubisme à l’arrache, un puzzle narratif et d’autres expérimentations temporelles. Si tous ces essais se lisent avec curiosité, ils ne sont toutefois pas bouleversants et ne permettent pas de crier au génie. Il s’agit peut-être encore d’une nouvelle forme d’humour singeant les conventions artistiques de la bande dessinée et de l’art pictural pour faire valoir l’agressivité d’un ego spiegelmanien qui se cherche.





Art Spiegelman ne cherche pas à faire passer des vessies pour des lanternes et avoue ses ambitions presque mégalomaniaques dans une postface à la manière joycienne. Autodérision –encore ! Portrait de l’artiste en jeune %@S*! est la preuve que cet album résulte surtout d’une pose artistique de l’auteur –ce qui ne lui enlève aucun mérite- et qu’elle consiste en une étape cruciale de son développement jusqu’à ses œuvres de maturité. Celles-ci, enfin, n’auront plus besoin de perdre leur lecteur en chemin dans des expérimentations pas si géniales que ça pour captiver leur attention et susciter leur admiration.
Lien : http://colimasson.over-blog...
Commenter  J’apprécie          180
Breakdowns

Planches publiées entre 2002 et 2003 dans différents journaux (Die Zeit, Le Courrier International, The Independent). La BD ne vit le jour en tant qu'album grand format (34,8 × 24,5 cm) qu'en 2004. Il s'agit d'une réflexion, très originale à mon sens, sur les attentats du 11 septembre 2001 et l'impact qu'ils ont eu sur le comportement des Américains, l'artiste compris. «Je voulais refaire de la B.D. Après tout, ma muse s'appelle Désastre», dit-il en insistant sur le «Dropping the other shoe», expression idiomatique américaine utilisée pour exprimer l'attente d'un événement prévisible et théoriquement inéluctable. Après le gant de Kant (heureusement que j'ai corrigé : le logiciel de reconnaissance vocale avait mis Cantona) le chaussure (seconde) du «vaudeville étymologique». Lui qui n'aurait jamais porté un T-shirt I ♥ NY éprouva soudain de la tendresse pour ses rues familières et vulnérables qui ont trouvé la force de se reconstruire.

Commenter  J’apprécie          160
Breakdowns

BD riche en réf. et en bio.
Commenter  J’apprécie          20
Breakdowns : Portrait de l'artiste en jeune..

« Breakdowns : Portrait de l'artiste en jeune %@* ! » présente les premières œuvres d’Art Spiegelman, l’auteur de « MAUS ». L’ouvrage, paru en 1978, est réédité et dédié à Woody Gelman, éditeur de BD Underground, et Françoise (Mouly), l’épouse d’Art Spiegelman. Le titre rappelle le roman de James Joyce : « Portrait de l'artiste en jeune homme ». En une première partie, l’auteur retrace en quelques planches autobiographiques ses premiers essais dans la bande dessinée « underground » des années 1960 et 1970. Bandes dessinées de contestation qui se développent (difficilement, avec peu de moyens..) aux Etats-Unis, elles empruntent des circuits de distribution hors des maisons d’édition classiques. Les dessins sont réalistes, stylisés, expressifs jusqu’à l’outrance …ils utilisent plusieurs modes d’expression qui broient le temps chronologique, exploitent des fragments d’œuvres reconnues, mêlent humour et provocations.. . Les couleurs, vives, alternent avec le noir et blanc, quelques photos sont insérées…Le ton est donné : décalé, provocant, il s’ouvre sur une réflexion sur l’art, les techniques de la bande dessinée, …Le dessinateur se veut un artiste en recherche .

Une seconde partie présente une anthologie des travaux d’Art Spiegelman « de Maus à maintenant (1976) ». Dans une postface, l’auteur développe les intentions qui ont prévalu à la première édition de Breakdowns en 1978 et revisite son parcours professionnel. Il révèle l’importance de « Breakdowns » dans sa recherche qui conduit à la seconde édition en 2008 et la troisième version de luxe en 2022.

« Breakdowns : Portrait de l'artiste en jeune %@* ! » est un bel ouvrage, soigné et esthétique , un livre de mémoire reflet d’une œuvre certes « marginale » par son style et son propos mais éclairant sur la personnalité et le parcours d’Art Spiegelman. La version « luxe » consacre une démarche artistique contestataire qui diffusait les créations en feuilles volantes. Le temps a « digéré » une forme contestée…..

Merci à Babelio ( à l’Opération Masse Critique ») et aux Editions Flammarion pour cette découverte.

Commenter  J’apprécie          50
Breakdowns : Portrait de l'artiste en jeune..

Limite nervous breakdown, j’aurais préféré rester dans la piaule à rien faire, barjaquer sans se cailler le trognon dans le froid, au calme, sans même un son de ce qu’on appelle foutue musique, rien faire du tout, mais j’avais été traînée là après un long arpentage des rues glaciales. Bonsoir tout le monde. Ce n’est qu’un mauvais moment à passer. Dans quatre heures, il n’en paraîtra plus rien.





- Eh non, ce n’est pas lui, dit-il en riant, ravi d’avoir été pris pour la vedette dont il est le sosie officieux.



Qui sont ces prolétaires hantés par la promesse de la gloire et qui, sortis dans un bar quelconque, imaginent probable de croiser la route d’une célébrité ? Leur esprit semble tendu à cette seule fin. Je prends une bière mais il commande une limonade : non, la soirée ne sera vraiment pas bonne. Les serveurs s’emmerdent-ils ? Ils le semblent, collets-montés comme des pouliches de seconde zone. Pour la deuxième tournée, je connais la combine. Je demande une ginger beer, qui n’a de bière que le nom. Avec le temps, même les bonnes choses finissent par ne l’être plus tant. Le serveur me tend une cannette en aluminium. Je pense à l’opérateur de production de Constellium. J’en avais été chamboulée jusqu’aux os. Je dégoupille la languette, je porte la cannette à mes lèvres mais il m’arrête.





- Prends un verre, c’est dégueulasse.





Je regarde la cannette : ça, c’est sale. Je regarde le verre : ça, c’est propre.



Il faut s’imaginer. Les cannettes sont entreposées dans des hangars. Des rats y vivent. Ils sortent roder sur les tas de cannettes, les escaladent comme des châteaux de sable, y pissent allègrement, puis redescendent en plaine. La pisse stagne sur le dessus des cannettes. Les jours passent, la pisse s’évapore, elle coule même, et les cannettes sont soulevées, retournées, manipulées, aimées d’un entrepôt à un autre. La pisse disparaît d’heure en heure. Les cannettes semblent alors avoir retrouvé leur virginité originelle : le métal reflète la lumière comme au premier jour. Ne vous y fiez pas : les germes n’ont pas disparu. Au contraire, l’urine s’étant évaporée, les germes se sont accrochés plus que jamais au métal, ils l’ont infiltré, ils se sont multipliés, ils sont devenus redoutables, milliards de petits germes en forme de gouttes de pisse et avec des gueules de rats. Sale ? Cet argument est-il censé me rebuter ? Bien au contraire. La cannette m’apparaissait désormais comme une surface aux points d’intérêts proliférants, infusée d’escherichia coli asséchés, rabougris comme ces petites poires que nous récoltions en plein été et que nous oubliions sur le rebord d’une fenêtre pendant des semaines. Leur peau était alors celle du serpent.





Je me sentais limite nervous breakdown quand la musique, ce que certains appellent ainsi – chanson à base de tromperie, vengeances, saine supériorité morale, commença. Lécher la cannette pourrait me sauver. Avaler les germes. Communier avec la substantifique moelle de la pisse des rats. Où étaient passées les souris ? Les souris sont de petites fées. Il ne serait pas question de les évoquer pour faire peser la menace d’une intoxication digestive. Le nom « rat » est masculin, le nom « souris » est féminin, vous comprenez. J’emmerde les souris.





- Je crois que la chanteuse me regarde, dit-il.





J’étouffais au milieu des têtes dodelinantes qui m’entouraient. Tant de crânes remplis de tant d’yeux. Je regardais la chanteuse, et pourtant, cela ne voulait rien dire. Je ne le regardais pas car, s’il était vraiment regardé par la chanteuse, alors, il ne fallait pas multiplier indécemment le nombre de regards focalisés sur un même point. La chose regardée pourrait imploser après une lente liquéfaction des éléments solides internes. Il se créerait alors une dépression qui entraînerait l’ensemble des chairs en un mouvement centrifuge. Je voulais passer ma langue à l’intérieur de la languette de la canette, en lécher les rebords tranchants, sectionner une papille gustative, une filiforme, peut-être. Cette chanteuse me sort par les gobilles.





J’ai failli rater la cible en faisant la bise à Alice. Je ne savais plus s’il fallait d’abord tourner la tête à gauche ou à droite. J’aurais pu embrasser le voisin, c’est-à-dire celui qui était à la place du mauvais côté, par inadvertance. J’ai oublié de me présenter. C’est-à-dire qu’elle a dit « Alice » tandis que je me demandais : rats ou souris ? Les souris sont plus petites, elles doivent pisser moins. De toute façon, je ne la reverrai plus jamais, alors, les efforts, pour quoi faire ? Les rats, évidemment. Imaginez que des souris aient pissé et que je boive de la pisse de souris ? Non, cela ne serait pas possible. La pisse d’Alice : dégueulasse. La sienne, oui, pourquoi pas, dans la décomposition de son implosion narcissique. Les objets du désir des autres me sont déchets.

Commenter  J’apprécie          132




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Art Spiegelman Voir plus

Quiz Voir plus

Maus, tome 1 : Mon père saigne l'histoire.

Quels animaux sont représentés à la place des juifs, polonais et allemands ?

Serpents, pigeons, souris
Souris, cochons, chats
Areignées, rats, chiens
Hamsters, tortues, girafes

10 questions
126 lecteurs ont répondu
Thème : Maus, un survivant raconte, tome 1 : Mon père saigne l'histoire de Art SpiegelmanCréer un quiz sur cet auteur

{* *}