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Citations de Benoît Vitkine (178)


Le Maïdan avait été un cri de colère contre la corruption, l'injustice... Les habitants du Donbass partageaient ce cri, mais ils n'avaient que faire du discours nationaliste et chauvin qui l'accompagnait.
La menace d'enlever au russe son statut de langue officielle n'avait fait qu'accroître cette crispation. Seulement, personne n'était prêt à écouter. Alors ceux de l'Est s'étaient tournés vers ce qu'ils connaissaient : pendant que Kiev choisissait l'Europe et s'illusionnait en songeant à un avenir meilleur, le Donbass avait regardé vers Moscou et cherché refuge dans le passé.
L'ancienne mère patrie n'attendait que cela.
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-Notre pays reçoit la liberté mais existe-t-il des gens libres pour la recevoir ? Nos compatriotes savent-ils seulement ce qu'est la liberté ? Savent-ils la protéger, la faire vivre ? La soumission est beaucoup plus simple et confortable... Être libre à de quoi désemparer les âmes les plus faibles et les moins préparées. Il est bien plus aisé de s'en remettre à un chef, à une idéologie, à des illusions, à des habitudes, aux limites bien connues de son petit potager.
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Voilà pourquoi la vieille souris était sortie de chez elle : pour vérifier que les choses étaient toujours à leur place, qu'une mère qui perd son fils restait une mère qui perd son fils. Que les cimetières, qu'ils soient soviétiques ou ukrainiens, étaient toujours le pire lieu du monde pour les mères.
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Cela fait des décennies que l’on ne parle plus de progrès… Ça aurait dû vous mettre la puce à l’oreille, quand on a commencé, dans les années 1970, à vendre la victoire dans la Grande Guerre patriotique comme notre plus grande réalisation. Plutôt que l’avenir radieux, le passé glorieux ! L’essentiel était de maintenir les choses en l’état, d’éviter les troubles, les questions dangereuses.
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C’est fini, mon pote, la liberté ! C’est comme le communisme, c’est des idéaux du passé. Maintenant ce qui compte c’est la consommation, le fric. Ceux qui croient encore à la liberté se feront piétiner, crois-moi. Si tu veux être quelqu’un, sois riche, pas libre !
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En huit lettres, « vaincu par l’hiver », avait lancé le Vieux à la cantonade, un matin. Quelques propositions avaient fusé, où il était question de cultures perdues à cause du gel, de moteurs de Lada endommagés, de membres amputés… Puis le Gris avait tenté timidement : « Napoléon ? », recevant un claquement de langue approbateur du Vieux.
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Il se croyait plus malin que les autres et il a tout de même fini au trou avec les bandits et leur code d'honneur poussiéreux.
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Combien de frères s'étaient déchirés aux premières heures du conflit ? De pères avec leurs fils ? De couples ? Pro-ukrainiens contre prorusses... Modernistes contre traditionalistes... Il n'y avait alors plus de place pour les tièdes et les nuances. Des questions nouvelles étaient apparues et subitement tout le monde se devait d'avoir un avis : se sentait-on russe ou ukrainien ? monde slave autoritaire ou Occident décadent ? oligarques aux commandes ou gay prides sur les boulevards ? La haine était au coin de la rue, dans chaque cage d'escalier ; on formulait ses réponses avec de plus en plus de prudence ; les passages à tabac étaient monnaie courante... Plus tard, la guerre avait en quelque sorte remis les compteurs à zéro. On avait enterré les grandes idées et les espoirs fous, les questionnements, les identités tourmentées. On avait cessé de se disputer puisque seules les bombes étaient capables de se faire entendre. On n'espérait plus que la survie.
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Kiev s'était lourdement trompée sur le compte du Donbass. Elle avait fait sa révolution et cru que ceux de l'Est, les gueux, suivraient ou se tairaient, comme ils l'avaient toujours fait. Le Maïdan avait été un cri de colère contre la corruption, l'injustice... Les habitants du Donbass partageaient ce cri, mais ils n'avaient que faire du discours nationaliste et chauvin qui l'accompagnait. La menace d'enlever au russe son statut de langue officielle n'avait fait qu'accroître cette crispation. Seulement, personne n'était prêt à écouter. Alors ceux de l'Est s'étaient tournés vers ce qu'ils connaissaient : pendant que Kiev choisissait l'Europe et s'illusionnait en songeant à un futur meilleur, le Donbass avait regardé vers Moscou et cherché refuge dans le passé. L'ancienne mère patrie n'attendait que cela. Ce que les gens du Donbass ignoraient, en revanche, c'est qu'entre temps elle était devenue une marâtre acariâtre et cynique.
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Elles étaient des survivantes. Le quartier était rempli de ces veuves impassibles. Le pays pouvait bien s'étriper, elles continueraient à fabriquer des confitures et à mariner des champignons. Leurs maris s'étaient agités toute leur vie, puis leurs coeurs avaient lâchés, fatigués de tant donner à des corps trop massifs, à des vies trop brutales. Elles, elles restaient. Elles vivaient quinze ans, vingt ans de plus que leurs hommes. Et pendant vingt ans, elles enfilaient chaque jour les mêmes chaussons, les mêmes robes de chambre. Elles accomplissaient consciencieusement la routine de leurs petites vies. Elles y déployaient même une force surprenante. Peu leur importait de vivre en Union soviétique, en Russie, en Ukraine, elles avaient tout connu et tout était égal. Seul importait que leurs petits-enfants ne voient pas les horreurs qu'elles avaient vues. La Guerre, la vraie. Les purges de Staline.
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Finalement, cela arrangeait Antonina de rendre la guerre responsable de la dislocation de sa famille. Les choses se seraient-elles passées autrement si celle-ci n'était pas arrivée ? N'était-ce pas le destin des enfants d'abandonner un jour leurs vieux parents à leur sort ? N'était-ce pas là le stade suprême du développement et de la modernité auxquels l'Ukraine aspirait ?
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"C'est quoi la guerre, sinon l'occasion de rebattre les cartes, l'opportunité pour les outsiders et les minables de se faire une place au soleil ?"
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Henrik ressentait toujours le même creux dans l'estomac quand il pénétrait sur les terres de son enfance, si désespérément vides. La région avait fourni à l'URSS le charbon qu'on utilisait dans tout l'Empire. Elle produisait plus d'acier que la Ruhr. Tout cela, l'industrialisation massive et éclair des années trente, l'héroïque déménagement des usines devant l'avancée nazie, il l'avait appris à l'école, les yeux emplis de fierté. En ce temps-là, la gloire du Donbass rejaillissait sur les mineurs et les métallos, ruisselait sur leurs enfants. Les entrées des mines et des usines étaient marquées par des fresques grandioses, des sculptures d'ouvriers aux muscles saillants, des étoiles écarlates.
Tout s'était écroulé en quelques années. Le pays tout entier, et avec lui les mines, les usines. Le siècle nouveau renonçait à la houille, la Chine déferlait sur les marchés.
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Les ouvriers étaient scandalisés que l'on sacrifie leur outil de travail sur l'autel de la guerre.
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L'objectif reste le même : dominer. Dans ce jeu, le peuple a toujours été une variable d'ajustement. Les brebis que l'on peut tondre à l'envi, dévorer et recracher par milliers d'ossements broyés, pour montrer sa puissance, pour engraisser et rester le plus fort.
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La politique est affaire de symboles : un pas en arrière, c'est une armée qui recule ; une génuflexion, tout un pays qui se fait vassal.
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De face, elle est Olena Hapko. La femme d'affaires la plus puissante d'Europe orientale. La Princesse de l'acier, l'oligarque de Zaporojie, l'Impitoyable, la Chienne, la Présidente, 52,7 %. De dos, elle redevient un cul. Les femmes le fixent avec curiosité, les hommes avec délices. Elle sait ce qu'ils pensent. Cela fait trente-cinq ans qu'elle sait ce qu'ils pensent. Il y a ceux qui se disent : Elle a beau être présidente, elle a un gros cul... Ceux qui pensent : Quel cul ! J'aimerais bien me le faire... Elle, elle n'a rien contre l'offrir, ce cul. Elle aime le sexe. Mais leurs regards gâchent tout. Concupiscents, avides, étriqués, mesquins. Ils sont incapables de recevoir l'offrande. Il faut qu'ils possèdent, qu'ils utilisent leur queue comme une lance. Quand ils la prennent, ils ont l'impression de lui voler son pouvoir. Ils utilisent leur bite comme la trompe d'un moustique. Ils giclent mais ce sont eux qui l'aspirent. Elle le sait, elle ne se trompe jamais sur ce que pensent les gens. Autrement, elle n'aurait pas été capable d'en convaincre 52,7 % de voter pour elle. Les hommes l'ont privée du plaisir simple de l'amour.
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P136 "La supériorité de l'homme russe tient à sa capacité à regarder vers le ciel, à se projeter de manière spitituelle vers spon créateur, dit la voix légèrement nasillarde d'un homme trop sûr de lui. C'est toute la différence avec l'homme occidental, qui, lui, se repaît des nourritures terrestres et se noie dans l'individualisme et les valeurs matérialistes, incapable de la grandeur d'ême du Slave".
P275 : "Ce sont des hommes solides, dans la quarantaine ou la cinquantaine, des travailleurs manuels aux poings durs comme la brique. Les plus jeunes sont refoulés des premières lignes. Les vieux les rabrouent en leur disant qu'ils sont trop faibles, mais, consciemment ou non, ils estiment surtout que s'il y a un mauvais coup à prendre, c'est à eux de le recevoir, pas aux gamins".
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La supériorité de l'homme russe tient à sa capacité à regarder vers le ciel, à se projeter de manière spirituelle vers son créateur, dit la voix légèrement nasillarde d'un homme trop sûr de lui. C'est toute la différence avec l'homme occidental, qui, lui, se repaît des nourritures terrestres et se noie dans l'individualisme et les valeurs matérialistes, incapable de la grandeur d'âme du Slave. Les Ukrainiens doivent maintenant décider sur quelle voie ils veulent avancer: celle de la nouvelle Sodome européenne, ou celle ouverte par nos frères russes, le chemin d'une élévation de chaque individu dans une collectivité dévouée au bien collectif et à son chef...
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Car celui qui frappe est meilleur.
Celui que l'on frappe et ligote, moins bon.
Ivan IV le Terrible
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