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Citations de Barbara Ehrenreich (16)


La répression des femmes soignantes par l’institution
médicale fut une lutte politique, d’abord parce
qu’elle s’inscrit dans l’histoire de la guerre des sexes en
général. Le statut des femmes soignantes s’est amélioré
et a décliné parallèlement au statut des femmes.
Lorsque les femmes soignantes étaient attaquées, elles
l’étaient en tant que femmes ; lorsqu’elles se défendaient,
elles se défendaient au nom de toutes les femmes.
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On prétendait que les sorcières avaient pris
du plaisir à copuler avec le diable (en dépit de l’organe
glacé qu’il était réputé posséder) et qu’à leur tour elles
contaminaient les hommes. La luxure chez l’homme
comme chez la femme était toujours imputée à la femme.
D’un autre côté, les sorcières étaient accusées
de rendre les hommes impuissants et de provoquer la
disparition de leur pénis. Pour ce qui est de la sexualité
féminine, on les accusait de fournir une aide contraceptive
et de pratiquer des avortements.
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Le pauvre qui travaille, est le grand philanthrope de notre société... Etre un pauvre qui travaille, c’est être un donateur anonyme, un mécène sans nom.
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Quand je regarde la télévision pendant mon dîner, je découvre un monde dans lequel chacun ou presque gagne 15$ de l'heure et plus.[...] Les feuilletons et les séries parlent de créateurs de mode, d'avocats ou d'instituteurs. Il est donc facile pour une employée de fast-food ou une fille de salle de conclure que sa vie est une anomalie - qu'elle est la seule ou presque à ne pas avoir été invitée à la fête. Et, en un sens, elle aurait raison: les pauvres ont disparu de la culture en général...
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La profession médicale telle que nous la connaissions (avec 90% d'hommes) avait remplacé et chassé une tradition de médecine empirique féminine bien plus ancienne, comprenant à la fois la pratique de sage-femme et une gamme de savoir-faire de soignantes, cependant que l'on fermait aux femmes l'accès aux études de médecine.
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Nommer sorcière celle qui revendique l'accès aux ressources naturelles, celle dont la survie ne dépend pas d'un mari, d'un père ou d'un frère, celle qui ne se reproduit pas, celle qui soigne, celle qui sait ce que les autres ne savent pas ou encore celle qui s'instruit, pense, vit et agit autrement, c'est vouloir activement éliminer les différences, tout signe d'insoumission et tout potentiel de révolte. C'est protéger coûte que coûte les relations patriarcales brutalement établies lors du passage du féodalisme au capitalisme.
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Connaître notre histoire, c’est commencer à entrevoir le moyen de reprendre la lutte.
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Francis Bacon (1561-1626) lui-même, pionnier de la pensée scientifique, estimait que « les empiriques et les vieilles femmes » étaient « souvent plus efficaces avec leurs remèdes que les médecins instruits ».
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Les chasses aux sorcières n'éliminèrent pas totalement les femmes guérisseuses des classes populaires, mais elle les étiquetèrent à jamais comme superstitieuses et malveillantes. Elles furent si profondément discréditées parmi la classe moyenne émergente qu'aux XVIIe et XVIIIe siècles, les praticiens masculins purent effectuer de sérieuses incursions dans le dernier domaine réservé de la médecine féminine, l'obstétrique. Des praticiens masculins non-professionnels, les « barbiers-chirurgiens », menèrent l'assaut en Angleterre, revendiquant une supériorité technique sur la base de leur utilisation du forceps obstétrical. (Le forceps fut classé légalement comme instrument chirurgical, et la loi interdisait aux femmes la pratique de la chirurgie.) Entre les mains des barbiers-chirurgiens, la pratique de l'obstétrique parmi la classe moyenne se transforma rapidement d'un service de voisinage en une activité lucrative, que les « vrais » médecins ne tardèrent pas à investir en force au XVIIIe siècle. Les sages-femmes anglaises s'organisèrent et accusèrent les intrus masculins de mercantilisme et d'utilisation dangereuse du forceps. Mais il était trop tard – ces femmes purent facilement être dénigrées comme de « vieilles bonnes femmes » ignorantes s'accrochant aux superstitions du passé.
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A une époque que nous associons aujourd'hui à la Renaissance en Europe et aux premiers signes de la révolutions scientifique, les chasses aux sorcières furent un pas en arrière vers l'ignorance et l'impuissance et pas seulement pour les gens de la classe populaire qui perdirent un si grand nombre de leurs soignantes traditionnelles.
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5. [Anna Colin in : « Postface »] : « Nommer sorcière celle qui revendique l'accès aux ressources naturelles, celle dont la survie ne dépend pas d'un mari, d'un père ou d'un frère, celle qui ne se reproduit pas, celle qui soigne, celle qui sait ce que les autres ne savent pas, ou encore celle qui s'instruit, pense, vit et agit autrement, c'est vouloir activement éliminer les différences, tout signe d'insoumission et tout potentiel de révolte. C'est protéger coûte que coûte les relations patriarcales brutalement établies lors du passage du féodalisme au capitalisme.
"Comment, de notre position ancienne de prééminence, en sommes-nous arrivées à notre position actuelle de soumission ?", demandent Barbara Ehrenreich et Deirdre English dans leur texte fondateur de 1973. » (p. 116)
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4. « La médecine était devenue une activité pour les hommes blancs de la classe moyenne. Mais c'était plus qu'une activité. C'était devenu, enfin, une profession. Plus précisément, un groupe particulier de soignants, les docteurs "réguliers", constituaient désormais 'la' profession médicale. Leur victoire ne reposait pas sur une quelconque compétence de leur part : le docteur "régulier" moyen n'avait pas acquis soudainement une connaissance de la science médicale avec la publication du rapport Flexner. Mais il avait acquis la "mystique" de la science. » (pp. 86-87)
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3. « Aussi nous paraît-il étrange et surtout très triste que ce que nous pourrions appeler le "mouvement pour la santé des femmes" commence, à la fin du XIXe siècle, à se dissocier de son passé au Mouvement populaire pour la santé et à aspirer à la respectabilité. […] Tout ceci à une époque où les "réguliers" ne possédaient que peu voire aucun avantage "scientifique" sur les docteur.e.s des diverses sectes ou sur les soignant.e.s empiriques.
L'explication tient, nous semble-t-il, à l'appartenance à la classe moyenne des femmes intéressées à cette époque par une formation médicale académique. Il leur a sans doute été plus facile de s'identifier aux docteurs "réguliers" de la classe moyenne qu'à des femmes soignantes de la classe populaire ou aux sectes médicales (qui avaient été identifiées quelques temps plus tôt aux mouvements radicaux). Ce changement d'allégeance fut probablement facilité par le fait que, dans les villes, les praticien.ne.s empiriques étaient de plus en plus souvent des immigrant.e.s. (Au même moment s'évanouirent les possibilités d'un mouvement féministe interclassiste sur 'n'importe quelle' question, alors que les femmes de la classe ouvrière entraient dans les usines et que les femmes de la classe moyenne s'installaient dans la "condition de femme victorienne".) Quelle qu'en soit l'explication exacte, le résultat fut que les femmes de la classe moyenne abandonnèrent le combat contre la médecine masculine et acceptèrent les conditions imposées par la profession médicale masculine naissante. » (pp. 80-81)
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2. « Dans les histoires conventionnelles de la médecine, le Mouvement populaire pour la santé des années 1830-1840 est en général rapidement écarté comme étant le sommet de la vague du charlatanisme et du sectarisme médical. En réalité, ce fut le front médical d'un soulèvement social généralisé attisé par le mouvement féministe et le mouvement ouvrier. Les femmes étaient la colonne vertébrale du Mouvement populaire pour la santé. On vit fleurir partout des Sociétés de physiologie de dames […] qui enseignaient à des auditoires captivés des notions simples d'anatomie et d'hygiène personnelle. L'accent était mis sur les soins préventifs, en opposition aux "remèdes" meurtriers appliqués par les docteurs "réguliers". Le Mouvement recommandait de prendre des bains fréquents (ce que de nombreux docteurs "réguliers" considéraient à l'époque comme un vice), de porter des vêtements féminins amples, de consommer des céréales complètes, de ne pas boire d'alcool, et il soulevait tout un ensemble d'autres questions qui concernaient les femmes. » (pp. 70-71)
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1. « L'ampleur de ces chasses aux sorcières laisse supposer qu'elles représentent un phénomène de société profondément enraciné qui dépasse largement l'histoire de la médecine. Les chasses aux sorcières les plus virulentes coïncident localement et dans le temps avec des périodes de grande agitation sociale faisant trembler le féodalisme sur ses bases – des conspirations et des soulèvements paysans de masse, les débuts du capitalisme, l'émergence du protestantisme. Il existe des preuves fragmentaires – que les féministes devraient explorer – qui laissent supposer que, dans certains endroits, la sorcellerie représentait une rébellion paysanne menée par les femmes. » (p. 39)
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Plus les femmes étaient hystériques, plus les traitements étaient punitifs ; dans un même temps, ils [les médecins] se sont eux-mêmes mis à voir la maladie partout, jusqu'à ce qu'ils diagnostiquent purement et simplement chaque action indépendante menée par un femme, en particulier une action pour le droit des femmes, comme étant "hystérique".
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