L'auteur semblait avoir à coeur de nous peindre l'entrée la plus fracassante - et fracassée - possible dans la vie. Si l'on s'attache à ce petit bonhomme d'Edgar, si spécial, ce n'est pas sans souffrir avec lui et sans trouver bien triste cette enfance bousculée, moquée, délaissée... Une souffrance fleuve qui nous fait attendre au fil des pages une éclaircie.
J'avais déjà lu Le polygame solitaire qui avait soulevé des tas de questions, notamment à propos de la place de la religion dans le récit. Quelque part, j'ai l'impression qu'Edgar Mint apporte des réponses. Les mormons y font aussi une apparition essentielle. Et la foi est, de même, remise en question. Edgar la trouve avec ferveur, puis la perd avec colère. Dieu existe peut-être, mais en vaut-il la peine?
Dans ces deux romans, l'enfant est au centre. Le petit garçon du Polygame, noyé sous une floppée de frères et de soeurs, de mères qui se chamaillent et doté d'un père souvent absent, était en mal d'amour, c'est aussi le cas d'Edgar. Son père est un crétin qu'il n'a pas connu, sa mère une alcoolique.
La voiture du facteur lui roule sur la tête et l'histoire d'Edgar commence. Quelques centaines de pages pour dérouler un destin pathétique, de l'hôpital au pensionnat où il devient le souffre-douleur de l'école, un peu bêbête au début, mûrissant laborieusement puis à sa famille d'adoption elle même non dénuée de problèmes. Edgar ne s'acharne pendant ce temps qu'à une seule et unique chose: cogner comme un dingue sur les touches de sa machine à écrire. C'est lui qui raconte son histoire et le style est déroutant. On bondit de la première à la troisième personne d'une phrase à l'autre. Le plus étrange, c'est qu'il m'a fallu un sacré bout de temps pour m'en apercevoir.
Ce récit m'a remuée, sans grand plaisir la plupart du temps. Trop de souffrance, trop d'injustice, aucun rayon de soleil, rien qu'un horizon morne. J'étais particulièrement tendue à chaque passage dans lequel intervenait Barry, l'ange noir récurrent du récit. La plaie infectée qui refuse de cicatriser. Le monstre [...]
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