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Citations de Caroline Lunoir (53)


Tu vois, j’en voulais à notre président d’avoir laissé nommer un ténor de l’opposition comme Regis B. à un poste international si honorable, si stratégique pour briguer ensuite de hautes fonctions chez nous. Mais maintenant je comprends la finesse machiavélique d’une telle proposition. Régis B., projeté à une position si exposée, avec ses mœurs scandaleuses, dans une culture plus stricte que la nôtre ne pouvait qu’exploser en vol.
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Journée atypique. Marc a dépêché un photographe professionnel et un visagiste pour m’apprendre à adopter un sourire photogénique. Il paraît que je suis trop expressive et que la presse passe trop de temps à analyser mes états d’âme alors que tout irait bien, et qu’il y a « une recette », qu’à chaque visage correspond une expression qui révèle sa beauté et que ce serait toute la prouesse de la Joconde.
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J’ai posé mes mains sur les siennes et il m’a serrée dans ses bras. Sans un mot. Nous étions heureux, soudés, confiants, prêts à monter ensemble au front. Notre étreinte de lutteurs.
Plus tard, alors qu’il répondait à ses messages, j’ai posé ma tête sur son oreiller, ajusté ses lunettes qui tombent toujours sur son nez et je lui ai demandé :
— Quand est-ce que tu vas le dire aux enfants ? Il a souri.
— Je pensais ce week-end, à C., quand ils viendront pour le pont du 1er Mai.
Son téléphone a encore vibré. J’ai éteint ma lampe de chevet et essayé d’imaginer la tête que vous feriez.
Mardi 25 avril
J’ai compté : il nous reste un an, onze mois et vingt-six jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, soit sept cent vingt-six jours de campagne.
Le compte à rebours est lancé : J – 726 ! Paul sera encore un peu moins à nous et un peu plus aux autres. Mais il a l’air si sûr, si heureux.
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Lundi 24 avril
Paul m’a annoncé hier qu’il serait candidat à la primaire du parti pour l’élection présidentielle.
Je le savais déjà. Des nuits passées à le sentir se retourner, compter ses soutiens, préparer des phrases, se rappeler les propos des uns, les piques des autres. Des nuits de sueur, d’excitation et d’insomnie. Des nuits à caler son angoisse dans l’étau de mes bras. Des heures à l’emmailloter de ma tendresse pour qu’il s’apaise.
Je savais qu’il ne pourrait pas renoncer. Chaque fois qu’il s’est frotté à une ambition, il a relevé le défi, de peur de refuser un combat, de ne pas être celui qu’il veut. Et il était revenu surexcité de son déjeuner avec Marc T., jeudi dernier.
Il a posé ses mains sur mes épaules. Alors j’ai su. Je suis restée silencieuse pour le laisser goûter ce moment comme il l’avait imaginé.
— Trésor, je… j’ai décidé d’y aller. Je me présente à la primaire…
Son souffle, ses mains sur mon cou, la chaleur de son exaltation.
— Si, bien sûr, tu me soutiens.
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Enfermée dans la salle de bain pour prendre mon bain, j’ai cédé à la tentation de regarder les grands titres et j’ai récolté la souffrance que je cherchais. [...] Le monde se gargarise de photographies de Paul surpris, juché sur le scooter de notre fils, au petit matin, bien loin de notre domicile
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Je tiens mon journal avec des pudeurs de midinette. Je ne crois pas que Paul connaisse l’existence de ce cahier. Je ne sais pas ce qu’il en penserait. Y verrait‑il une coquetterie ou une menace? 
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Denise est la beauté du village, la référence en matière de mode et la proie des commérages. Colette ne se serait sans doute jamais entendue avec elle, si ses mœurs légères et sa collection d’amants ne l’avaient pas parée, à ses yeux, de l’aura d’une indépendance sulfureuse. Denise, lorsque les racontars lui sont rapportés par amitié ou cruauté, rit et répond volontiers que toute communauté compte toujours, pour l’occupation de tous, la jolie femme, l’ivrogne, l’idiot, l’asocial, l’ambitieux ainsi que l’honnête homme et qu’il ne lui semble pas écoper de la position la moins enviable.
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Il se sent heureux d’être toujours en vie et entend continuer à penser, travailler, soigner, se cultiver, aimer, enfouir ses blessures sans trucider son prochain. Il ne veut plus être mêlé à l’absurde. Il trouve raisonnable de quitter ce continent sans se retourner, et de l’abandonner à sa violence abyssale.
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La guerre est, pour les hommes de métier, davantage qu’un exercice de muscles.
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“Les femmes sont trop bavardes.”
“Elles font des romans de trois impressions.”
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Je regarde Cécile, surprise. Sa fierté est perceptible. Je ne lui connais pourtant pas de jeunesse oisive. Elle a toujours vécu avec gravité. Tout son être est empreint d'une certaine raideur qui n'est pas dépourvue d'élégance. Mais peut-être veut-elle confusément faire référence à sa violence contenue. Cécile était la seule à tenir tête à son père, Félix. Tenir tête, ça voulait dire ne pas pleurer, ne pas courir s'enfermer dans la salle de bains pendant ses colères et le regarder droit dans les yeux. Sa mère et ses soeurs lui donnaient des bains froids pour apaiser ses brûlures. Ces histoires reviennent à chaque repas de famille. Et elles en rient toutes ensemble. Cécile, dans son bain glacé qui crie de douleur avec éventuellement une autre de ses soeurs qui n'a pas couru assez vite. Ce qui me parait le plus étrange, c'est qu'elles ne se sont jamais considérées comme des enfants battues.... Comme si cette expression, qui sent les corons, salirait la famille.
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"Ma grand-mère sera, pour une ou deux générations encore, un jeu de cartes qu'elle nous a appris et que nous transmettrons, une aprtie de ping-pong ou de tennis qu'elle a voulu que nous aimions, une manière infaillible de faire prendre la mayonnaise. Plus tard, beaucoup plus tard, elle ne sera plus qu'une paire de fauteuil Louis XVI transmise et disputée à chaque succession, une horloge ou ce portrait ovale de jeune fille éternelle, blonde, toute de transparence et de voiles légers sur des seins impatients."
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Solemn, hier, a encore égayé notre dîner lorsqu’elle nous a avoué qu’elle avait participé à des messes pour célibataires, lassée des garçons qui l’entourent. Je ne connaissais pas ce concept. Avec son autodérision habituelle, elle nous a dépeint les chants fervents et les regards en coin pour scanner l’assemblée, les intentions de prière pudiques qui transpirent l’envie d’aimer, l’offertoire à genoux qui relève bustes et fesses pour le lent défilé de la communion, comme une parade nuptiale.
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Mardi 25 avril
J’ai compté : il nous reste un an, onze mois et vingt-six jours avant le premier tour de l’élection présidentielle, soit sept cent vingt-six jours de campagne.
Le compte à rebours est lancé : J – 726 ! Paul sera encore un peu moins à nous et un peu plus aux autres. Mais il a l’air si sûr, si heureux.
J’aimerais tenir le journal du fil tendu de notre vie jusqu’à cette cible. Je me suis dit qu’un jour, quelqu’un, le biographe de Paul ou les enfants, voudrait savoir comment j’ai vécu tout ça. J’ai également pensé que plus tard, peut-être, à l’heure du repos et de notre vieillesse, je voudrais me contempler dans le miroir de ces années, retrouver la femme que j’étais, me piquer à l’émotion de ces moments.
J’ai trouvé ce cahier dans la bibliothèque. Un de ces articles de papeterie avec une belle couverture de cuir que l’on caresse avec plaisir lorsqu’il vous est offert à l’occasion d’une inauguration, que l’on destine à de multiples projets mais qui finalement, souvent, reste vierge. À moi de jouer!
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INCIPIT
« Lundi 24 avril
Paul m’a annoncé hier qu’il serait candidat à la primaire du parti pour l’élection présidentielle.
Je le savais déjà. Des nuits passées à le sentir se retourner, compter ses soutiens, préparer des phrases, se rappeler les propos des uns, les piques des autres. Des nuits de sueur, d’excitation et d’insomnie. Des nuits à caler son angoisse dans l’étau de mes bras. Des heures à l’emmailloter de ma tendresse pour qu’il s’apaise.
Je savais qu’il ne pourrait pas renoncer. Chaque fois qu’il s’est frotté à une ambition, il a relevé le défi, de peur de refuser un combat, de ne pas être celui qu’il veut. Et il était revenu surexcité de son déjeuner avec Marc T., jeudi dernier.
Il a posé ses mains sur mes épaules. Alors j’ai su. Je suis restée silencieuse pour le laisser goûter ce moment comme il l’avait imaginé.
— Trésor, je… j’ai décidé d’y aller. Je me présente à la primaire…
Son souffle, ses mains sur mon cou, la chaleur de son exaltation.
— Si, bien sûr, tu me soutiens.
J’ai posé mes mains sur les siennes et il m’a serrée dans ses bras. Sans un mot. Nous étions heureux, soudés, confiants, prêts à monter ensemble au front. Notre étreinte de lutteurs.
Plus tard, alors qu’il répondait à ses messages, j’ai posé ma tête sur son oreiller, ajusté ses lunettes qui tombent toujours sur son nez et je lui ai demandé :
— Quand est-ce que tu vas le dire aux enfants ?
Il a souri.
— Je pensais ce week-end, à C., quand ils viendront pour le pont du 1er Mai.
Son téléphone a encore vibré. J’ai éteint ma lampe de chevet et essayé d’imaginer la tête que vous feriez.
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Ils ont un ennemi, ils ont une cause, ils ont le feu, les grands espaces, ils ont des camarades, ils ont un chef, la mort aux trousses, bientôt des femmes, un jour les honneurs, tous les soirs l’inconnu.
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— Je pense que nous avons clairement le même ennemi.
— C’est ça : les ennemis de mes ennemis sont mes amis.
— Je ne fais pas de la politique, je fais la guerre.”
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Vieillir serait alors ne plus considérer l'aube comme une victoire, comme l'enterrement festif d'un jour vécu, sucé de bout en bout, mais comme la couleur de la sonnerie du réveil, le signal d'une nouvelle course à l'efficacité.
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Un repas de famille de cette ampleur sans les petits drames vécus par chacun en public manquerait aux canons du concept.
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Je n'ai rien à arracher à la face du monde pour exister.
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