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Citations de Bernard Chambaz (237)


Dernière chance-
pour qui?
les fauvettes sur le chemin
du retour vers la barrière rocheuse-
les joueurs qui jouent
leur vie à la roulette-les amoureux
pressés de s'embrasser
sous ce bosquet verni-le poème
ou la poésie
les pommes qui remontent
aux arbres comme
les ballons à la fête foraine-le hasard
d'un soir très doux d'automne
où tu t'endors derrière moi sur la moto
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C'est donc ici, en Italie, à seize ans que j'ai découvert cette vérité renversante qui venait contredire mon expérience forgée par quelques après-midi sans échappatoire : le musée pouvait être un espace de liberté et le moyen d'un va- et- vient accélèré à travers les nappes de
l' histoire .
Ce premier voyage de ma vie, je le dois à ma grand mère qui prit le risque de m'emmener deux semaines à Florence (....)
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Les bras
on peut les lever sur le podium les ouvrir
pour accueillir les proches et les étrangers
la grande armada des bénévoles
qui concourent à la fête
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Puccini place l'émotion au principe de l'art, il a raison. L'émotion, il la nourrit de toutes les sensations qui font le détail de chaque jour, ...
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J'ai toujours eu à traîner un lourd fardeau de mélancolie. Il n'y a aucune raison à cela, mais je suis fait ainsi. C'est lui, Puccini, qui l'a écrit.
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La foule des grands soirs vient voir à quoi ressemble cet opéra chinois. Si elle est surprise par l'atmosphère générale, elle trouve son compte dans l'air du prince au début du troisième acte et elle ne regrette pas d'être venue quand Toscanini pose la baguette sur le pupitre après la mort de la jeune esclave Liu et se tourne vers le public pour déclarer d'une voix enrouée : ici finit l'œuvre laissée incomplète par le maestro, parce qu'à cet endroit le maestro est mort.
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                   « ... INDÉFINIMENT MA JOIE » //C
  
  
  
  
Les vents ultimes cousaient leurs violences
pourléchaient semblablement les sables
les poètes comptaient l’iambe et l’anapeste
trafiquaient leur pidgin de contre-
bande, signaient
saignent, bricolent
« Ventre affamé n’a point d’oseille »
Ca n’empêche pas la monnaie de la pluie, ni les ressou-
venirs (moi je connais un talus gauche...)
les ressouvenirs, le saute-mouton clandestin
du bonheur

Les vents dérapent sur les haies
la mer heureuse se déride
passagèrement et j’y vais, j’y vais.
Gare aux murs.
                  31 octobre – 1er novembre 1972


//Henri Droguet (29/10/1944 -)
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                   « ... INDÉFINIMENT MA JOIE » //B
  
  
  
  
D’abord il y eut l‘écorchure précise des villages
l’aller-retour des vents sur les mains tout à coup
de silence
l’immobilité des oiseaux ternis
- une maille ratée, ou tout comme –
le silence (je le redis)
des oiseaux de la mer des arbres de la mer
des voix d’homme du vent
un silence /antiphrase

Plus tôt plus tard la turbulence
des « idées pures » à la con, les miroirs
brouillés de l’automne, l’accueil des flaques
(ultérieurement) le crissement des plages
le monde quoi te vous agrippe à la main :
« Tu viens, chéri ? »
et je vous y vas, aux poubelles de la po-hai-sie
vite et bien
Les nuages gribouillaient le soleil de huit heures
les rocs noircissaient, le vent touillait
la panade des brumes froides très
j’ai joui – comme tout le monde –
je commençais, seulement je commençais
à savoir le visage de mon amour sur les doigts
de ma main
et l’énorme indisable présence
des oiseaux de la mer des arbres de la mer
des hommes et du vent
les lacets bien connus du sang
les semailles du rire
leur avant-dire :
(on verra les chiens rire les oiseaux
contre-
dire les râpes du malheur
l’ivresse des bateaux dans les soirs de fortune
l’aurore surviendra dans l’arbre
flavescent)

                  31 octobre – 1er novembre 1972


//Henri Droguet (29/10/1944 -)
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                   « ... INDÉFINIMENT MA JOIE » //A
  
  
  
  
D’abord j’entends un chant fini et
des bruits ouvriers
le crachin froisse l’arbre mou des paresses
les feuilles choient
sur l’érosion évidente des herbes

J’entends les bruits désormais provisoires
des oiseaux de la mer de l’arbre de la mer
des voix d’hommes du vent
l’arbitraire du monde, son grincement de coutume
le geindre gras de l’ordinaire, la suie des mémoires et des heures

Je sais la vie plus loin plus loin plus loin
loin simplement de ce torchis des mots
dans un chant postérieur

                  31 octobre – 1er novembre 1972


//Henri Droguet (29/10/1944 -)
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                        SCOPIE 1
  
  
  
  
Nous nous ferons une vie d’insomnie
il y aura
les rêves de la mer comme un dernier barbiturique
la folie des oiseaux provisoires
des rocs neufs à ne pas dire
l’éraflure indiscrète des vents
dans la beauté des saules

nous nous ferons un pays réputé étranger
comme un sourire de Dieu
il se fera un jours précis de déchirure :
la mer sera haute à 21h18
le Breslinghes quittera le port, sur lest,
pour l’Allemagne
le Nordlicht, bois sciés, venant d’Halmstadt
entrera

Je-n’importe qui serait à rêver blanc,
dans le coin gauche.
                                15 août 1972


//Henri Droguet (29/10/1944 -)
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Il déplore le poids des ans. Pour l'année de ses cinquante ans, il n'est pas du genre à entonner un air de Grétry et à se réjouir des petits nuages blancs. Il se laisse aller à écrire des phrases radicales. Ma vie est un océan de tristesse.
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Toscanini, le meilleur chef d'orchestre qu'il ait connu, celui qui a le mieux servi et défendu ses opéras. Leur relation a pourtant connu des moments de froid. Ainsi à la Noël où il lui envoie un cadeau qu'il regrette aussitôt avoir envoyé, alors il lui adresse un télégramme : PANETTONE ENVOYÉ PAR ERREUR, PUCCINI ! Il reçoit un télégramme par retour : PANETTONE MANGÉ PAR ERREUR, TOSCANINI !
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Puccini a maintenant trente-trois ans, l'âge auquel est mort Bellini, d'un accès de fièvre, ce n'est pas une consolation. Il pense au début de La Divine Comédie que tous les Toscans connaissent par cœur, aux deux premiers vers, et s'il arrive qu'on sache que la forêt est obscure, personne ne peut savoir quand on est au milieu de sa vie.
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Bernard Chambaz
Rien ne m'excite autant que d'imaginer un livre, son motif, sa composition, les éléments amovibles d'un paysage que je traverserai ou habiterai un certain temps, rien ne me tient davantage debout, le cœur qui palpite, les images qui se bousculent, une obsession vingt-quatre heures sur vingt-quatre même sans la moindre phrase...
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SAN MINIATO
  
  
  
  
L'église blanche au janvier de l'hiver
Est petite perfection de deux vieux marbres
Est froideur et douceur et dureté de ciel
Infinie en intérieur toute mystère.

Voisinage des morts ;
Quand toute ville au jour est épanouie rose
Sous l’azur clair des plus lointains tableaux
Dans la fausse douleur d’avant-dernière chose.


// Pierre Jean Jouve France (11/10/1887-08/01/1976)
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     (le Verre d’Eau)
  
  
  
  
IL ME SEMBLE QUE C’EST CLAIR,
TRANSPARENT ? LIMPIDE ?

CONTENANT COMME CONTENU ?

L’ALLÉGORIE ICI HABITE
UN PALAIS DIAPHANE !

ÇA VA ? VI, VA, VU ?

C’EST LU ? LI, LA, LU ?

C’EST BI ?

C’EST BA ?

C’EST BU ?

(FIN)


// Francis Ponge France (27/03/1899-06/08/1988)
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Une feuille qui se déchire
  
  
  
  
Une feuille qui se déchire, trois
notes sur le silence, presque
rien, comme iles tôt,
c’est le matin peut-être ou
le soir, je ne sais
plus, j’ai marché si longtemps,
maintenant je
respire, je me repose, tout
est parfait, le ciel dure
à l’aplomb, je compte sept étoiles.


// Claude Esteban France (26/07/1935-14/04/2006)
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Sept jours d’hier
  
  
  
  
Sept jours d’hier, sept jours
comptés comme si
le nombre enfin clos
fixait le temps, forçait
le temps à ne plus creuser son entaille,
sept jours
traversant les années, et cette voix
soudain qui décide
que c’est assez, qu’il faut compter
autrement, si l’on pouvait.


// Claude Esteban France (26/07/1935-14/04/2006)
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Un mot
  
  
  
  
Un mot, un autre
mot sur cette feuille verte,
une phrase peut-être qui va conclure
ce que je sais, ce que
je ne sais pas, le temps
est court à présent, quelle
importance, ce que j’écris
ne dure que pour moi et ce moi
se défait sur une page et c’est le vert
qui me regarde et qui me soutient.


// Claude Esteban France (26/07/1935-14/04/2006)
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Le sang Reprend racine
  
  
  
  
Le sang
Reprend racine
Oui
Nous avons tout oublié
Mais notre terre
En enfance tombée
Sa vieille ardeur se rallume
– Veux-tu que je t’enseigne la grammaire ou la
poésie ?
– La poésie.
– Ou les deux à la fois ?
– Oui les deux à la fois.


//Kateb Yacine Algérie (02/08/1929-2810/1989)
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