C'est un livre passionnant à travers lequel on a pu chérir les étapes jadis de l'histoire du palais de Rambouiller et le culte romanesque vécu en cette période qui est admirable.
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Pour faire suite aux lettres de la Palatine, ce remarquable essai sur l'art de la conversation. A lire en revoyanr Ridicule de Patrice leconte
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Dans les premières décennies du XVIIe siècle, l'élite nobiliaire découvrit l'existence d'un territoire jusqu'alors inexploré, à égale distance de la cour et de l'Eglise ; elle en dessina les frontières et le dota de lois autonomes et d'un code de comportement marqué par le culte rigoureux des formes. Nul ne se souciait de lui donner un nom, se contentant de l'appellation générique de monde : bientôt ce terme ne désignerait plus seulement la sphère de l'humain -le lieu de l'exil et du péché où tout semblait devoir concourir à la perdition de l'âme- opposée à la sphère du divin, mais une réalité sociale circonscrite où une poignée de privilégiés s'essayait à un projet esthétique rigoureusement séculier qui ne nécessitait aucune caution théologique pour se réaliser. Si, au cours du XVIIe siècle, nombre de ceux qui appartenaient au monde finirent, à travers des conversions exemplaires, par sacrifier à l'appel de Dieu cet idéal trop terrestre, le siècle suivant, en libérant l'homme de l'angoisse religieuse, le livrerait sans remords à sa vocation purement mondaine.
Avant-propos
Chacune des figures féminines présentes ici se mesure à un modèle de comportement idéal et l'adapte à ses ambitions, à ses intérêts, au cercle de ses familiers, ses aspirations les plus profondes. Ce faisant, elle souligne l'importance du modèle dans la vie de l'époque et le transmet à la génération suivante enrichi de son apport personnel. Ainsi défilent : la duchesse de Longueville, incarnant les deux figures inverses et exemplaires de la séduction mondaine et du renoncement au monde; la marquise de Sablé, nous initiant à la collaboration qui s'instaure entre mondanité et littérature; Mademoiselle de Montpensier déclinant la gamme complète des loisirs nobles; la marquise de Sévigné illustrant, dans la vie comme dans les lettres, la fougue de l'enjouement, la gaieté euphorique, si nécessaires au succès en société; Madame de Lambert et Madame de Tencin présidant à un type nouveau de conversation intellectuelle et préparant les représentants du beau monde au débat des Lumières.
Avant-propos
Ce livre raconte l'histoire d'un idéal, le dernier idéal dans lequel la noblesse française de l'Ancien régime put se reconnaître pleinement, et qui lui permit une dernière fois de se présenter comme l'emblème et le modèle de la nation tout entière. Un idéal de sociabilité sous le signe de l'élégance et de la courtoisie, qui opposait à la logique de la force et à la brutalité des instincts un art de vivre ensemble fondé sur la séduction et sur le plaisir réciproque.
Avant-propos
C'était l'utopie d'un ailleurs heureux, d'une île fortunée, d'une Arcadie innocente où l'on pourrait oublier les drames de l'existence, cultiver l'illusion de sa propre perfection morale et esthétique, corriger les laideurs de la vie et refaçonner la réalité la lumière de l'art. C'était l'utopie qu'au début du XVIIe siècle Honoré d'Urfé avait illustré dans l'Astrée, le roman préféré de la noblesse française, et que madame de Rambouillet avait essayé de réaliser dans sa maison devenue l'archétype de la sociabilité aristocratique. hélas, les vertus des apparences ne l'emportaient pas toujours sur l'orgueil, la haine, l'envie, la violence : entre deux compliments on continuait à se battre en duel pour une peccadille, à enlever des jeunes femmes outrageusement belles ou riches, à trahir, calomnier, offenser. Souvent la courtoisie n'était qu'illusion, l'élégance des manières, imposture.
Avant-propos
J'ai voulu reconstruire l'histoire de l'esprit de société dans toute sa durée, mais aussi la raconter sur un mode narratif et dans un langage qui ne fût pas universitaire ; cette forme me semblait être la plus pertinente pour rendre l'écho de ce "style moyen" où les lecteurs du temps aimaient à se reconnaître. J'ai confié à la notice bibliographique le témoignage de mon immense dette envers le monde de la recherche. Si je suis parvenue à cerner les mille facettes de la culture mondaine et la variété de ses ramifications, je le dois sans aucun doute à la richesse et à la qualité des études publiées dans ces dernières décennies.
Avant-propos
Benedetta Craveri - La contessa