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Citations de Blanche Monah (19)


En me changeant au milieu des autres filles de mon cours, j’écoute distraitement les conversations. Elles parlent de garçons, de bars et de boîtes de nuit, de leurs études. Mais surtout de garçons. La manière parfois très crue dont certaines relatent leurs conquêtes me choque un peu, par moments. Je me demande ce que ça doit faire comme effet d’avoir une attitude normale envers les hommes, de ne pas redouter leurs attentions, de se sentir libre d’accepter leurs avances, de ressentir du désir. Tout cela m’est totalement étranger. J’observe le ballet de la vie autour de moi de derrière la vitre opaque de ma souillure. Je suis irrémédiablement différente, marquée par le sceau invisible de la honte et du secret, incapable de me lier intimement à qui que ce soit, ne serait-ce que pour avoir une amie. Ce serait trop risqué. Comment expliquer pourquoi je ne peux pas sortir ? Comment expliquer que je n’ai jamais eu de petit ami, et que je n’en veux pas ? Ma vie n’est qu’un vaste mensonge, un vaste secret honteux, que je ne peux partager avec personne, même si j’en avais envie, ce qui n’est pas le cas.
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Ma tension intérieur grandit à mesure que je m'approche du grand appartement que mon père et moi partageons dans le 16e arrondissement. Les battements de mon coeur accélèrent progressivement et résonnent dans ma cage thoracique. Ma gorge se noue. Mes mains deviennent moites sur le volant. Quand je me gare dans l'allée privative, à ma place habituelle, tous mes muscles sont raides d'appréhension. Je déglutis pour essayer de dissiper la boule qui m'obstrue la gorge, mais bien sûr ça ne marche pas. Allons, ça ne sert à rien de tergiverser. Plus j'attendrai pour rentrer, plus je serai punie durement pour mon retard.

J'attrape mon sac à main sur le siège passage et ouvre la portière de mon Audi. Je me prépare psychologiquement à ce qui m'attend : je m'absente de moi-même, je me retire petit à petit dans les profondeurs de mon esprit, mes pensées s'effacent. Je met un pied devant l'autre sans penser à rien, jusqu'à arriver devant la porte de l'appartement. Je sors la clé, déverrouille et entre.

Le salon est plongé dans la pénombre, mais je sens l'odeur de son cigare, et je sais qu'il est là. Peu à peu je distingue sa silhouette sur le fond caramel de son fauteuil préféré, tourné vers la porte. Je suspends mon sac à man et ma veste au porte-manteau, machinalement, et ôte mes escarpins avant de les ranger dans le petit placard de l'entrée.

- Tu sais depuis combien de temps je suis là à t'attendre?

Sa voix, comme je m'y attendais, est chargée de colère. J’aperçois l'extrémité rougeoyante de son cigare, et frémis d'appréhension. De son autre main, il tient un lourd verre en cristal avec un fond de scotch. J'essaie d'estimer combien il a bu. La bouteille est presque vide, mais je ne sais pas depuis combien de temps il l'a entamée. Papa ne boit pas tant que ça, je ne pense pas qu'il l'ait ouverte ce soir.

-Viens ici!

Son ordre claque comme un coup de fouet et je sursaute avant de m'avancer vers lui. Mes pieds, dans mes collants, s'enfoncent dans l'épais tapis. Je m'arrête à un mètre de lui.

- Tu t'es faite sauter? demande-t-il avec agressivité.

La même question rituelle, chaque soir. Et il semble toujours redouter que je réponde oui.

- Non papa, je réponds doucement.
- Montre-moi.
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Et ça signifie, évidemment, de retourner vivre avec mon bourreau. Je l’ai supporté des années durant, j’en suis capable. Je m’effacerai en moi-même pour ne rien ressentir. Et si ça devient trop difficile, il me restera toujours une solution. Ma solution de secours, mon recours ultime. Je n’ai pas peur de la mort. C’est la vie qui est terrifiante. Elle peut être merveilleuse aussi, j’y aurai goûté une semaine. Sept jours de bonheur, c’est déjà pas si mal. En tout cas, mieux que tout ce que j’avais pu imaginer. Un beau cadeau que Phénix m’aura fait. Un souvenir à chérir, auquel m’accrocher dans les pires moments à venir. Alors, mon choix me semble moins pénible, même si des sueurs froides m’humectent le dos et le front, même si mon ventre se tord de douleur et d’angoisse. Je prononce lentement les mots qui me ramèneront à ma prison personnelle : ...
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Les gens finissaient toujours par vous décevoir. J'étais bien mieux tout seul, à ne compter que sur moi-même.
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- Non, princesse. Non, ce n’était pas ça. Quand on aime une femme, on ne la frappe pas. On la caresse – il passe doucement sa grande main sur mon crâne – on l’embrasse – je sens sa bouche sur mes cheveux – on prend soin d’elle, et on fait tout pour qu’elle soit heureuse. On ne l’enferme pas, on ne restreint pas ses libertés, on la veut épanouie, on veut l’aider à accomplir ses ambitions, à réaliser ses rêves. C’est ce que je veux pour toi. Être avec toi, t’accompagner, te soutenir, te chérir. Je te montrerai.
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bourgeoises. Et elle, c’est tellement la petite princesse pourrie-gâtée que c’en est un cliché ambulant. Au déjeuner, elle est assise avec Stéfie, qui se fait toujours un devoir de se montrer gentille avec les stagiaires. Il faut voir comment la nouvelle joue les mijaurées en picorant dans sa salade, que bien sûr elle ne termine pas, parce qu’il ne faudrait surtout pas prendre du poids.
Pourtant, pour autant que je puisse en juger à travers son atroce chemisier en soie écrue, véritable offense pour les yeux, elle pourrait largement se le permettre. Elle a l’air maigre comme un coucou. Mais ces filles des beaux quartiers ont toutes comme ambition suprême de rentrer dans une taille zéro. À vue de nez, celle-ci doit pouvoir s’en enorgueillir.
Elle se tient bien droite sur son tabouret, comme si elle avait pris des leçons de maintien, et elle s’essuie la bouche entre chaque bouchée avec sa serviette en papier. Chacun de ses gestes est étudié, élégant, mesuré. On dirait qu’elle est en train de bouffer chez l’ambassadeur, nom de Dieu. Rien que de la regarder, ça m’énerve. J’espère presque qu’elle va faire tomber de la vinaigrette sur son haut, mais bien sûr mademoiselle est trop parfaite pour que cela puisse se produire. D’ailleurs, elle en ferait sans doute une maladie.
J’en ai vu défiler, pourtant, de ces filles nées avec une cuillère en argent dans la bouche, mais celle-ci m’agace particulièrement. Je ne sais pas trop pourquoi. Peut-être à cause de notre rencontre ce matin, quand, dans la cage d’escalier, elle avait l’air tellement terrifiée par mon apparition. On aurait dit qu’elle pensait que j’allais l’agresser ou la violer. Évidemment, elle ne doit pas avoir souvent l’occasion de croiser des types dans mon genre dans le 16e. Là-bas, dès qu’on n’a pas le teint blanc comme neige, on fait tache. Bon, ici aussi, je fais un peu tache, mais je me suis battu et j’ai mérité ma place, alors que cette fille, pour accéder à son stage, il a juste fallu que son papa allonge un chèque.
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- Non, princesse. Non, ce n’était pas ça. Quand on aime une femme, on ne la frappe pas. On la caresse – il passe doucement sa grande main sur mon crâne – on l’embrasse – je sens sa bouche sur mes cheveux – on prend soin d’elle, et on fait tout pour qu’elle soit heureuse. On ne l’enferme pas, on ne restreint pas ses libertés, on la veut épanouie, on veut l’aider à accomplir ses ambitions, à réaliser ses rêves. C’est ce que je veux pour toi. Être avec toi, t’accompagner, te soutenir, te chérir. Je te montrerai.
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Maman avait un beau sourire, quand elle était vraiment heureuse, mais ils étaient plus rares que des arcs-en-ciel. Ça me faisait mal de voir ce sourire forcé sur son visage prématurément vieilli. Elle n'avait pas quarante ans, mais sa vie avait été si difficile qu'un faisceau de rides creusait profondément le contour de ses yeux, certaines rejoignant celles qui encadraient sa bouche.
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Rien ne vaut l'expérimentation pour vérifier une hypothèse.
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Non, cette fille n'était finalement pas dangereuse, oui, elle était victime d'une malédiction, oui, elle était ma maîtresse. Et allez tous vous faire voir en enfer.
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Le chien du jardinier n’aime pas les choux, mais empêche tout le monde de les manger. Chris, c’est le chien, et toi, le chou.
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Un peu plus tard, alors que j'étais debout près de Pénélope à mon poste de travail, et que je me penchais en avant pour bien voir l'écran de l'ordinateur, où mon aînée me montrait différentes fonctionnalités dont j'aurais besoin pour accomplir correctement mon travail, je sentis le regard d'Ariel sur mes fesses. Je me tendis, sans bouger, le souffle court et le cœur dans la gorge. Mon derrière picotait et chauffait, comme si ma chair percevait son regard à travers mes vêtements. Comme s'il me touchait.

Je fût tentée de me recroqueviller, de me détourner, pour que ces sensations perturbantes s'arrêtent, mais je ne pouvais pas bouger au risque que Pénélope, qui n'avait déjà pas très bonne opinion de moi à cause de ma tenue relâchée, ne me trouve très bizarre. Alors je restai immobile, paralysée, tandis que ce regard... se poursuivait, et que les sensations s'accentuaient. Elles... se diffusaient sous ma peau, dans mes muscles et dans mes os, comme une vague de lumière chaude, entraînant une relaxation dangereuse, une faiblesse coupable, une langueur insidieuse et sournoise.

C'était... physique. Charnel. Ariel était en train d'éveiller mon désir... en me regardant.
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Durant tout ce temps, elle ne cessa de me regarder. C'était comme si elle ne pouvait se rassasier de mon image, comme si, après s'être retenue si longtemps, elle se laissait enfin aller. Et elle souriait, heureuse, irradiant la joie et la satisfaction, complètement comblée. Elle semblait ravie de me laisser m'occuper d'elle, fermant les yeux à chaque fois que j'effleurais sa peau, allant parfois jusqu'à pousser un petit gémissement de plaisir. C'était tout juste si elle ne ronronnait pas.

Ne se rendait-elle pas compte qu'en affichant ainsi ses sentiments, en me les avouant si ingénument, elle me tendait ses propres armes, elle me donnait la possibilité de les retourner contre elle.
Que je pourrais la manipuler et la blesser plus facilement, maintenant que je connaissais ses sentiments envers moi? Était-elle à ce point naïve? Je ne savais pas si je devais l'admirer pour son courage, ou railler son manque de jugeote. Personnellement, l'idée de montrer une telle vulnérabilité à quelqu'un me filait des frissons de terreur et d'horreur.
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Mais il t'aime bien, ça se voit. Il te trouve sans doute trop jeune et trop innocente...
Bon sang, ça se voyait donc à ce point ! me lamentai-je intérieurement.
-... mais ça ne veut pas dire que tu ne lui plais pas. Tu connais l'histoire du chien du jardinier ?
Là, j'étais paumée. Léna dut lire ma confusion sur ma figure, car elle m'expliqua : - Le chien du jardinier n'aime pas les choux, mais empêche tout le monde de les manger. Chris, c'est le chien, et toi, le chou.
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Il y avait trois autres filles dans ma classe. L'une d'elle, Clarisse, était sympa ; les deux autres, Julie et Lydia, m'attiraient nettement moins. Lydia avait l'air d'une pétasse, et Julie semblait à moitié autiste - et pour qu'une fille aussi peu sociable que moi porte un jugement sur quelqu'un, ce n'était pas pour rien.
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Madeleine a raison, son fils est trop bien pour moi. Qu'est-ce-que je pourrais lui apporter, à part une petite amie complètement bousillée, qui se transforme en glaçon dès qu'il aura envie de la baiser ? Une petite amie incapable de le soutenir, tellement elle est paumée ? ... Une épave. C'est comme ça que je me sens. Qui pourrait avoir envie d'un boulet pareil dans sa vie ? Phénix mérite mieux, ça, c'est sûr. Il a beaucoup de succès auprès des filles, il n'aura pas de mal à se remettre et à trouver une meilleure petite amie que moi. Je rassemble quelques affaires dans une valise, retrouve mon sac à main – mon portable est à l'intérieur – et appelle un taxi. Avant de descendre, je jette un dernier regard à cet appartement où j'ai passé les meilleurs moments de ma vie.
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J'aimais bien les couleurs vives, mais j'avais choisi la sécurité en ce premier jour d'école : la veste était noire et le pull rouge. Pour moi, c'était sobre. Mes bottines étaient noires, avec de petits clous dorés sur le talon.
J'espérais ne pas trop détoner. J'étais loin d'être une obsédée de la mode, mais c'était quand même l'Université, et je ne voulais pas avoir l'air d'une plouc. Pas que ça me soucie outre mesure, mais j'avais l'espoir de me faire quelques amis, si possible.
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C'est vrai que je faisais un peu tache, mais ça faisait longtemps que le regard des autres m'était indifférent. C'était peut-être un peu puéril, mais j'aimais bien me démarquer des autres, et j'assumais totalement mon décalage. Mon apparence défiait les gens de m'accepter comme j'étais ou de me rejeter pour une raison aussi futile.
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Je m’en veux aussi de ne pas pouvoir m’empêcher de loucher sur son cul quand elle

me tourne le dos et se penche. Il faut dire que dans sa jupe moulante, il est sacrément bien mis

en valeur. Et putain, qu’est-ce qu’elle est jolie ! Son visage est l’un des plus fins, des plus

délicats que j’ai jamais vu. Avec sa peau de blonde à la pâleur translucide, ses traits sont

magnifiés, et il émane d’elle une fragilité qui me fait un effet détestable. Putain, j’ai horreur

de réagir comme ça, comme tous les types qui doivent se faire prendre au piège de sa beauté

vulnérable et gobent l’hameçon avec l’appât. Je suis bien placé pour savoir que les apparences

sont trompeuses et qu’en général, les filles qui semblent les plus fragiles sont les pires garces

du monde. Je me suis fait avoir une fois, pas question qu’on m’y reprenne.
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