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Citations de Caryl Férey (1389)


En Afrique, les autochtones étaient même sommés de quitter leurs terres au nom de la préservation exclusive d'animaux sauvages, ceux-là mêmes que l'Occident avait majoritairement exterminés
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L'Occident désignait comme nature des territoires inertes ou à exploiter massivement, sanctuarisait quelques parcs voués à la récréation, à la performance sportive ou au ressourcement spirituel : jamais il n'était question d'y habiter.
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Aujourd’hui presque tous les éléphants ont assisté au meurtre d’un de leurs proches, et l’abattage prématuré d’une matriarche est une catastrophe en chaîne; leur culture en partie détruite, les survivants sont traumatisés. Les éléphants d’Afrique ne vivront plus jamais comme avant le massacre des "grandes défenses". Ils se sont adaptés au trafic d’ivoire : leurs défenses ont raccourci.
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Les Bostwanais préféraient l'humilité à l'ostentation.
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C'était l'heure chaude où se prélassaient les fauves, réfugiés sous les arbres trop rares.
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Un soleil de feu crachait sur les herbes grillées, sans un souffle d'air alentour.
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Le pelage des girafes, aux arabesques uniques, leur servait de code graphique pour s'identifier.
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Du Plessis avait la morphologie bufflonne de ses ascendants boers, le crâne et le teint rougis par le soleil, une courte moustache drue et grisonnante sur un visage rond plutôt commun, le visage assuré de l’entrepreneur à l’automne de sa vie et des mollets énormes plus à l’aise dénudés que sous un pantalon de costard.
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Adaptés à leur biotope, sans empreinte écologique, les petits hommes du désert se déplaçaient comme les animaux en fonction des pluies pour se nourrir de fruits, de racines et du gibier qu'ils suivaient à la trace -- "ceux qui suivent l'éclair", comme se définissait le peuple san.
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Le Kalahari -- la "grande soif" -- recouvrait les trois quarts du Botswana et la zone est de la Namibie, un désert ininterrompu battu par des vents de sable où persistaient de rares eaux de surface. Il fallait puiser dans les sources souterraines, avec des milliers de puits disséminés sur ce territoire qui s'étirait jusqu'aux rives du fleuve Okavango. Son delta, patrimoine mondial de biodiversité, était un lieu unique pour les animaux migrant à sa saison sèche.
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Enfin, le gibier devenu rare et fuyant à force de massacres, on avait décidé, au milieu du XXe siècle, de parquer la faune rescapée, créant ainsi les premières réserves animalières.
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Les chasses aveugles du XIXe siècle avaient lancé la ruée vers l’Afrique et les premières tueries de masse -- douze mille éléphants massacrés pour la seule année 1887. Maharadjahs, émirs, rois et princes fortunés, industriels en manque de sensations fortes, chasseurs de trophées ou d’ivoire, les caravanes partaient dans la brousse et les forêts africaines pour des semaines de traque, des centaines de porteurs et serviteurs embarquant argenterie, vaisselle, toilettes, lits à baldaquin et mobilier divers.
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Un consortium pétrolier avait commencé le forage et la construction d’oléoducs pour exploiter des réserves du continent, qui dépassaient les cent milliards de barils, avec l’assentiment des États accueillant les concessions. De nombreux territoires protégés étaient menacés par les dommages collatéraux, dont certaines réserves de la KaZa, ainsi que des peintures rupestres du Botswana, sur le site archéologique de Tsodilo Hills. Même le delta de l’Okavango était pillé depuis des mois par une multinationale pétrolière, les protestations des riverains, les pétitions citoyennes et le soutien d’artistes demeurant lettre morte.
— On envisage même de déplacer les parcs nationaux selon le tracé des lieux de forages, et bien sûr les populations qui vivent là, sans leur demander leur avis, gronda Solanah, très au courant du projet. J’aimerais voir la tête des Occidentaux si des experts africains venaient leur dicter quoi faire sur leurs propres territoires, quelle espèce protéger et quelle population expulser en conséquence : tu nous imagines, virant la population entière de l’Arkansas pour la sauvegarde d’un oiseau rare ? Quand un ours ou un loup est réintroduit en Europe, il faut tout de suite le tuer, tandis qu’en Afrique c’est aux populations de dégager.
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Les abattages d’animaux sauvages étaient strictement réglementés en Namibie, la chasse dite sportive se monnayait – des dizaines de milliers de dollars le trophée, réinjectés dans le système de protection de la faune – et la viande était donnée aux villageois voisins. Un business légal qui attisait certaines imaginations. Jusqu’à récemment, l’Afrique du Sud autorisait l’exportation des squelettes de lions d’élevage : deux cents enclos abritaient entre six et huit mille fauves, dont plusieurs centaines étaient tués chaque année, le plus souvent d’une balle à bout portant par des clients venus du monde entier, heureux d’étaler ensuite les peaux et les crinières dans leurs villas ou leurs yachts. Quant aux os de lion, à raison de soixante-dix tonnes par an, les analystes de la Bourse faunique faisaient grimper les prix, jusqu’à trois mille cinq cents dollars le kilo ; crânes, griffes et crocs étaient récoltés par les éclaireurs des filières asiatiques qui, installés en Afrique, voyaient là un dérivatif au tigre, devenu rare et donc hors de prix.
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La guerre de l’humain contre l’animalité s’était répandue sur tous les continents : pièges, lances, poisons, fusils, armes automatiques et engins de guerre, les champs de bataille étaient jonchés de cadavres de rangers morts en mission et de braconniers anonymes manipulés par des trafiquants intouchables. John avait étudié le sujet. Les « prélèvements » d’animaux sauvages se déroulaient surtout ici, en Afrique, avant que le produit (vivant ou mort) soit expédié vers une clientèle majoritairement asiatique, qui s’arrachait ces trésors. On les retrouvait dans des sacs de cacao ou des chargements de bois, regroupés dans les ports sous de fausses appellations, « plastique à recycler », « bœuf congelé », « pétales de rose », mélangés à d’autres viandes ou poissons « légaux » ; le butin voyageait par containers, bateaux de pêche ou simples mules qui rivalisaient d’ingéniosité pour passer entre les mailles des filets, les contrevenants s’en sortant généralement avec une amende dérisoire. Un trafic mondial dont seuls dix pour cent des mouvements étaient saisis. Les combines allaient du scanner débranché par des douaniers corrompus avant l’embarquement du passeur à la complicité des agences ministérielles, chefs de police, intermédiaires bureaucrates, rangers ou villageois locaux. On spéculait sur les espèces les plus menacées et, quand l’imminence d’une extinction provoquait l’envolée des cours de la Bourse faunique, on s’acharnait.
Ivoire, cornes, peaux, écailles de pangolin, dents, griffes, testicules, tout se vendait sur les marchés parallèles, alimentés par des tueurs professionnels ayant combattu dans différents conflits et qui n’avaient pas peur des brigades anti-braconnage. Ces groupes armés provoquaient la dislocation des communautés locales et l’instabilité politique et finançaient le terrorisme – Boko Haram et Al-Qaida participaient au trafic –, précipitant l’extinction en cours. Une extinction exponentielle, comme l’avaient subie les peuplades qui considéraient la terre comme leur mère nourricière, privées de l’imaginaire qui fondait leur entité, exactement comme les animaux dans un zoo. Voilà l’avenir que l’homme moderne réservait aux bêtes sauvages : une prison. Un cachot avec des barreaux de fer dans la tête, qui leur feraient perdre jusqu’à l’idée même de liberté.
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Les livres de sa bibliothèque étayaient ce qu’il voyait tous les jours : la seule différence importante entre les espèces était le degré supérieur de l’esprit de coopération humain. Beaucoup de vertébrés possédaient une vie affective comparable, ressentaient le chagrin, la peur, l’amour, la joie ou le désarroi, ils se soignaient avec des plantes, d’autres veillaient à la non-transmission des maladies, certains se droguaient, comme ces ours revenant tous les jours à un dépôt de kérosène, ces abeilles alcoolisées qui se voyaient interdites de vol par leurs congénères ou ces dauphins qui se passaient des poissons-globes hautement toxiques comme un joint aquatique. Les oiseaux chantaient, et même jouaient quand ils avaient séduit une femelle, sans autre but que de s’amuser, comme les bonobos jouaient à colin-maillard avec des feuilles de bananier, pour rire. Mais contrairement aux humains, qui respectaient peu le réflexe de fuite, aucun animal ne se faisait exploiter, pervertir, humilier, insulter, torturer, aucun animal n’aimait avoir peur, faire de ses semblables des prisonniers, ou des esclaves.
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L’Occident désignait comme nature des territoires inertes ou à exploiter massivement, sanctuarisait quelques parcs voués à la récréation, à la performance sportive ou au ressourcement spirituel : jamais il n’était question d’y habiter. En Afrique, les autochtones étaient même sommés de quitter leurs terres au nom de la préservation exclusive d’animaux sauvages, ceux-là mêmes que l’Occident avait majoritairement exterminés. Un nouveau colonialisme vert. Les aides financières liées à la bonne gouvernance des parcs nationaux poussaient les populations locales à migrer, réfugiés écologiques bientôt incapables de s’intégrer sur des terres où ils ne connaissaient personne.
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Les éléphants d’Afrique ne vivront plus jamais comme avant le massacre des « grandes défenses ». Ils se sont adaptés au trafic d’ivoire : leurs défenses ont raccourci.
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Pouvant nomadiser sur un territoire de dix mille kilomètres carrés, les pachydermes connaissaient par cœur les lieux de leurs ressources, cultivaient leur paysage, comme les petits plans d’eau autour desquels ils gardaient une clairière dégagée pour se prémunir des attaques. N’étant pas épargnés par les insectes suceurs de sang, ils confectionnaient des tapettes à mouches à partir de buissons, coinçaient les bâtons qu’ils n’utilisaient pas derrière l’oreille, comme des artisans avec un crayon. Ils reconnaissaient jusqu’à cent individus au son de leur voix et se déplaçaient selon une hiérarchie bien intégrée par la troupe – si l’on déposait devant la meneuse l’urine fraîche d’un éléphant qu’elle savait derrière elle, cette dernière restait déconcertée – comment un proche pouvait-il se trouver à la fois devant et derrière ?
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Depuis les premiers tsars déjà, la rapine et le vol institutionnel étaient la règle ; alors que le pouvoir de Saint-Pétersbourg ne savait pas où s'arrêtait la Russie, 25 taxes avaient été inventées pour dépouiller les Cosaques et les chasseurs de zibeline partis à l'assaut de l'Oural puis de la Sibérie inconnue. Cette rapacité avait traversé les générations.... et si le communisme avait promis une société égalitaire, la réalité prêtait à rire.... Le folklore de l'époque où les magasins étaient vides mais le reste gratuit -- crèche éducation, chauffage, loisirs, logement goulag. Les protégés du Parti se réservaient les produits occidentaux avec un goût prononcé pour le luxe, mais ces apparatchiks n'étaient en moyenne que 6 fois plus riche qu'un ouvrier , contre trois cent mille fois aujourd'hui.
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