Carole Prieur

Le présent, c'est vous, c'est cette maison de retraite, ce sont ces paroles infantilisantes que vous nous adressez. Non, je suis mieux dans mon passé. Et puis, qu'importe les chaussettes. Qu'importe qu'elles soient de la même couleur. Tenez, je veux avoir froid aux pieds, oui, laissez-moi avoir froid aux pieds !

- Chanter, ça te donne des ailes. Pas des jambes mais des ailes.

"Oui, tout à coup, allongée sous un bosquet, dans un pull en laine, j'ai eu une bouffée de vie, une grande bouffée de vie : j'ai tout l'avenir devant moi, à moi de décider ce que je vais en faire ! Quelle liberté tout à coup ! Comment dormir avec cette pulsion-là, avec tous ces possibles qui naissaient en moi ! Il est possible de choisir, il est possible de fuguer, il est possible de se débrouiller seule, il est possible d'aimer ses parents loin d'eux, il est possible d'avoir de bons souvenirs... Ces nouvelles sensations ne pouvaient pousser qu'à l'insomnie ! Y a urgence à vivre, il faut la bouffer, la vie, il faut en profiter au maximum... Waouh, quelle ivresse ! La nouvelle vie de Lou. Tintintin !

Quel vieux ne donnerait pas tout l'or du monde pour dormir à la belle étoile? Tout va bien. Je sais où je vais et pourquoi.

Moi je ne peux m'empêcher de me dire que tu vas te faire bouffer par tout ce qui est autour, la télé, les spectateurs, et par les autres chanteurs qui ont des jambes, des bras, des fesses, enfin des atouts pour séduire autrement. Mais c'est vrai que ta voix est là.