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Citations de August von Kageneck (22)


Mais non, rien n'entrera dans l'histoire allemande. Le général se trompait. Personne ne chantera la gloire de ces soldats de la bataille de Rjev, comme on chante Verdun en France ou les Flandres en Angleterre. [Aucune école n'enseignera cette victoire défensive aux futurs officiers. Aucun monument ne rappellera le sacrifice des hommes tombés.
En fait, l'héroïsme et le sacrifice des soldats seront engloutis dans la défaite et dans la condamnation du nazisme, tout sera retourné contre le peuple allemand.
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sous-titre, :" un adieu", page 293 : : réflexion de votre Hugo national, qui disait que bientôt l'affrontement entre pays européens paraîtrait à nos descendants aussi incongru que les combats opposant Picards et Bourguignons
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Nous nous demandions combien de temps encore cela allait durer, ces hordes incessantes d'hommes qui déferlaient sur nous au coude à coude, en hurlant, qui ramassaient les armes de ceux qui étaient tombés et qui s'arrêtaient parfois à seulement cinq ou dix mètres de nos lignes. Même un peuple comme le peuple russe ne pouvait pas éternellement supporter d'aussi lourdes pertes.
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Les chevaux étaient muets. Ils ne se plaignaient pas. Ils souffraient en silence jusqu'à l'épuisement et l'effondrement dans l'attelage où les attendait, donné avec infiniment de peine, le coup de grâce. Ainsi mouraient-ils par centaines, par milliers.
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Chaque aube qui se lève est une petite-fille de l'espérance.
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Cette marche s'était déroulée partiellement sur la route que la Grande Armée napoléonienne avait empruntée en 1812. Brusquement, les éternels chemins sablés s'arrêtaient et une véritable route, pavée cent vingt-neuf ans auparavant par les hommes du génie de l'Empereur, courait entre deux rangées de magnifiques bouleaux. [...]
Ah ! l'Empereur. Il occupait les soldats cultivés d'Adolf Hitler. Il ne quittait pas leur tête. Ils pensaient tout le temps à lui, à son triomphe du début et à sa triste, sa terrible fin. Et si la même chose allait nous arriver à nous aussi ? On n'était plus en 1812, on était en 1941 [...] Plus tard, bien plus tard, devant Moscou et dans la neige, ils seront devenus très nombreux à parler de Napoléon, à lire Caulincourt et à se poser de terribles questions.
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Chers parents, aujourd’hui, le tribunal du Peuple m’a condamné à mort. Ma vie s’éteindra dans quelques minutes. Je ne crains pas la mort… Dieu m'a donné la paix et le calme céleste. Mon esprit est déjà ailleurs… Mon frère, ma sœur… resserrez les liens autour de nos parents. Merci à tous ceux qui m’ont fait du bien. Merci surtout pour la vie que vous m’avez donnée. Elle fut belle. Je vous embrasse pour la dernière fois, Roland.
12 octobre 1944
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Pourtant, dans le Reich, le sang avait vraiment coulé. L'Allemagne et le monde avaient, pour la première fois, reconnu le vrai visage du nouveau régime. Le 30 juin 1934, Hitler abattit, dans une opération foudroyante, toute l'opposition dans son propre parti, celle des SA et des SS, et surtout, en dehors du parti, celle qui se dressait encore sur le chemin de la dictature complète. On l'avait appris par la radio et la presse. Des photos dans les journaux montraient des SS armés jusqu'aux dents dans les rues de Berlin et de Munich. Le coup était surtout dirigé contre les SA. Leur puissant chef, Röhm, avait soi-disant essayé de supplanter Hitler et de prendre le pouvoir, en s'appuyant sur ses millions de chemises brunes et sur l'Armée, qui voulait se débarrasser de Hitler.
Combien y avait-il eu de morts ? On n'en savait rien. Les rumeurs parlaient de milliers. Un de mes cousins de Munzingen, qui avait été secrétaire particulier du vice-chancelier von Papen, nous raconta un peu plus tard comment les SS avaient envahi ses bureaux à Berlin. Ils étaient entrés dans les pièces, à la recherche des suspects. Ils avaient froidement abattu, à sa table, un des collaborateurs de Papen. " Nous entendions le cliquetis des pistolets des SS dans notre dos, dans le couloir, et nous nous attendions à être tous liquidés ", nous dit-il.
Quelle horreur ! C'était donc ça, l'ordre nouveau ? Mais pour l'amour de Dieu, qu'était-il arrivé à l'Allemagne ? Était-il encore temps de changer le cours des événements ? Et l'Armée ? Ne pouvait-elle faire quelque chose ?
L'Armée, la Reichwehr, ne pouvait plus rien changer. Elle n'en avait probablement même pas envie.
Peu de temps après, Hitler rétablit la Wehr-Hoheit, la faculté pour l'Allemagne de se donner une armée à sa mesure et à sa guise. Autrement dit, il réarmait l'Allemagne. Il avait ainsi, comme il disait, brisé les dernières chaînes du Diktat de Versailles. Il avait réintégré l'Allemagne dans les rangs des nations maîtresses de leur propre destin. Il avait effacé la honte et l'humiliation de la défaite de novembre 1918.
Quand mon père entendit ce discours à la radio, il tira son grand mouchoir de sa poche et se moucha bruyamment. C'est la seule fois où je l'ai entendu pleurer. Il approuvait à fond cette décision de Hitler, mais il gardait ses distances vis-à-vis des nazis. Il continuait à se méfier de la politique étrangère du régime. Il répétait sans cesse qu'il ne savait pas très bien où tout cela allait mener l'Allemagne.
Peu de temps auparavant, il avait renoncé à toute vie publique, puisque celle-ci était désormais devenue un engagement forcé. Lors d'une manifestation patriotique sur la place du Marché de Wittlich ( Dieu sait qu'il y en avait ! ), à laquelle il participait en tant que président des Anciens Combattants, un jeune voyou en chemise brune avait remarqué, dans les rangs des vétérans, deux Israélites couverts de décorations et bien connus dans la ville.
" Les Juifs n'ont plus de place parmi nous, qu'ils quittent immédiatement les lieux, ou on les chassera ! " cria le jeune homme.
Mon père l'entendit. Il était dans son uniforme de Général-Major de l'ancienne armée impériale et devait faire, ce soir-là, le principal discours du haut du balcon du Rathaus.
" Que personne ne touche à nos deux camarades, ou c'est moi qui quitte immédiatement les lieux ", dit-il tranquillement.
Les nazis furent bien obligés de s'incliner. Mon père fit son discours. Ensuite, il rentra chez lui et nous annonça son intention de ne plus jamais participer à une manifestation en uniforme. Il manqua à sa parole une fois : lorsque la ville fit un triomphe à mon frère Erbo, l'aviateur, qui avait été décoré de la Croix de Fer de chevalier pour ses vingt premières victoires aériennes.
Ainsi étions-nous, et d'une curieuse façon, confrontés pour la première fois avec l'un des aspects les plus odieux du règne de terreur que les nazis avaient établi en Allemagne : le fameux problème juif.
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Une guerre interminable, une guerre d'épuisement, de faim, de désespoir avec un sentiment de non-retour, une guerre sans pardon. Une guerre d'espoirs fous et de terribles déceptions. Une guerre dont on souhaite la fin, une fin qui ne viendra jamais.
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Le soir même, je devais apprendre à quoi avait servi ma « bravoure ». J'avais envoyé un homme à Tarnapol pour y récupérer l'un ne nos blindés endommagé lors de la prise de la ville. A son retour, je vis qu'il était bouleversé.
« Que se passe-t-il donc, Hansen ? lui demandai-je.
– Mon lieutenant, j'ai vu aujourd'hui quelque chose que je n'oublierai jamais.
– Quoi donc ?
– En deux jours, la SS Viking a assassiné toute la population juive de Tarnapol. On parle de plus de quinze mille hommes, femmes et enfants.
J'étais abasourdi.
– Avez-vous vu cela de vos propres yeux, ou est-ce quelqu'un qui vous l'a raconté ?
– J'ai vu des tas de cadavres dans les rues, du sang partout sur les murs. J'ai même pris des photos mais un SS m'a confisqué mon appareil. Il m'a dit qu'ils avaient fait cela à la demande de la population non juive de la ville. »
D'autres soldats du bataillon, qui avaient été les témoins oculaires du carnage, racontaient que les SS, à court de munitions, avaient ordonné à leurs victimes de s'entretuer elles-mêmes, avec tout ce qui leur tombait sous la main.
L'irritation de mes hommes était à son comble. Ils franchissaient les limites de la discipline qui leur interdisait d'émettre une opinion personnelle devant leurs officiers.
« Qu'est-ce que ça veut dire, mon lieutenant ? C'est pour ça que nous nous battons ? Salauds de SS ! Ils nous on laissé prendre la ville pour, ensuite, assassiner lâchement la population. C'est à eux qu'on devrait faire la guerre ! »
Je me tus et leur ordonnai de ne plus en parler
Le lendemain, les officiers du bataillon furent discrètement informés que le commandant de l’unité SS, le Gruppenführer (général) Eicke, avait été relevé de ses fonctions par le Führer. Est-ce pour calmer les esprits qu’on répandit cette nouvelle ? Je ne l’ai jamais su exactement.
Quelques jours plus tard, les officiers se trouvaient de nouveau réunis au PC du bataillon, Cette fois-ci, Ohlen fit évacuer tout le personnel qui n’appartenait pas au corps des officiers, Après avoir fermé les portes, il nous dit :
« Vous devez savoir que le Führer a ordonné l’exécution immédiate de tout commissaire politique ou "politrouk" tombés entre nos mains. Mais j’ai un contrordre formel du général, qui vient d’ailleurs du corps d’armée. Ce "Komissarbefehl" n’est pas applicable dans les unités de la 9ème Panzer. »
Dès les premiers jours de la guerre, on nous avait donné l’ordre de séparer rigoureusement les commissaires politiques russes des autres prisonniers. Ils étaient reconnaissables à leurs cheveux longs. J’avais vu, plusieurs fois, des cadavres d’hommes aux cheveux longs dans les fossés. Ils y avaient visiblement été abattus. Ainsi l’armée allemande se trouvait-elle rabaissée au rang d’une bande de chasseurs de sorcières ! Mais il y avait heureusement des chefs courageux qui n’appliquaient pas les ordres démentiels de leur chef suprême. Par chance, c’était le cas des miens.
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L’immense majorité des combattants de la Russie n’a pas laissé raisonner la voix de la conscience dans son cœur. J’en fus.
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La discipline interdisait aux soldats allemands de critiquer les ordres et les actes d'un supérieur. (p.42)
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page 135. Le ciel était gris, le pays blanc, l'horizon avait disparu. Nous avancions dans un univers sans limite, sans bornes, froid, hostile, inhumain. Un matin la radio nous annonça l'entrée en guerre des Etats-Unis. Nous comprîmes à peine ce que cela signifiait.
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J’accuse en effet l’aristocratie allemande et la grande bourgeoisie d’avoir souhaité ou fini par soutenir l’arrivée du national-socialisme en Allemagne.
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Je ne doute pas que la révolte devant ces faits est assez générale dans l’armée. Chacun estime odieux que certains profitent de l’héroïsme des soldats du front, pour poursuivre leurs sinistres buts. Mais hélas, ce ne fut pas la flamme de l’humanitas qui jaillit du fond de nos cœurs. Ce poison d’antisémitisme avait déjà fait œuvre de destruction. La corruption morale après sept ans de règne des " autres " avait déjà fait son chemin, même chez ceux qui l’avaient violemment nié dans leur fort intérieur.
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Cette lettre ne peut plus t’atteindre. Pourquoi ne pas poursuivre notre dialogue, même si ton corps n’est plus là et que tu n’es plus visible à mes yeux. Mon âme continue à te chercher. Peut-être existe-t-il un lieu où les âmes peuvent se percevoir. Je te suis reconnaissante de nous avoir ouvert ton être durant les dernières semaines de ton existence. Quelles auraient été nos retrouvailles si tu nous avais été rendu ? Le fait que ce bonheur nous ait été ravi est la raison profonde de ma douleur. Je ne retiendrai que la chaleur de tes derniers mots qui m’incitent à poursuivre notre échange. Ton ironie et ta nature quelque peu secrète nous séparaient parfois. Tu n’as jamais voulu exprimer tes sentiments envers les autres mais ils existaient, je les ai vus dans l’éclat de tes yeux un certain jour où j’étais venu te voir à la clinique et où j’avais déposé une fleur sur le lit de l’un de tes camarades mourant. L’amour de la beauté qui t’animait trahissait une grande sensibilité. Tes yeux sont éteints maintenant mais, comme le disait Goethe, « capables de boire tout ce que peuvent contenir les paupières de la surabondance de l’univers ».


Lettre de la mère de Roland von Hoesslin, après son exécution, le 10 décembre 1944
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Si un jour, d’aventure, quelques-uns d’entre vous sont réunis autour d’une table et si vous pensez à moi, allez chercher une bonne bouteille à la cave et videz-là au salut de ma mémoire. J’espère que vous rirez bien des marottes de votre Marquis et de la mort extravagante qu’il s’est choisie. Advienne que pourra, la vie était belle.
Pour toujours, votre Roland.

12 octobre 1944
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On m’a destitué de mes honneurs d’officier ; le succès et les fées ont parlé contre moi. Mais l’Histoire, incorruptible, aura le dernier mot. Peut-être ai-je commis une erreur, peut-être me suis-je égaré, mais je n’ai pas d’autre ambition que de faire mon devoir ; mon honneur d’officier est peut-être souillé mais mon honneur personnel reste intact. La certitude de la clémence de Dieu est si grande que je suis tout à fait serein. Il nous faut maintenant nous séparer. J’avance sur un sentier rocailleux et en me retournant vous devenez de plus en plus petits ; une brume me voile le regard mais nos cœurs restent unis dans l’amour. Eternellement.

12 octobre 1944
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Chaque page de ce livre est une feuille d'arbre déposée sur la tombe de nos camarades. Entendez-vous , comme moi , leurs voix dans vos rêves ?
Mes frères de la nuit et de la lumière , faites-moi une place et donnez-moi l'accolade.
( Hélie de Saint Marc )
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" Réjouissez-vous de la guerre, enfants, la paix sera terrible " p.180
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