Carine Azzopardi

Les identités peuvent se décliner à l'infini. Si l'on se focalise sur elles, c'est un émiettement sans fin qui nous attend.

Le problème avec les réseaux sociaux c'est que désormais le savoir et l'ignorance se retrouvent diffusés au même niveau.(...) Au lieu de diffuser les Lumières, beaucoup de médias en ligne diffusent désormais l'obscurantisme. Dans le maquis des " informations ", lorsque l'on est pas un minimum aguerri, comment s'y retrouver ? Comment des personnes qui sont en devenir peuvent-elles forger leur esprit critique et ne pas tomber dans l'ivresse de ces échanges instantanés et chronophages, succomber à cette facilité à laquelle nous cédons tous un jour ou l'autre ?

L'obscurantisme et le retour du religieux qui imprègnent beaucoup de mes élèves au quotidien, qui se traduisent dans leurs prises de parole, dans leur attitude, sont le résultat de la percée à l'extérieur du lycée, dans les quartiers, dans les familles, de l'idéologie islamiste, celle des Frères musulmans ou des militants salafistes. On a l'impression que les syndicats et l'administration, en ne voyant pas le phénomène, en ne voulant pas le voir, ont capitulé. La plupart des syndicats de l'Éducation nationale se battent contre les idées d'extrême droite, mais ils ne s'opposent pas à ce nouveau fascisme qu'est l'islamisme.

J'ai rencontré Laurent Valogne un sombre soir de janvier 2018. Sombre par l'absence de lumière en cette nuit d'hiver, sombre surtout du fait de la noirceur qui occupait alors mon âme.

J'étais e, plein choc post-traumatique; une dépression paralysante s'était abattue sur moi deux ans après l'attaque du Bataclan, au cours de laquelle l'homme de ma vie, le père de mes deux petites filles, avait été tué.
Quelques semaines auparavant, je n'avais eu d'autres choix que de quitter temporairement la rédaction en chef adjointe du journal national du soir de France 3, étant devenue incapable d'exercer cette fonction, au coeur de l'actualité. Il faut dire qu'à cette période, j'avais pris de plein fouet tous les attentats qui s'étaient succédé après le 13 Novembre, depuis les attaques de Bruxelles au lendemain de ma prise de poste jusqu'à Magnanville, Sotteville-lès-Rouen, et bien entendu Nice. A chaque fois le même sentiment d'impuissance s'emparait de moi dans l'attente du dénouement. Revivre encore et encore à travers elles les évènements de 2015 avait fait s'envoler le voile professionnel qui me protégeait depuis que j'avais couvert les attentats du 11 Septembre, à NEw York, où je me trouvais pour assister à un mariage.
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Laurent, lui, me racontait son quotidien, désespérant, celui d'une progression constante de l'obscurantisme parmi ses élèves.
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Nous allons vous livrer ici, à la première personne, à travers le quotidien apparemment banal d'un professeur de lettre, un récit de passion, de transmission, de peur face à un endoctrinement de plus en plus prégnant des élèves.

Cet état d’esprit binaire, de division du monde entre victimes et bourreaux, en se présentant comme d’éter- nels persécutés, permet aux islamistes de s’unir dans la même détestation des juifs, refusant ainsi la moindre responsabilité quant à leur propre sort. Désormais, de nombreux courants fondamentalistes, dans les démocra- ties, tentent d’aligner leurs slogans sur les discours pro- gressistes, comme le faisait déjà Al-Qaïda dans cette déclaration de principes, en 2002, qui affirme que le mouvement islamiste «doit s’intéresser davantage à la Da’wa [“prosélytisme”] et attirer le public et le soutien politique des peuples. [...] Les anciens stratèges, comme Clausewitz et Mao Tsé-toung, ont déjà souligné cela1. »
«Quiconque refuse de combattre l’antisémitisme n’a aucune chance de battre l’islamisme », prévient Matthias Küntzel. Djihad et haine des juifs vont de pair depuis la naissance des mouvements islamistes. L’antisémitisme qui grandit dans nos pays démocratiques est l’un des meilleurs indicateurs de la radicalisation et du refus du pluralisme. Il doit être un signal d’alerte clair.