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Critiques de C Pam Zhang (28)
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De l'or dans les collines

Deux sœurs laissées à elles-mêmes par leurs parents nés en Chine et venu mourir aux Etats-Unis, au XIXe siècle. Un premier roman tout en tension.
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De l'or dans les collines

De l’or dans les collines, a été nominé dans plus de dix prix littéraires aux États-Unis, dont le Booker Prize.



L’histoire est racontée en quatre parties, qui correspondent à quatre époques.



1862

Sam (11 ans) et Lucy (12 ans) viennent de perdre leur père, prospecteur, puis mineur de fond. Maintenant Ba et Ma, tous deux d’origine chinoise, sont morts et leurs deux filles vont devoir se débrouiller seules. Sam, la préférée du père, aurait aimé être un garçon. Elle s’habille en pantalon, où elle glisse une carotte et se coupe les cheveux très courts. Elles volent une jument et emportent avec elles le corps du père pour l’enterrer dans les collines, selon les rites familiaux. Leur route croise celle d’un trappeur, qui leur indique un village proche. Les deux sœurs se séparent.



1859



Retour en arrière : arrivée de la famille pour travailler à la mine. Le patron de la mine leur loue un ancien poulailler en guise de maison. Les filles vont à l’école mais les autres se moquent d'elles. Seule Lucy, bonne élève, continue à y aller, pendant que Sam travaille à la mine avec Ba. Ma est enceinte. Un soir Ba trouve de l’or dans les collines et il emmène Sam pour l’aider. Ba veut économiser pour acheter un terrain, alors que Ma aimerait rentrer dans son pays en bateau. Malheureusement au moment du départ une inondation bloque les routes. Des mineurs viennent alors voler leur or. Ma meurt en accouchant d’un garçon mort-né. Sam devient le garçon de la famille.



1842-1862



Où l'on va apprendre la réalité des faits. Les personnages ne sont pas ce qu'ils prétendent être et leur histoire est plus complexe que ce que l'on a cru comprendre dans les parties précédentes. On découvre la vérité sur l'histoire du père et de la mère.



1867



5 ans plus tard : Lucy vit avec Anna, fille d’un prospecteur très riche. Sam revient à Sweetwater. Elle raconte à Lucy ses aventures. Les deux sœurs décident de partir découvrir la Chine. Mais la réalité sera tout autre...



J'ai trouvé intéressante la construction du récit raconté à l’envers : la fuite des deux sœurs après la mort du père, puis l’histoire de la famille et la rencontre des parents. Et la conclusion de l’histoire : retrouvailles des deux sœurs après plusieurs années. La plus grande partie du récit est basée sur des non-dits, des mensonges, qui se dévoilent peu à peu : ce que l’on croyait n’est pas la vérité. J'ai été quelque peu dégoûtée par certaines scènes bien trash : le cadavre du père qui se décompose, la mère qui mange de la boue, des insectes, des vers, le logement insalubre…



Dan ce récit nous découvrons les dessous de la ruée vers l’or : promulgation d'une loi pour interdire à ceux qui ne sont pas nés aux États-Unis de posséder des terres ou de conserver l’or qu’ils découvrent, de la création du chemin de fer : on fait venir par bateau des centaines d’immigrés mal payés pour travailler à l’installation des rails. Ils sont parqués et maltraités. L'auteure dénonce le racisme anti asiatique , mais aussi l’expropriation des amérindiens, à qui on confisque leur terre.



Il faut s’accrocher au début pour avancer dans l'histoire. J’ai commencé à vraiment trouver le roman intéressant à partir de la deuxième partie (soit après 90 pages !)
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De l'or dans les collines

Ce premier roman, encensé par Barack Obama, est porté par une plume à la fois pudique et sensible.
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De l'or dans les collines

Les immigrants chinois ont eux aussi contribué à écrire l’histoire de l’Ouest américain. Avec De l’or dans les collines, son premier roman, l’Américaine d’origine chinoise C Pam Zhang nous en donne un bon aperçu.
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De l'or dans les collines

J'ai eu des difficultés à entrer dans ce roman, mais peu à peu j'ai trouvé l'histoire prenante et bien écrite.



L'auteure nous y décrit le combat de deux soeurs, Lucy et Sam, en quète d'une terre à elle, d'un chez soi particulièrement dur à trouver, étant américaine mais de parents chinois. Cette époque était cruelle pour les personnes non blanches qui étaient vues comme forcément étrangères. Elles sont dévisagées, dénigrées, se font accepter difficilement, alors qu'elles parlent la langue et sont nées sur ce territoire.



L'auteure nous y dépeint aussi la cruauté des lois, comme l'interdiction aux personnes étrangères de posséder l'or trouvé (loi que j'avais déjà eu l'occasion de découvrir dans un roman de Ken Liu.



L'ambiance du far west est particulièrement bien décrite : la poussière, la chaleur, la vie rude, le fait de ne pouvoir compter que sur soi, les mines et la prospection de l'or. La joie quand on en découvre, mais la vitesse à laquelle celui-ci est dépensé, en filles et en boisson.



Le début du roman est très troublant, je dois avouer n'avoir su qu'en penser. Mais les scènes sont extrêmement bien décrites et l'ambiance instaurée est pesante.



Je compatis à ces destins brisés, ces jeunes filles qui ont soif d'autres choses, d'apprendre pour Lucy, de liberté pour Sam. J'ai vraiment beaucoup aimé le thème traité, celui de la quête identitaire, ces jeunes filles n'arrivant pas à se sentir d'ici (les Etats-Unis) du fait du regard des autres, ni de là-bas (la Chine), pays absolument inconnu pour elles.
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De l'or dans les collines

Surprenant, bizarre, déconcertant…autant de synonymes qui me viennent à propos de ce roman quand j’y repense pour essayer de vous en parler. Un roman en quatre parties qui voient grandir et évoluer Lucy et Sam, deux enfants liés par le sang. Un sang mêlé à la poussière du far ouest américain et à l’eau de l’océan qui les sépare de l’Asie.



L’histoire débute dans la deuxième partie du 19e siècle, à la mort de Ba, leur père, tué par l’alcool et le désespoir d’avoir vu ses rêves mourir en même temps que sa femme. Les deux enfants n’ont plus d’autres choix que de fuir, seuls, à travers les collines. Ils fuient leurs origines, le souvenir d’un père violent, d’un or disparu. Leur fuite se fait dans la boue, le sang et avec le vent pour seul compagnie, dans les plaines qui n’ont plus d’or que la couleur.



Le vent porte plus tard la voix du père qui explique. Il tente de dire ses origines, sa rencontre avec Ma, les cauchemars traversés ensemble puis leurs espoirs de richesse et de famille. Et puis son obsession pour l’or, toujours, la fondation-même de ses chimères.



Lucy et Sam sont le reflet de leurs parents. Ils puisent dans le souvenir de Ba et Ma les mêmes rêves. Lucy songe à la stabilité et au confort. Sam, rêve d’aventures et d’or. Opposés et pourtant si semblables. Les deux enfants portent l’Asie dans leur sang et l’Amérique dans leur chair.

A la fois roman initiatique et roman d’aventure, il est compliqué de situer « De l’or dans les collines ». C Pam Zhang interroge nombreuses thématiques. Il y est question des origines, de l’obsession d’un chez-soi imaginaire, de genre mais aussi du racisme dont souffre cette famille aux yeux bridés.



« De l’or dans les collines » m’a fait l’effet d’un retour à quelque chose de primaire, c’est un livre aussi puant de mort que « puant de vie ». Les odeurs, d’ailleurs, y sont omniprésentes : le musc, la vieille pisse, la sueur de la veille, la merde de poulet…mais on y respire aussi le soleil, l’herbe et les grands espaces. Le bruit du vent va et vient, il fait partie du bruit de l’histoire.

Je suis rentrée dans ce livre lentement, au fil des secrets des uns et des vérités des autres. Beaucoup de colère contenue, ancrée dans une terre violée par les hommes...
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De l'or dans les collines

Désolée, oui vraiment je suis désolée pour cet important retard dans cette lecture.



Livre partenariat d'une masse critique particulière de mon cher et tendre Babelio (bonne Saint Valentin à lui ♥) et des éditions Seuil.



Merci à vous pour la confiance accordée et pour laquelle ce retard ne jouera pas en ma défaveur... Alalalalala le temps, la course contre la montre, les retards... Bref, je m'aviserais d'être plus respectueuse la prochaine fois.



Voilà enfin mon avis, il arrive en même temps que les vacances d'hiver, déjà là, mais qui sont toujours les bienvenues après cette période où la pandémie, la fatigue et un autre livre adoré ont accaparé mon temps…



Un beau titre, une belle couverture hennissante et me voilà embarquée en compagnie de deux jeunes filles qui fuient... Elles ont pour compagnie dans une malle, le cadavre de leur père.



Nous sommes dans l'ouest américain, l'ambiance est posée par la décor et les sensations. On va suivre ces deux jeunes filles aux origines chinoises, mais nées sur le territoire américain.



Nous sommes dans l'ouest, celui de la ruée vers l'or, de cet or dans les collines qui n'est plus vraiment là...



Il y a 4 périodes dans le livre nous permettant d'explorer ainsi, le passé, le présent, le futur et l'au-delà dans l'histoire de cette famille d'immigrés chinois.



C Pam Zhang rend très bien les atmosphères, les paysages, les sensations ressenties par Lucy et Sam.



L'auteure pointe la difficulté pour des personnes venues d'ailleurs de trouver leur "chez soi".



Le racisme est ici d'autant plus présent que la quête de l'or devient de plus en plus dure et que la violence se porte sur les gens différents, même si ceux-ci sont nés dans ces collines, même si ce sont eux qui ont arrachés à la sueur de leurs fronts et aux calles de leurs mains l'or de ces collines. La difficile vie des immigrés qui est toujours d'actualité même dans notre monde moderne, peut être même encore plus....



La conquête de l'or ne s'accommode pas de philosophie et de compréhension surtout quand les collines on déjà été ratissées jusqu'à la moëlle.



Lucy, Sam, Ma et Ba leurs parents nous transportent dans cette conquête que tous un chacun porte en soi. La recherche d'un "chez soi" sans manque, grâce au travail et en paix avec tout le monde.



Une construction originale et entrainante mais dont l'écriture a pu me perdre par manque de fluidité et que j'ai eu parfois du mal à intégrer. Un sentiment d'écriture saccadée qui a retardé ma lecture...



Il me reste toutefois de bonnes impressions dans le sens où l'auteure a réussi à m'intéresser au sort de ces deux jeunes filles, à mieux comprendre d'où elles venaient et ce que l'époque leur permettait de réaliser (ou pas). De plus C Pam Zhang sait créer des atmosphères et nous faire ressentir des sensations avec justesse.



Je m'excuse encore pour le retard pris pour cette lecture et je remercie Babelio et les Editions Seuil pour ce partenariat (honoré tardivement, mais honoré quand même).



Quant à vous, filez dans l'or des collines



au côté de Lucy et Sam dans cet Ouest



à la conquête d'un chez soi qui vaut tout l'or du monde !
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De l'or dans les collines

Malheureusement, j'ai eu énormément de mal à lire ce roman auquel je n'ai pas du tout accroché ... Je ne peux pas dire que je n'aime pas le style de l'auteur parce que le roman est très bien écrit mais rien que les 100 premières pages qui parle du père mort des deux héroïnes pour trouver un endroit digne pour l'enterrer j'ai trouvé cela assez glauque ... Il y a beaucoup trop de narration, trop de descriptions et du coup je me suis perdue dans ma lecture pour finalement ne pas réussir à rentrer dedans.

J'ai bien compris la volonté de l'auteur était de pointer les minorités à cette période de la conquête de l'ouest et de la recherche de l'or, des difficultés de l'intégration.

Dommage, je suis déçue de ne pas avoir accroché parce que je trouvais le thème plutôt intérressant ...
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De l'or dans les collines

SUR LES TRACES MAUDITES DU GÉNÉRAL SUTTER



Nous sommes peu après le mitan du XIXè siècle, vers le nord-est de l'actuelle Californie. Ici, c'est la mine de charbon ou le fantasme malfaisant de l'Or qui s'offre, durement, sans concession, à ceux qui veulent survivre. Jeunes ou vieux. Femmes ou hommes. Mais presque exclusivement au blancs, en ce qui concerne le précieux métal.

Deux toutes jeunes filles d'origines chinoises viennent de découvrir le corps sans vie de celui qui fut, pour le meilleur et souvent pour le pire, leur père, "Ba". L'aînée se prénomme Lucy, sa puînée Sam. En ce jour fatal qui fait d'elles des orphelines - "Ma", leur mère, est décédée trois ans auparavant, laissant son aînée bien plus inconsolable que la cadette, on découvrira bien plus tard pour quelle funeste raison. Quoi qu'il en soit et tradition oblige, les deux fillettes doivent absolument trouver - Voler ? Emprunter ? Mandier ? - deux pièces d'argent afin que le mort puisse payer son passage vers l'au-delà. Et ce dernier a absolument tout bu, comme à son accoutumée, avant de rejoindre le sombre pays des ombres.  



C'est donc dans ce cadre franchement pas idyllique ni même mythique que nous découvrons ces deux jeunes adolescentes - encore que la seconde, qui se prend pour un garçon, soit encore une enfant -.

Entre misère, tristesse, déréliction, abandon, racisme et mort nous allons suivre Lucy - surtout elle, d'ailleurs - et Sam après qu'elles seront parvenues à mettre la main, un peu accidentellement, sur les fameuses pièces. S'ensuivra une longue et macabre déambulation sous l'implacable soleil californien, en compagnie des coyotes et des restes funestes des antiques troupeaux de bisons, décimés par la folie de l'homme blanc. Enfin, c'est le moment de mettre en terre les restes, expression O! combien exacte en l'occurrence, tant le corps du malheureux Ba est dans un état de décomposition avancée à force de pérégrination sans but ni fin visible. L'errance prend ainsi doublement fin, entre inhumation dans un lieu jugé ad hoc et rencontre opportune d'un pistard que les deux jeunettes s'apprêtaient à voler, le pensant mort. Il leur indiquera la présence proche d'une ville, Sweetwater, où elle pourrait reprendre pied avec la civilisation. C'est là que nous les laisserons, dans un premier temps, Lucy s'y installant, Sam finissant par disparaître sans qu'on sache où ni pourquoi. 



Quelle ne fut pas ma déception à la lecture de cet ouvrage à l'avant-propos pourtant plus qu'alléchant : l'histoire de deux jeunes filles, premières nées américaines d'un couple de migrants chinois dont il n'est souvent rien raconté d'autres que des clichés, racontée par une migrante chinoise contemporaine, bien intégrée dans la société américaine actuelle mais sans doute très à même de mieux ressentir la vie rude de ces ancêtres-là. Que n'a-t-on vu ou lu sur ces "coolies", destinés tout d'abord à la pose, dans des conditions bien souvent terribles, des rails du futur chemin de fer transcontinental étasunien. Que la "légende dorée" du far-west nous fait bien souvent retrouver dans les rôles subalternes de restaurateurs, d'épiciers ou de propriétaires de laveries, ou encore dans de mystérieuses et dangereuses confréries, entretenant encore un peu plus l'imagerie autour de ces gens vivant bien souvent en communauté très fermées au sein des villes-champignon des grandes heures du mythe américain. Hélas, cette thématique est à peine entretenue. Tout juste comprend-on que ces migrants avaient interdiction de s'approprier des concessions minières sous le prétexte fallacieux qu'ils n'étaient pas nés sur le sol américain, que le racisme les suivait partout, même chez celles ou ceux semblant ne pas attacher de vraie importance à leurs différences, à la couleur de leur peau. En réalité, C Pam Zhang s'attache surtout à décrire un quasi huis-clos familial, remontant, en milieu d'ouvrage, le fil du temps - sans doute les deux chapitres, assez brefs, les meilleurs de l'ensemble de ce roman -, pour mieux revenir au temps présent du livre, aux retrouvailles de deux soeurs devenues presque adultes, de leur nouveau grand projet, etc. 



C'était donc avec un grand plaisir et une vraie envie que je recevais, il y a bientôt un mois, cette Masse Critique spéciale, organisée par notre indispensable site de lecture(s) et de lecteurs en ligne, Babelio.com, avec l'aimable complicité des vénérables et belles éditions du Seuil, que je remercie chaleureusement, malgré tout. Hélas, passé l'enthousiasme des premières pages, l'histoire s'enlise très vite, n'avance qu'à force de répétitions, de dialogues plus ou moins crédibles, de retours permanents sur le passé proche, sans que cela donne matière à approfondir le présent, ou si peu. Pire : il y a ce style moitié prétentieux, moitié laborieux, une succession de phrases dignes d'une sous-Marguerite Duras - d'avance pardon pour les admirateurs, j'ai énormément de peine avec le style durassien -, brisé, haché menu, épuisant, à d'autres, très différentes, à la syntaxe alambiquée, parfois à la limite de l'incompréhensible. Il y a ces tics de langage, tels que ces reprises incessantes, sans permettre au lecteur lambda de les comprendre, de mots de conversation chinoise de la vie quotidienne, ou que l'on ne peut que supposer tels. Ô! Bien entendu, on finit par deviner le sens de quelques-uns, mais cela aurait-il été si embarrassant d'en faire des renvois en bas de page ou dans un petit lexique en fin d'ouvrage ? Sans même prendre en considération que le lecteur est justifié à se demander le sens profond de leurs répétitions épisodiques (en dehors de marques éparses d'affection entre parents et enfants). 



Alors, Très vite, l'ennui s'est installé, au point qu'à plusieurs reprises, j'ai vraiment failli abandonner aux alentours des premières cent pages. Fort judicieusement, au moment où le récit est sur le point de s'enliser totalement, C Pam Zhang nous fait remonter le cours du temps, avant la naissance des deux jeunes filles et il faut bien admettre que la seconde partie du livre, et plus encore, l'assez convaincante - mais très brève - troisième partie m'ont évité le pire - si tant est que cela soit une catastrophe d'abandonner un ouvrage avant sa fin -. On y comprendra comment leurs parents se sont rencontrés, qui ils étaient alors vraiment, etc. Certes, c'est bien plus classique mais, n'eut été ce style inutilement ampoulé, ces descriptions paradoxalement très minces, sans relief et sans grand intérêt - les amateurs de "nature writing" en seront désespérément pour leurs frais -, une psychologie générale des personnages manquant drastiquement de finesse et de profondeur, au point qu'à aucun moment l'on ne parvient à se sentir vraiment proches d'eux, à les sentir vivre, à l'exception notoire du père, dans la troisième partie, la plus originale au fond. La plus inattendue de ce point de vue, puisque c'est alors un mort qui parle ! On achève finalement l'ouvrage comme on l'a débuté, au fil d'une quatrième et ultime partie passablement ennuyeuse, toujours aussi péniblement écrite, en compagnie de personnages, nouveaux pour deux d'entre eux, auxquels ont peine toujours autant à croire. 



Au bout du bout, on peine à dire si l'on avait à faire à une saga familiale (sans doute un peu), à un roman à thèse dénonçant le racisme anti-chinois des blancs américains (si c'est effectivement un sujet évoqué, c'est tout de même très loin d'être le seul fil rouge), à un roman d'aventure (si oui, alors quelle aventure bien médiocrement contée), à un roman initiatique (certes, certes), à un peu de tout cela, mais sans que l'autrice parvienne jamais à vraiment se décider ? Toutes ces thématiques, tous ces genres sont abordés, ainsi que la mort omniprésente, la violence du temps et des hommes entre eux, les rêveries des jeunes filles en fleur, l'importance de l'attachement culturel, la naissance d'une nouvelle nation sur un flot de mensonges, de vilenies et même de meurtres, l'environnement saccagé, les secrets de famille, le goût du lucre, même l'assignation au sexe est plus ou moins abordé. Mais voilà, tout n'est ici qu'effleurement, surface, superficialité, rien n'accroche jamais en profondeur, tout n'est que survol fastidieux, lassant.



Des romans mondes, capables d'emporter tant de sujets à la fois, il en existe, assurément. Mais c'est une entreprise difficile, compliquée, qu'à mon grand regret cette jeune autrice peine, c'est un euphémisme, à réussir. Sans doute ai-je trop espéré découvrir dans de l'or dans les collines une jeune Cormac McCarthy chinoise, vibrer avec un texte digne des aventures vécues et narrées jadis par l'immense Jack London, d'un mythique (quoique très imaginaire sous sa plume) Général Sutter dans L'or de Blaise Cendrars ou encore découvrir la face sombre de la colonisation de l'Amérique comme dans les nouvelles terribles, subtiles et profondes de Dorothy Johnson. Rien de tout cela ici, que de l'ennui et le gris anthracite du charbon que ces colons chinois seront parfois amenés à exploiter pour survivre, l'or leur étant iniquement refusé par les "locaux", charbon recouvre de sa couleur funeste et monotone ces pages globalement assommantes. Quel dommage ! 



À noter la très belle photo de couverture qui... ne rend absolument pas compte de ce que l'on trouve à l'intérieur. Les quelques chevaux (et mules) croisés ici sont des animaux de bât plutôt malheureux et franchement pas sauvages, pauvres bêtes bien éloignées de tout farwest mythologique. 
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De l'or dans les collines

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une masse critique privilégiée. Je remercie les éditions du Seuil et Babelio pour cet envoi.

Malheureusement, je n'arrive pas à lire ce roman. J'ai pu aller difficilement jusqu'au tiers et je ne pourrais pas aller plus loin. Je ne lis d'ailleurs plus rien à cause de ce roman que je traîne sans avoir jamais envie d'y retourner.

Je n'accroche pas du tout au style. Trop d'effets de style tuent le style. C'est tellement haché, dilué, que cela donne une sensation de lecture désagréable. Je bute sur chaque construction de phrase trouvant cela mal fichu, cherchant le sens. Cela n'aide pas à rentrer dans l'histoire qui, jusqu'à l'endroit où je me suis arrêtée, me semble plate, s'étirant si lentement qu'elle peine à démarrer. Enfin, je ne parviens pas à m'attacher aux deux petites héroïnes de ce roman.

Je n'adhère pas au style, à l'histoire, aux personnages. Difficile de poursuivre une lecture sans la moindre accroche, j'abandonne.
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De l'or dans les collines

Fin du XIXe, Californie, Ba vient de mourir en laissant Lucy et Sam seules dans une Amérique violente et xénophobe.

A seulement 11 et 12 ans , elles doivent quitter la misérable cabane où elles vivaient et partir dans les grandes étendues sauvages de l'Ouest. Les dangers sont nombreux et les deux fillettes doivent se serrer les coudes pour avancer. Mais elles sont tellement différentes qu'il leur est bien difficile souvent de se comprendre et de s'accorder. Il y a la réalité du quotidien, les traditions chinoises et les aspirations de chacune.

Au fil des pages se dessinent leurs deux caractères très distincts, Lucy réservée, réfléchie, avide de connaissances et Sam le "fils" de Ba, tête brûlée, sans limites aucunes...



Dans une construction éclatée, en naviguant entre présent et passé, l'auteur nous raconte l'histoire de cette famille d'immigrés chinois dans une Amérique en plein essor industriel qui organise la venue de cette main d'œuvre à bas prix pour la construction de ses chemins de fer. L'arrivée, la rencontre, les conditions de travail souvent inhumaines, les événements se découvrent petit à petit de façon morcelée. Il est très difficile pour ces hommes qui aspirent à des vies meilleures de résister à l'appel de l'or, Ba ne pourra s'y soustraire. Mais le rêve américain tourne vite court, rares sont les chercheurs d'or qui trouvent le filon et lorsque ça arrive, la cupidité et l'injustice ne laissent pas beaucoup de perspectives...



C'est dur (le début du roman est percutant), c'est prenant, plein de surprises, les thèmes du racisme, de la destruction de la nature (la scène des bisons est saisissante), du poids du passé familial, de l'identité des immigrants sont parfaitement exploités. Le regard croisé des deux fillettes qui deviennent peu à peu jeunes femmes, leurs choix propres, leurs itinéraires sont très intéressants.



Et pourtant je ne parlerai que de "Bonne lecture" parce que j'ai eu beaucoup de mal avec le style. L'écriture un peu hachée avec les répétitions des prénoms à toutes les phrases a parfois terriblement gêné ma lecture...

Un bilan un peu mitigé entre une formidable histoire et une plume que je n'ai pas su apprécier, mais une bonne lecture au final.



Merci à Babelio et aux Editions du Seuil
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De l'or dans les collines

Le résumé m'a tout de suite attirée, mais j'avoue ne pas trop savoir quoi penser de ce roman. J'ai apprécié la plume de l'autrice, parfois brusque et saccadée comme sait l'être Sam, parfois aride comme ce décor de l'Ouest américain dans lequel évoluent les personnages, et parfois plus imagée, notamment pour mettre en exergue les décors traversés, les quelques moments d'évasion et de communion entre deux esprits très différents, mais aussi les temps forts qu'ils soient joyeux ou douloureux.



Au fil des pages, l'authenticité et la dureté du récit s'imposent dans toute sa noirceur, nous donnant l'impression d'assister à la déchéance, puis au renouveau, d'une famille d'origine chinoise qui va payer cher sa soif d'or et ses envies de richesse. La thématique n'est pas inintéressante en soi, mais j'ai fini par ressentir une certaine lassitude durant ma lecture, même si quelques passages ont régulièrement relancé mon intérêt. J'ai donc alterné entre envie de poursuivre et envie de reposer le roman…



Pour autant, cette histoire ne m'a pas déplu, peut-être parce qu'elle est de celles qui portent et qui marquent. L'autrice, d'une plume puissante comme pour faire écho aux vicissitudes traversées par Sam et Lucy, nous dépeint bien plus qu'une soif de l'or réduite à sa simple vénalité. Elle nous plonge dans la vie d'une famille qui, jour après jour, épreuve après épreuve, perd de cet espoir qui lui a fait croire en une vie meilleure. le processus est long, pernicieux et violent, tout comme l'est ce grand Ouest américain dont beaucoup ont rêvé, avant de s'y laisser broyer.



Divisé en trois parties, et alternant entre les époques, ce roman nous permet d'en apprendre plus sur les différents membres de la famille, et sur la raison ayant poussé Sam et Lucy à trimballer le corps de leur père afin de trouver un lieu pour l'enterrer. Les débuts du roman offrent quelques passages qui m'ont personnellement mise mal à l'aise, C Pam Zhang possédant une manière bien particulière de faire cru et vrai.



Pas de fioriture donc ! Mais Ba n'était pas du genre à faire dans le tendre et la dentelle, alors il y a fort à parier qu'il ne se serait pas offusqué du traitement réservé à son corps, réceptacle d'espoirs déçus et de regrets inattendus. J'ai même eu l'impression qu'en enterrant subrepticement différentes parties de son corps en décomposition, l'ancrant fermement dans une terre qui n'a jamais accepté de le revendiquer et de le reconnaître, Lucy ne pouvait lui rendre meilleur hommage…



Il est d'ailleurs ici beaucoup question de terre, de chez-soi, de famille et de racines. Quand Ma rêve de son pays qu'elle a quitté pleine d'illusions depuis longtemps éteintes, le père lui se sent ici chez lui malgré les remarques racistes quotidiennes. Un racisme bien ancré parmi des Américains parfois moins américains que lui ou Sam et Lucy ! Entre la méfiance, la haine, la violence et des comportements complètement déplacés, même parmi des gens en théorie de confiance, le racisme est donc omniprésent, et semble peser bien lourd sur le destin d'une famille dont le seul tort est d'avoir cru au rêve américain.



Dans de l'or dans les collines, le thème de la famille est prépondérant… pour le meilleur, mais surtout pour le pire. Si certains passages offrent de réels moments de complicité et d'amour, le modèle familial présenté m'a paru vicié et source de bien des souffrances ! Un passage narré du point de vue du père permet de comprendre les raisons de sa violence, mais cela n'excuse en rien son comportement, les coups n'ayant jamais aidé personne à résister aux épreuves de la vie. Bien au contraire !



Malgré ce point, je reconnais avoir été surprise par certaines révélations qui m'ont poussée à reconsidérer l'histoire sous une autre perspective. J'en suis presque venue à plaindre un personnage, condamné à une vie de mensonges, qui n'avait jusqu'à présent suscité en moi que de l'aversion. L'autrice a ainsi su créer et développer des personnages ambivalents et profondément humains qui sont pris entre des courants contraires. Des personnages qui doivent concilier leurs envies et aspirations personnelles avec leurs devoirs familiaux, et une Amérique qui réserve ses rêves de richesses et de gloire à une minorité de personnes, blanches de préférence et prêtes à tout pour arriver à leurs fins…



Parmi ce tourbillon de noirceur, de désillusion et cette aridité des sentiments, l'autrice se faisant le témoin d'événements mais jamais la conteuse de profonds sentiments, j'ai néanmoins fini par développer une sorte d'attachement pour Lucy. J'ai apprécié son intelligence, sa soif de connaissances et sa capacité de résilience… Des qualités qui lui seront indispensables pour survivre et accepter une vie qui ne lui était pas destinée, mais qu'elle a courageusement choisie, donnant un véritable sens à l'expression « la famille avant tout ». Quant à Sam, j'ai admiré sa liberté d'esprit, son envie de vivre sans s'encombrer des conventions, et la manière dont il va revendiquer son identité d'homme à une époque où la transidentité n'était pas vraiment acceptée. On sent d'ailleurs toute sa détresse d'être né dans un corps de femme qui ne lui correspond pas…



En conclusion, avec de l'or dans les collines, C Pam Zhang nous propose une plongée mouvementée dans une famille d'origine chinoise bercée par les désillusions d'un Ouest américain dont les richesses ne sont finalement pas à la portée de tous. Roman initiatique sous fond de racisme, de quête d'identité et de vérité, voici un roman puissant et brut à l'image de personnages qui vont traverser bien des épreuves avant de se libérer du poids du passé, des secrets et des mensonges, et se révéler à leur propre destinée.


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De l'or dans les collines

Écrit par une autrice sino-américaine, jouissant d'un certain succès aux États-Unis et traduit en dix-sept langues, ce roman met en scène deux sœurs, nées aux États-Unis et d'origine chinoise, qui traversent une bonne partie de l'Ouest américain après le départ de leur mère, Ma, et le décès de leur père, Pa. Après de nombreuses années de travail dur dans les mines de charbon, toute la famille connaît la pauvreté, ayant renoncé au rêve de la découverte de pépites d'or, garanties d'une richesse rapide. Les deux filles auront appris l'inhumanité du travail à la mine, le racisme, la violence verbale voire sexuelle des non-Asiatiques, la lutte sans merci entre les chercheurs d'or, le mythe américain tenace qui pourrit les relations.



Ma est partie un jour, sans qu'on puisse le prévoir. Pour où, personne ne le sait. Pa est mort et selon la tradition, il faut lui trouver l'endroit ad hoc pour l'enterrer. Les deux sœurs vont transporter son cadavre, longuement, jusqu'au lieu digne de lui servir de sépulture. Il faudra aussi trouver deux pièces d'argent pour obturer ses yeux. Mais comment faire pour les trouver ?



Les deux sœurs sont très dissemblables : Lucy, vaillante, curieuse d'apprendre, Sam, vêtu comme comme un garçon, d'abord pour travailler à la mine sans se faire importuner par les hommes, puis assumant ses choix personnels, audacieuse, prenant des risques. Le chemin les obligera à se comprendre, à se compléter.

Car après l'inhumation de Pa, il n'est pas question de faire demi-tour, mais elles vont tenter de réaliser le rêve de Ma : retourner vers l'Ouest, traverser l'Océan et retrouver le pays de leurs ancêtres.



Chemin initiatique, lutte pour une vie plus conforme à ce qu'on est vraiment, retour aux racines : les thèmes ne manquaient pas d'intérêt. Pourtant, je dois reconnaître m'être ennuyée assez souvent. Les insertions de propos en chinois - qui auraient dû me plaire ! - restent inintelligibles faute de traduction.

Avis mitigé, donc.
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De l'or dans les collines

Du temps de la ruée vers l'or, Lucy et Sam, deux gamines d'origine chinoise se retrouvent livrées à elle-même. Ma est partie il y a bien longtemps. Ba vient de mourir. D'ailleurs, il est dans la charrette, sa chair commence à couler, ses os à se briser. Les deux fillettes errent dans cette poussière, afin de trouver le bon endroit pour enterrer leur père, laisser son âme se reposer. Trouver enfin son « chez-soi ».



Sombre et noire, comme la nuit, comme la violence et le racisme des hommes. Lumineux et magnifique, comme le soleil qui pare d'or cette colline. Saisissant et magique, comme ce vieux bison qui erre dans les esprits de ces lieux. Elles n'ont pas leur place dans la poussière de l'Ouest, ou de l'Est suivant d'où l'on vient, là où des os de bisons se retrouvent à nus par le temps, le vent. Bien que nées ici, elles sont d'ailleurs, de l'autre côté de l'océan, le pays de Ma. Elles restent des émigrées chinoises dans la nuit hors-la-loi.



Des mines de charbon aux mines d'or, elles s'endorment parfois à la belle étoile, la lune est bleue parait-il dans les rêves de certains hommes. Et elles rêvent, elles revivent les légendes que leur père, lui né sur cette terre, racontaient à la tombée de la nuit, un fleuve de bisons qui s'écoulent sur les flancs de telles collines. Elles frémissent avec les histoires de Ma venue de chine, devenue esclave parmi les siens pour la construction du chemin de fer vers l'est sauvage. Le tigre tapie dans la pénombre, ses empreintes dans la neige qui suivent leur convoi. Tigre et Bison, les deux totems de cette famille revisitent l'Histoire de cette époque, de cette Amérique, de cette poussière noire, d'or, d'os.



Un roman qui se déguste comme un Tennessee Whiskey, râpe et sauvage, rêve et rage, au milieu des morts, là où les collines se parent d'or et de bisons morts.
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De l'or dans les collines

De l'or dans les collines est l'histoire d'une famille d'immigrants chinois, luttant pour la survie pendant la période de la ruée vers l'or dans les Etats Unis. Se concentrant principalement sur le quotidien des deux sœurs, Lucy et Sam, ce roman est une histoire déprimante de faux espoirs et de fausses relations.

Toutes les deux grandissent dans une famille qui lutte pour se faire une vie - en effet, "la maison" et toutes ses significations sont le thème central du livre. La mère rêve de retourner en Chine, le père revendique les "collines" comme sa maison, son "chez soi". Lucy est cette fille qui veut être comme les blancs, qui pense qu'elle peut être comme eux, si elle se comporte convenablement, si elle dit les bonnes choses, si elle habite en ville...

Alors que Sam est celle qui ne se conforme pas, qui ne veut pas "se civiliser". Justement, en ce qui concerne Sam, l'histoire est inachevée. Nous avons une fille qui s'habille et s'identifie comme un garçon, mais qui ne connaissons pas vraiment bien, en tout cas moins que sa sœur et je ne peux pas dire si Sam veut être vraiment un garçon ou fait cela pour plaire à son père et trouver un emploi.

Si j'ai apprécié les 3/4 du livre, la dernière partie, je l'ai trouvé trop précipitée. C'était frustrant de ne pas trouver des réponses à certaines questions que j'ai pu me poser au fil de l'histoire. La chronologie, composée de plusieurs flashbacks , peut s'avérer un peu gênante aussi, mais j'ai bien aimé d'en savoir plus sur les parents de Lucy et Sam, et leur histoire basée sur l'amour, les mensonges et la détermination.

Bien que le style d'écriture n'est certainement pas mon préféré -phrases courtes qui s'arrêtent au milieu d'une idée, des mots en chinois glissés un peu partout, quelques répétitions (peut-être que la traduction y est pour quelque chose aussi) - j'ai apprécié la complexité de l'histoire en mettant l'accent sur la famille, la race, le sexe, l'exploitation minière et les immigrants.

Une lecture moyenne pour ma part, il restait beaucoup trop des choses à explorer !
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De l'or dans les collines

« C’est quoi la vraie richesse ? »

Ce très beau roman, à l’écriture aérienne et poétique se décline en quatre parties. La première nous parle d’un présent où Lucy et Sam, filles d’immigrants chinois, fuient avec le corps de leur père décédé. Leur mère n’est plus là pour les aider, l’argent manque, le choix de partir s’impose. Dans la deuxième partie, ce sont les souvenirs avec la mère qui resurgissent. En troisième, le paternel s’exprime. Il raconte comment il a connu son épouse, les liens qui se créent entre immigrés. Et dans la quatrième partie, on revient au présent, un peu plus tard, cinq ans après. On découvre ainsi l’évolution de Lucy et Sam, comment leur passé a conditionné leurs choix de vie et la relation à la fois trouble, troublante, mystérieuse, envoutante qui les unit.

Au début de ce récit, les deux fillettes avancent vers l’avenir avec un mort. C’est bizarre d’agir ainsi mais c’est parce qu’elles souhaitent offrir un bel enterrement à leur père, Ba. Il faut trouver le lieu, le moment, ce qui ira le mieux. Tout le vécu avec lui les assaillent, le travail dans la mine, la faim, le froid…. Le désir d’apprendre de Lucy, avec un professeur, monsieur Leigh, qui l’observe car il écrit une monographie…. Elles sont là, dans ce pays de grands espaces et de cow-boys, de chercheurs d’or, de villes qui apparaissent au bout de routes poussiéreuses. Les rencontres qu’elles font sont source de questions et leur permettent de continuer le chemin. Elles espèrent, elles aimeraient, elles voudraient… mais elles ne sont à leur place nulle part, elles ne sont pas d’ici, pas de là-bas non plus. Elles s’appartiennent et n’ont pas de racines. Pour autant, ce n’est pas une errance, chacune a soif de vivre sa vie, de pouvoir décider.

Est-ce que ce sera possible ? Parfois, il est plus facile de se faire enterrer (« elle a laissé une part d’elle-même toujours plus grande se faire enterrer. ») C’est plus confortable que de lutter sans arrêt, sans obtenir de résultat, mais sans être vraiment libre, quitte à s’oublier soi-même …..

« Qu’est-ce qui fait un chez soi ? » Lucy et Sam sont en recherche perpétuelle, avec un besoin constant d’exister, de trouver leur place, de prouver qu’elles ont le droit « d’être » tout simplement.

Elles pensent à leurs parents, à ce qu’ils ressentaient :

« Lui, c’était un monde perdu, voué à rendre le présent et l’avenir bien ternes en comparaison. Elle, c’était un monde si étroit qu’il ne pouvait accueillir qu’une seule personne. »

Il m’a fallu trois ou quatre pages pour rentrer dans ce récit. Au début, j’ai été un peu désarçonnée par le rythme, certaines phrases très courtes, d’autres plus longues, un style parfois épuré puis des détails, des descriptions de la nature qui campent un paysage, le rendant plus réel, plus visuel. Mais très rapidement, je me suis laissée porter par l’écriture (merci au traducteur) et par l’histoire singulière, belle et douloureuse comme une longue complainte, formée de couplets sombres et tragiques mais emplie d’un désir farouche de liberté, de vivre. C’est une lecture bouleversante, qui laisse une trace une fois la dernière page refermée. Quelle belle découverte !


Lien : https://wcassiopee.blogspot...
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De l'or dans les collines

J'ai eu beaucoup de mal avec ce roman. L'histoire est très intéressante, certes. Deux filles d'origine chinoise traversent l'ouest américain pour enterrer leur père. Elles sont confrontées à la violence, le racisme, le sexisme. Les thèmes sont évocateurs et bien traités mais quelle lourdeur dans le style. Je n'ai pas accroché du tout avec l'écriture de l'autrice. Elle passe parfois d'une idée à l'autre. C'est dommage car elle fait perdre le fil de l'intrigue. Bref, c'est une vraie déception pour moi.
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De l'or dans les collines

Ce captivant roman s'ouvre sur une scène absolument saisissante. 1862 dans l'Ouest californien. La mort d'un père. La quête de ses deux filles, Sam et Lucy, onze et douze, pour trouver un lieu pour l'enterrer dignement ( thématique proche du Tandis que j'agonise de Faulkner ). Le corps dans une pauvre caisse en bois, charrié dans une remorque attachée à un cheval volé. Un corps encombrant qui se décompose et tombe littéralement en morceau. Un périple hanté par la voix du père mort qui se raconte.



Bisons, poussière cuite au soleil, grandes chevauchées ... C Pam Zhang convoque toutes les figures classiques du Western époque ruée vers l'or pour mieux les revisiter ou plutôt les exploser allègrement afin de créer un récit totalement original empli de perspectives inattendues, enrichissant le Western de nuances sur l'appartenance raciale, l'identité sexuelle, la pauvreté, le racisme et même l'adolescence, prenant des chemins détournés, des risques aussi.



Elle démonte carrément le mythe du grand Ouest en le complétant de visages nouveaux longtemps invisibilisés, à l'importance minorée dans la construction des Etats-Unis, : les visages de l'immigration chinoise, d'ouvriers ferroviaires pour le Transcontinental à mineurs de charbon ou encore chercheurs d'or. Ma ( la mère ) a migré de Chine, Pa ( le père ), leurs filles Lucy et Sam sont nés en Californie. Subtil sapage de l'idée que tous ceux qui étaient d'origine chinoise à cette époque devaient être des immigrés, poussant ainsi une réflexion riche sur l'appartenance et l'enracinement à une nation dans un territoire exploité compulsivement par des colons désespérés et des opportunistes avides.



En conteuse intuitive, elle construit un roman initiatique surprenant, croisant les époques dans un flux narratif très délié, composé de quatre parties dont tous les chapitres portent les mêmes titres, bruts et élémentaires : « eau », « or », « boue », « prune », « sel », « sang », « vent », « viande ». C Pam Zhang insuffle vie à ce récit de survie grâce à une prose remarquable, aiguisée pour décrire la violence, lyrique quand il s'agit d'évoquer les grands paysages, oniriques avec ces tigres compagnons fantasmés des bisons disparus. La syntaxe varie, les métaphoes surgissent.



« Sur le dos de Nellie, les collines défilent à une vitesse qui les rend liquides. L'océan dont parlait Ma, reconstitué avec de l'herbe jaune. Les montagnes au loin, rapprochées, jusqu'à ce qu'un jour Lucy voie : tiens, elles ne sont pas bleues. Broussailles vertes et roche grise, ombres violettes enfoncées parmi les crêtes.

La Terre, également, retrouve des couleurs. le cours d'eau s'élargit. Massettes, pourpiers d'hiver, touffes d'ail sauvage et carottes. Les collines se font plus escarpées, les vallées plus encaissées. de temps en temps, l'herbe éclate de verdure à l'ombre d'un bosquet.

Est-ce donc cela, les grands espaces que cherchait Ba ? Cette impression qu'elles pourraient disparaître dans le paysage – une revendication de leurs corps comme l'invisibilité ou le pardon ? le vide à l'extérieur de Lucy rétrécit à mesure qu'elle rétrécit, insignifiante face aux montagnes, et la lumière dorée, filtrée par les chênes droits, devient verte. Même Sam se calme sous un vent qui a un goût de vie autant que de poussière. »



Certains passages sont éblouissants.
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De l'or dans les collines

Après avoir tourné la dernière page de ce livre, je suis légèrement perplexe. En effet il m'est presque impossible de dire si j'ai adoré, aimé ou non cette lecture...

Quoi qu'il en soit c'est une balade marquante et inoubliable que nous offre cette auteur, née à Pékin puis arrivée aux USA à l'âge de 4 ans seulement. Je dois avouer qu'elle s'attache à mêler au coeur de son roman les traditions chinoises et le choc des cultures. Entre Chine et Nouveau Monde, elle s'attèle alors à nous relater un pan de l'Histoire des USA au travers la petite "histoire" sensible de ses deux personnages, deux filles d'immigrants chinois, au milieu de 19e siècle, à l'aune de la ruée vers l'or...



La plume m'a semblé très particulière, déroutante, par ses côtés incisifs, bruts et paradoxalement parfois très voire trop poétiques. C'est un style qui se démarque indéniablement et qui s'affirme et s'affine au fil du récit. Si j'ai mis un certain temps à m'y adapter, à la fin j'ai été complètement séduite par cette façon décousue de nous servir les ressentis de ses protagonistes et l'action de manière limite scénaristique, comme des flashs qui frappent en plein coeur... Je déplore juste l'absence de traduction des passages en chinois, que je n'ai donc pas pu comprendre.



La construction se veut elle aussi très atypique et sert une nouvelle fois cette idée de récit décousu, malaisant.

Le roman s'ouvre sur nos deux fillettes qui viennent de perdre leur père alors qu'elles n'avaient déjà plus leur mère, et partent pour une errance semblant sans fin sur un cheval portant la malle qui contient le cadavre de leur paternel. On fait donc la rencontre de deux soeurs complètement différentes, pour ne pas dire opposées. Si je me suis prise d'affection pour Lucy, incroyablement mature pour son jeune âge, j'ai eu en revanche beaucoup de mal avec Sam, la sauvageonne : un personnage très déstabilisant.

Dans la deuxième partie, on fait un saut dans le passé et on s'attache à la tradition chinoise transmise par leurs parents et à leur dure vie d'immigrants, aventuriers dans l'âme. Ce fut une belle découverte avec des scènes chocs, des moments parfois dérangeants, presque insoutenables, notamment lorsqu'on aborde le sujet du racisme, très présent dans cet univers des chercheurs d'or.

Dans la troisième partie, c'est un texte intime et personnel qui nous est livré... le père s'adresse à Lucy, pour se confier et lui révéler quelques secrets. C'est très sensible, d'un ton juste et touchant...

Et lors de la dernière partie, l'auteur nous offre l'après-errance, on retrouve Lucy, seule dans un monde de riches américains qui ne lui sied guère... Mais Sam n'est jamais bien loin et le leitmotiv du livre nous prouvera dans les faits que oui pour ces gens-là, des gens pas comme les autres, la famille, c'est tout ce qui compte.



C'est donc un roman à part, très instructif, que je pense fabuleusement bien documenté et qui offre une vision précise d'une histoire méconnue et d'une époque peu mise en avant dans la littérature. Si certains points, passages ou sujets m'ont laissée dubitative, je ressors grandie de ce voyage dans l'existence d'une famille qui ne ressemble à aucune autre, tiraillée entre ses racines et l'espoir d'un eldorado salvateur. Il s'agit d'une immersion unique à découvrir et d'une auteur prometteuse à suivre de près.
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De l'or dans les collines

Ce que j’ai ressenti:



« J’ai dit que je te raconterai une histoire vraie, et il ne reste peut-être plus le temps. »



Mais le temps, c’est tout ce qu’on a comme mesure, pour réfléchir sur la folle ruée vers l’or du XIXème siècle, et ses conséquences irréversibles sur l’environnement et le destin de certaines populations. De l’or dans les collines, certes, il y en avait. C’est ce qui a motivé un flux migratoire, des histoires terribles, une avarice meurtrière, un déséquilibre sans précédent, et un ravage gigantesque sur la nature. C Pam Zhang raconte une défaite de l’Ouest, une histoire bouleversante à contre-courant du grand rêve américain, un roman flamboyant où deux filles d’immigrants chinois, se cherchent une place sur une terre déjà massacrée, plus ou moins maudite.



« Mort, la mort, est mort. »



Les mots tombent. Dans ces pages, il y a beaucoup de deuils à apprivoiser. Tellement de pertes, que ces collines, sont un lieu hanté de douleurs fantômes. L’or est mort. L’herbe est morte. L’innocence est morte. L’espoir est mort. Les bisons et le tigre sont morts. Les grands espaces, les grands rêves, le père, le lac, le conte de fées, le bonheur, les indiens, le bébé, le passé, les mineurs, tous, sont morts. Et pourtant, il faudra bien que ces deux orphelines vivent, malgré leurs désaccords, leurs choix de vies diamétralement opposés, leurs deuils communs. Vivre, malgré le racisme, le déracinement, la pauvreté. Vivre. Comme une quête, comme un cow-boy, comme une intelligence, comme un rugissement. Vivre pour préserver la richesse qu’il leur reste. Vivre…



« Qu’est-ce qui fait un chez-soi? »



Par une alternance de mots-chapitres, on touche du doigt, le vent, l’eau, le prune, l’or, le sang, la boue, les crânes, la viande. On se questionne, dans ce roman sauvage et magnifique, sur la famille, l’ambiguïté du genre, l’exil, l’appartenance…J’ai été très touchée par cette fratrie, à mi-chemin vers la sororité. Il y a mille et une façons d’explorer les routes de la destinée. Celles vers la Liberté sont les plus escarpées mais les plus intéressantes à suivre, mais est-ce qu’elles les mèneront, Lucy et Sam, vers un genre d’endroit, qui ressemble à un chez-soi?…



Une vraie pépite, à découvrir d’urgence!



Remerciements:



Je tiens à remercier très chaleureusement Babelio ainsi que les éditions du Seuil de leur confiance et l’envoi de ce livre.
Lien : https://fairystelphique.word..
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