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Longue est la nuit de Bill Pronzini
Qui suis-je ? se demande-t-il . M. Prudent ? M. Voudrais-bien-être-Normal ? M. Araignée-au-Plafond ? M. Personne ? Je l'ignore, songe-t-il. J'ignore qui est réellement Cameron Gallagher. Peut-être parce que le vrai Cameron Gallagher est mort en même temps que Rose la pute et Paul le trouillard aux tendances suicidaires, en cette nuit du 4 janvier 1974. M. Imposteur. Un homme sans la moindre identité, qui habiterait le corps d'un mort. |
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Mademoiselle Solitude de Bill Pronzini
L'improvisation, c'est ce qui est audacieux et imprévisible. (P227) |
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Mademoiselle Solitude de Bill Pronzini
[...] Qu’est-ce que vous prévoyez de faire ? demanda Espinosa d’un ton ferme. — Je ne sais pas encore. Mais je peux vous dire ce que je ne vais pas faire. Je ne décamperai pas de Beulah la queue entre les jambes, comme beaucoup le voudraient. — Ça veut dire que vous allez chercher à créer encore plus de problèmes ? — Ce que je veux dire, shérif, c’est que je resterai là jusqu’à ce que l’un de nous découvre qui a essayé de me tuer ce soir. Et qui a vraiment assassiné Dave et Tess Roebuck.
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Le Carcan de Bill Pronzini
Pourquoi treize semaines ? Pourquoi pas douze, ou trois mois pleins, un chiffre plus conventionnel ? Pourquoi treize ? L’importance possible de ce chiffre ne m’est apparue que ce matin, pendant que je faisais ma gymnastique. J’ai vérifié dans mon rapport écrit, où j’ai consigné, pratiquement mot pour mot, tout ce que le chuchoteur a dit samedi soir : Dans ce placard, il y a de quoi manger pendant treize semaines. Ce chiffre doit avoir une signification quelconque, pour que l’homme l’ait choisi comme durée optimale de ma survie. S’agirait-il d’un type que j’ai contribué à faire coffrer et qui a passé treize années de sa vie en prison ? Le petit coin qu’il m’a aménagé ressemble comme deux gouttes d’eau à une cellule : tout ce qu’il contient a une fonction carcérale. Le chuchoteur a peut-être essayé de reproduire à mon intention, dans un microcosme de treize semaines, ce qu’il a été obligé d’endurer pendant treize ans… avec, dans mon cas, la mort en guise de levée d’écrou. |
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Mademoiselle Solitude de Bill Pronzini
Talents particuliers: aucun. Projets d'avenir: aucun. Monsieur Normal. Monsieur Banal. Monsieur Solitude. |
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Mademoiselle Solitude de Bill Pronzini
Depuis combien de temps fréquentait-elle le Café Harmony ? Pas longtemps, de cela il était sûr. Il leva les yeux de son dîner un soir du début juin et elle était là, seule dans un box voisin. La solitude nue qu'elle dégageait lui donna d'abord un choc. Il fut incapable de détacher ses yeux de la femme. Elle ne le remarqua pas ; elle ne voyait rien de ce qui l'entourait, ce soir-là ni aucun autre soir. Elle venait, elle mangeait, elle partait. Mais elle n'était jamais vraiment là, dans un café en présence d'autres gens. Elle était quelque part ailleurs - un endroit lugubre qui n'appartenait qu'à elle.
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Mademoiselle Solitude de Bill Pronzini
Personne ne naît aussi blessé, aussi solitaire et mélancolique. Il avait dû lui arriver quelque chose pour qu'elle en soit là. Quelque chose de si terrible qu'il ne pouvait même pas imaginer de quoi il pouvait bien s'agir.
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Mademoiselle Solitude de Bill Pronzini
Un individu solidaire ressent de l'empathie pour le sort malheureux d'un autre. Mais c'était plus que cela. Dans le jazz, il y avait deux sortes de blues : une tristesse simple, directe, personnelle, la tristesse des souvenirs passés et des profondeurs ténébreuses de l'inconscient ; et de l'autre genre, une détérioration et un déclin de l'esprit de l'individu, une sorte de chute irréversible vers une résignation plaintive et désespérée.
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Longue est la nuit de Bill Pronzini
- Un homme qui est prêt à prendre deux boulots, qui rêve de se fixer, qui dit qu'il est désolé quand il a aucune raison de l'être et qui estime que c'est pas bien de frapper une femme... j'ignorais qu'on en fabriquait encore des types comme ça.
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Auteur de " 12 contes vagabonds" et de "Cent ans de solitude", je suis :