Bert Hellinger

La sexualité à l'état naturel est souvent empreinte de violence. C'est l'instinct de vie qui est ici à l'oeuvre, qui n'hésite pas à user de violence pour faire progresser la vie.

Même le viol crée des liens.

On peut engendrer sans amour, et la sexualité n'y perd rien de sa grandeur. Que l'amour soit présent ou non ne change rien au résultat. La sexualité prend le pas sur l'amour. Elle est plus grande que l'amour. D'aucuns peuvent voir la chose autrement, mais il n'en reste pas mins que les liens qu'elle crée se situent dans des couches très profondes et bien au-delà de l'amour. Il faut comparer la sexualité au destin.

Il faut comparer la sexualité au destin.

L'acte sexuel est à la source de la vie. Il fonde la dignité et la grandeur de l'homme. L'acte sexuel nous met face à face avec la mort. La sexualité tire de la mort sa raison d'être. En elle se manifeste notre finitude. Les parents savent que leurs enfants leur survivront. Ils leur font place en les mettant au monde.

La sexualité s'est domestiquée. C'était un torrent impétueux que nous avons canalisé. Ses eaux sont désormais stagnantes. Mais, en la privant de sa fougue et de ses possibles prolongements, nous lui avons retiré sa grandeur.

... il est dangereux de mélanger le domaine thérapeutique avec la chose publique. Le thérapeute ne peut outrepasser sans risque les limites de ses compétences. C'est alors aux pouvoirs publics d'intervenir. Ils en ont le droit et le devoir.

Le thérapeute qui dénoncerait un client devenu criminel ne pourrait plus le seconder en tant que client.

Faire de l'inceste un crime ne sett t à rien, car cela ne fait que renforcer le lien qui en résulte, au lieu de le dénouver comme il convient de le faire.

En ce qui concerne l'inceste, je voudrais encore faire remarquer que les rapports sexuels crént un lien entre la victime et le coupable. Ce lien elpêche toute union ultétieure digne de ce nom entre l'enfant devenie femme et un autre homme. ar le ien créé par l'inceste est très profond. C'est pourquoi il est si important que la victime dise à son père qu'elle se retire et se détache de lui, et que le père lui dise qu'il la laisse partir et se charge de toute la faute. Le lien est ainsi dénoué.

Aborder la problématique de l'inceste en partant de préjugés moraux, c'est ne pas tenir compte des circonstances qui l'accompagnent. C'est surtout se mettre dans l'impossibilité d'assister ceux qui en ont besoin. On ne peut alors que condamner. On se meut dans les catégories du bien et du mal. Et il y a ceux qui triomphent. Cela ne laisse que des ruines dans les âmes.

... il est évident que l'inceste est un crime, mais il faut le voir dans le contexte où il se produit. Il n'est pas indifférent de savoir quels en sont les acteurs. Il y a une configuration très particulière qui le rend possible.

... je tiens pour une faute grave de faire adopter l'enfant ou que d'autres le prennent sans nécessité absolue.

Adopter des enfants parce qu'on ne peut pas en avoir, c'est une intervention grave dans les ordres fondamentaux des familles, car la place des enfants est chez leurs parents. On conseille parfois aux jeunes mères de faire adopter leur enfant plutôt que d'avorter. On les aide dans ce sens. Je trouve cela très grave.

La grandeur réside en la soumission au réel.

Je conçois la psychothérapie comme le son des âmes. J'aide le malade à prendre contact avec les forces qui agissent au fond de son âme. Il y a là quelque chose de religieux et de spirituel. Quand nous nous quittons, il connaît la paix et est en accord avec son destin, quel qu'il soit. Si je cherchais à prendre en main le destin des autres, je serais, moi aussi, un psychocapitaliste !

J'ai pu observer sur moi ce qui me donne de la force ou au contraire m'affaiblit. Et il m'est apparu ce qui affaiblit empêche la solution du conflit. Et j 'ai encore constaté que plus l'intervention est brève, plus il reste de force pour l'action.

Il n'est donc pas impossible que lethérapeute affaiblisse dans certaines conditions les forces àl'oeuvre dans l'âme du client ?
Cela arrive. En travaillant avec un client, je me demande en tout premier lieu s'il y gagne en force, ou si au contraire il en perd.

Là où il y a de la vie et de la mort, la thérapie ne peut s'étirer en longueur. Je songe aux cancéreux par exemple. En tête-à-tête avec la mort, à quoi leur servirait une longue psychothérapie ?

Ce n'est qu'une image, mais elle a du vrai. On sent si quelqu'un a de la force personnelle ou non. Il y a par exemple des psychothérapeutes vers qui ne vont que les cas bénins. Les cas graves se tiennent à distance, car ils sentent que ces thérapeutes ne sont pas de taille à les prendre en charge.