Citations de Barry Gifford (39)
Comme il serait merveilleux de pouvoir connaître une de ces amitiés idéales, dans lesquelles chaque ami est totalement naturel et honnête, de sorte que tous les mots, toutes les lettres, tous les gestes proviennent d'une impulsion authentique, naturelle, sans le moindre sentiment de culpabilité ou de reproche, mais pleine de joie, d'amour et de respect. Une amitié dans laquelle je pourrais, par exemple, et sans hésitation, le supplier de m'écrire une lettre, ou il pourrait, sans la moindre culpabilité, ne pas m'écrire un an durant, s'il n'en a pas envie, ce qui me ferait le comprendre et l'aimer encore davantage. Je crois, peut-être naïvement, que cela est possible.
El Serpiente demanda à Franz qui étaient ces deux orientaux.
- Des fans de Stan Getz, répondit Franz. Ils sont partout.
- Tu sais pourquoi notre Seigneur a créé les femmes?
- Non, pourquoi?
- Parce que les chèvres savaient pas faire la vaisselle.
Les frères Crotale rirent de bon coeur tous les deux.
Le Championnat National de Boxe organisé par le Comité Révolutionnaire se déroulait dans la salle des fêtes de l’hôtel Tropique. Alfonso, à travers un dédale de soldats aux tenues de sorties fatiguées, guida Franz jusqu’à leurs places à quatre rangs du ring où deux adeptes de socialisme, torses nus et en culottes kaki étaient engagés dans un vaillant combat visant à casser le nez de l’autre ou pire. Chaque fois que l’échange faiblissait, la foule se mettait à les injurier, à leur crier des insultes, les accusant de manquer de virilité et de cojones.
Mais à l'âge de seize ans, j'ai su que Sailor était l'homme de ma vie. Même quand il fait de la prison pour avoir braqué ce magasin d'aliments pour animaux au Texas avec ce malfaisant de Bobby Perou, je suis restée fidèle. Et aussi quand on a été séparés de nouveau après ça. Je croyais du plus profond de mon coeur qu'il était inscrit dans les astres qu'on était destinés à être ensemble pour toujours.
Que pensez-vous des rebelles ? demanda Franz. Vont-ils gagner ?
Le chauffeur haussa les épaules.
- Quien sabe, senor. Qui sait de quel côté est Dieu ?
- Les communistes ne croient pas en Dieu.
- Peut-être, fit le chauffeur, mais qu’est-ce qui se passe si Dieu croit en eux?
Son pénis avait durci, mais il ne voulait pas se masturber. Il but un peu d’eau gazeuse, vomit.
- Ça m'a toujours plu que tu mettes pas de culotte, dit-il, quand Perdita remonta dans la voiture.
- C'est plus pratique comme ça, répondit-elle. Autrefois j'en portais une, mais un jour je l'ai retirée et j'ai oublié de la remettre. Maintenant, je sais même pas s'il m'en reste une quelque part.
Il vous faut un homme pour aller en enfer avec lui. [Tuesday Weld]
Au Havana, Franz commanda une Noche Buena et un whisky. Il versa le whisky dans la bière, et la descendit à longues gorgées. C’était une journée très chaude et boire cet explosif lui tourna la tête.
Elle lui dit à quel point elle était reconnaissante de l’avoir emmenée en Californie, comme tout y était merveilleux et elle l’embrassa. Elle baissa la fermeture Eclair de son pantalon, se saisit de sa queue et la colla entre ses énormes seins, la suça bruyamment et en salivant beaucoup, étalant son trop plein de rouge à lèvres orange sur ses joues et son menton. Franz se laissa aller, ferma les yeux et la laissa le faire jouir. Lorsqu’il rouvrit les yeux, elle souriait, s’essuyait le visage avec le bord du dessus de lit.
Franz et son nouveau compagnon buvaient leurs bières, transpiraient et écoutaient trois comparses attablés qui jouaient de la guitare et qui chantaient. Ils étaient ivres, chantaient faux, leur musique aussi mauvaise que l'était l'odeur du bar. Il y avait un petit vieillard qui dormait sur le sol des toilettes voisines du bar, quiconque s'y rendait évitait de le déranger, en pissant par dessus, seules les dernières gouttes lui tombaient dessus.
- J'en peux plus de cette radio, dit-elle en la fermant.
De ma vie, j'ai jamais entendu un tel paquet d'horreurs.
Je sais que les informations ne sont pas toujours exactes,
mais Sailor, je crois que le monde va de pire en pire. Et j'ai le
sentiment qu'on ne pourra jamais grand-chose contre ça.
- C'est pas nouveau, mon cœur. Je déteste d'avoir à te l'dire.
Lula releva la tête, embrassa Sailor sous l'oreille gauche.
- Les rêves sont pas plus étranges que la vie réelle, dit-elle. Parfois même deux fois moins.
Bronko Schulz était un grand type, accommodant, qui aimait bien raconter aux élèves ce qu'il considérait comme des histoires cochonnes. Il m'avait ainsi demandé un jour pourquoi un pénis était la chose la plus légère du monde. Je lui avais répondu que je l'ignorais. Bronko avait rétorqué :
- Une simple pensée peut le soulever.
Plus tard cette nuit-là, une fois que Roy fut rentré du travail et eut regardé les informations à la télévision, il repensa à ce que la fille lui avait affirmé : l'assassinat du Président était la pire chose qui lui fût jamais arrivée, même si ce n'était pas elle qui avait été tuée.
Roy en conclut que quand les choses vont mal, les gens sont traumatisés de découvrir à quel point ils manquent de maîtrise sur les événements.
Peut-être que désormais la fille avait compris combien l'ordre apparent du monde était fragile.
Mais Roy préférait se rappeler combien elle était jolie et comme c'était bon de la serrer dans ses bras. p.123
Soeur Margaret Mary portait un habit noir classique, des lunettes cerclées d'écaille, et la peau de son visage était aussi pâle que celle d'une des épouses de Dracula. J'avais vu récemment le film de Tod Browning, Dracula, joué par Bela Lugosi, et je me souviens avoir pensé qu'il était curieux que Dieu et Dracula apprécient le même type de femmes.
- Ma soeur, pourquoi Dieu a-t-il fait tout cela?
- Pourquoi Dieu a fait tout cela? répéta-t-elle.
- Tous ces trucs.
- Vous n'existeriez pas, ni Peter, ni Paul, ni son fils unique, s'il ne nous avait pas créés, répondit soeur Margaret Mary.
- Je sais bien, ma soeur, mais pour quoi faire? Je veux dire : quel intérêt avait-il à tout cela?
Soeur Margaret Mary me fixa pendant un long moment, et pour la première et unique fois je pus discerner des traces de couleur sur son visage. Puis elle détourna son attention de moi et continua comme si ma question ne méritait pas plus ample réponse. p.42
- Même si t’étais un escroc, Sailor, je resterais avec toi.
- Bon sang, Crevette, c’est pas rien, dit Sailor. Déjà que t’es restée avec moi après que j’ai descendu Bob Ray Lemon. Je vois pas ce qu’un homme pourrait demander de plus.
– T’as pas déjà faim ?
– Je pourrais sûrement avaler un morceau, fit Lula. Mais d’abord, il me faut un baiser, chéri. Juste un