Itw
Raymond ARON sur son livre "La
société industrielle et
la guerre"
Pierre DESGRAUPES interviewe
Raymond ARON sur son livre "La
société industrielle et
la guerre". En réponse aux
prophéties du siècle dernier du sociologue
Auguste Comte ,
Raymond ARON livre dans cet ouvrage ses
réflexions sur le monde actuel, qu'il nomme "
société universelle", c'est-à-dire, à la
diplomatie planétaire, et sur les conditions qu'il faudrait réunir pour instaurer la paix :...
+ Lire la suite
Le progrès n'est que le développement de l'ordre.
L'humanité se compose plus de morts que de vivants.
A propos de Auguste Comte, relaté par Jean-Claude Carrière dans son livre "Les bizarres" :
Sa vie fut une des plus bizarres qui soient. Il lui arrivait de disparaître pendant un certain temps, d’oublier complètement ses rendez-vous et obligations. Ainsi le 2 avril 1826, quand ses auditeurs se présentèrent à sa quatrième leçon, ils trouvèrent porte et volets clos.
On possède de lui un certain nombre de lettres véritablement incohérentes, qui justifient à elles seules son examen par le grand médecin Esquirol. Celui-ci le fit interner après que Comte eut tenté de se noyer avec sa femme dans le lac d’Enghien. A l’asile, le père du positivisme piqua sa fourchette dans la joue d’un gardien.
Le jour de sa sortie de l’asile, il signa un acte « Brutus Bonaparte Comte ». Par la suite, il essaya encore de se suicider en se jetant du haut du pont des Arts à Paris. Une autre fois, il partit pour Montpellier, arriva à Nîmes, et subitement rebroussa chemin.
Ces bizarreries ne succédèrent pas à son œuvre mais en furent rigoureusement contemporaines. Mystique, avec des hallucinations et des extases, il a laissé une œuvre à prétention scientifique. On peut même le considérer comme le père de la sociologie.
« Maintenant que l’esprit humain a fondé la physique céleste, la physique terrestre, soit mécanique, soit chimique ; la physique organique, soit végétale, soit animale, il lui reste à terminer le système des sciences d’observation en fondant la physique sociale.Tel est aujourd'hui, sous plusieurs rapports capitaux, le plus grand et le plus pressant besoin de notre intelligence : tel est, j’ose le dire, le premier but de ce cours, son but spécial » (p. 29)
« La division du travail intellectuel, perfectionnée de plus en plus, est un des attributs caractéristiques les plus importants de la philosophie positive. [...]
Mais, tout en reconnaissant les prodigieux résultats de cette division, tout en voyant désormais en elle la véritable base fondamentale de l’organisation générale du monde savant, il est impossible, d’un autre côté, de n’être pas frappé des inconvénients capitaux qu’elle engendre, dans son état actuel, par l’excessive particularité des idées qui occupent exclusivement chaque intelligence individuelle. [...]
De l’aveu de tous, les divisions établies pour la plus grande perfection de nos travaux, entre les diverses branches de la philosophie naturelle, sont finalement artificielles. [...]
Craignons que l’esprit humain ne finisse par se perdre dans les travaux de détail. [...]
Le véritable moyen d’arrêter l’influence délétère dont l’avenir intellectuel semble menacé, par suite d’une trop grande spécialisation des recherches individuelles, ne saurait être, évidemment, de revenir à cette antique confusion des travaux, qui tendrait à faire rétrograder l’esprit humain, et qui est d’ailleurs, aujourd'hui, heureusement devenue impossible. Il consiste, au contraire, dans le perfectionnement de la division du travail elle-même. Il suffit, en effet, de faire de l’étude des généralités scientifiques une grande spécialité de plus. [...] »
Nul ne possède d'autre droit que celui de toujours faire son devoir.
Toutes les grandes conceptions, après avoir été suffisamment préparées par la méditation, n'ont irrévocablement surgi que sous la plume
On ne connaît pas complètement une science tant qu'on n'en sait pas l'histoire.
"Le but spécial de ce cours étant ainsi exposé, il est aisé de comprendre son second but, son but général, ce qui en fait un cours de philosophie positive, et non pas seulement un cours de physique sociale.
En effet, la fondation de la physique sociale complétant enfin le système des sciences naturelles, il devient possible et même nécessaire de résumer les diverses connaissances acquises, parvenues alors à un état fixe et homogène, pour les coordonner en les présentant comme autant de branches d’un tronc unique, au lieu de continuer à les concevoir seulement comme autant de corps isolés. [...]
En un mot, c'est un cours de philosophie positive, et non de sciences positives, que je me propose de faire. Il s’agit uniquement ici de considérer chaque science fondamentale dans ses relations avec le système positif tout entier, et quant à l’esprit qui la caractérise, c'est-à-dire sous le double rapport de ses méthodes essentielles et de ses résultats principaux » (29-30)
Depuis que l'action réelle de l'Humanité sur le monde extérieur a commencé, chez les modernes, à s'organiser spontanément, elle exige la combinaison continue de deux classes distinctes tris inégales en nombre, mais également indispensables : d'une part, les entrepreneurs proprement dits, toujours peu nombreux, qui, possédant les divers matériaux convenables, y compris l'argent et le crédit dirigent l'ensemble de chaque opération, en assumant dès lors la principale responsabilité des résultats quelconques; d'une autre part, les opérateurs directs, vivant d'un salaire périodique et formant l'immense majorité des travailleurs, qui exécutent, dans une sorte d'intention abstraite, chacun des actes élémentaires, sans se préoccuper spécialement de leur concours final. Ces derniers sont seuls immédiatement aux prises avec la nature, tandis que les premiers ont