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Citations de Benedetta Craveri (30)


Bercée par le murmure des visiteurs, Mme du Deffand sombre peu à peu dans une profonde léthargie. Son intelligence a cessé de la tourmenter; finalement, elle peut s'engloutir dans l'existence à l'état pur, «s'endormir dans cette connivence universelle des êtes sans conscience», des ormes, des chênes dont elle a envié plus d'une fois la vie végétative. Elle s'éteint doucement le 23 septembre 1780.
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Le destin manqué de Louis de Narbonne offrait également à l'illustre critique la clé de lecture de toute une époque. A bien y regarder, les occasions perdues du comte n'étaient-elles pas aussi celles de la monarchie française qui n'avait pas su se renouveler, de la Révolution qui avait trahi le rêve libéral de 1789, de Napoléon qui n'avait pas su s'imposer de limites?
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L'année précédant l'arrivée à Luneville de Voltaire et de la divine Emilie, Stanislas-Jean de Boufflers avait été admis à résider dans le paradis maternel pour se préparer à tenir sa place dans le monde. Son rang de cadet le destinait à l'Église, mais pendant longtemps personne ne sembla s'en souvenir. L'abbé Pierre-Charles Porquet, le précepteur qu'on lui avait choisi, était cultivé, aimable et spirituel et le seul reproche qu'on aurait pu lui faire était son manque absolu de dévotion. Ses connaissances religieuses laissaient tellement à désirer que, devenu chapelain de Stanislas sur les instances de Mme de Boufflers et invité par le roi à réciter le bénédicité avant le déjeuner, il n'en avait pas retrouvé la formule.
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Ce mercredi 1er octobre, avant l'arrivée du courrier, et par conséquent point en réponse à votre lettre s'il m'en apporte, et que je ne puis encore avoir reçue.
«Vous avez raison, vous avez raison, enfin toute raison; je ne suis plus soumise, mais je suis véritablement convertie. Un rayon de lumière m'a frappée à la manière de saint Paul; il en fut renversé de son cheval, et moi je le suis de mes chimères.
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Pour insolite qu'elle soit, sa décision de contrevenir aux habitudes et de publier de son vivant ses Mémoires ou Souvenirs et Anecdotes n'est pas si étonnante. Comme Mme de Genlis, qui releva tout de suite la nouveauté de cette initiative dont elle avait été la première à donner l'exemple, Ségur n'avait assurément pas brillé par la cohérence de ses opinions politiques et il voulut s'en expliquer avant de mourir. Mais il adopta une stratégie opposée à celle de la comtesse. Au lieu de se placer dès le début des Mémoires au centre de la scène en parlant de lui, de ses convictions et des choix qui l'avaient marqué dans les années cruciales de sa jeunesse, Ségur se cacha derrière un portrait collectif. Sa façon de penser et de sentir, affirmait-il, avait été commune à toute sa génération. Ce qui laissait entendre que les erreurs de jugement dont il avait pu se rendre coupable était le fruit d'un aveuglement collectif.
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D'ailleurs, y compris avec une touche de sarcasmes, le strict respect des formes était de mise jusque dans les mariages les moins bien assortis, comme le montre l'anecdote que rapporte Chamfort : «On demandait à M. de Lauzun ce qu'il répondrait à sa femme (qu'il n'avait pas vue depuis dix ans), si elle lui écrivait: "Je viens de découvrir que je suis grosse. " Il réfléchit, et répondit" Je lui écrirais: Je suis charmé d'apprendre que le Ciel ait enfin béni notre union. Soignez votre santé; j'irai vous faire ma cour ce soir".»
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Une élite entière crut alors possible de concilier un art de vivre fondé sur l'esprit de caste et les privilèges avec l'exigence de changement inscrit dans les idéaux de justice, tolérance et citoyenneté que véhiculait la philosophie des Lumières.
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Jeune et moins jeune, la noblesse libérale qui accueillit la convocation des états généraux comme l'occasion d'entamer les réformes nécessaires au pays et d'instaurer une monarchie constitutionnelle sur le modèle anglais manquait-elle réellement du sens des réalités et s'aperçut- elle trop tard qu'à manier avec témérité des théories philosophiques dont elle ne mesurait pas toute la portée, elle avait couru à sa propre perte?
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Les larmes aux yeux, Louis lui répondit avec une sincérité qui ne laissait aucun espoir "qu'il avoit fait ce qu'il avoit pu pour se retenir d'offenser Dieu, et pour ne se pas abandonner à ses passions, mais qu'il étoit contraint de lui avouer qu'elles étoient devenues plus fortes que sa raison, qu'il ne pouvoit plus résister à leur violence, et qu'il ne se sentoit pas même le désir de le faire".
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Malgré le comportement extravagant de son mari, Marie de Médicis vécut en 1609 une année faste car Henri lui accorda ce qu'elle désirait le plus au monde : être consacrée reine de France.
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Le 14 février 1778, deux jours après son arrivée, la marquise, accompagnée par M. de Beauveau, se rend auprès du patriarche. Les retrouvailles sont émouvantes, la marquise ne peut cacher sa satisfaction, mais elle le fait sans renoncer à son réalisme habituel: «Il m'a marqué la plus grande amitié et la joie la plus vive de me revoir; elle a été réciproque.
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Mme du Deffand à Walpole
Paris, mardi 23 juin 1772
«Votre plume est de fer trempé dans le fiel. Bon Dieu! quelle lettre! Jamais il n'y en eut de plus piquante, de plus sèche et de plus rude; j'ai été bien payée de l'impatience que j'avais de la recevoir. J'espérais de l'indulgence pour une faute qui ne regardait que moi et qui ne pouvait jamais retomber sur vous.
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Il serait abusif de conclure que cet illustre cortège de dames au pouvoir est le signe d'une évolution, ne serait-ce que souterraine, des mentalités et des mœurs ou qu'il traduit une amélioration juridique de la condition féminine. Des femmes se sont imposés dans cette société car, forte de leurs ambitions, de leur intelligence, de leur beauté, elles ont réussi, en dépit des préjugés masculin, À profiter de circonstances favorables et à se faire valoir. Jamais pourtant elles n'assument le pouvoir en leur nom, leur autorité est toujours provisoire et contesté, et leur affirmation présuppose toujours un vide ou une faiblesse masculine : l'éloignement ou la mort des maris, la minorité des enfants, le dérèglement de leur sens. Leurs destinées, quoi que spectaculaire, ne sont que la somme de ces cas individuel et ne traite pas le fils d'une histoire interrompu. Car l'Histoire, elles le savent toutes, reste l'apanage officiel des hommes ; pour se glisser dans ses rouages sans être broyée, il faut feindre, ruser, se créer des alliés puissants, distribuer des faveurs, séduire, corrompre, punir et savoir, quand il le faut, sortir de scène.
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Tout au long du XVIe siècle, les faits n'ont-ils pas démenti les interdits qui pesaient sur le beau sexe ? Jamais on ne vit en Europe autant de femmes - filles, soeurs, épouses mères, maîtresses - avoir accès à de hautes responsabilités, influer sur la politique, gouverner en personne. En dépit des anathèmes des prédicateurs, Marie Tudor et sa soeur Elizabeth montèrent successivement sur le trône d'Angleterre, tandis que Marie Stuart prenait la couronne d'Ecosse. Tante de l'empereur Charles Quint, et un temps promise à Charles VIII de Valois, Marguerite d'Autriche allait à son tour régner sur les Pays-Bas avec habilité et prudence. Sans parler de Renée de France qui eut à Ferrare un rôle religieux et culturel de premier plan. En dépit de la loi salique écartant les femmes de la succession dynastique, la plupart des dix reines qui se succéderont aux côtés des Valois, pèseront notablement, et avec l'appui de leurs mères et de leurs soeurs, sur les événements du pays.
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Chacune des figures féminines présentes ici se mesure à un modèle de comportement idéal et l'adapte à ses ambitions, à ses intérêts, au cercle de ses familiers, ses aspirations les plus profondes. Ce faisant, elle souligne l'importance du modèle dans la vie de l'époque et le transmet à la génération suivante enrichi de son apport personnel. Ainsi défilent : la duchesse de Longueville, incarnant les deux figures inverses et exemplaires de la séduction mondaine et du renoncement au monde; la marquise de Sablé, nous initiant à la collaboration qui s'instaure entre mondanité et littérature; Mademoiselle de Montpensier déclinant la gamme complète des loisirs nobles; la marquise de Sévigné illustrant, dans la vie comme dans les lettres, la fougue de l'enjouement, la gaieté euphorique, si nécessaires au succès en société; Madame de Lambert et Madame de Tencin présidant à un type nouveau de conversation intellectuelle et préparant les représentants du beau monde au débat des Lumières.

Avant-propos
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Dans les premières décennies du XVIIe siècle, l'élite nobiliaire découvrit l'existence d'un territoire jusqu'alors inexploré, à égale distance de la cour et de l'Eglise ; elle en dessina les frontières et le dota de lois autonomes et d'un code de comportement marqué par le culte rigoureux des formes. Nul ne se souciait de lui donner un nom, se contentant de l'appellation générique de monde : bientôt ce terme ne désignerait plus seulement la sphère de l'humain -le lieu de l'exil et du péché où tout semblait devoir concourir à la perdition de l'âme- opposée à la sphère du divin, mais une réalité sociale circonscrite où une poignée de privilégiés s'essayait à un projet esthétique rigoureusement séculier qui ne nécessitait aucune caution théologique pour se réaliser. Si, au cours du XVIIe siècle, nombre de ceux qui appartenaient au monde finirent, à travers des conversions exemplaires, par sacrifier à l'appel de Dieu cet idéal trop terrestre, le siècle suivant, en libérant l'homme de l'angoisse religieuse, le livrerait sans remords à sa vocation purement mondaine.

Avant-propos
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Ce livre raconte l'histoire d'un idéal, le dernier idéal dans lequel la noblesse française de l'Ancien régime put se reconnaître pleinement, et qui lui permit une dernière fois de se présenter comme l'emblème et le modèle de la nation tout entière. Un idéal de sociabilité sous le signe de l'élégance et de la courtoisie, qui opposait à la logique de la force et à la brutalité des instincts un art de vivre ensemble fondé sur la séduction et sur le plaisir réciproque.

Avant-propos
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Sans compter qu'à l'époque de la publication de leurs Mémoires [celles de Lauzun et Besenval], un nombre non négligeable de grandes dames dont on révélait les exploits galants étaient encore de ce monde et avaient opté depuis longtemps pour un rôle de vénérables matrones. Quant aux familles des gentes défuntes dont la disparition avait souvent été tragique, elles découvraient sans plaisir que la conduite de leurs nobles aïeules s'accordait mal avec la morale bourgeoise de ce nouveau siècle.
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La reconstitution des événements que fait Marguerite dans ses Mémoires, est une dénonciation explicite de Catherine. Si l'initiative de l'attentat manqué contre Coligny ne pouvait lui être imputée directement, c'était elle pourtant qui avait persuadé Charles IX de la nécessité d'éliminer l'amiral et les chefs protestants, venus à Paris à la suite du roi de Navarre.
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Le génie de Catherine a été d'inventer et d'imposer une image tangible de majesté. [...] Avec un sens inné de la mise en scène, elle apparaît toujours au moment le plus solennel dans sa robe de veuve et ses voiles noirs, son deuil à peine agrémenté d'une mince collerette blanche.
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