Dans la forêt de Fontainebleau, en mai 1870, Auguste rencontre Raoul. Ils se mettent à parler de « la femme à l’ombrelle ». Sauf que l’un pense au tableau qu’il a peint alors qu’il avait vingt-six ans, et l’autre, à un sordide fait divers…C’est par ce quiproquo que commence la relation (l’amitié ?) entre Auguste Renoir et Raoul Rigault, qui va jouer un rôle important lors des évènements de la Commune …
J’ai bien aimé ce récit, hélas trop court à mon goût, ne lisez d’ailleurs pas la 4ème de couverture qui raconte presque tout le livre ☹. Les deux hommes vont se croiser plusieurs fois, discutant, s’aidant , s’opposant aussi dans leur attitude et leurs préoccupations. Les scènes où ils se retrouvent tous deux confrontés aux violences des Versaillais et des Communards , ou celles où ils sont devant des œuvres d’Art au Louvre, sont parmi mes préférées. Au fil des pages, on croise Verlaine (Merlaine…) ou Courbet…On se balade dans les différents quartiers de Paris, mais Saint – Pétersbourg et Londres ne sont jamais bien loin…Un récit écrit comme un tableau, qui procède par petites touches, mais la toile est réussie ! Merci à Masses Critiques de m’avoir fait découvrir ce livre !
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Auguste Renoir peint tandis que le journaliste Raoul Rigault fuit la police de Napoléon III. Une rencontre de hasard et d'entraide. Les ingrédients étaient pourtant là : Renoir, la commune, la belle écriture de Chambaz. Eh bien je suis restée en lisière tout le long de la lecture. Je mets la faute sur mon état d'esprit du moment et non sur la qualité du texte.
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Rien que la vie. La vie, rien que la vie.
Deux personnages, deux destins, une amitié fugace, un service pour un autre.
Tel est en quelques mots le fonds du livre de Bernard Chambaz, historien, poète, romancier réputé et multi-récompensé (Goncourt du premier roman, prix Guillaume Apollinaire, prix Louis Guilloux ...) que je ne connaissais pas (parmi tant d’autres).
Forêt de Fontainebleau, mai 1870, Auguste Renoir peint seul, lorsqu’un quidam l’œil aux aguets vient se reposer de l’autre côté de la clairière. Quelques instants plus tard ils devisent de concert après s’être présentés ; le second, Raoul Rigaud activiste révolutionnaire est recherché par la police. Réfugié quelques jours à l’auberge de Renoir, il fait plus ample connaissance de son “sauveur”, avant que tous les deux regagnent la capitale.
Mars 1871, Paris en pleine agitation populaire, Auguste toujours lui, peint tranquillement au bord de l’eau sans se préoccuper de l’Histoire. Très vite il est pris à partie par une troupe de fédérés qui le considèrent comme un espion à la solde des versaillais ou pire, des prussiens. Emmené sous bonne escorte au commissariat rue de Jérusalem, monté à l’étage il entend la voix tonitruante du commissaire qui n’est autre que Raoul, promu chef de la police. Un service en valant un autre, Auguste est libéré.
Sous l’allure d’un fait divers improbable, Bernard Chambaz prend le prétexte de deux rencontres fortuites et peut-être historiques de deux personnages d’une vingtaine d’années, dont le premier sera connu mondialement après une vie de 78 ans et une œuvre immense, et l’autre tombé à 25 ans dans les oubliettes de l’Histoire, malgré sa participation active à l’insurrection de 1871 qui se terminera dans un bain de sang, insurrection connue sous le nom de la Commune de Paris.
L’auteur arrive à scinder un livre assez court, environ 140 pages, en deux époques, Le chemin aux merles, et, La rue de Jérusalem. La première, en forêt de Fontainebleau, est passionnante dans une écriture d’une richesse incroyable et nous fait vivre la relation de ses deux « héros ». La justesse du verbe transparaît sous les touches de couleurs du peintre et l’Histoire vient au rendez-nous du lecteur. Les deux amis devisent en convoquant de nombreuses figures, comme Courbet, Delacroix, Nicot, Monet, Bazille, l’incroyable Narcisse Diaz de la Peña, ou encore Blanqui, le socialiste Allix, Alexandre Dumas, Vidocq, Nerval et Daumier, et « boivent de coups en fumant des cibiches ».
La seconde partie, à Paris, est plus longue, environ deux tiers du roman, et m’a en revanche beaucoup moins accroché. Toujours en historien accompli, Chambaz nous relate en détail les heurs et malheurs du peuple parisien dans sa révolte contre un pouvoir battu par les prussiens, et réfugié à Versailles. La tourmente qui agite la capitale fait et défait tour à tour des destins et qui possède le pouvoir un jour peut être fusillé le lendemain. Rigault est l’exemple même du personnage courant d’une réunion à un procès tout faisant des pauses dans une auberge avant de regagner son poste de police ou sa place de préfet provisoire. Dans sa course il entraîne Renoir qui semble errer dans toute cette agitation, lui qui n’entend pas grand-chose au fait politique. La relation entre les deux amis s’éparpille, se resserre, se distend et se rompt au détour d’une fusillade.
J’aurais aimé que les deux parties fussent d’égale longueur pour donner plus de corps au prétexte du livre, par ailleurs très bien écrit. Cependant l’auteur s’égare à mon goût beaucoup plus qu’il est nécessaire dans cette deuxième partie et nous propose un plaidoyer pour la Commune en n’omettant aucune horreur de quel camp qu’elle vienne. Il aurait fallu choisir entre les deux thèmes :
soit une chronique de la Commune de Paris, en y intégrant à rôle égal chaque personnage qu’il y invite,
soit rester sur la relation fugace mais réelle de Pierre-Auguste-Renoir et de Raoul Rigault, même si le premier vécut trois fois plus longtemps que le second.
Je remercie cependant Babelio et les Éditions du Sous-sol pour m’avoir permis de découvrir un auteur de talent, lequel aura comblé quelques lacunes sur le grand nombre que j’avais concernant la Commune de Paris (qu’on oublie un peu trop dans nos études d’histoire).
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Un très beau texte porté par une écriture d’une grande finesse mais qui ne m’a pas apporté le plaisir escompté.
Si le sujet, réel ou inventé, de la rencontre entre Renoir et Rigault offre de beaux et intéressants passages, magnifiques descriptions qui nous donnent à voir la naissance des œuvres de Renoir, détails sur les exactions nombreuses durant la Commune de Paris, l’ensemble ne m’a pas totalement convaincue.
L’auteur qui maîtrise parfaitement ses sujets, art et histoire, m’a semblé trop distant pas rapport à ses personnages, ce qui ferait davantage de ce texte un essai qu’un roman. Même la mort tragique de Rigault est racontée sans empathie, comme la simple évocation d’un fait divers.
Malgré tout, le style est vraiment beau, certaines descriptions sont de véritables toiles impressionnistes que l’on admire de loin… de top loin peut-être pour y entrer vraiment ?
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La rencontre et les liens tissés entre Renoir, peintre pas encore célèbre et Raoul Rigault, procureur de la Commune de Paris pas encore méconnu. Un tableau vivant et animé, comme l'époque qu'il dépeint.
Ce sont deux passions de Bernard Chambaz : le peuple, dont il célèbre la noblesse en sachant sa défaite toujours certaine et l'artiste, dont il sait la liberté, en position d'observateur, solidaire mais toujours à côté, dégagé.
Cela commence un peu comme une partie de campagne, charmante et bucolique. J'ai interrompu un temps cette lecture pour en courir d'autres mais j'y suis revenue et elle m'a passionnée : elle se poursuit comme une mini fresque violente et terrible. J'ai retrouvé dans l'épilogue le ton que j'admire dans le sublime " Le dernier tableau", ample, élégiaque sans amertume, toujours ébloui par la beauté où qu'elle se trouve.
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« Lequel des deux parla le premier ? On ne sait plus. » Une clairière dans la forêt de Fontainebleau, deux types qui s'observent, et puis, regards croisés, paroles noués, la rencontre naît entre deux passionnés, deux hommes qui devaient, chacun à sa manière, laisser leur trace dans l'histoire. D'un côté, le peintre Auguste Renoir, encore à ses débuts, en train de ranger son chevalet avant de rentrer à l'auberge, de l'autre Raoul Rigault, jeune journaliste blanquiste, opposant enragé au régime, recherché par la police de Napoléon III, et qui, dans sa cavale, cherche refuge dans ce bois. Chemin faisant sur le Chemin des merles, Renoir lui propose la cachette de l'auberge de Marlotte. Il l'y introduit, lui présentant Nana – c'est le temps, aussi de Zola… - la tenancière, et Toto, le caniche blanc, gentil personnage (pas toujours secondaire) de quelques-uns de ses tableaux, auquel il attribue à l'occasion les yeux de son père et dont il juge la toison blanche plus facile à peindre que la neige… En une soirée, Raoul est apprivoisé par le peintre et son monde. le lendemain, Renoir lui prête une blouse, le transformant en son assistant, et les voilà inaugurant une bonne semaine de compagnonnage complice au milieu de la nature, l'un initiant l'autre au secret des couleurs, quand celui-ci, même quand il observe le manque d'intérêt du peintre pour la chose politique, essaye de le convaincre de la nécessité d'une révolution à venir.
Mais Renoir doit regagner Paris, et les deux amis s'y séparent, se perdant de vue pour de longs mois, jusqu'au 22 mars 1871, aux meilleures heures de la Commune naissante. Ce jour-là, sur la terrasse des Feuillants, du côté de l'orangerie, « Auguste était en train de peindre sans se soucier de l'histoire de la peinture ni de l'histoire tout court ». Aux yeux d'une cantinière de passage, le voici cependant suspect, accusé de cacher sous cette innocente activité une oeuvre d'espionnage, la représentation du Paris de la Commune pour servir les troupes des Versaillais. Et il est derechef conduit, sous bonne escorte, à la préfecture de Police, rue de Jérusalem, découvrant bientôtr avec stupeur et joie, que le nouveau chef de la police n'est autre que Raoul Rigault ! Celui-ci s'empresse de le libérer…
On ne sait dans ce court roman, et l'amitié qu'il évoque entre Renoir et Rigault, quelle est la part de vérité historique et celle de l'imagination. Mais on se laisse emporter par le souffle des phrases, l'élan d'un texte qui, par moments, un peu comme Éric Vuillard réussissait à le faire dans son 14 juillet, semble mimer le mouvement joyeux d'une troupe révolutionnaire. On est rapidement séduit par le style de Bernard Chambaz, cette manière de redonner à la langue le lustre de celle de l'époque évoquée – avec l'accent de Vallès plutôt qu'avec celui de Zola, et plein, ô délices rares, de subjonctifs imparfaits! -, son goût du petit détail, son talent pour élire les images fleuries (et ça, ça va bien avec Renoir, bien sûr !), son art parfois de la gouaille joyeuse et des gavrocheries. Et on retrouve ici avec plaisir tout son gai savoir des arts, de la peinture, en particulier, ici autour de l'oeuvre de Renoir, comme on avait déjà pu l'observer dans des essais consacrés à Degas ou Rembrandt. Enfin, on apprécie l'humanité de son regard, la force de ses engagements, dont il laisse, ici, Raoul Rigault se faire l'écho lors du premier dîner à l'auberge : « Après la soupe de perroquet, le lapin sauté aux carottes vous changeait de la routine des haricots et des lentilles qu'il troquait contre une toile chez l'épicier de la rue des Beaux-Arts. La conversation glissait, allègre et décousue. Pas un convive n'avait plus de trente ans. la vente aux enchères d'un portrait de Vidocq fit débat: était-il de la main de Géricault ? Fallait-il croire, ou pas, le commissaire-priseur ? Est-ce le nom de Vidocq ou le prix du portrait, Raoul n'y tint plus. D'une voix soudain plus forte, il rapporta un fait-divers dont seules les feuilles rouges, qui dénonçaient la misère et annonçaient la révolution, s'étaient fait l'écho. Une vieille femme était morte de faim sur un grabat, dans une pièce au plancher vermoulu, pas de table, pas même une chaise, deux nippes élimées pendues à la poignée de la porte. Pour les besoins de la cause, il n'hésita pas à ajouter en contrepoint que le même jour, aux Tuileries, l'impératrice portait une coiffure grecque en diamants et une robe de damas arménien cerise recouvrant un jupon de velours vert. Auguste garda pour lui que Raoul paraissait obsédé par les mortes et qu'il semblait s'y connaître en robes. » On lui sait gré, d'ailleurs, de ne pas suivre Rigault jusqu'au bout dans son radicalisme révolutionnaire et son choix de la Terreur – lui qui prétendait avoir inventé une guillotine à batterie électrique…- comme phase ultime de la Commune, à l'instar d'un Renoir qui voudrait bien à un moment donné empêcher son ami de céder à « l'espèce de dérive qu'il ressentait, (à) le mettre en garde contre ses mauvais démons »… Alors, oui, Bernard Chambaz, merci pour ce très beau texte quand il explore en parallèle le meilleur de l'homme dans la création artistique et la réflexion politique, merci de redonner vie à la beauté des tableaux de Renoir comme à la splendide utopie en actes de la Commune ! Allez, attablez-vous maintenant à la table de Bernard Chambaz, à son banquet de mots ! Et vous reprendrez bien une louche de soupe de perroquet ?
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Voilà un très beau livre d'art. Mais il est bien plus que cela. Face à chaque reproduction (d'excellente qualité), Chambaz a écrit un texte qui replace le tableau dans la fin de vie du peintre. Car ce tableau est une de ses dernières œuvres. Chambaz est écrivain, poète, historien, pour notre plus grand plaisir. Il rend ses commentaires chaleureux, respectant la biographie du peintre, mais en y ajoutant une touche de fantaisie, d'humanité. Du grand art également.
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Érudit, sensible, magnifiquement écrit, ce livre aide à voir les œuvres avec plus d'acuité, à mieux connaitre les artistes à travers leur dernier tableau. Écrit par un poète, on le ressent. Le texte se hausse à la hauteur des tableaux : profond tout en étant attaché à la surface, éclairant en restant mystérieux. Vraiment une merveille.
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Très beau livre, richement documenté.
Ce sont les dernières oeuvres peintes par les artistes.
C'est très bien fait, juste la reproduction de peinture, et la petite histoire qui va avec.
Beau livre didactique, tant mieux, j'adore ça, apprendre de nouvelles choses, se documenter, se remplir, emmagasiner des informations, bref j'ai adoré ce livre.
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Ce livre m'a plu parce que j'aime le foot. J'ai aimé la manière dont le match de football est raconté parce qu'il y a beaucoup de suspense, on ne sait pas qui va gagner.
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Dans cette seconde moitié du XIXe siècle, Marius et son pote sont partis tenter leur chance en Australie, un peu aussi pour vérifier que là-bas on ne marche pas la tête en bas. Mais hélas la mère est morte, le père consent alors a envoyé ses deux fils dans l'hémisphère sud prévenir l'aîné. Un grand voyage ou se produira bien des rencontres, ou le cheminement intérieur est tout aussi important que le trajet.
Même si c'est un livre dans lequel je suis rentré facilement, je ne peux pas dire que celui-ci m'ait intéressé particulièrement. L'écriture m'a gardé à distance, comme si j'observais la scène de loin.
J’ai pris bien peu de plaisir lors de cette lecture … Et puis c'est vraiment j'avoue : je venais d'aller chercher le tome deux de "la fraternité du Panca" de Pierre Bordage et je n'avais qu'une hâte : le commencer.
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Il n'y a pas que la route 66 qui traverse les Etats-Unis. On va faire la connaissance de la mère de toutes les routes dans ce pays à savoir la Lincoln Highway qui part du pont de Verazzano à New-York pour se jeter dans l'océan pacifique en Californie à Western Terminus à San Francisco.
Un homme qui vient d'être largué va noyer son chagrin dans un bar où il entend parler de cette route puis décide d'acheter une moto et part traverser le pays comme un autre moyen de s'évader et d'oublier sa peine. Oui, visiblement, il n'y a pas que les femmes. Les beautés du pays au détour de cette route valent également largement le coup.
Il n'y aura point de dialogues mais une narration qui reflète l'état d'esprit de l'auteur. C'est parfois assez ennuyeux sur un mode contemplatif. J'ai failli lâcher surtout au début mais cela arrive à nous prendre au milieu de ce road-movie. En effet, c'est une bonne idée que d'exploiter un autre chemin pour montrer qu'il y a eu des routes plus anciennes et qui reflètent également l'histoire de ce pays.
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tu es" ma-plus-que-reine à tout jamais"...
Voilà une anthologie établie par l'auteur lui-même , qui réunit les poèmes d'amour dédiés a sa femme, Anne. Les derniers textes, extraits du recueil " Coda" , sont particulièrement touchants, car ils évoquent la maladie et la mort de celle qu'il aime.
Mais n'allez pas croire que Bernard Chambaz donne une dimension élégiaque à ce livre. Non, il célèbre au contraire la merveille de toutes ces années ensemble, la sensualité solaire de leur relation, l'étonnement aussi de cet amour intact, préservé, malgré la vieillesse qui arrive:
" ta peau sous mes mains mes lèvres ma peau
et c'est merveilleux qu'à notre âge
on ait toujours autant de plaisir
et de fureur"
Les textes sont variés par la forme: courts, longs, en prose mais ont tous en commun une fantaisie, un charme uniques. Qu'il convoque Desnos ou Apollinaire , il sait nous émouvoir et nous faire sourire à la fois:
" nous n'avons plus qu'à lui tirer
notre chapeau lui dire
qu'il n'a pas aimé
pour rien
qu'on l'a lu le lit le lira
longtemps longtemps
même à chwal
et pas seulement en prose
lui dire que son fouet on s'en fout
qu'il est plus grand-lui-Apollinaire -que ses fantômes
ou ses lubies"
Les mots roulent et se goûtent, témoins d'un amour intense et flambant, libre. Je conclurai avec ceux-ci, si sensuels et inspirés :
" Tu me donnes un amour d'immortelle: intuition de soleil, saveur de groseille sucrée, vagabonder, rouler dans les prairies d'eldeweiss, aimer, sous une voûte où les nuages sont des herbes fleuries ( herboriser).
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