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Critiques de Benoît Chavaneau (23)
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L'important c'est la pomme

Chronique de Flingueuse : Les lectures de Maud pour Collectif Polar

L’important c’est la pomme, Benoît Chavaneau

Un thriller à la fois glauque et passionnant. Une histoire horrible à souhait, tragique, mêlant une folie meurtrière et la manipulation psychologique d’une famille née dans le drame. Des personnages, bien posés, mais totalement en dehors des réalités. Ils n’écoutent que leurs envies primaires sans se soucier des conséquences. Plus on avance dans la lecture de ce livre, plus le sordide fait surface jusqu’à l’inimaginable. Les scènes se succèdent, s’imbriquant parfaitement entre le passé et le présent. Le lecteur est amené à tenter de trouver lui-même les réponses, jusqu’à la l’ultime page, tous les doutes sont permis. La psychologie des personnages est elle-même bien distillée, ce qui amène le lecteur vers la vérité.

Un régal de lecture, l’insoupçonnable et l’inconcevable traités avec une plume littéraire, voir poétique à certains endroits, en gardant une écriture de caractère, accentue la dimension tragique et noire de ce huis-clos.

Serez-vous curieux d’aller croquer cette pomme ?

Belle rencontre avec l’auteur le 27.01.2018, lors du salon du livre à la Marie du VIIème, que je remercie également pour sa confiance
Lien : https://collectifpolar.blog/..
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La Médée

Médée : magicienne qui a tué ses propres enfants pour se venger de Jason qui l'avait répudiée pour épouser une femme plus jeune.

La Médée : péniche qui navigue sur les canaux du Nord et qui accueille parfois un enfant à son bord. Enfant dont le cadavre réapparaît de temps à autre, au fond du canal.

Je remercie Babelio et les éditions In octavio de m'avoir envoyé un exemplaire de la Médée. J'avais sélectionné La Médée en hommage au commissaire Maigret et à Simenon, dont j'espérais retrouver l'ambiance dans cette France des années 1960. Ce livre ne m'a absolument pas déçue: l'ambiance des canaux, alpha et oméga du monde pour Vermeer, est extrêmement bien rendue.

S'il n'y a pas le suspense habituel dans un roman policier - on comprend très vite qui enlève les enfants - la question du mobile du mobile reste en suspens tout au long du livre alors qu'on suit l'enquête du policier, le quotidien de Vermeer ou les ratés de la gendarmerie.

Un bon roman policier mais j'avoue que le mobile, inattendu, m'a fait quelque peu grincer des dents.
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La Médée

La « Médée » est la péniche de Vermeer. Vermeer appartient « au monde de l'eau, de l'éphémère et du voyage comme un romanichel ». Il sillonne les canaux et peu les routes, mais fait pourtant de temps en temps des exceptions, pilotant alors son triporteur.

Il y a parfois des enfants sur sa péniche. Des enfants qu'il semble bien traiter, les laissant même s'amuser à diriger le bateau. Mais quand deux sont retrouvés dans un canal, on est en droit de s'interroger : Vermeer en est-il responsable ?



La rencontre entre l'inspecteur Morge et Chartier, le capitaine de gendarmerie de Wailly, vaut son pesant de cacahuètes, surtout qu'elle a lieu dans un restaurant et qu'il ne faut pas perturber le militaire lorsqu'il savoure des carbonnades frites.



Le ton est donné, la cohabitation des deux enquêteurs ne va pas se faire dans la joie et la bonne humeur, pour le grand plaisir du lecteur. Avec l'entrée en scène du brigadier Krüger, encore plus borné et imbu de sa personne que son supérieur, la rivalité entre les deux organismes de force de l'ordre augmente encore d'un cran.



Maurice Morge, chargé de relier entre eux les disparitions d'enfants ayant eu lieu dans le nord de la France et en Belgique, peut compter sur l'aide d'un journaliste original, même si leurs relations sont également quelque peu tendues.



Il y a dans ce roman une atmosphère intéressante, l'action se déroulant au début des années soixante dans les campagnes et sur les canaux de France et des pays limitrophes. L'auteur nous fait découvrir avec une certaine poésie le monde des mariniers et leur quotidien sur l'eau.

L'écriture est agréable et les dialogues sont savoureux, les protagonistes faisant preuve de beaucoup d'imagination pour remporter le concours de la meilleure répartie.



Une très belle découverte que cet auteur et sa « Médée ».
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La Médée

Participation à la dernière Masse Critique Mauvais Genre. Réponse positive de Babélio qui m'adresse l'un des 15 livres cochés : La Médée de Benoît Chavaneau.

Merci à Babélio et aux éditions In Octavo.



La Médée est une péniche qui navigue sur les canaux du Nord, de l'Est de la France et de la Belgique.

Vermeer en est le propriétaire. C'est un batelier solitaire dont la seule compagnie est Saturne, un chien-loup féroce.



Les corps de deux enfants, disparus depuis plus d'un an, sont retrouvés dans le canal. L'inspecteur Maurice Morge est chargé de reprendre l'enquête bâclée par la gendarmerie. Les deux petits Traoré ne sont pas les premières victimes, de nombreux enfants ont disparus les années précédentes. Un journaliste, George Bellamy, décide d'aider Morge.



Tout au long de la lecture pas le temps de s'ennuyer : accompagner l'enquêteur dans sa vie professionnelle comme dans sa vie privée, apprendre le monde de la batellerie, découvrir l'activité des mariniers, naviguer sur des canaux par temps froid, visiter Bruges, croiser des personnages : singulier comme Vermeer, sympathiques comme Morge et Bellamy, insaisissable comme Solange, insuffisants comme les gendarmes, émouvants comme les enfants, poignants comme les familles.



Ce roman, à la conclusion surprenante, est une excellente surprise.





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Jacks

Lorsque dans la préface vous tombez sur un message rempli de promesses fait par l’auteur, je ne sais pas pour vous, mais moi, je suis accrochée de suite et je paie pour voir (le message de la préface est à la fin de ma chronique)



Comme au poker, une fois l’argent posé sur la table, le joueur adverse m’a dévoilé son jeu et durant la partie, j’ai eu l’impression de voir de l’esbroufe et pas un beau jeu.



La main était riche de cartes fortes, mais mal utilisées.



Dans certains cas, je pars en cuisine avec mon bouquin tant il est intéressant mais là, durant une partie de ma lecture, j’ai pensé à ma lessive qui tournait, à la liste des courses, à regarder si la lessive n’était pas sèche au fil (entre temps, je l’ai mis sécher), à vérifier que ce n’était pas l’heure du repas du chat…



Soyons généreuse et commençons pas les bons côtés… On y apprend des tas de choses sur les techniques de tortures (Ida, reste avec nous) dans l’Histoire et certains m’ont fait crisper les orteils (le nerf dentaire) tant c’était affreux… Niveau martyrologie, il y a de quoi meubler les futurs repas en famille, le jour où l’on pourra réunir des grandes tables.



Problème ? La manière dont tout ce savoir est amené est maladroite et énervante puisqu’on dirait que la stagiaire à Scotland Yard, Socket (Marie Altbauer de son vrai nom) nous la joue à la Hermione Granger ou Lisa Simpson, avec moins de grâce qu’elles. Socket est énervante, mal calibrée en tant que personnage et son duo avec l’inspecteur Shelley, une espèce de dandy mal embouché, marche très mal.



On est loin des duos atypiques de Linley/Havers qui marchait si bien dans les romans d’Elizabeth George, malgré leurs différences de classe. Ici, c’est loupé sur toute la ligne, de plus, le Shelley pique une crise de nerf à un moment donné pour une connerie et c’est lui qui aurait mérité un blâme. Nous saurons ensuite le pourquoi du comment, mais en plus d’être un peu glauque, ça me semble surfait.



Et puis, on a un autre récit, celui de l’inspectrice Rachel Porter, sans que l’on sache ce qu’il advient, à ce moment-là de notre Socket et du chieur Shelley, qui bossent pourtant à Scotland Yard et qui ont croisé Rachel dans la partie avant.



Avec Rachel, ça a passé un peu mieux, même si je n’ai jamais vibré pour la plume de l’auteur, malgré ses feintes à deux balles, qui m’ont exaspérées (alors que dans d’autres récits, comme les "Chroniques de St Mary’s", ça passe sans soucis).



Un récit que j’ai apprécié, c’est celui attribué au Jack The Ripper de 1888. En effet, la théorie est plausible, cela aurait pu se dérouler de la sorte et cela expliquerait les différences entre les assassinats des prostituées. Leur reproduction de nos jours est sans doute plus rocambolesque et beaucoup trop longue, ce qui donne des creux dans le rythme de l’histoire.



Arrivée à la fin, lorsque l’on fait la somme de tous les récits (celui non loin du parc Kruger, en début de roman, celui de Soket et Shelley et le dernier vécu par Rachel), on a enfin l’explication de tous ces crimes, les mobiles…



Ouf, il était temps de tirer un trait sur tout cela, même si je reste avec des questions sans réponses, notamment quant au pourquoi de Janus, son rôle exact, son degré d’implication, tout cela est un peu flou. En poussant son cerveau dans les tours, on se doute, mais sans qu’on ait une certitude.



Il y avait du bon, dans ce roman, mais à force de vouloir y faire entrer trop de choses, en brossant des personnages un peu par-dessus la jambe, sans les approfondir, sans leur donner une épaisseur, en les faisant agir comme des idiots sans cerveau ou des imbéciles dédaigneux, en faisant d’eux des caricatures, il n’y aucun attachement avec eux, zéro empathie et on lit le roman d’un œil distrait, avec le cerveau qui gambade ailleurs.



Dommage, il y avait des bons ingrédients qui auraient mérité une cuisine plus précise, plus respectueuse des produits, avec une cuisson à une température différente pour ne pas dénaturer les quelques aliments nobles qui se trouvaient sur la table.



Si on a un morceau de foie gras, on ne le traite pas de la même manière qu’un Big Mac de chez MacDo, sinon, cette petite perle se retrouvera gâchée sous une sauce épaisse, écœurante et qui n’a pas de goût.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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L'important c'est la pomme

Un court roman qui a pourtant un sacré poids tant l'histoire est dense, tortueuse d'une relation entre un homme et une femme très nuisible.



L'histoire commence avec une jeune femme qui court a en perdre haleine. Elle fuit quelque chose ou quelqu'un, lorsqu'elle se cache dans un ancien ermitage. Nous apprenons très vite qu'elle est amnésique, mais sa rencontre avec le propriétaire de cette demeure lui laisse croire qu'il sait qui elle est. Est-il fou ? Est-elle celle qu'il prétend ? Qui la poursuit ?



Elle défroissa sa chemise, la tira sur ses genoux, sonna à la porte.

Effrayée, elle eut un mouvement de recul quand une cloche fêlée se mit à sonner quelque part. La porte ne bougea pas. Les volets restèrent clos. Alors, elle entreprit de faire le tour de cette grande ferme isolée, qu’on appelle hofstede par ici. Un grand carré de murs aveugles, de briques rouge sombre, sur lesquels poussaient des rosiers sauvages et de l’aubépine. De l’autre côté, à l’opposé de l’entrée de la maison, un grand portail, bleu lui aussi, n’avait pas été ouvert, depuis des années.

Elle continua de longer le mur d’enceinte.

Masqué par un rouleau de ronces, un soupirail était resté ouvert. Elle se griffa et se brûla les jambes, les bras, les mains. Mais se coula, fluette, par l’orifice béant, non sans avoir éparpillé son ultime poignée de poivre. Avec un peu de chance, elle pourrait s’abriter là pour la nuit. Voire quelques jours.

Elle déchira sa chemise de nuit en se laissant avaler par la meurtrière. Il y avait trois caisses en dessous, du solide, qui faisaient une sorte d’escalier, contre le mur. La cave était haute sous plafond. Et spacieuse.

Tous les sens de la jeune femme vibraient, aux aguets.



Ce livre est un livre d'ambiance ! Il règne un climat malsain,  de mensonge et pervers entre les deux personnages principaux.



D'ailleurs, plus vous découvrez l'histoire de famille des propriétaires de cette énorme demeure, plus vous sombrez dans la duplicité, le sang et les mensonges. Le rythme s'affole, vous dévalez cette histoire comme si vous tombiez dans un gouffre.



L'ancien ermitage est un personnage également, car ces murs sont fourbes (car piégés ) et c'est un imbroglio de pièces, de cachettes tel un ennemi en embuscade.



Un troisième personnage pointe le bout de son nez et prend de l'importance petit à petit dans cette histoire, un flic rusé, intelligent et très curieux. Il nous apporte un peu de fraicheur en sortant de l'enceinte de cette habitation.



L’écriture de l'auteur est riche, soignée et élégante.



Comment démêler toute cette histoire ou machination ? Rien de mieux pour vous que de découvrir ce livre.
Lien : https://lesciblesdunelectric..
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Jacks

Une première partie avec l'inspecteur Shelley (stéréotype de base de Sherlock Holmes qui n'aime pas la technologie...) et Socket "Marie Altbauer" (consultante en martyrologie, qui nous perd souvent dans ses explications), sur les bords de la Tamise des restes humains sont retrouvés dans des sacs poubelles. Commence une enquête avec ces deux personnages atypiques sur les traces d'un démanbreur. Une certaine rivalité est mise en avant entre l'inspecteur et Socket. Et là bam !!! Sans prévenir l'auteur met un clap de fin à cette première partie. Je me demande bien, mais pourquoi????







La seconde partie nous allons suivre Rachel Porter alias Mystic Rachel pour son tempérament de feu, son côté maniaque et son franc parlé. Elle enquête sur une série de meurtre concernant toutes des femmes. Elles sont retrouvées, éventrées, égorgées, mais quelque chose ne colle pas pour Rachel, il y a beaucoup de points communs, mais dans un autre sens, elle seule entrevoit des différences.







L'auteur a fait énormément de recherches sur le mythe Jack l'éventreur. J'ai adoré découvrir ce roman qui nous surprend de page en page. Le style de la plume est magnifique, des descriptions qui arrivent à nous faire voyager, puis dans le même temps nous mettre la nausée. L'auteur sait jongler avec les mots et nos nerfs.



Nous retrouvons une richesse historique, moi qui adore le style de la littérature anglaise, j'ai été séduite. Nous retrouvons la finesse de nos chers anglais.



Il y a aussi quelques touches d'humour, ce qui donne un peu de légèreté au roman qui peut paraître par moment tellement oppressant. Avec ces instants, on reprend notre souffle et on peut repartir dans les limbes de Londres. 







C'est un roman qu'il faut prendre le temps de lire, car il y a foules d'indices, de personnages, de faits historiques, donc j'ai pris mon temps pour bien enregistrer chaque élément. Rien n'est dit au hasard, rien n'est mis de côté pour rien, car tout va finir par se réunir pour faire un final grandiose.







Si encore des personnes arrivent à me dire que le thriller n'est pas de la littérature, je vais lui dire de lire Jacks.



Jacks est un vrai thriller comme j'aime, avec du style, des frissons, des énigmes à la Sherlock Holmes, de la recherche historique, du glauque et aussi de la grande finesse.



Article complet sur le blog
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La Médée

L’auteur vous propose un thriller atypique qui fait du bien !

*****

J'ai choisi de vous parler de ce livre car je ne l'ai pas vu passer sur les réseaux sociaux alors même que cette histoire mérite grandement de la visibilité.

Pour cela, il vous faut embarquer sur la péniche « La Médée » en compagnie de Vermeer. Votre voyage pourrait s’apparenter à une croisière sympathique, voguant au gré des demandes que cet homme honore, et en admirant de superbes paysages bucoliques. Mais celle-ci va prendre une tournure dramatique lorsque des corps d'enfants vont être découverts dans des sacs jetés dans un canal.

Pour apprécier pleinement cette lecture, il faut garder en tête que cette histoire a lieu dans les années 60. La vie semblait plus légère, plus douce qu'aujourd'hui...enfin, presque !

Si les premières pages m'ont surprise (je me suis demandé s'il s'agissait bien là d'un thriller), je dois avouer qu'une fois que j'étais pleinement plongée dans le récit, ce dernier m'a totalement emballé. J’ai beaucoup aimé l’ambiance créée par Benoit Chavaneau, c’est un peu comme si nous étions dans un petit cocon, doucement bercés par le bruit du moteur de la péniche…. alors même que l’histoire est dramatique.

La plume de l'auteur, dotée d'une grande sensibilité, arrive à brosser des portraits de personnages avec beaucoup de précision. Grâce à ces derniers, vous passez par un large panel d'émotions car les personnes qui enquêtent sur ces disparitions d’enfants sont pour le moins, hautes en couleurs. Leurs dialogues sont croustillants à souhait !

Les révélations finales, quant à elles, vous plongeront dans une torpeur qui vous rendra fébriles tant elles sont larmoyantes.

Au final, cette histoire sent bon le terroir, la simplicité des années 60, et elle est pourvue d’une grande humanité. Vous l’aurez compris, j’ai beaucoup aimé.
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Jacks

Grand bien me fait de partir à la découverte d’auteurs moins connus du grand public, parce que je fais de sacrément belles découvertes! Je m’étais promis de rester polie dans ma chronique, parce que zut alors, il y a un certain savoir-être anglais à respecter dans sa chronique quand on vient de terminer un livre qui se déroule au pays de Sa Majesté, mais je n’ai qu’une seule expression en tête pour vous donner envie de lire la suite de la chronique et surtout de découvrir ce livre, c’est : « Putain mais quel livre! »

Cette fois, c’est à Londres que je vous emmène découvrir Jacks, de Benoît Chavaneau, paru aux éditions Ravet-Anceau en septembre 2016.

 

L’histoire

Londres, de nos jours, première partie : un corps est retrouvé démembré dans un sac poubelle sur les bords de la Tamise, en plein cœur de la ville. Sur place, l’inspecteur Shelley rencontre Marie Altbauer, une jeune française étudiante en martyrologie. L’ambiance est électrique, l’inspecteur Shelley est à lui seul la parfaite caricature du vieux flic anglais blasé de tout, rigide comme une tige de bambou et peu enclin à offrir un accueil cordial à Marie. Rapidement, d’autres corps sont retrouvés, toujours en plusieurs morceaux, toujours en plein cœur de la ville. Rares sont les indices laissés sur place, aucun témoin ne se manifeste et l’enquête semble aboutir à une impasse. Les médias commencent à mettre leur nez dans l’affaire, le légiste aboutit à chaque fois à la même conclusion, les victimes ont été démembrées… Vivantes!

Londres, de nos jours, deuxième partie : alors qu’on ne s’y attend pas, clap de fin pour la première partie. Nous faisons alors la connaissance de Rachel Porter, flic célibataire et maman d’une jeune ado. Rachel est appelée sur les lieux d’un crime dans les Stables, le célèbre marché londonien situé en plein cœur du quartier très rock de Camden Town. La jeune femme est une punk dans la plus pure tradition, s’adonnant régulièrement à la prostitution pour boucler des fins de mois difficiles. Elle est retrouvée égorgée, les viscères à l’air, et a été poignardée de 39 coups de couteau. L’enquête piétine, toujours aucun suspect alors que les meurtres se multiplient suivant le même mode opératoire, avec le même degré de violence et de bestialité, dans le même quartier branché de la capitale anglaise.

Les meurtres ne sont pas sans rappeler ceux d’un célèbre assassin, l’ombre de Jack l’Eventreur plane au-dessus de la capitale anglaise.



Un thriller culturellement riche

Quand j’ai lu la biographie de l’auteur Benoît Chavaneau et que j’ai vu qu’il était enseignant en littérature, je me suis dit « soit ça passe, soit ça casse« . Sans m’étaler sur ma petite personne, j’ai suivi des études supérieures littéraires, j’en suis sortie profondément écœurée, moi l’amoureuse des belles Lettres, écœurée par cet espèce d’élitisme, par ces enseignants obtus capables de juger des genres comme le polar et le thriller comme des sous-genres, et dans le même sens de dénigrer leurs lecteurs en les traitant comme des sous-lecteurs incapables d’apprécier la profondeur de la littérature.

Ici, l’écriture et la mise en forme priment sur le contenu. On n’est pas dans le vulgaire meurtre barbare sanguinolent qui en met plein la vue; il y a une profondeur des mots, des expressions, il y a un important travail sur l’écriture en tant qu’art, en tant qu’esthétique, les phrases et les tournures sont travaillées, elles sont riches en vocabulaire sans pour autant avoir l’impression de lire un ouvrage inabordable accessible uniquement aux personnes les plus cultivées. Il y a une alternance de narration romanesque (qui constitue la majorité du livre), avec de très courts extraits de journaux, ou avec des passages écrits à la manière d’une pièce de théâtre. C’est un peu déroutant au départ, le temps que notre cerveau trouve sa gymnastique, mais cela en fait un livre riche, dense, d’autant plus que les références historiques sont nombreuses. On le lit peut-être un peu moins vite qu’un autre thriller car il faut que notre esprit emmagasine toutes ces informations. Encore une fois, pas de panique amis lecteurs ! tout ceci est fait de manière subtile, sans que vous n’ayez l’impression d’assister à un cours d’histoire.

Le thème de la torture est largement abordé, surtout dans la première partie grâce au personnage de Marie. On apprend que la torture est hautement symbolique, et qu’on ne torture pas de la même manière la prostituée du coin de la rue comme on torture un voleur ou une personne qui représente une institution. Le travail de recherche est très important et j’ai juste envie de dire que ça fait du bien d’avoir un auteur qui ne repose pas le succès de son livre uniquement sur l’histoire qu’il a en tête, aussi complexe soit-elle.



Question de style

La lecture est également agréable grâce à la personnalité des personnages. Mis à part Shelley qui est un personnage assez dédaigneux et peu attachant, j’ai trouvé que les deux personnages féminins, Marie la martyrologue et Rachel l’inspectrice, apportaient une bouffée d’air frais au récit assez noir, grâce à leur pugnacité et à leur humour en toute circonstance.

Le rythme de l’histoire est nerveux, ne laissant que peu de répit aux lecteurs face aux très nombreux meurtres qui jalonnent les quelques 350 pages du livre. Certains crimes sont décrits de manière assez explicite ce qui n’est pas pour me déplaire, lectrice barbare que je suis! Je n’aime pas moi qu’on me cache des choses, pour préserver mon âme sensible. Quand je lis un thriller, je veux tout voir, je veux assister aux meurtres, aux autopsies, je veux des détails, du croustillant, de dégoûtant même! Que les âmes sensibles se rassurent, on est loin du roman gore qui vous fera vomir, et l’extrait que je vous poste en photo n’est pas la norme de ce livre, on n’a pas ce genre de scènes à toutes les pages et si vous êtes un temps soit peu fragile, vous pouvez sauter quelques lignes pour éviter les détails sanglants.

 

Jack The Ripper

L’histoire de Jack l’Eventreur est un peu le fil rouge du livre. Je craignais un peu de retrouver un livre comme celui de Patricia Cornwell que j’ai lu plus jeune et qui est cité à de nombreuses reprises dans le livre, cherchant à résoudre le mystère qui entoure l’identité du célèbre assassin.

Des extraits fictifs du journal de l’assassin nous sont dévoilés, et nous permettent de comprendre le lien entre cette série de meurtres qui a eu lieu fin du 19è siècle, aux meurtres qui se sont produits à notre époque.



Le mot de la fin

Avec Jacks, on est dans la belle littérature, et l’auteur nous prouve qu’il est possible de faire d’un thriller un livre d’une grande qualité littéraire. On reste néanmoins sur un vrai thriller, respectant tous les codes du genre : enquête policière, traque, meurtres, rebondissements, focale sur les enquêteurs…

Je remercie chaleureusement Benoît Chavaneau de m’avoir proposé la lecture de son livre, malgré les craintes qu’il ressentait à l’idée de mon jugement impitoyable = )

Je recommande chaudement ce qui s’apparente à un gros coup de cœur !
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L'important c'est la pomme

Le Mal est dans la place . Cette place c’est un ermitage du Moyen Age perdu dans les Flandres françaises dans lequel les moines priaient . C’est aujourd’hui le lieu où vit la famille Follet . Une famille recomposée où la folie ordinaire et la soif du sang s’est installée jusqu’à ce transmettre à la nouvelle génération : un frère sous la coupe de sa demi – soeur surnommée « la sorcière » . Ces deux – là – mais sans aucune certitude que ce soit les mêmes - vont se retrouver bien des années plus tard dans un face à face tragique . Ce roman c’est aussi l’histoire de cette maison de perdition , hantée par la présence de ces précédents occupants , dans laquelle se cache de nombreux passages secrets vers des lieux de damnation et qui recèle bien d’autres mystères comme celui de ces pommes oubliées ..

Benoit Chavaneau prend un malin plaisir à nous perdre dans ce conte moderne et noir qui mêle rationnel et irrationnel . Un style singulier combiné à un récit labyrinthique et dramatique sont quelques uns des ingrédients de cette potion magique qui font de la lecture de ce roman une véritable expérience sensorielle .
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La Médée

Merci à Masse critique de m'avoir permis de découvrir ce bon polar!

Vermeer est un marinier solitaire et apparemment sans histoire. Il sillonne les canaux du Nord et de l'Est de la France, des Flandres aussi, depuis toujours. Il bichonne sa péniche et le triporteur qu'il utilise quand il va à terre faire ses courses ou donner la main à ceux qui en ont besoin.

Mais pas que.

L'homme pratique aussi une activité bien moins innocente.

Pourquoi? On ne le saura qu'à la fin du récit.

Nous faisons ensuite la connaissance d'un inspecteur, lui aussi plutôt solitaire. Morge est son nom. Il est chargé d'élucider une affaire sordide qui traîne depuis 5 ans: la disparition d'un bon nombre d'enfants dans le Nord de la France et des Flandres, et la découverte macabre de deux corps de gamins noirs dans le canal...

Nous suivons l'enquête au rythme tranquille de l'eau, découvrons d'autres personnages souvent abîmés, parfois touchants, parfois infects.

C'est une promenade étonnante, instructive et souvent poétique grâce au style de l'auteur, bien tourné, qui prend le temps de décrire aussi bien les paysages que le fond des cœurs.

Je vous invite sans réserve à entrer dans cette atmosphère brumeuse et mystérieuse pour cheminer doucement jusqu'au bout de cette enquête originale et un peu amère.

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La Médée

… Madame Lucienne remplit son cahier et la Médée s’ébranla.

La péniche franchirait plusieurs centaines d’écluses entre les Flandres et le Canal du Midi et, à chaque fois, de façon rituelle, l’homme cacherait l’enfant. Du moins sur le trajet aller.

Car, au retour, l’enfant ne serait plus là …

Nous sommes dans les années 60.

De nombreuses disparitions d’enfants non élucidées ont lieu dans les Flandres mais aussi en Belgique et au Pays-Bas.

Deux corps sont découverts dans des sacs jetés dans un canal.

Maurice Morge, inspecteur austère et solitaire de la P.J. de Lille, débarque alors dans le petit village de Wailly afin d’y mener des investigations après une enquête malheureusement bâclée par les gendarmes.

Aidé par George Bellamy, un journaliste dandy et fantasque, va-t-il pouvoir retrou­ver l’assassin ?

Une enquête riche en rebondissements commence.

Nous baignons, ici, dans le monde des mariniers, sur les canaux du Nord, de l’Est de la France, de la Belgique et puis il y a Vermeer et la Médée !

Benoît Chavaneau est né à Roubaix en 1958 et d’emblée il s’imprègne de cette terre noire des Flandres, de ses carillons et de ses canaux brumeux. Très tôt, il conçoit l’écriture comme un ouvrage de den­telle entre silences et mots.

C’est en écoutant « La Chanson de l’éclusier» de Brel, chez une amie, que naît l’idée de « La Médée », une histoire de marinier, d’enfants perdus et de canaux brumeux.

« Dans ce roman, j’étais obsédé par le rythme, par le style, par cette ambiance flamande, mouillée de brume et de pluie froide. Un bon roman, c’est moins une histoire que la manière de la raconter, enfin je crois. »

La Médée est finaliste du Prix du Sablier d’Or du meilleur manuscrit.



Complexe de Médée: (Psychanalyse) Complexe se manifestant chez les femmes/les hommes qui cherchent à punir leur mari/épouse en s’en prenant à leurs enfants

L’appelation trouve ses origines dans le nom du personnage mythologique de Médée, qui selon une version répandue du mythe aurait tué ses enfants par vengeance envers son mari, Jason, qui l’a répudiée en faveur d’une autre femme.



Le sacrifice des enfants est au centre de ce roman, non seulement La Médée charrie son lot de cadavres à travers les canaux mais l’inspecteur Morge, austère personnage sacrifie lui aussi sa vie de famille et son rôle de père pour cette enquête.

La question se pause : la péniche se nourrit-elle des enfants, Vermeer le batelier est-il un ogre dévoreur d’enfants ?

Bien sûr l’atmosphère ambiante nous emmène directement du côté de Simenon, le cadre géographique, la grisaille, les personnages taiseux ou encore extravagant comme le journaliste Bellamy. Mais bien au- delà du roman policier, j’ai lu un roman frôlant le fantastique et flirtant avec Jean RAY, apologie du sacrifice et de l’inexorable conduisant à une rencontre « amoureuse » habitée de non-dits et d’acceptation d’une règle érigée comme un aveu de monstruosité, un lien indéfectible.



Superbe roman noir, magnifiquement écrit par un auteur qui sait plus que quiconque marier les mots et leur donner cette musicalité que l’on retrouve dans d’autres de ses romans.



Cet ouvrage est sélectionné pour le Prix Dora-Suarez 2022.
Lien : https://dora-suarez.com/?s=L..
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Jacks

En écrivant « Jacks », qui aurait pu s’appeler Jack mais je ne vous dirai pas pourquoi (sourire) , j’avais l’ambition de travailler à ma manière sur cette figure imposée du « patinage artistique littéraire en matière de roman noir »: Je voulais produire un roman sur Jack L’éventreur puis l’accompagner d’une partie documentaire personnelle.



Des centaines de romans et autant d’essais ont été écrits sur le plus mythique des tueurs en série ( il en sort trois par an rien qu’en anglais depuis les années 70) , j’en ai lu beaucoup, j’en ai annoté quelques uns, avec cette sensation de lire souvent la même chose comme si ces centaines de ripperophiles avaient tous cherché leurs clefs sous le même réverbère, alors que l’essentiel se trouvait ailleurs. Beaucoup ont prétendu démasquer Jack , pour ce faire ils ont découpé au ciseau les pièces du puzzle pour les faire entrer absolument là où ils voulaient qu’elles rentrent! Alors elles sont plus ou moins rentrées. L’exemple le plus fameux de cette manie est celui de Patricia Cornwell.



Mais ce faisant, on n’ a jamais cherché dans les nombreuses zones d’ombres qui environnent encore l’Éventreur: Quel est son mode opératoire? Pourquoi ce passage – de crime en crime – d’un schéma organisé à un schéma désorganisé? De quelle façon l’assassin se déplaçait-il dans cette jungle dangereuse qu’était le Whitechapel de 1888 ( la plupart des ruelles étant trop étroites pour des calèches) ? De quelle manière procédait-il pour prélever des organes dans le noir le plus complet et souvent sous la pluie?



Pendant presque trois ans , l’ex-professeur à L’Insee a fouillé de manière curieuse et méticuleuse enrichissant d’autant le travail du romancier . Et dieu sait que j’en ai fait des découvertes sitôt que je suis retourné aux sources et aux archives d’époque!



« Jacks » est le fruit de cette recherche passionnante et passionnée. Ce n’est pas un roman historique, d’autres auteurs bien plus compétents que moi l’ont déjà fait. C’est un vrai thriller avec ses personnages parfois fictifs, parfois réels, avec une intrigue originale et beaucoup de suspense. Et tout cela en mettant très haut les exigences en matière de style.Car seul compte votre plaisir.



Jacks est un roman original au terme duquel j’aimerais que vous vous disiez : » oui! ça a dû se passer comme ça, nécessairement. »



Benoît CHAVANEAU
Lien : http://benoit-chavaneau.fr/
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L'important c'est la pomme

Une histoire horrible à souhait, tragique, mêlant une folie meurtrière et la manipulation psychologique d’une famille née dans le drame. Des personnages, bien posés, mais totalement en dehors des réalités. Ils n’écoutent que leurs envies primaires sans se soucier des conséquences. Plus on avance dans la lecture de ce livre, plus le sordide fait surface jusqu’à l’inimaginable. Les scènes se succèdent, s’imbriquant parfaitement entre le passé et le présent. Le lecteur est amené à tenter de trouver lui-même les réponses, jusqu’à la l’ultime page, tous les doutes sont permis. La psychologie des personnages est elle-même bien distillée, ce qui amène le lecteur vers la vérité.

Un régal de lecture, l’insoupçonnable et l’inconcevable traités avec une plume littéraire, voir poétique à certains endroits, en gardant une écriture de caractère, accentue la dimension tragique et noire de ce huis-clos.

Serez-vous curieux d’aller croquer cette pomme ?


Lien : https://www.facebook.com/les..
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La Médée

Dès la dédicace tout est dit "un long et beau voyage" à bord de la Médée. Polar avec beaucoup d'indices sont éparpillés par ici, par là, qui trouvent leur place dans l'élucidation de la disparition de nombreux enfants. La fin est un véritable feu d'artifice, surtout que nous n'attendons pas à cette résolution des disparition des enfants. Exploration du monde marinier sur toutes ses facettes multiples qui donne du fil à retord à un policier solitaire et aigri accompagné d'un journaliste. Je recommande sa lecture.



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La Médée

Nous allons suivre la Médée au fil de l eau dans une ambiance un peu cocon, malgré l histoire.



Vermeer est un personnage particulier et presque attachant.



L auteur a su installer une ambiance où on entendrait presque le clapotis de l eau malgré cette enquête et ces morts d enfants.



Une jolie ballade dans les années 60 et une vie simple, une histoire que l'on lit avec plaisir



Belles lectures à tous
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Morts sûres

Je suis tombée sur cette histoire lors d'un petit salon de fantastique dans lequel l'illustrateur faisait la promotion de ce roman. Intriguée je me suis "jetée dessus".

L'histoire est sympa, très intriguante, mais à vrai dire je m'attendais a davantage de "gore". Il y en a, mais le titre et la couverture assez "sombre" faisait présager des choses que je n'ai pas retrouvé malheureusement.

Cependant ce n'est pas une totale déception, car j'ai quand meme aimé cette lecture.
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Jacks

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Morts sûres

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L'important c'est la pomme

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