Bertrand Puard

C'était une de ses flèches favorites, une des plus empoisonnées aussi. Il n'y a pas pire affront à faire à un homme que de lui montrer ce pour quoi il était fait et en quoi il a échoué.

...Mais il se calme enfin, embrassant "Les Noces de Cana" tout entières. Il se cogne contre le mur à force de reculer pour saisir le chef-d'oeuvre. Quel foisonnement, mon Dieu ! Et ces couleurs que l'on savoure les yeux fermés ! Le vieil homme aborde un gardien et s'extasie devant lui, les yeux grands ouverts, la barbe électrique.
- Nous ne sommes rien, jeune homme, à côté de ça ! C'est épatant !
Et il désigne le chien à gauche, la table, plus haut, les robes, les instruments, et Jésus, au centre, Jésus et son auréole de lumière sublime : Ces mains batifolent comme celles du chef d'orchestre entamant une symphonie. il saisit une échelle de copiste et se place devant le tableau. Oui, Véronèse, un gaillard qui peignait comme il voyait, avec sa formule toute simple et ses couleurs magiques.

00:04

La fin. Tout ça pour ça.

00:03

Mort une seconde fois. Définitive, celle-là.

00:02

La bombe se mit à émettre une vibration.

00:01

Neil ferma les yeux.
Il ne voulait pas se voir mourir.

- J'espère que je ne te fais pas de peine en disant cela ?
- Tu me fais plutôt pitié, lâcha-t-elle entre ses dents.
- Tant mieux, il vaut mieux inspirée de la pitié que de la peine une femme telle que toi... Tu as toujours su mieux réconforter les faibles que tu blesses que pardonner au puissant qui te meurtrissent...

L’opération du jour était un succès. Il s’agissait là de leur première mission d’importance. Ce pour quoi leur groupe, les Effacés, existait. Leur raison d’être.

Il faudrait juste se débarrasser de la voiture au plus vite sur un terrain vague – tant pis pour la caution – et en louer rapidement une autre, dans une autre agence et sous un autre nom.
Ce n’était pas difficile pour les Effacés.
Des identités, les Effacés n’en avaient plus une seule.
Le paradoxe était qu’ils en possédaient une infinité.

Manhattan a, très clairement, la forme d'un doigt, continua Mathilde. Une drôle de coïncidences dans notre cas non ?

Si Lucie ne veut plus démissionner, précisa enfin Ilsa, nous allons le faire pour elle. Tout d'abord, envoyer une lettre au laboratoire pour annoncer son départ.
- Mais comment s'assurer ensuite qu'elle ne remettra plus jamais les pieds chez ProCure ? demanda Emile.
- Quelle question !
A présent, Ilsa sentait l'odeur de terre des graviers de Bellecour remués par la pluie. Encore un parfum de son enfance. Elle le fixa bien droit dans les yeux.
- Mais en la kidnappant, bien sûr, on n'a pas d'autre choix.

Ce fut donc Neil qui rompit le silence.
-Je ne sais pas si vous êtes au courant, mais ma situation craint. Je suis retenu prisonnier dans une villa paumée.
Zacharie, seul, sourit.
-J'ai bien tenté de m'évader sous l'orage tout à l'heure, mais je me suis évanoui d'un coup. C'était étrange. D'autant qu'à mon réveil, j'étais paisiblement allongé sur un canapé, les vêtements secs et, quelques minutes plus tard, mes geôliers m'invitent à partager leur petit-déjeuner... Alors, qu'est-ce que vous dites de ça ?

Neil descendit l'escalier en direction du sous-sol.
"Tu es en bas ?" demanda Stavroguine.
- Affirmatif, chuchota Neil.
"Dix mètres, sur ta gauche."
Neil avança.
"Putain !"
Le Russe avait hurlé. Neil s'arrêta, la main posée sur son oreille.
- Tu es malade !
"Sors, vite... Le dossier de Mona vient d'être clôturé à l'instant... Ces fils de pute sont en train de l'évacuer de la morgue..."

[Neil]
Fils de Marie-Claire B. (responsable de déontologie bancaire, décédée le 21 mars 2011), de père inconnu.
Contrat pour une exécution par balle programmée le 3 avril 2011.
IMPÉRATIF : doit passer pour un suicide après la disparition de sa mère.

car Amadieu détestait les hommes. Il détestait les femmes aussi, et les enfants. Il détestait tout ce qui est humain. Il rêvait d'un monde où il serait seul avec la nature. La nature et lui. Point final.

Octave ! Le pianiste derrière le financier ! Le compositeur derrière l'homme d'argent ! Octave ! Musicien tétanisé par la précocité de son fils qui l'avait détourné définitivement des claviers, et qui, avant de disparaître, lègue à son fils un morceau, lui révélant son talent caché, enfoui par sa faute, lui donnant à regretter cette symphonie de malentendus de toute une vie !

Cela n’avait plus rien à voir avec le négoce du café, de la cerise, ni même de l’infusion délicieuse que l’on pouvait en tirer. On utilisait le café comme support d’une sorte de jeu algorithmique planétaire. Le but était de vendre un contrat, pas même un contrat de papier mais de simples bits informatiques, à un prix plus élevé que celui auquel on l’avait acquis. Et conservé parfois quelques nanosecondes tout au plus. Michelle traitait le café comme, quelques mètres plus loin, sur d’autres serveurs, on utilisait le caoutchouc ou le bœuf.

Ces six puissants ordinateurs, avec leurs excroissances monstrueuses, souris, claviers, casques, téléphones IP, sa quarantaine d’écrans LCD, cet atelier donc, animé par ces alchimistes modernes, capables, à plus de neuf mille kilomètres des caféiers du Brésil ou du Viêtnam, de transformer un kilo de café valant un euro à la sortie de la plantation en un café valant plus de cent cinquante euros au comptoir d’un troquet parisien. Une chaîne du gavage financier parfaitement contrôlée. 

Il était six heures trente du matin, et le soleil s’était à présent levé sur la plantation de Thai Dương, située près de la ville de Dalat, au Viêtnam. Stéphane releva la tête et posa ses yeux sur les petits caféiers qui s’étendaient à perte de vue devant lui. Le vent ne soufflait pas ; la pluie, qui était tombée toute la nuit, chaude et épaisse, avait cessé. Les arbres étaient immobiles. Au loin, une falaise de terre ocre, large et haute, marquait la fin du domaine de son ami, le commencement d’un autre.

Clara avait longtemps été rattachée comme déontologue à la Premium sur le desk des matières premières alimentaires. A ce titre, elle était chargée de vérifier que les positions spéculatives prises par les traders de la Premium étaient en conformité avec les règles de l’entreprise et des autorités financières.

Elle lut “Flambée mondiale sur le cours du café. Fin de bulle ou opportunité ?

Sais-tu qui est le chef de la Sûreté à présent ? Non ? Eh bien, il s’agit d’Antonin Ganimard, le fils de Justin, le policier qui a passé sa carrière à me traquer, sans grand succès évidemment… Et, attention, j’ose vous le dire… Le fils est beaucoup plus intelligent que le père… Sans commune mesure… Il est dégourdi et aime utiliser les méthodes modernes de la police.

Si le commissaire Faria veut te voir, il doit s'agir d'une de ces "enquêtes impossibles" qu'il est le seul à pouvoir résoudre à Paris. Enfin, surtout parce qu'il peut compter sur ta passion pour les énigmes, et sur ton sens de la déduction hors norme.