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Critiques de Beata Umubyeyi Mairesse (216)
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Après le Progrès

Avec le recueil de Beata Umubyeyi Mairesse "Après le progrès", la poésie contemporaine prend une place légitime dans l'Histoire et les grands classiques.



Cheminant dans les tréfonds de son passé, de son présent et dans les questionnements quant à son avenir, l'auteure revient sur ces années dévastatrices martelées par la guerre, la souffrance et l'arrachement.

Les mots y sont incroyablement justes tandis que leur ensemble donne une fresque changeante, nous balançant entre la joie, l'espoir et l'horreur.



Le style de l'auteure est à la fois simple et recherché, ce qui me donne envie de replonger dans certains poèmes dont le sens change à chaque lecture. Beaucoup de richesse, donc...



Une très belle redécouverte de la poésie moderne teintée d'Histoire et de mémoire humaine.

Merci à Babelio pour cette magnifique occasion !





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Après le Progrès

Beata Umubyeyi Mairesse, Rwandaise rescapée du génocide des Tutsis, est arrivée en France en 1994 adolescente, elle y a suivi un cursus brillant en littérature et sciences politiques et y a fait sa vie. Reconnue pour ses recueils de nouvelles Ejo et Lézardes, elle publie en 2019 un recueil de poèmes qui se fait autobiographique : Après le progrès.



J'ai très vite été hypnotisée par l'écriture de Beata Umubyeyi Mairesse : de l'émotion, de l'amertume, de la révolte, de l'ironie, de l'irrévérence ; une variété de formes poétiques, adaptées souvent à la tension du propos ; des vers libres et sonores ; des images mille-feuilles qui font mouche.



J'ai ressenti le besoin immédiat d'y retourner, envoûtée par les sons, les rythmes, les tons, les images, mais encore gênée par des cailloux dans ma chaussure, des difficultés à donner vraiment corps aux je-tu-nous-il-elle, à radiographier nettement le squelette des temporalités et des localités, à déceler les ligaments des unités.



Troisième lecture, passant chaque poème au tamis du titre de sa partie : "perdu", "volé", "racheté".

Les fils se dessinent, se font écho, se répondent : le canevas prend forme.



"Perdu"



Avoir perdu : un être aimé ;

Avoir perdu : à la loterie de l'humanité - naître que fille ;

Être perdue : dans une boucle atemporelle depuis le traumatisme du génocide ;

Avoir perdu : les mots, le langage, le sens ;

Être perdue : rescapée des bourreaux proie de la presse ;



Perdre : la mémoire - une injonction comminatoire.





"Volé"



Arrachée aux bourreaux, sa vie flamboyante

S'extirpant des diktats du statut de victime

Saltimbanque jouant sur le fil d'Africaine européenne

S'affranchissant des carcans moraux et sociétaux depuis toujours



: Volée, sa liberté volée,

Semant le possible dans les sillons de l'impossible

Faisant germer des fruits aigres



Jusqu'à la délivrance du temps qui assourdit les peines





"Racheté"



Retrouvée la joie de vivre et le vivre en joie

Assumée la vie de femme

Prête à l'effort national de digestion de l'indélébile impardonnable

Tête haute

"Retisser le droit d'être"



Réconciliée avec les mots,

Des mots bombes, des mots baumes.







Maintenant heureuse repue de cette oeuvre qui m'a permis de découvrir cette autrice, autant dire que ma gourmandise jettera très rapidement son dévolu sur ses recueils de nouvelles hautement étoilés.
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Après le Progrès

Merci à Babelio et aux éditions La Cheminante pour l'envoi d'un exemplaire en échange d'une critique honnête.



C'était une fois encore un plaisir de tenir entre mes mains les petits formats que sont les livres de la Cheminante, et pourtant il s'agit une fois encore d'un livre chargé en émotions, en engagement et bien sûr, en poésie. Puisque c'est bien ce qu'est Après le progrès. Il y a bien sûr les mots, les phrases et les poèmes qui ne se laissent pas appréhender d'une traite, il faut y porter attention, les lire lentement, les relire et les prononcer pour s'en imprégner et les comprendre (ce qui est finalement le cas de beaucoup de poésie). Ça évoque le déchirement, la rage, les oppressions, le danger et plus encore.



Mais il y a aussi la mise en page : parfois interrompue, saccadée, qui se chevauche ou qui s'entrecroise sur les titres. le recueil est découpé en plusieurs parties, selon les événements vécus par l'autrice et le moment où elle a pu poser ces mots sur le papier. Une très belle découverte !
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
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Après le Progrès

Après le progrès

Beata Umubyeyi Mairesse



La Cheminante/Harlem Renaissance

2019, 83 p



POESIE







C'est un tout petit recueil de poèmes, édité par une petite maison, distribué lui-même en tout petits recueils, dont les titres donnent le ton : Perdu, Volé, Racheté, un titre en anglais au sujet féminin She persisted nevertheless présenté comme un calligramme, et un autre, dessin tout aussi bien, Vivre oh présent qui égrène joyeusement un chapelet de sens. Le recueil comprend aussi un poème en anglais, c'est que Beata Umubyeyi Mairesse aime la littérature anglaise.

Le titre de l'ensemble est Après le progrès. Avec, ou sans, ponctuation ? Et c'est un éventail de possibles qui s'ouvre au lecteur, avec quand même une orientation marquée vers la liberté, celle de grandir, de parler, de vivre comme on veut, d'être, d'autant plus grande que la mort aurait pu l'ôter.

Beata Umubyeyi Mairesse est née en 1979 au Rwanda, et a subi le génocide tutsi en 1994, et survivante, est venue en France. Mais elle n'a pas oublié le pays natal, ses odeurs, ses arbres, les femmes qui pilent – un poème rend remarquablement le rythme de ce travail patient de concassage- la guerre, pays dont malgré tout, malgré une réparation, elle est séparée, à cause d'une « enfance décachetée ».

C'est un tout petit recueil, mais les poèmes ne se lisent pas facilement.Tout n'est pas dit, et ce qui est dit l'est parfois désagréablement, on ne culbute pas aisément le malheur, c'est amer, ça passe mal, et la tristesse laisse un dépôt. Les mots sont placés là où ils prennent de la force. Ca crisse, et résiste. Les vers sont courts, parfois cris, quelques-uns ordres. La poète aime les allitérations, les assonances, les néologismes, « déchaviré »les échos sonores, et les jeux sur des vers célèbres et des phrases banales qui, accessoirisées, redeviennent vigoureuses et fécondes, « Ils ne m'ont pas fait exprès ». La poète reprend les grands thèmes universels, l'amour, la mort, la guerre, le masculin et le féminin, le conflit mères/filles, la maternité. Les tons et les rythmes sont divers, certes il y a l'exaltation du « nous », « la plante rempotée » se satisfait de son nouveau, et chic, lieu de vie, mais la couleur qui domine est celle d'une résistance à l'échec, et aux sentiments négatifs qu'il pourrait générer. La poète applique son « article 4 » un jour je dirai de la poésie/ un jour le soleil avalera la nuit, mais le soleil n'a pas encore achevé l'ouvrage.

« Ma voisine est partie ce matin » et « Les garçons naissent dans des cédilles » sont des réussites d'émotion et d'invention.

Je remercie Masse Critique pour l'envoi de ce livre.
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Après le Progrès

Découverte d’une nouvelle poétesse avec ce recueil de poème découvert au hasard d’Instagram. B.U.Mairesse est Rwandaise. Dans ce recueil elle parle du déracinement, de la migration, du génocide des Tutsi, ….



Le recueil est divisé en 3 parties : perdu, volé, racheté et chaque partie est introduite par les mots d’un.e autre poéte.sse Ainsi j'ai eu plaisir à découvrir un poème d’A. L'ordre. Autrice que je veux lire depuis longtemps !
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Consolée





L'histoire se déroule sur deux époques.



1954 Consolée une petite fille métisse est envoyé en Belgique pour y vivre avec les blancs et y être plus tard adoptée alors qu'elle a des parents au Rwanda.

2019 Ramata effectue un stage dans un EPPAD et y rencontre Astrida qui perd la mémoire qui ne parle plus le français, mais s'exprime par moments dans une langue que personne ne comprend.

Intriguée Ramata va chercher à découvrir qui est Astrada...



Un roman sur l'identité, la mémoire, le racisme, les enfants immigrés. Des thèmes très intéressants, mais j'ai eu un peu de mal avec l'écriture et la construction du roman.

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Consolée

Après avoir travaillé 14 ans en gériatrie, je ne pouvais qu’être séduite par ce roman se déroulant dans un Ehpad. Des personnes, comme Astrida, qui sont atteintes de la maladie d’Alzheimer, j’ai pu en croiser de nombreuses fois. Ces personnalités sont touchantes. Ayant perdu le fil de leur mémoire, elles tentent de se raccrocher au moindre souvenir.



Dans cette histoire, le passé douloureux du Rwanda des années 50 est reconstitué par Ramata, art-thérapeute. Nous plongeant dans les conditions de vie des enfants d’immigrés, l’autrice fait de ce texte une réflexion sur les origines et l’importance des mémoires.



Consolée, émouvant, qui se dévore sans hésiter. Les pages défilent, les récits s’alternent aisément pour marquer les esprits d’un destin si particulier. N’oublions pas que ces institutions pour ‘enfants mulâtres’ ont vraiment existé !



« C’est le nom qui les regroupe tous et toutes dans cette grande maison où les teints divers, les cheveux châtains bouclés ou noirs crépus, les peaux plus sombres ou plus claires, tout l’éventail des possibles entre le rose de leurs pères et le marron de leurs mères constitue une étrange volière d’oiseaux bigarrés. »



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/11/03/39695329.html
Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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Consolée

Mme Astrida est en EHPAD elle ne parle plus beaucoup le français mais une langue inconnue du personnel.

elle reste dans son coin jusqu'à ce que Ramata, quinquagénaire noire en reconversion professionnelle fasse un stage art thérapie dans l’établissent .

Ramata est une française d’origine sénégalaise marié à un marocain.

Elle n'aura de cesse de découvrir l'histoire d'astrida.

Ce roman nous compte la difficile histoire du Ruanda sous colonisation belge et le problème des enfants non prévus entre femme ruandaise et homme belge.

le livre fait des aller retour entre la jeunesse d'Astrida et maintenant.

une belle découvert



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Consolée

Ce livre de douleur soulève les questions d'exil et d'intégration.

Consolée finit sa vie dans une Ephad en perdant l'usage du français.

Ramata, l'art-thérapeute en formation qui la suit est intriguée par cette femme qui s'éteint peu à peu en marmonnant une langue étrangère peu connue.

Ramata décide donc de découvrir la biographie de cette vieille femme née au Rwanda et arrachée à sa famille en 1954.

Jeune fille, Consolée ne se préoccupait pas de son métissage . Mais les belges qui se retirent du Rwanda préfèrent éduquer ces enfants dont un des parents est blanc.

Ce sont donc des Soeurs qui feront la transition difficile et violente avant l'arrivée en Europe et les placements dans des familles d'accueil.

Consolée sera d'une part docile dans son adolescence mais avec l'âge adulte elle refuse cette enfance volée.

Si la mémoire flanche beaucoup, elle n'oublie pas pourtant son grand-père qui lui racontait des contes. Elle attend cet aïeul qui devrait se manifester par un milan, oiseau qu'elle voyait au Rwanda.

Grâce à ce roman émouvant, l'empathie s'accroit pour ces enfants de couleurs déracinés malgré eux.

J'ai apprécié découvrir le rôle d'art-thérapeute avec Ramata qui donne un éclairage sur une profession peu connu et qui pourtant ouvre des perspectives d'espoir auprès des malades d'Alzheimer.



Ce roman est une réussite car Beata Umubyeyi Mairesse a le mérite de détailler les aspects d'une maladie dégénérative et surtout de nous confronter à l'exil et la transmission pour trouver une identité et une place dans ce monde.

Un bon livre d'une jeunesse confisquée qui n'a pas droit à l'oubli.
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Consolée

Une belle écriture une belle plume …

Beaucoup de travail derrière ce livre pour faire ressortir la solitude des fins de vie dans les Ehpad .

Du travail de recherche notable pour relater l’histoire de ces enfants mulâtres.

Mais oui il y a un mais j ai eu vraiment du mal à le lire souvent perdue dans ces incessants retour en arrière pour l’une ou l autres des héroïnes .

Vraiment dommage cela gâche la lecture du livre et son appréciation.
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Consolée

C’est l’histoire d’une langue perdue et d’une langue retrouvée. Mme Astrida est une vieille dame métisse en fin de vie dans un EHPAD, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Au fur et à mesure que sa mémoire s’envole, elle perd l’usage de son français alors qu’une langue inconnue de tous émerge. Ramata, quinquagénaire noire en reconversion professionnelle, propose un stage d’art-thérapie dans cet EHPAD. Irrésistiblement attirée par Mme Astrida, elle décide d’enquêter sur elle, remontant progressivement vers la vérité de racines de l’histoire de la vieille femme, à l’époque de la colonisation belge en Afrique centrale.



Beata Unubyeyi Mairesse met un lumière une réalité médicale d’une ampleur importante mais méconnuz du grand public. Les personnes d’origine immigrée - qu'elles soient africaines, asiatiques ou européennes - atteintes de maladie neuro-dégénérative, oublient leur français lorsque c’est leur deuxième langue, et ne s'expriment plus que dans leur langue maternelle, même si cette dernière n’était plus pratiquée depuis des décennies. Les pays anglo-saxons ont déjà mis sur pied des programmes spécifiques pour améliorer la prise en charge de ces patients. En France, cette approche interculturelle du soin gérontologique tarde, comme si on n’avait jamais pensé aux immigrés comme des personnes susceptibles de vieillir dans leur pays d’accueil.



Mme Astrida est née au Rwanda et à l’instar de près de 20.000 autres enfants, elle a été placée dans un orphelinat pour mulâtres ( pères blancs, mères noires ) où des missionnaires les ont coupés de leur culture africaine, de leur langue, avant de les déporter en Belgique pour les faire adopter sans l’accord de leurs parents en 1959, juste avant l’indépendance du pays. Ramata, elle, est née au Sénégal et a immigré en France en 1975 pour suivre un père ouvrier dans l’usine Ford de Bordeaux. Elle aussi a connu le déracinement linguistique :



« Quand on émigre, les visages changent, les paysages sont remplacés par d’autres, les goûts se transforment mais on oublie souvent de dire combien les sons aussi nous perdent, nous devons fermer le rideau ondulant des voyelles et apprendre à grimper sur un mur de consonnes gutturales et, en passant de l’un à l’autre, nous nous trouvons affublées d’un boitement disgracieux qui s’incrustera durablement dans notre prononciation d’exilées. Comment pouvait-on changer d’environnement sonore en une seule vie, passer d’un monde à l’autre, s’adapter toujours sans devenir muet ? »



Par l’alternance des chapitres 1954 / 2019, l’autrice fait résonner les vies de Mme Astrida et de Ramata. L’Histoire ne se découpe pas en tranches distinctes, elle tisse des liens entre passé et présent, le passé irriguant certains traumatismes toujours très actuels. C’est la langue qui est au cœur de ce très riche récit qui questionne plus largement, avec beaucoup de justesse, les questions sensibles qui gravitent autour de l’immigration, du racisme, de la colonisation et de la transmission générationnelle.



Les chapitres sur Mme Astrida, notamment ceux évoquant son paradis perdu, plein de couleurs, de saveurs et d’oiseaux avant le chagrin dans l’orphelinat de Save, qui m’ont le plus touchés. Mme Astrida est un très beau personnage dont le parcours ne peut que toucher.



Par contre, j’ai trouvé le reste du casting moins convaincant car on sent trop qu’il a été construit pour démontrer. Ils font « personnages » et l’autrice a tendance à surexpliquer leur profil : Ramata, la femme noire transfuge de classe qui étouffe sous le conditionnement des injonctions de sa mère ( « Tais-toi, écoute, surtout ne te fais pas remarquer, on n’est pas chez nous » ) et qui affiche une méritocratie color blind avant de faire un burn out ; son mari musulman comme elle mais d’origine maghrébine, plus stoïque face au racisme qu’il a pu subir ; et surtout leur fille.



Inès aurait pu être un personnage passionnant, étudiante brillante qui décide de se voiler après les attentats de Charlie Hebdo pour affirmer son identité et ne plus raser les murs comme ses parents. Mais au final, je trouve ce personnage de trop dans le récit qu’il alourdit alors que tout ce qu’en dit Beata Unubyeyi Mairesse est pertinent et fort. Dans doute le roman étreint-il trop d’intentions comme s’il visait une quasi exhaustivité sur les sujets de l’immigration et du racisme. J’aurais préféré qu’il se concentre sur Mme Astrida à laquelle il offre un très belle fin, apaisante et lumineuse.



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Consolée

Je ne connaissais pas cette auteure. Je l'ai découverte grâce à l'émission d' Augustin Trapenard. J'ai trouvé son roman "Consolée" éblouissant , tellement lourd en émotion et tellement bien écrit. Plusieurs thèmes y sont abordés: celui de la colonisation en Afrique , de la maltraitance des enfants enlevés à leur famille, à leur terre, de leur souffrance et des séquelles qu'ils gardent à vie. Est aussi traité le thème du racisme et de l'intolérance, de la viellesse, et de la solitude! C'est un des meilleurs livres que j'ai lu et je le recommande absolument.
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Consolée

Encore un très beau livre de Beata Umubyeyi Mairesse.

Nous partons à la rencontre d'Astrida/Consolée, placée en EHPAD et qui a un passé mystérieux que Ramata, la cinquantaine, en pleine reconversion essaie de comprendre. L'auteure nous emmène au Rwanda dans les années 50, à une époque à laquelle les enfants métis étaient enlevés à leur famille pour être "éduqués" dans des institutions religieuses. Consolée a subit le même sort que les natifs au Canada, aux USA, en Australie, à la Réunion ...

Des personnages aux multiples visages et toujours des évocations très poétiques du Rwanda.
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Consolée

Encore une belle découverte, qui m'a été conseillée à la médiathèque.

Une histoire touchante et émouvante, à partir de faits réels cachés pendant trop longtemps.

Les parcours de différents personnages qui nous permettent de mieux appréhender la réalité qui nous échappe bien souvent dans les médias, pour ma part en tout cas.
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Consolée

Je n'sais plus qui je suis ici-bas, mais je suis la petite fille qui…

Ramata est en reconversion, anciennement cadre dans une collectivité territoriale, elle a fait un burn out. Elle choisit de se reconvertir pour travailler au cœur de l’humain, donc elle pratique l’art thérapie.

En stage dans un Ehpad du Sud-Ouest, elle fait la connaissance avec une dame isolée, atteinte d’Alzheimer, elle marmonne dans une langue inconnue de tous.

Ramata étant noire, immédiatement ses collègues pensent qu’elle parle peut-être la même langue.

Préjugés basiques qui ont la vie dure.

« Elle parle à peine et quand elle le fait c’est la moitié du temps incompréhensible. Elle oublie petit à petit le français et nous sort des trucs dans une langue inconnue. Peut-être que tu arriveras à la comprendre toi, tiens ! Si ça se trouve elle parle ton dialecte. »

Ramata sait immédiatement qu’elle veut faire le lien avec Madame Astrida, elle se dit qu’elle veut « prendre langue » avec cette grande dame un peu voûtée. Elle se rapprochera de Claude Mouret psychologue de l’établissement, un lien très fort se fera entre elles.

Le lecteur sera immergé dans le fonctionnement de ces établissements pour vieux, mais sous la plume de l’auteur, des constats en évitant les pesanteurs.

Claude apprendra à Ramata, que Madame Astrida a commencé à perdre la langue française au profit de son dialecte, lorsque Paola, sa seule amie dans l’établissement, a été expulsée faute de moyens financiers suffisants.

Nous lecteurs, nous entrons dans ce puzzle et progressons à reconstituer des vies.

La voix de Consolée en 1954, vibre aujourd’hui des hurlements de ce pensionnat de Sauve, où une petite fille mulâtre était soustrait à sa famille pour être matée dans cette institution.

Ramata et Astrida sont aimantées par l’histoire, au sens de magnétisme mais aussi dans le sens amour de son prochain.

Beata Umubyeyi Mairesse nous dit avec intelligence et finesse cette résonnance entre l’histoire coloniale et les générations suivantes, les traumatismes des non-dits. Il faut tisser le lien entre passé et présent pour mettre en phase. Ne pas dire c’est irriguer les traumatismes des enfants d’immigrés.



Le passé n’est jamais passé et ne pas dire fait que le passé reste coincé, il ne passe pas et ne passera jamais.

Ces établissements de fin de vie, regorgent d’histoires individuelles qui ont fait l’Histoire.

Un roman finement analysé, une écriture envoûtante qui sait dire les musicalités différentes selon l’époque évoquée.

Une histoire dans une langue qui tisse le lien entre les personnages et les lecteurs. Pas besoin d’être d’une génération exilée pour se sentir concerné.

Au moment de partir, oui, au moment de mourir, cet oubli de la langue d’une vie pour retrouver la langue de la page vierge que chacun a été. Ici c’est la langue, mais cela peut être autre chose. Se draper de la virginité de l’enfance avant de…

©Chantal Lafon

https://jai2motsavousdire.wordpress.com/2022/08/25/consolee/


Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
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Consolée

Très bon livre à 3 voix: celle de Consolée, jeune métisse rwandaise qui en 1957 est retirée de sa famille noire pour être placée dans une institution avec d'autres enfants "mulâtres", cette même personne qu'on retrouve sous le nom de Madame Astrida dans un Ehpad en France et enfin Ramata, d'origine sénégalaise qui effectue un stage dans ce même Ehpad.



Ramata va chercher à connaitre l'histoire d'Astrida, qui atteinte de la maladie d'Alzheimer, n'arrive plus à s'exprimer en français mais uniquement dans une langue inconnue.



Ce roman est magnifique par sa douceur tout ne traitant de sujets graves comme la colonisation, le déracinement violent des enfants métis et du problème de dialogues des personnes immigrées qui sont atteintes de maladie neuro-dégénérative et qui ont plus de facilité à échanger dans leur langue d'origine.



Ce livre décrit également les différents générations d'immigration et leurs différences de vision d'une intégration plus ou moins réussie.



C'était donc une très belle découverte et je me ferai un plaisir d'acheter d'autres livres de cette autrice.
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Consolée

3 vies s’entremêlent tout au long du récit.



Consolée, petite fille mulâtresse ( nee d’une mère noire et d’un père blanc ) vit une enfance heureuse au Rwanda entourée de sa mère et de son grand père poete . Jusqu’au jour où elle est envoyée dans une institution tenue par des blancs pour y apprendre la vie des Blancs.



Ramata vit en France. Elle est d’origine sénégalaise. Cinquantenaire, femme de deuxième génération d’intégration , elle est mariée à Khalil. Suite a burn out . », elle s’est reconvertie a l’art thérapie.

C’est avec cette nouvelle fonction qu’elle va integrer la maison de retraite Les oiseaux.



Parmi ces patientes elle rencontre Madame Astrida femme de nationalite belge d’origine rwandaise.

Madame Astrida a de plus en plus de mal a s’exprimer depuis qu’elle est atteinte de la maladie d’Alzheimer. En fait son français s’efface de plus en plus au profit de sa première langue .



Ramata va se lier a Madame Astrida et va l’aider à retrouver cette mémoire.



Mais cette quête va amener Ramata sur les traces de la Colonisation , sur l’attention qui doit etre portee aux résidents d’Ehpad atteints d’alzheimer qui ne sont pas d’origine française . Car sachant que leur mémoire recente s’efface en premier comment la communication sera t’elle possible et comment permettre a ces personnes de bien vieillir si la communication est rompue.





Ce roman, traite de la colonisation, mais surtout de son incidence sur la vie de ces enfants que l’on a déplacés et qui ont vécu loin de leur origine .



J’ai trouve ce roman interessant mais l’alternance des récits m’a un peu gênée dans la mesure ou je ne savais pas je lisais un roman sur la relations entre plusieurs femmes et une quête plus sociologique sur l’immigration ou des faits historique qui pour moi étaient pas assez developpes
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Consolée

Un EPAHD dans la région bordelaise. Ramata, la quarantaine, y fait un stage pour valider sa reconversion de en artherapie, après une carrière de cadre modèle et un burn-out qui l'a fait s'interroger sur le sens de sa vie. Ramata y remarque une résidente, Astrida à la peau mate, que la maladie d'Alzheimer prive peu à peu de langue française, au profit d'une autre langue de son passé. Elle cherche à reconstituer son parcours...



Le texte alterne les souvenirs de trois femmes : Ramata, née au Sénégal, qui a tout fait pour devenir une française comme les autres ; Consolée, petite "mulâtresse" dans le Rwanda des années 50, qui vit une petite enfance heureuse dans la famille africaine de sa mère, avant de leur être retirée par ordre de son père blanc pour être élevée dans une pension pour ces enfants du péché ; Astrida, enfermée dans ses souvenirs et dans l'EPAHD. Trois parcours qui se rejoignent, disant la beauté du monde, et la douleur d'être ni d'un continent, ni d'un autre, étrangère partout. L'écriture, légère est très agréable et fait de ce texte une belle réflexion sur l'intégration, au travers de divers personnages dont les conceptions différent. C'est également un beau texte sur les derniers moments de la vie.
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Consolée

Beata Umubyeyi Mairesse aborde plusieurs sujets importants, avec un regard qui m'a paru fin et juste. Intégration des premières générations d'immigré(e)s, problématiques différentes mais pas plus simples pour la génération suivante, scandale des enfants métisses enlevés à leurs parents noirs au Rwanda dans les années 1950, prise en charge des personnages âgées d'origine étrangère dans les ephad... Tout cela mériterait d'être abordé plus souvent d'ailleurs. Mais l'autrice m'a semblé ici chercher à être très exhaustive au détriment de l'émotion. J'ai trouvé le tout trop didactique. Pas démonstratif, mais trop objectif et plus analytique qu'empathique. Un livre intéressant donc mais loin d'être marquant.
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Consolée

L'histoire se déroule principalement sur 2 époques: 1954 et 2019, entre la France, le Rwanda et le Sénégal.



Nous sommes dans un EPHAD. Astrida est une personne âgée, métisse qui est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Au fur et à mesure que sa mémoire s'envole, elle perd l'usage de son français laissant apparaître une langue inconnue du personnel et des pensionnaires. Parmi le personnel, il y a Ramata, une nouvelle stagiaire. C'est une quinquagénaire noire en reconversion professionnelle d'art thérapeute. Intriguée par la vieille dame, elle décide d'enquêter sur elle, remontant progressivement vers le passé de celle-ci à l'époque de la colonisation belge en Afrique centrale.

L'autrice dresse un beau portrait de ces deux femmes et les fait entrer en résonance entre l'histoire coloniale d'un côté et l'histoire des enfants et petits enfants d'immigrés dans la France d’aujourd’hui de l'autre.



C'est un roman d'une grande richesse qui aborde une multitude de sujets sans aucune lourdeur: le multilinguisme, le déracinement ou encore la transmission. Le style est très fluide et offre à chacun matière à réflexion.





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