AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Brice Homs (24)


Il y a un peu de la femme qu'on aime dans toutes les femmes qu'on regarde.
Commenter  J’apprécie          230
Le peu que je sais des Cajuns, je le sais par la musique. De vieux vinyles usés que le vieux écoutait en boucle. Des chansons en français, avec la voix haut perchée de ces chanteurs cajuns : Iry Lejeune, Nathan Abshire, Shirley Bergeron, DL Menard. Toujours les mêmes histoires de types qu'une femme a quittés, de mauvais garçons qui partent en prison, de filles à marier, de jeunes gens qui vont chercher fortune à la ville... et puis cette chanson "Quelle étoile" qui revenait tout le temps. Elle était sur presque tous les disques, tout le monde la chantait comme si elle était une sorte d'hymne. Un hymne pour le vieux qui la fredonnait lui aussi. "Oh'ti monde... quelle étoile dans l'ciel qu'est toi aujourd'hui, oh bébé moi j'connais pas...Oh tous les soirs moi j'suis là après regarder pour toi, mais j'connais j'peux pas t'trouver".
Commenter  J’apprécie          173
Disons que c'est à cause des choses, qui ne sont jamais ce qu'elles doivent être. Disons qu'il fait trop nuit, trop froid, trop loin, trop mal, qu'il est trop tard, trop tôt, trop tout. Disons tout ce qu'on veut, mais en repartant, je suis passé à un carrefour et je l'ai vu le panneau, le bon panneau. Ce panneau indiquait qu'il fallait tourner à droite et faire encore une cinquantaine de kilomètres. La route était dégagée, mais j'ai continué tout droit. Je n'ai pas bifurqué comme j'aurais dû le faire.

Oui! C'est ça que j'ai fait, je n'ai même pas eu l'impression de prendre une décision ou quoi que ce soit. J'ai juste laissé mes mains droites sur le volant et j'ai continué sur l'autre route.

Celle qui s'en va.
Commenter  J’apprécie          150
Quand je dis que Fontenot est un nom français, ce n'est pas tout à fait vrai. Enfin je veux dire que ça n'est plus vrai. Plus ici en tout cas. Ici c'est un nom du sud de la Louisiane. Un nom cajun. Voilà ce que le vieux répondait quand on lui demandait d'où ça venait. Et il articulait "cajun" en vous regardant droit dans les yeux, histoire de vous faire comprendre qu'il se foutait de votre opinion, qu'il n'était ni américain ni français ni quoi que ce soit d'autre. Cajun, voilà tout. Le descendant d'un peuple à part, errant, méprisé. Des gens qui ont leur propre culture, leur propre langue et qui vivent dans leurs foutus bayous comme si le temps était passé partout sauf là-bas. Enfin, je dis ça mais je n'en sais rien. Je n'y suis jamais allé et le vieux ne m'en a jamais parlé. Tournez ça comme vous voulez. Le vieux était cajun. Moi, j'ai juste un nom français.
Commenter  J’apprécie          150
Voilà l'histoire entière de ma vie. La merde dans laquelle je me fous en permanence. Comme si j'avais une espèce d'infirmité qui m'empêche de voir les choses comme elles sont. Une confusion mécanique qui s'étend par génération spontanée. Des rouages et des rouages qui s'emboîtent l'un dans l'autre et se mettent à tourner dans tous les sens. Au bout du compte, personne n'y comprend plus rien. Où est le vrai? Où est le faux? La seule chose dont je pouvais être sûr, c'est que j'étais en train de vivre une des pires journées de ma vie, et ça aussi c'est un truc que je suis vachement doué pour récolter.
Commenter  J’apprécie          130
J’entends le bruit de la neige qui s’écrase sous les pneus de ma voiture. La neige a beau être blanche et la nuit noire, on arrive jamais à voir l’endroit où elles se touchent. Les choses ne sont pas si simples. Les choses ne sont même pas ce qu’on voit.
Commenter  J’apprécie          120
Fontenot, c'est ça le nom sur la façade. C'est le nom du garage parce que c'est le nom du propriétaire - Courville Fontenot - et du coup c'est aussi mon nom, vu que le vieux est quelque chose comme mon père. Le garage est au bord d'une route, à quelques kilomètres au sud de San Antonio, Texas. Un petit garage en bois, avec deux vieilles pompes à essence rouges, comme on en voit dans les films européens. Les Européens aiment bien les trucs déglingués. C'est peut-être parce que j'ai du sang français. Fontenot c'est un nom français.
Commenter  J’apprécie          120
L'autoradio crache régulièrement des bulletins météo alarmistes. Rafales de vents et chutes de neige record, certaines routes sont déjà coupées, au nord, et à les entendre, il vaudrait mieux faire demi-tour. Tu parles! C'est toujours la même chose avec les gars de la météo, à chaque fois qu'ils se plantent, ils font de la surenchère pour se rattraper de n'avoir rien vu venir.

En passant Dulles, l'aéroport international, j'ai croisé les panneaux Chantilly et Paris. Je ne sais pas comment ces noms sont arrivés jusque-là, à un jet de pierre de Washington DC, mais c'est comme ça. En tout cas, je ne suis pas le seul à porter un nom français dans le coin. Deux petites villes partagent cela avec moi et j'ai eu un sursaut de fierté. Le petit bond intérieur de ceux qui voient s'afficher leurs racines. De drôles de racines en lettres blanches sur un panneau de signalisation. Quelques grammes de peinture au pochoir qui réfléchissent la lueur des phares par tous les temps comme des balises. Cette terre est aussi la mienne. America.
Commenter  J’apprécie          110
J’essaie d’écrire des romans dans lesquels on a envie d’habiter. Merci d’y être entré.
Commenter  J’apprécie          72
Jennie disait qu'elle crierait plus fort que tout le monde, plus fort que ces connards de Guns N'Roses ne jouent, qu'elle crierait pour moi, que j'avais pas besoin de m'en faire pour ça, que pour une fois qu'on pouvait crier sans retenue devant un public compréhensif, elle ne s'en priverait pas.
Commenter  J’apprécie          70
Les mots sont comme l'eau, on peut toujours colmater tant qu'on veut, ils trouveront toujours la minuscule fissure qui se forme pour s'infiltrer, passer de l'autre côté. Oui, ça allait arriver. On allait devoir en parler.
Alors je l'ai fait.
Commenter  J’apprécie          40
De la façon dont je l'ai dit. Il a compris ce qu'il y avait à comprendre. Ce ne sont pas les mots qui disent les choses, mais le ton. Vous savez, la petite mélodie qu'on chante en dessous, celle qui vient du plus profond de nous.
Commenter  J’apprécie          42
Les rues sont vides tout le temps. C'est une ville pour les voitures ici. Pas pour les gens. C'est pas un monde pour les gens non plus. Mais comme on n'a que celui-là, on fait avec. On s'adapte. Et personne ne veut vraiment dire à quel point ça fait mal.
Commenter  J’apprécie          30
Les copines c'est comme les apparts, quand tu t'en vas il y a toujours un copain que ça intéresse.
Commenter  J’apprécie          30
les mots sont comme l'eau qu'on peut toujours colmater tant qu'on veut, ils trouveront toujours la minuscule fissure qui se forme pour s'infiltrer, passer de l'autre côté.
Commenter  J’apprécie          20
Je me dirige vers les toilettes, à l'autre bout du bâtiment. Non pas que j'aie une envie pressante, mais je voudrais prendre le volant tranquille. Une grosse femme, avec un fichu noué à la créole sur la tête, lave le sol avec des gestes d'une lenteur décomposée. Elle me barre le passage, vous allez tout me salir avec vos chaussures. Je lui réponds que je suis pressé. Tout le monde est pressé m'sieur, et tout le monde attend!

Bon! j'ai retiré mes chaussures et mes chaussettes. Je marche pieds nus sur le sol glacé et la grosse bonne femme me regarde traverser la pièce d'un oeil furieux. Elle dit que je suis une foutue grande gueule, voilà ce qu'elle dit, une foutue grande gueule avec mes pieds, et moi qui n'ai pas dit un mot j'ai l'impression de traverser une rivière glacée à gué; une rivière immobile, carrelée de blanc, et propre.

Tâchez au moins de ne pas en mettre à côté! C'est incroyable le nombre de gens qui pissent à côté. Pourtant c'est pas compliqué, vous les hommes, de viser avant que ça coule. C'est toujours au début qu'on en met à côté. Toujours au début. Et puis les petites gouttes à la fin. Mais non! Le début et la fin, tout le monde s'en fout, ce qu'il faut c'est aller vite. Moi j'ai dix enfants, monsieur, dix garçons et je peux vous garantir qu'il n'y en a pas un qui pisse à côté, je leur ai appris. Un petit coup de fesse au début et un petit coup de fesse à la fin, toujours vers l'avant, comme ça! La grosse femme se déhanche de façon grotesque. Une folle... Il faut que je tombe sur une folle!
Commenter  J’apprécie          20
D'ailleurs, c'est ce qu'elle fait la vie ; elle l'a cogne comme un flic pourri dans un commissariat. Un passage à tabac en règle, à coup de bottin sur la tête. La première fois ça ne fait pas mal, la deuxième tu encaisses sans broncher, et puis c'est la répétition qui te démolit. A la fin le moindre frôlement te transperce de douleur à te faire hurler. Le pire c'est que ça ne laisse pas de trace et que tu ne peux aller te plaindre à personne. Voilà ce qu'elle faisait, la vie, avec cette femme ; elle la cognait en douce et personne n'y voyait rien.
Commenter  J’apprécie          20
Brice Homs
les choses ne sont pas si simples. Les chose ne sont pas ce qu'on croit. Les choses ne sont même pas ce qu'on en voit.
Commenter  J’apprécie          10
La serveuse s'approche en passant sa main dans ses cheveux. Est-ce que tout va bien? Je lui dis que la viande est froide; elle rigole et me répond qu'elle n'est même pas foutue de faire cuire correctement un oeuf, qu'il y a quelque chose d'incompatible entre elle et tout ce qui se cuisine et qu'il faudra bien faire avec, parce que ce soir, elle est toute seule à tenir ce foutu bazar! Elle a l'air de sortir du lit. Je ne sais pas pourquoi mais ces filles-là ont toujours l'air de sortir du lit même si elles travaillent depuis le matin! Elle se penche vers moi et ses seins coulent sous son corsage. Elle le sait. Elle sait aussi que ses lèvres sont fines et c'est pour ça qu'elle les entoure d'un trait de crayon brun.
Commenter  J’apprécie          10
Disons que c'est à cause des choses, qui ne sont jamais ce qu'elles doivent être.Disons qu'il fait trop nuit, trop froid, trop loin, trop mal, qu'il est trop tard, trop tôt, trop tout. Disons tout ce qu'on veut, mais en repartant, je suis passé à un carrefour et je l'ai vu le panneau, le bon panneau. Ce panneau indiquait qu'il fallait tourner à droite et faire encore une cinquantaine de kilomètres. La route était dégagée, mais j'ai continuer tout droit. Je n'ai pas bifurqué comme j'aurais dû le faire.

Oui ! C'est ça que j'ai fait, je n'ai même pas eu l'impression de prendre une décision ou quoi que ce soit. J'ai juste laissé mes mains droites sur le volant et j'ai continué sur l'autre route.

Celle qui s'en va.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Brice Homs (42)Voir plus

Quiz Voir plus

14-14

Quel est le personnage qui vit en 1914 ?

Adrien
Hadrien
Jean-Jacques
Barthélemy

10 questions
422 lecteurs ont répondu
Thème : 14 - 14 de Paul BeornCréer un quiz sur cet auteur

{* *}