Citations de Béatrice Hammer (110)
« Je pensais que ce choc énorme me viendrait de la rencontre avec l’Afrique. Les choses sont plus surprenantes: c’est du milieu des Européens, ceux dont je me sens le plus proche, que viennent les remises en question les plus importantes. »
Les préséances familiales sont à peu près tout ce qui nous reste de notre passé glorieux, il ne sera pas dit que je contribuerai à les faire disparaître. Une petite visite chez son grand-oncle, et Justinien apprendra à ses dépens que la jalousie est un vilain défaut.
Avec tout ce tiers-mondisme, tout cet antiracisme ambiant, on ne veut pas connaître la vérité scientifique. La vérité, c’est que les Noirs sont bêtes, et qu’ils ont donc besoin de notre intelligence.
Certains ne maîtrisent d’ailleurs pas le français, ce qui peut être compréhensible, étant donné que ce n’est pas leur langue maternelle, mais ce qui sans conteste est très dommageable au profit qu’ils retirent des différents enseignements. Mais que pouvons-nous faire ? Ici, on frise les trémolos : pouvons-nous les chasser, ces étudiants dont les familles se sont parfois ruinées pour qu’ils puissent accéder à un diplôme aussi réputé que le nôtre ? Peut-être devrions-nous. Mais pour l’instant, je n’ai pu m’y résoudre. Tant d’espoirs sont concentrés dans ces individus, tant de sacrifices les ont conduits là, tant de courage les anime...
On dit aussi que le malheur est ton enfant, et qu’il faut se garder de toi. Moi, je ne te crains pas. Je n’ai rien à cacher. Je ferai ce que tu voudras, si cela peut t’aider. À condition de garder mon argent.
Depuis le temps que je dis qu’il faut agir pour le tiers-monde, qu’il faut faire quelque chose pour soulager la misère de ces peuples qui meurent de faim pendant que nous nous gavons sous leurs yeux, ne pas partir, comme Juliette me le demandait, non, c’était impossible.
Mais serai-je capable, à ma manière, d’apporter une contribution, même modeste, au redressement de l'Afrique ? Suis-je capable de transmettre le savoir à des étudiants dont certains seront plus âgés que moi, et qui plus est, dont la culture n’est pas la mienne ? N’est-il pas scandaleux qu’on laisse des jeunes gens inexpérimentés comme moi enseigner à ce qui sera l’élite d’un continent ? Ce choix, même, n’est-il pas révélateur du caractère inacceptable de la situation ?
Il n’est question ni de me voiler la face ni de rejeter sur autrui les responsabilités qui m’échoient.
Je n’ai jamais pu résister aux yeux baissés d’une jolie fille. Je n’y peux rien, il faut que je m’excuse. Mais non, Fortunata, je ne le pense pas, ce que je viens de dire, tu n’es pas bête, et tu n’es pas une pute, j’ai dit ça sous le coup de la colère, parce que tu as parlé des événements. Allons, Fortunata, tu me connais, je suis comme ça, un impulsif, mais tu sais bien qu’au fond de moi je te respecte, tu es si belle, Fortunata.
Pour l’heure, mon protégé est en train de passer la douane ; il a attendu longtemps, il transpire sous ses lunettes cerclées de fer, ses vêtements de mi-saison sont bien trop chauds, l’aéroport n’est pas climatisé, il a l’air piteux et attendrissant, fatigué par son voyage mais exalté par la certitude qu’il a de vivre un instant mémorable, ce tournant dans sa vie, sa rencontre avec l’Afrique, ses mystères, sa misère, mystères qu’il va élucider, misère qu’il va soulager.